Ce séminaire, qui avait déjà fait l’objet d’une première séance intitulée « Israël/Palestine : diaspora et retour » (MMSH, mai 2004), se propose à nouveau de porter un regard neuf et critique sur l’espace israélo-palestinien, cette fois, non pas sur la problématique diasporique mais plutôt sur les circulations de personnes et de modèles identitaires. En effet, Israël et la Palestine sont souvent représentés comme des entités où les frontières sont hermétiques, en raison des bouclages par l’armée israélienne. Or il y a des populations qui continuent de circuler entre ces deux espaces et de traverser les « frontières », physiques ou symboliques entre la Cisjordanie, Israël et Gaza. Il s’agit, par exemple, des Bédouins que Cédric Parizot a étudié depuis près de 10 ans et qui représentent un défi à une anthropologie « localisée ». En effet, leurs mouvements transfrontaliers interrogent les modèles théoriques de l’anthropologie classique et les méthodologies traditionnelles face à cette ethnographie multi-sites. Par ailleurs, les nouveaux immigrants de l’ex-Union soviétique traversent, pour leur part, eux aussi les frontières et se déplacent en permanence entre leur nouveau pays d’accueil et leur pays d’origine. Cette tension entre « diaspora de retour » et transnationalisme sera examinée par T. Rapoport qui a notamment travaillé sur les voyages de retour au « pays » par des étudiants russes immigrés en Israël. Ces deux exposés tenteront d’ouvrir une réflexion plus large sur une anthropologie de la migration et des déplacements contemporains ainsi que sur les modèles théoriques et méthodologiques pour l’anthropologue qui étudie ces mobilités et ces reconstructions d’identités. Enfin, il sera question d’une « culture du déplacement » qui nous conduira à ré-envisager la relation entre espace, identité et territoire.