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Mémoire et patrimoine à l'ère de la globalisation
Cultures de / dans la déterritorialisation
Publicado el vendredi 07 de septembre de 2007
Resumen
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Appel à communication du GT 14 « Institutions du patrimoine » de l’AISLF
Mémoire et patrimoine à l’ère de la globalisation
Cultures de / dans la déterritorialisation
À la notion de patrimoine est plus souvent – historiquement – accolée celle de territoire. On sait l’efficience originelle des dispositifs de mise en patrimoine aux fins d’installation de la nation, quant il s’agissait d’inscrire son territoire conjointement dans les hommes et les objets. Depuis le dernier tiers du xxe siècle, ce que l’on a appelé la « prolifération patrimoniale et mémorielle » est vu comme l’indice de la multiplication des références et, partant, de l’affaiblissement de la référence nationale. La politisation du patrimoine se déploie en deçà, aux échelons locaux ou régionaux de la gouvernance, et au-delà, à l’échelle internationale ou mondiale. Patrimoines de proximité et patrimoines de l’humanité le disputent désormais aux objets censés représenter la nation.
Sans doute cette diversification des prises patrimoniales contient-elle en germe quelque chose comme la mise en suspend du territoire en tant que mobile de l’action. Passant par-dessus l’attachement (Hennion, Latour) peuple/territoire, la défense de l’espace immédiat de vie rejoint la défense de notre « monde », soit une terre dont le constat de ses transformations négatives aiguise le sentiment de son caractère unique. Ce « déplacement » de l’action patrimoniale peut se lire dans l’ambivalence des procédures mondiales de patrimonialisation (Convention du patrimoine mondial, Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, Convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques, Convention Ramsar sur les zones humides, programme Man and Biosphere, etc.), en tant que, dans leur variété, elles relèvent d’une logique territoriale – dans la mesure où elles sont dépendantes de leur ratification par les États – tout autant qu’elles s’en affranchissent par leurs enjeux. Pour autant, on remarquera que procédures nationales et procédures extra-nationales de patrimonialisation sont en continuité dans la mesure où elles fonctionnent comme des dispositifs de dépossession : rien de nouveau sous le soleil, l’arraisonnement patrimonial procède de l’institution de biens communs, désormais inappropriables.
En revanche, la prolifération patrimoniale et mémorielle est moins vue comme une réponse à la globalisation ou comme son effet, au prix donc d’une rupture nette dans l’action sur le passé. C’est cette piste que nous souhaitons particulièrement explorer, à l’occasion de ce colloque consacré à « l’épreuve des cultures » – et qui offre l’opportunité à notre groupe de travail d’examiner la pertinence de la distinction mémoire/patrimoine. En effet, pour le dire vite, on observerait une disjonction entre les pratiques territorialisées – et « territorialisantes » – fondées sur l’érection de haut lieux et cadrées par des politiques patrimoniales et des pratiques déterritorialisées sous deux aspects : d’une part, des demandes de justice mémorielle – face aux abus ou aux effets pervers des politiques patrimoniales : mémoires empêchées ou manipulées – qui, même si elles visent une intégration au roman national, un droit d’être cité à l’ordre de la nation, ne se fondent pas sur la revendication de l’isomorphie peuple/territoire ; d’autre part, des revendications d’appartenance (intégration, adhésion, identité…) qui se déroulent dans un contexte de circulation, dans des flux transnationaux, de personnes, de paysages, d’objets, d’images, d’idéologies [1]. Dans un tel contexte, « le passé, écrit Arjun Appadurai, n’est plus une terre où l’on retourne par la biais d’une simple politique de la mémoire. Il est devenu un entrepôt synchronique de scénarios culturels, une sorte de casting temporel central auquel on peut avoir recours à sa guise en fonction du film à faire, de la scène à montrer, des otages à sauver » (p. 67). S’il est donc vrai que la relation peuple/territoire est remise en cause par la globalisation, alors via ces pratiques, des individus et des collectifs disséminés produisent de la localité pour laquelle la dimension territoriale n’est plus nécessaire (des lieux de mémoire sans territoire ?), ou encore une localité qui se trouve d’autres « prises » que le territoire. C’est dans cette perspective qu’il faudrait comprendre les poussés mémorielles contemporaines : à la fois comme des mises en cause profondes de l’arraisonnement patrimonial – promoteur de nation et en conséquence d’un oubli d’État – et comme des adaptations aux conditions modernes de l’existence (mobilité, vulnérabilité, incertitude) dans un monde globalisé où la mise au rebus frappe désormais autant les personnes que les choses [2].
Que pousse-t-il sur « le terrain fertile de la déterritorialisation » [3] ? Les propositions de communication se saisiront de cette question de manière à montrer, via des descriptions fines de situations, de quelles actions sur le passé se nourrissent les cultures de ou dans la déterritorialisation – et pour quelles visées politiques. Elles pourront l’aborder selon plusieurs angles :
- l’articulation aux dispositifs de patrimoniaux : comment s’accommodent-ils de la globalisation ? Comment se combinent-ils aux cristallisations de la mémoire ?
- les cristallisations mémorielles en tant qu’elles se configurent comme luttes pour la reconnaissance [4].
- la reconnaissance devant la redistribution [5] : comment les cultures de la déterritorialisation répondent-elles à l’impératif de justice sociale ?
- la production globale de localité
- les flux (particulièrement le marché patrimonial et mémoriel)
- l’action sur le passé comme travail d’imagination (production et circulation d’images).
Jean-Louis Tornatore
Juillet 2007
[1] Arjun Appadurai, Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation, Paris, Payot & Rivages, 2005 [1996].
[2] Zygmunt Bauman, Vies perdues. La modernité et ses exclus, Paris, Payot & Rivages 2006 [2004].
[3] Arjun Appadurai, op. cit., p. 77.
[4] Charles Taylor, Multiculturalisme, Différence et démocratie, Paris, Aubier 1994 [1992], Champs/Flammarion : Axel Honneth, La lutte pour la reconnaissance, Paris, Éditions du Cerf, 2002 ; Paul Ricœur, Parcours de la reconnaissance. Trois études, Paris, Stock, 2004.
[5] Nancy Fraser, 2005, Qu’est-ce que la justice sociale ? Reconnaissance et redistribution, Paris, La Découverte.
Organisation
XVIIIe congrès international de l'AISLF, Istanbul, 7-8 juillet 2008 (http://w3.univ-tlse2.fr/aislf/spip/article.php3?id_article=16)Propositions de contribution
Les propositions (deux pages maximum) sont à adresser simultanément aux responsables du GT 14, avant le 30 janvier 2008 :
- André Micoud : andre.micoud@univ-st-etienne.fr
- Jean-Louis Tornatore : tornatore@univ-metz.fr ou jl.tornatore@free.fr,
Categorías
Lugares
- Istanbul
Estambul, Turquía
Fecha(s)
- mercredi 30 de janvier de 2008
Palabras claves
- mémoire, patrimoine, globalisation, déterritorialisation, localité, reconnaissance
Contactos
- André Micoud
courriel : andre [dot] micoud [at] sfr [dot] fr - Jean-Louis Tornatore
courriel : jean-louis [dot] tornatore [at] u-bourgogne [dot] fr
URLs de referencia
Fuente de la información
- Jean-Louis Tornatore
courriel : jean-louis [dot] tornatore [at] u-bourgogne [dot] fr
Para citar este anuncio
« Mémoire et patrimoine à l'ère de la globalisation », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el vendredi 07 de septembre de 2007, https://calenda-formation.labocleo.org/193454