Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales
Le suicide au masculin
Journée d'étude
Publié le lundi 15 janvier 2007
Résumé
Annonce
Argumentaire
En Belgique comme dans la plupart des pays industrialisés, le suicide est une des premières causes de mortalité. Avec des taux de 22 ou 23 pour cent mille habitants, la problématique suicidaire devrait constituer un enjeu majeur des politiques de santé publique. Or, force est de constater que cette question est encore trop souvent absente des débats politiques, mise de côté par les pouvoirs publics comme d’ailleurs par le grand public. Une des raisons en est certainement la complexité intrinsèque de cette problématique ainsi que la difficulté à définir scientifiquement des groupes à risque. Au mieux, la suicidologie nous permet d’établir une liste de facteurs de risques, mais sans pouvoir toutefois leur conférer un quelconque pouvoir prédictif. Malgré cela, nous savons que le suicide se marque de manière très différente par exemple en fonction de l’âge, mais aussi du sexe des individus. Si les jeunes et les femmes essayent plus souvent de mettre fin à leur jour, les hommes et les personnes âgées y arrivent bien plus souvent. Ainsi, pour un taux moyen de 21 pour 100 000 en Belgique en 1997, le taux de suicide chez les hommes était de 31 pour 100 000 contre 11 pour 100 000 chez les femmes. Dans d’autres pays comme au Québec, le suicide des hommes a augmenté de plus de 40 % ces 25 dernières années tandis que le taux chez les femmes est resté stable.
Comment comprendre cette différence importante en terme de mortalité ? Deux à trois fois plus de morts par suicide chez les hommes que chez les femmes… Quels facteurs, quels déterminants sont en jeux ? ou se cache la vulnérabilité de l’homme face au suicide ?
Pour répondre à ces questions, notre étude doit s’ouvrir aux réalités des hommes, ce qui implique d’examiner l’évolution récente de notre société en général et de l’évolution en particulier du rapport homme/femme. Cela demande aussi de prendre conscience de l’effet déterminant de la socialisation chez les hommes et partant de là, des comportements qu’elle entraîne chez ceux-ci mais aussi de l’influence de cette socialisation sur la réponse apportée par les dispositifs de soins et de prise en charge proposés par nos services.
Certes, depuis la fin des années ’80, avec la publication de l’ouvrage de Guy Corneau, Père manquant, fils manqué, la « condition masculine » est davantage reconnue, comparée même à la condition féminine. Le tabou sur la souffrance des hommes s’est progressivement levé et une plus grande importance est accordée aux multiples facettes de la détresse « au masculin ». Avec cette évolution, une nouvelle réalité s’est imposée de plus en plus, à savoir que ce sont les hommes qui enregistrent probablement le plus de malaises, qui vivent le plus de difficultés et présentent le plus de vulnérabilités tant dans le domaine de la santé que dans celui du comportement.
Et pourtant, nous constatons également que les services sensés venir en aide dans ces moments de détresse, sont peu investis par les hommes. Que la population qui consulte les services sociaux ou les services d’aide psychologique est encore essentiellement féminine, de même que le monde psycho-médico-social est essentiellement tenu par des femmes.
Est-ce parce que, malgré les évolutions dans le statut des hommes dans notre société occidentale, la représentation de l’homme reste empreinte d’une image de force ? Et de fait, ce type de représentation place ces hommes en contradiction intérieure profonde. Les exigences de l’aide étant antinomiques par rapport aux impératifs de la masculinité, elles ne peuvent qu’être générateur d’angoisse et de stress supplémentaire. Demander de l’aide, c’est souvent devoir renoncer au contrôle plutôt que de le conserver, accepter de montrer ses faiblesses plutôt que de faire état de sa force, vivre l’expérience de la honte plutôt que de s’afficher fièrement, oser exprimer ses émotions plutôt que de demeurer stoïque à tout prix, faire face à sa douleur et à sa souffrance plutôt que de les nier…
Comme nous le voyons, les hypothèses sont nombreuses et variées. Pour tenter de comprendre cette fragilité masculine qui constituerait une véritable inclinaison au suicide nous devons aller au-delà des données statistiques, et analyser les différents champs de la réalité des hommes.
Au travers des regards croisés de plusieurs disciplines, sociologique, psychologique et philosophique mais également par des approches parfois radicalement différentes au sein de ces différentes disciplines nous tenterons, lors de cette journée d’étude, d’ouvrir cette question du suicide au masculin. Partant de là, nous poserons une série d’hypothèses explicatives qui permettront, nous l’espérons, outre une meilleure compréhension du phénomène, de prolonger le travail dans le champ de la prévention.
Programme
8h30 Accueil
9h00 Mot de bienvenue
9h15 Suicide au masculin : la violence à la place des mots
Michel Debout
Psychiatre, Professeur de Médecine légale et de Droit de la Santé, Président de l’UNPS – Union Nationale pour la Prévention du Suicide (France)
10h00 Séance plénière
· Le suicide chez les hommes : enseignements de la recherche et pistes d’action
Janie Houle, Docteur en psychologie, Professeur associé à l’UQAM, Chercheur au CRISE (Montréal, Québec)
· Les jeunes en construction : quand le chantier identitaire devient chaos
Xavier Pommereau, psychiatre, Directeur du Centre Abadie de Bordeaux (France)
· Echange avec la salle
11h20 Pause
11h40 Séance plénière
· Biochimie du suicide
Serge Ginger, psychologue, fondateur de l’Ecole Parisienne de Gestalt, spécialisé en neurosciences (France)
· Le suicide des hommes à la lumière de la philosophie
Jean-Michel Longneaux, philosophe, Professeur aux FUNDP, Rédacteur en chef de la revue Ethica Clinica (Namur)
· Echange avec la salle
13h00 Repas
14h00 Ateliers
animés par des intervenants du Centre de
Prévention du Suicide
· Atelier 1 : La socialisation en question
En présence de Janie Houle
· Atelier 2 : L’adolescence en question
En présence de Xavier Pommereau
· Atelier 3 : La biochimie en question
En présence de Serge Ginger
· Atelier 4 : L’éthique masculine en question
En présence de Jean-Michel Longneaux
15h30 Changement d’atelier
· Atelier 1’ : La socialisation en question
En présence de Janie Houle
· Atelier 2’ : L’adolescence en question
En présence de Xavier Pommereau
· Atelier 3’ : La biochimie en question
En présence de Serge Ginger
· Atelier 4’ : L’éthique masculine en question
En présence de Jean-Michel Longneaux
17h00 Conclusion
Axel Geeraerts, Directeur du Centre de Prévention du
Suicide
Lieu : Université Libre de Bruxelles
Salle Dupréel, Institut de Sociologie
Avenue Jeanne 44 - 1050 Bruxelles
Participation aux frais : 35€ - 15€ (étudiants, chômeurs, seniors) petite restauration incluse.
Inscription au 02 650 08 69 (secrétariat)
Paiement par virement sur le compte 310-0190501-79
Plus d’infos sur www.preventionsuicide.be
Catégories
- Sociologie (Catégorie principale)
Lieux
- Bruxelles, Belgique
Dates
- vendredi 02 février 2007
Contacts
- Centre de Prévention du Suicide
courriel : cps [at] preventionsuicide [dot] be
Source de l'information
- Cristel Baetens
courriel : cristel [dot] baetens [at] preventionsuicide [dot] be
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Le suicide au masculin », Journée d'étude, Calenda, Publié le lundi 15 janvier 2007, https://calenda-formation.labocleo.org/192528