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Dieux-valises

Revue Diasporas, histoire et sociétés, n° 12, printemps 2008

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Publicado el jeudi 23 de août de 2007

Resumen

Le migrant, l’exilé, emporte quelques affaires dans une valise, qu’elle soit de cuir ou de carton… Il peut aussi y glisser son Dieu : images pieuses, icônes, reliques, rouleaux de la Torah, exemplaires du Coran ou de la Bible, statuettes, amulettes… Le « Dieu-valise », c’est celui que des individus ou une communauté en partance pour l’exil choisissent de « déménager » avec eux pour l’installer dans le nouvel espace de leur destin, celui en l’honneur duquel ils finissent par bâtir de nouveaux temples, sur des modèles et souvent avec des objets venus de sanctuaires anciens. Tel est l’enjeu de ce numéro : travailler non pas la question des migrations religieuses, ni les liens entre migration et religion, mais aller au plus proche et au plus concret, du côté des dieux, de leurs représentations et de leurs temples, de leurs clergés et de leurs cérémonies également, pour observer la manière dont ils ont voyagé en compagnie de leurs fidèles.

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n°12, printemps 2008

"Dieux-valises"

Le migrant, l’exilé, emporte quelques affaires dans une valise, qu’elle soit de cuir ou de carton… Il peut aussi y glisser son Dieu : images pieuses, icônes, reliques, rouleaux de la Torah, exemplaires du Coran ou de la Bible, statuettes, amulettes… Dans l’Antiquité grecque déjà, les fondateurs d’une nouvelle cité emportaient avec eux le feu du sanctuaire et les cultes de la mère patrie, afin de garantir une continuité spirituelle, quand bien même tous les autres ponts étaient coupés. Les missionnaires des XIXe et XXe siècles, quant à eux, s’embarquaient pour le monde avec des autels portatifs ou de véritables valises destinées à leur permettre de célébrer la messe dans tout endroit de la planète[1]. C’est toutefois le premier sens qui nous retiendra dans ce numéro : le « Dieu-valise », c’est celui que des individus ou une communauté en partance pour l’exil choisissent de « déménager » avec eux pour l’installer dans le nouvel espace de leur destin, celui en l’honneur duquel ils finissent par bâtir de nouveaux temples, sur des modèles et souvent avec des objets venus de sanctuaires anciens. Ce faisant, temples et dieux voyagent, passent frontières et mers, venant marquer de nouveaux paysages urbains de leur trace que les autochtones, un temps au moins, vont trouver intempestive ou exotique.

Ces temples ont-ils été démontés et remontés pierre à pierre, comme l’ont fait au début du XXe siècle, dans un tout autre contexte, des collectionneurs américains qui ont acheté les colonnes de célèbres cloîtres pyrénéens (Saint-Martin-du-Canigou et Saint-Michel-de-Cuxa) pour les installer dans un musée spécialisé – The Cloisters Museum – au cœur de New York ? Ou bien ont-ils respecté un certain nombre de prescriptions et d’interdits monumentaux, artistiques, culturels, en usage dans les pays d’accueil ? Ce sont des questions qui se sont posées aux chrétiens, aux juifs, aux musulmans, aux bouddhistes, pour ne citer que ces quatre grandes religions. Les protestants français ont quitté leur pays pour le Refuge européen, après 1685, pasteurs en tête, et l’on peut se demander s’ils avaient dans leurs sacoches les plans des temples que la monarchie venait de faire abattre. La question se pose d’autant plus que dans les pays où la Réforme l’avait emporté, elle avait simplement réutilisé les anciennes églises en réaménageant leur volume intérieur, alors que leur défaite en France avait contraint les protestants, à partir de l’édit de Nantes, à bâtir leurs propres temples et par là à inventer une nouvelle architecture religieuse.

Des questions un peu similaires se posent, en amont, pour ces pionniers protestants partis d’Europe vers la liberté religieuse du Nouveau Monde. Ou, en aval, pour ces populations de Grecs pontiques chassés de Turquie en 1923 et qui ont reconstruit « à l’identique », sur des hauteurs de Macédoine qui évoquent celles de la Chaîne pontique, « en face », leur monastère de Panagia Soumela. Une centaine de milliers d’entre eux s’y réunissent chaque quinze août, un peu comme les pieds-noirs se réunissent, à Nîmes, pour le pèlerinage de l’Ascension autour de Notre-Dame-de-Santa-Cruz, amenée d’Oran au moment du rapatriement.

Pour les juifs, habitués d’exils successifs dans l’univers de la diaspora, la réponse est connue : ils se sont déplacés avec les rouleaux de la Torah et les arches saintes qui se trouvent au milieu des synagogues. Mais les « coques » qu’ils ont construites au-dessus de ces cages et rouleaux ont adopté les modes architecturales des lieux et des époques : rien ne ressemble moins à une synagogue qu’une autre synagogue. La question, aujourd’hui, s’est déplacée du côté de l’islam, appelé à bâtir sans doute quelques centaines de mosquées dans l’Europe du XXIe siècle. On sait que de tels chantiers ne sont jamais simples à mener à bien et qu’ils incarnent une nouvelle étape, et pas la moindre, dans l’histoire des diasporas et des immigrations.

Tel est l’enjeu de ce numéro : travailler non pas la question des migrations religieuses, ni les liens entre migration et religion[2], mais aller au plus proche et au plus concret, du côté des dieux, de leurs représentations et de leurs temples, de leurs clergés et de leurs cérémonies également, pour observer la manière dont ils ont voyagé en compagnie de leurs fidèles et vu se dresser leurs tentes monumentales dans les campements des exilés.

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Si ce thème vous intéresse, vous êtes invités à envoyer vos propositions au comité de rédaction, par courrier électronique ou postal. Nous vous serions reconnaissants de tenir compte des modalités suivantes :

  • Envoi d'un projet d'article (titre et résumé d'une page) ainsi qu'une brève notice biographique et de bibliographie personnelle indiquant vos publications les plus récentes. Date limite : le 20 septembre 2007.
  • Tout article proposé est expertisé par deux lecteurs et ne peut être publié qu'après avis favorable du comité de rédaction. L'auteur aura éventuellement à faire des mises au point et des modifications en fonction des remarques qui lui seront faites.
  • Les articles définitifs devront être communiqués avant le 20 décembre 2007. Ils ne devront pas dépasser 30 000 signes (notes et espaces compris). Ils devront être envoyés en fichier joint par courrier électronique ou, à défaut, sur CD et seront dans tous les cas accompagnés d'un tirage papier. Ils devront être complétés par un résumé de 5 lignes maximum.

[1] Le numéro 17 des Cahiers de Médiologie, Missions, Fayard, mai 2004, propose en couverture la photographie de l’une de ces valises.

[2] C’est l’objet d’un colloque d’historiens organisé à Nice en octobre 2007, et dont on trouvera le compte rendu dans la rubrique « Chantiers de la recherche ».


Fecha(s)

  • jeudi 20 de septembre de 2007

Palabras claves

  • diasporas, exil, migration, religion, temples, autels

Contactos

  • Patrick Cabanel
    courriel :

Fuente de la información

  • Isabelle Lacoue-Labarthe
    courriel : isabelle [dot] lacoue-labarthe [at] sciencespo-toulouse [dot] fr

Para citar este anuncio

« Dieux-valises », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el jeudi 23 de août de 2007, https://calenda-formation.labocleo.org/193409

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