Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales
L’enfermement au prisme des sciences sociales
Confinement viewed through the prism of the social sciences
Rapprocher les lieux, confronter les approches
Contrasting facilities, confronting approaches
Veröffentlicht am lundi, 10. décembre 2012
Zusammenfassung
Inserat
Colloque international organisé par le programme TerrFerme
« Les dispositifs de l’enfermement. Approche territoriale du contrôle politique et social contemporain »
ADES (CNRS- Université de Bordeaux), Pessac (France), 17 au 19 octobre 2013
Présentation
Défini par une clôture matérielle et des rapports de pouvoir oscillant entre domination et subversion, l’exercice d’une contrainte par l’enfermement se décline en une variété d’espaces et d’institutions. La liste des lieux qui l’incarnent ne saurait être exhaustive : établissements psychiatriques, centres éducatifs fermés, centres de demandeurs d’asile et camps de réfugiés, maisons de retraites, espaces pénitentiaires, centres de rétention pour étrangers en attente d’expulsion, logements pour main-d’œuvre étrangère, etc. Les formes contemporaines de gouvernement des populations par l’enfermement, du moins dans les pays occidentaux, sont marquées par un quadruple mouvement : l’ouverture de certains lieux (voire notamment la diminution du nombre de lits en hôpital psychiatrique et le développement concomitant de la psychiatrie de secteur) ; la multiplication et la spécialisation des types de lieux et de « prise en charge » (par exemple face aux migrations, à la maladie mentale, à la délinquance juvénile) ; la diversification des formes de contrôle à travers la mise en place de solutions dites alternatives (dont la surveillance par bracelet électronique ou l’assignation à résidence) ; enfin, l’implication croissante d’acteurs privés dans le contrôle et l’assistance déployés. Ces dynamiques, d’intensité variable selon les institutions et les contextes nationaux, donnent autant à voir l’existence de processus transversaux aux différents lieux que le maintien de leurs particularités et d’héritages propres à chacun d’entre eux.
Dans le même temps, la littérature académique sur ces diverses formes d’enfermement ne cesse de prendre de l’importance et de se diversifier, nourrie par l’implication d’un nombre croissant de disciplines. Elle apparaît parfois spécialisée sur un type exclusif d’institution : sociologie de la prison et de la psychiatrie, études des migrations internationales, histoire de l’habitat, du logement ouvrier ou social… Elle peut aussi résulter de traditions scientifiques émanant de diverses aires culturelles, d’ailleurs très inégalement étudiées. Pourtant, un certain nombre de ces recherches suggèrent aujourd’hui que l’on peut développer des objets de réflexion transversaux, voire mettre en évidence des traits communs aux lieux clos : l’existence de rapports de pouvoirs entre forces de l’ordre et enfermés, ou encore le rôle du confinement dans la production, reproduction et stabilisation de catégories visant à ordonnancer des formes de déviance que l’enfermement a pour vocation de contrôler, réguler ou réprimer. Le rapprochement analytique (et géographique) des institutions de privation de liberté nous semble aujourd’hui inviter à interroger la manière dont ces transversalités sont ou non travaillées dans la littérature disponible sur l’enfermement. La richesse de la pensée goffmanienne a souvent conduit les recherches en sciences sociales à appréhender l’enfermement au prisme de l’ « institution totale », et les travaux de Foucault ont durablement transformé et complexifié la compréhension des rapports de pouvoir (en particulier dans le contexte carcéral). Mais on peut aussi se demander en quoi la mobilisation quasi-systématique, dans les recherches sur le confinement, de ces deux auteurs (dont il ne s’agit en aucun cas de fondre dans un même mouvement les apports respectifs) a éventuellement pu conduire à privilégier certains angles d’analyse au détriment d’autres.
Ce colloque se propose donc de réfléchir aux apports de la mise en perspective de différents types d’espaces clos. Que produit ce mouvement de rapprochement des regards analytiques sur le confinement, à quoi sensibilise-t-il ? Quelles sont les facettes de l’enfermement qu’il permet d’éclairer et qui restent peu analysées par les champs spécialisés ? Ce questionnement pourra se décliner en plusieurs grands domaines d’investigation, dont l’exploration nous semble pouvoir profiter du dialogue entre les recherches sur les diverses institutions fermées.
Espaces et relations de pouvoir
Les relations de pouvoir au sein des établissements de privation de liberté sont l’une des thématiques centrales des recherches sur l’enfermement. Dans la lignée des travaux goffmaniens sur les institutions totales, nombre d’analyses se sont concentrées sur les relations de pouvoir entre individus enfermés et représentants de l’institution, au risque d’une lecture dichotomique de l’espace fermé opposant d’une part reclus en situation de « servitude », de « dépendance » et de « dépossession de soi » et, d’autre part, membres du personnel monopolisant le savoir, le pouvoir et la liberté. L’intérêt porté par Goffman aux « adaptations secondaires » a cependant permis de complexifier une lecture manichéenne des relations de pouvoir en milieu fermé en s’intéressant aux techniques par lesquelles les personnes enfermées tentent de contourner ou réfuter les assignations de rôle que prévoit l’institution à leur endroit.
L’espace, entendu, en sociologie ou en géographie notamment, comme élément constitutif du social, peut être une entrée pertinente pour renouveler la réflexion sur la dynamique de ces relations de pouvoir. Sa dimension construite est fréquemment analysée par la sociologie de l’architecture, qui questionne l’utilisation de l’espace comme instrument de contrainte. Il reste encore à approfondir comment l’espace, dans ses multiples dimensions (perçu, représenté, symbolique, vécu, approprié, mis en scène et instrumentalisé), est tout à la fois un enjeu central des rapports de pouvoir caractéristiques de l’enfermement, et un vecteur de leur remise en cause. Le colloque interrogera en outre les échelles du lieu de privation de liberté, qui se fractionne en de multiples niveaux jusqu’aux objets et corps des enfermés. Comment l’espace participe-t-il de multiples logiques d’appropriation, de contournement, de déni, voire de remise en cause de l’autorité institutionnelle ? L’un des objectifs sera donc de creuser les interactions entre espace et pouvoir au sein des lieux fermés, et plus largement dans les rapports sociaux entre enfermés d’une part, et entre enfermés et non enfermés (dont les représentants de la société civile) d’autre part.
Acteurs et institutions du contrôle : privé vs. public
Les institutions fermées ont souvent été appréhendées par les recherches existantes comme l’expression d’un pouvoir régalien de l’État sur ses sujets. Un nombre croissant d’entre elles implique aujourd’hui des acteurs privés. Ainsi, les États européens délèguent de plus en plus souvent à des sociétés privées la construction, la maintenance et la surveillance d’établissements pénitentiaires ou de centres de rétention pour étrangers en situation irrégulière. Le fonctionnement de certains lieux, appréhendés dans le cadre de ce colloque, est plus étroitement lié encore aux acteurs privés : c’est le cas notamment des logements pour travailleurs migrants, qui appartiennent en général à des entrepreneurs privés (que ceux-ci soient directement les employeurs de la main-d’œuvre, ou qu’ils soient spécialisés dans la construction et la gestion des logements de travailleurs). Si la sociologie de la sécurité privée a connu un réel essor au cours des vingt dernières années, ce colloque sera l’occasion de revenir sur la dichotomie public / privé, afin d’analyser ses éventuelles répercussions sur les rapports de pouvoir qui prévalent en situation de privation de liberté. La question des formes du contrôle (privé / public), de leur délégation ou externalisation sera également posée, au vu de procédures de désengagement de l’État constatées ici et là. Qui enferme, pour quoi et pour qui ? L’exercice de la contrainte sur les publics visés et la mise en œuvre du confinement peuvent a priori sembler plus évidents dans le cadre d’établissements dont la mission a été définie par la force publique et passe explicitement par un recours à l’enfermement contraint (la prison, la garde-à-vue, le centre de rétention, l’hôpital psychiatrique, etc.). Mais l’existence de lieux dont le fonctionnement n’est pas soumis à l’autorité étatique invite à questionner le rôle de la puissance agissante, publique ou privée, sur la conception et les formes d’enfermement mises en œuvre. Ce questionnement revêt une importance particulière dans un contexte où les lieux de privation de liberté investis d’une mission étatique de contrôle des populations sont de plus en plus placés sous le regard d’acteurs tiers (ONG, associations, instances de contrôle nationales et supranationales, etc.) : il convient également d’interroger l’impact de cette constellation sur les formes d’accompagnement des populations enfermées ainsi que sur les dynamiques d’ouverture et de fermeture de l’institution.
Trajectoires, circulations, mobilités
La sociologie américaine de la prison a mis en lumière, depuis les années soixante, la nécessité d’envisager les établissements carcéraux dans leurs relations à l’extérieur, à leur environnement. Cette position, largement reprise dans la recherche francophone, invite à considérer les lieux de réclusion non comme des « isolats », mais comme les pièces d’un tissu social dépassant largement les murs de l’institution. L’un des apports majeurs de la sociologie carcérale récente réside dans l’étude de l’inscription du passage en prison dans le parcours socio-biographique des détenus et de la manière dont ce parcours influe sur l’expérience de l’enfermement, et réciproquement. Par la suite, les travaux consacrés au confinement des étrangers ont souvent permis d’étendre cette perspective non seulement au parcours biographique des retenus mais aussi à leurs trajectoires spatiales. Dans la lignée de ces tentatives de « décarcéralisation » de la focale d’analyse, les contributions proposées ici chercheront à analyser les effets des déplacements sur l’enfermement. Elles pourront identifier les types de mobilités liées à la réclusion et les enjeux qui les sous-tendent : les trajectoires migratoires et leurs inflexions liées aux passages dans des lieux de privation de liberté, mais aussi les déplacements liés à la prise en charge du quotidien et des corps enfermés, à l’intérieur des lieux de confinement (visites au parloir, déplacements vers les réfectoires, etc.) comme à l’extérieur (déplacements au tribunal, à l’hôpital…). Il s’agira aussi de s’interroger sur les acteurs qui circulent et ceux qui font circuler. Comment les autorités, tout comme les enfermés, peuvent-ils faire de la mobilité entre les lieux, mais aussi à l’intérieur des lieux, un instrument de pouvoir et/ou de savoir ? Peut-on penser l’obligation de mobilité comme une nouvelle forme de contrainte spatiale, par exemple dans le cas des transferts contraints (d’un établissement à l’autre, ou d’un pays à l’autre…), ou encore de certaines injonctions au déplacement à l’intérieur des établissements fermés ?
Les institutions d’enfermement à l’épreuve des inégalités
Alors que différents courants de recherche en sciences sociales ont récemment appelé à interroger le rapport des institutions publiques aux inégalités, ethniques et religieuses notamment, cette question apparaît assez peu travaillée par la littérature sur l’enfermement. Le rapprochement de différents types de lieux clos offre l’opportunité de questionner les représentations institutionnelles des inégalités et leur éventuelle problématisation, par les acteurs du contrôle, dans les interactions quotidiennes avec les enfermés. Sera examinée l’hypothèse selon laquelle les institutions de privation de liberté participent à la construction des rapports sociaux de race/ethniques, de nationalité, de religion, d’âge ou de genre. Autrement dit, il s’agit de renseigner les effets de l’ « altérité » (ou de sa construction par l’autorité) sur les mécanismes institutionnels de contrôle, de prise en charge ou d’accompagnement déployés au sein des lieux fermés, voire sur la façon dont les personnes enfermées résistent aux processus de confinement.
Société civile et enfermement : gouvernement des lieux, production et circulation des savoirs
Depuis plusieurs décennies, les associations et ONG sont des acteurs incontournables d’un nombre important de lieux de privation de liberté. Cette intervention s’inscrit fréquemment dans un double mouvement de légitimation de la puissance publique (l’intervention des acteurs associatifs est souvent présentée par les instances enfermantes comme gage de transparence et de « bonnes pratiques ») et de contestation du dispositif d’enfermement (à travers par exemple la mise en œuvre d’une assistance juridique permettant de questionner la légitimité de l’enfermement des étrangers). Ce double registre dans lequel s’inscrit l’intervention associative invite donc à questionner la participation de la société civile au gouvernement des lieux d’enfermement et notamment aux formes de son renforcement, de sa mise à l’épreuve, mais aussi de ses éventuels déplacements. Cette implication de la société civile produit également des effets sur la production et la circulation de savoirs critiques sur le confinement. Les rapports des acteurs associatifs ont parfois directement été à l’origine du déploiement de travaux de recherche, relatifs par exemple aux conditions de vie des détenus dans les établissements carcéraux, des étrangers maintenus aux frontières, ou encore des travailleurs migrants confinés dans des campements. Ces acteurs associatifs produisent non seulement des informations de première main, mais s’inscrivent aussi dans une forme de recherche-action remplissant un rôle critique de (contre-)pouvoir. Par ailleurs, pour accéder au lieu fermé lui-même, de nombreux chercheurs passent par des associations et des ONG, démarche qui les place de facto dans une posture d’involvement ou detachement, selon la terminologie de Norbert Elias. Cet axe de réflexion visera donc aussi à interroger les formes de passage entre monde associatif et recherche sur la privation de liberté. Quelles sont les bases de la collaboration entre les chercheurs et le monde associatif, notamment au moment de l’enquête ? Alors que les liens établis sont parfois étroits et pérennes, comment leurs visées respectives (production de savoirs d’un côté, démarche opératoire de l’autre) se combinent-elles ? Quelles conséquences ont-elles sur l’appréhension de l’enfermement par les chercheurs, ainsi que sur les interventions des acteurs associatifs et humanitaires ?
Les contributions proposées dans le cadre de cet appel s’intéresseront donc, dans une perspective historique ou contemporaine, à ce que le rapprochement des travaux sur l’enfermement produit en termes de compréhension des rapports de pouvoir dans les lieux de privation de liberté - et ce plus précisément à partir des dynamiques spatiales, circulatoires, institutionnelles et de gestion de la diversité qui les travaillent. Les communications proposant une approche empirique de ces institutions seront privilégiées, et les contributions collectives avec une dimension comparative entre différents types d’enfermement seront particulièrement appréciées.
Ce colloque clôture le programme de recherche TerrFerme (Les dispositifs de l’enfermement. Approche territoriale du contrôle politique et social contemporain) financé par l’ANR et le Conseil Régional d’Aquitaine. Il ne s’intéresse pas seulement aux trois types d’espaces appréhendés par l’équipe (prisons, centres de rétention et logements contraints de travailleurs migrants), mais à une liste ouverte d’institutions de privation de liberté. Sensible à différents contextes et terrains d’étude (régimes autoritaires ou démocratiques, pays développés ou en développement), il cherchera à favoriser le dialogue entre disciplines et traditions nationales de recherche sur l’enfermement.
Modalités de soumission
Les propositions de contribution comporteront les éléments suivants :
- le titre de la communication ;
- le nom et prénom du ou des auteurs, leur institution ou association de rattachement (s’il y a lieu), leurs coordonnées complètes (adresse mail, adresse postale, numéro de téléphone) ;
- le résumé de la communication (3.000 signes), qui identifiera clairement a) l’argument central de la proposition, b) la méthodologie employée pour la recherche, et c) les principaux résultats présentés.
Les propositions devront nous parvenir sous format .rtf à l’adresse colloqueterrferme2013@gmx.fr
avant le 1er février 2013.
Les langues de travail du colloque seront le français et l'anglais.
Pour toute information, écrire à colloqueterrferme2013@gmx.fr
Calendrier et informations pratiques
1er février 2013 : date limite d’envoi des propositions de communication
Avril 2013 : annonce de la sélection des communications
10 septembre 2013 : envoi des textes complets des communications
Le colloque aura lieu au laboratoire ADES (UMR 5185 Cnrs/Univ. Bordeaux)
Maison des Suds - 12, Esplanade des Antilles - 33607 Pessac (France)
Coordination
Bénédicte Michalon, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
Comité scientifique
- Tristan Bruslé, Centre d’Etudes Himalayennes (Cnrs, Villejuif), TerrFerme
- Gilles Chantraine, Clersé (Cnrs/Univ. Lille 1)
- Olivier Clochard, Migrinter (Cnrs/Univ. Poitiers), TerrFerme
- Sarah E. Curtis, Department of Geography, Durham University
- Mathilde Darley, Cnrs, Centre Marc Bloch Berlin, TerrFerme
- Andrew M. Jefferson, Dignity - Danish Institute Against Torture, Copenhagen
- Carolina Kobelinsky, St Antony’s College, University of Oxford
- Camille Lancelevée, IRIS (EHESS, Paris), Centre Marc Bloch Berlin
- Olivier Milhaud, Université Paris 4, Enec, TerrFerme
- Dominique Moran, School of Geography, Earth and Environmental Sciences, University of Birmingham
- Marie Morelle, Université Paris 1, Prodig, TerrFerme
- Olivier Razac, Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire, Agen
- Lorna A. Rhodes, Department of Anthropology, University of Washington, Seattle
- Djemila Zeneidi, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
Comité d’organisation
- Caroline Abela, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
- Charles-Antoine Arnaud, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux)
- Laurent Cruchon, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux)
- Marie-Bernadette Darignac, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux)
- Olivier Pissoat, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
- Pierre-Yves Saillant, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux)
- Frédéric Thion, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
- Sylvie Vignolles, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
- Et l’ensemble de l’équipe TerrFerme (Tristan Bruslé, Olivier Clochard, Mathilde Darley, Olivier Milhaud, Marie Morelle, Djemila Zeneidi)
Le site du colloque :http://terrferme13.sciencesconf.org/
Le site de TerrFerme : http://terrferme.hypotheses.org/
An international symposium organized by the TerrFerme Research project
"Mechanisms of Confinement.A territorial approach to contemporary political and social control"
ADES (CNRS- University of Bordeaux), Pessac (France), October 17 – 19, 2013
Presentation
Defined by a material enclosure and power relations that oscillate between domination and subversion, constraint by confinement is exercised in a variety of settings and institutions. It would be impossible to draw up an exhaustive list of all the places that match this definition: psychiatric establishments, custodial educational centres, centres for asylum seekers and refugees, retirement homes, penitentiary establishments, detention centres for non-nationals awaiting deportation, housing for foreign labour, etc. Contemporary ways of controlling populations by confinement, at least in western countries, are marked by a quadruple movement: an opening up of certain establishments (a notable reduction in the number of beds in psychiatric hospitals and the concomitant development of sectoral psychiatry); a multiplication and specialization in the types of establishment and "custody" (e.g. vis-à-vis migration, mental illness, juvenile delinquency); a diversification of forms of control through the use of "alternative" solutions (including electronic tagging or house arrest); and lastly, the increasing role of private stakeholders in the monitoring and assistance deployed. These dynamics, which vary in intensity depending on the institution and the national context, are as much indicative of across-the-board processes in the different establishments as of the maintenance of the features and heritages that are specific to each one.
At the same time, the academic literature concerning these various forms of confinement continues to grow and expand, nourished by the involvement of a growing number of disciplines. It sometimes appears to have specialized in an exclusive type of institution: the sociology of prisons and psychiatry, studies of international migration, the history of the habitat, worker or social housing. It may also emerge from scientific traditions that emanate from diverse cultural backgrounds which, as it happens, have been studied in a very unequal manner. However, some of this research now suggests that we can develop objects for across-the board study, or even highlight characteristics that are common to custodial settings: the existence of power relations between the forces of law and inmates, or the role of confinement in the production, reproduction and stabilization of categories intended to organize the forms of deviance that confinement is designed to control, regulate or curb. The analytical (and geographical) comparison of custodial institutions seems today to invite questions concerning the way in which these transversalities are studied, or not, in the available literature on confinement. The richness of Goffmanian thought has often led social science research to apprehend confinement in the prism of the "total institution", and Foucault's work has lastingly transformed and complicated our comprehension of power relations (particularly in a carceral context). But we may also wonder to what degree the almost-systematic mobilization, in confinement research, of these two authors (there being no question of merging their respective contributions in a single movement) may possibly have led to a preference for certain angles of approach to the detriment of others.
This symposium therefore sets out to study the value, for analysis, of putting different types of custodial space into perspective. What does this comparison of visions of confinement produce, what awareness does it develop? What facets of confinement can it highlight that have received little attention from specialized fields? These questions can be broken down into several major fields of investigation, an exploration of which would seem to benefit from the dialogue between researches into the various custodial institutions.
Space and power relations
Power relations inside establishments that deprive people of their freedom are one of the central themes of research into confinement. In line with Goffmanian work on total institutions, many analyses have concentrated on the power relations between inmates and the representatives of the institution, running the risk of a dichotomous reading of the custodial zone opposing, on the one hand, the inmates in a position of "servitude", "dependence" and "dispossession of self" and, on the other, members of the personnel monopolizing knowledge, power and freedom. However, Goffman's interest in "secondary adjustments" facilitates a complication of the reading of power relations in a custodial milieu by taking an interest in the techniques through which inmates attempt to circumvent or refute the roles assigned to them by the institution.
Space, which both sociology and geography view as a constitutive element of the social sphere, may be a relevant criterion for a renewed approach to the dynamics of these power relations. Its constructed dimension is often analysed by the sociology of architecture, which questions the use of space as an instrument of constraint. It remains to be explored how space, in its multiple dimensions (perceived, represented, symbolic, lived, appropriated, presented and instrumentalized), is both a central issue in the power relations that characterize confinement, and a vector for calling them into question. In addition, the symposium will question the scales of the custodial establishment, which is fractioned into multiple levels right down to and including the objects and bodies of the inmates. What role does space play in the multiple logics of adjustment to, or circumvention, denial and even questioning of the institutional authority? One of the objectives will thus be to explore the interactions between space and power inside custodial establishments and, more generally, in social relations between inmates, on the one hand, and between inmates and non-inmates (including representatives of civil society) on the other.
Control operators and institutions: private vs. public
Custodial institutions have often been apprehended by existing research as the expression of the sovereign power of the state over its subjects. A growing number of them now involve private stakeholders. Thus, European states delegate more and more frequently to private companies the construction, maintenance and surveillance of penitentiary institutions or detention centres for non-nationals in an irregular situation. The running of certain facilities, included in the framework of this symposium, is even more tightly linked to private providers: this is particularly the case for housing for migrant workers, which generally belongs to private entrepreneurs (whether they directly employ the labour or specialize in the construction and management of workers' housing). Although the sociology of private security has experienced a real upturn over the last twenty years, this symposium will be an opportunity to review the public/private dichotomy in order to analyse its possible repercussions on the power relations that prevail when people are deprived of their freedom. The question of the form of control (public/private), and its delegation or outsourcing will also be posed in the context of previously observed procedures to withdraw state funding. Who confines, why and for whom? The exercise of constraint on the public in question and the implementation of confinement may a priori seem more justified in the framework of establishments whose mission has been defined by public authorities and which have explicit recourse to forced confinement (prison, police custody, detention centres, psychiatric hospitals, etc.). But the existence of places whose operation is not subject to state authority calls into question the role of the acting power, whether public or private, in the design and forms of confinement implemented. This calling into question is particularly important when the confinement facilities are invested with a state mission to control populations and are increasingly placed in the hands of third parties (NGOs, associations, national and supranational control mechanisms, etc.): it is also important to question the impact of this constellation on forms of support for confined populations, and the dynamics governing the opening and closing of the institution.
Routes, circulation, mobility
Since the 1960s American prison sociology has highlighted the necessity of considering custodial establishments in their relations with the exterior, with their environment. This position, which has been largely accepted in Francophone research, invites us to view confinement facilities not so much as "isolates" but as pieces in a social fabric that extends largely beyond the walls of the institution. One of the major contributions of recent prison sociology consists in its study of how the period in prison is worked into the socio-biographical history of prisoners and how this process influences the experience of confinement, and inversely. Subsequently, work devoted to the confinement of non-nationals has often resulted in an extension of this perspective not only to the biographical history of those detained but also to their spatial mobility. In line with these attempts to "decarceralize" the focus of analysis, the contributions proposed here will seek to analyse the effect of mobility on confinement. They may identify types of mobility linked to confinement, and the issues underlying them: migration routes and modifications thereof, linked to periods in custodial facilities, but also mobility linked to everyday life and the confined person, both inside custodial establishments (trips to the visiting room, movements to and from refectories, etc.) and outside (trips to court, to hospital, etc.). It is also important to consider the persons that move and those that cause them to move. How can the authorities, or the inmates, make mobility between places, but also inside of places, an instrument of power and/or knowledge? Can we consider the obligation to move as a new form of spatial constraint e.g. in cases of forced transfers (from one establishment to another, one country to another), or certain orders to move about inside the custodial establishments?
Custodial institutions and inequality
Although different research trends in the social sciences have recently questioned the relationship between public institutions and inequality, particularly ethnic and religious inequality, this question seems to have received little attention in the literature on confinement. A comparison of different types of custodial facilities offers an opportunity to question institutional representations of inequality and their possible problematization by the controlling operators in their daily interactions with inmates. It is important to examine the hypothesis whereby custodial institutions contribute to the construction of social relations, whether based on race/ethnicity, nationality, religion, age or gender. In other words, it is important to determine the effects of otherness (or of its construction by the authority) on the institutional methods of control, custody or support deployed inside custodial establishments, and even on the way inmates resist the processes of confinement.
Civil society and confinement: governing facilities, production and the circulation of knowledge
For several decades, associations and NGOs have played an essential role in a considerable number of custodial establishments. This intervention is often part of a dual movement to legitimize the public authority (the intervention by associations being often presented by custodial authorities as a sign of transparency and "best practice") while simultaneously challenging the detention system (e.g. by providing legal aid to question the legitimacy of detaining non-nationals). This dual register in the role of associations thus invites us to question the role of civil society in the governance of custodial centres and particularly in the means of consolidating it, testing it but also its possible displacement. This implication of civil society also affects the production and circulation of critical knowledge concerning confinement. Reports by associations have sometimes led directly to the deployment of research work e.g. concerning the living conditions of inmates in custodial institutions, of non-nationals detained at frontiers or migrant labour confined in camps. These associations produce not only first-hand information but also form part of a sort of research-action, fulfilling a critical role as a (counter-) power. Moreover, in order to gain access to the custodial centres themselves, many researchers use associations and NGOs, a procedure that places them de facto in a position of involvement or detachment, to use Norbert Elias's terminology. This approach will thus aim to question the forms of transition between the world of associations and research into confinement. What are the bases of the collaboration between researchers and the world of associations, particularly at the time of the investigation? Although the links established are sometimes close and long-lasting, how do their respective aims (production of knowledge on the one hand and operational procedure on the other) combine? What consequences do they have for the researchers' apprehension of confinement, and for the interventions of associative and humanitarian players?
The contributions proposed in response to this call for papers will thus focus, from an historical and contemporary perspective, on how a comparison of research on confinement contributes to our understanding of power relations in custodial environments – especially in terms of the spatial, circulatory, institutional and diversity management dynamics that drive them. A preference will be given to papers that provide an empirical approach to these institutions, and collective contributions that include a comparative dimension between different types of confinement will be particularly appreciated.
This symposium closes the TerrFerme research project (Mechanisms of Confinement. A territorial approach to contemporary political and social control) financed by the French National Research Agency (Agence Nationale de la Recherche) and the Conseil Régional d'Aquitaine. It focuses not only on the three types of space identified by the team (prisons, detention centres and housing for migrant labour), but on an ongoing list of custodial institutions. Sensitive to different study contexts and terrains (authoritarian or democratic regimes, developed or developing countries), it seeks to promote a dialogue between disciplines and national traditions of research into confinement.
Submission guidelines
Abstracts shall comprise the following elements:
- The title of the paper;
- The name and first name of the author or authors, the institution or association to which they are attached (when applicable), their full personal data (email address, postal address, telephone number);
- An abstract of the paper (3,000 characters), clearly identifying a) the central argument of the paper, b) the research method used, and c) the main results presented.
Abstracts will be submitted in .rtf format. Deadline for submission is
February 1st, 2013,
at this address: colloqueterrferme2013@gmx.fr
The working languages of the symposium shall be French and English (translation provided).
For any further information, please write to: colloqueterrferme2013@gmx.fr
Calendar
February 1st, 2013: submission deadline for abstracts
April 2013: announcement of selected abstracts
September 10, 2013: submission deadline for the complete text of papers
The symposium shall take place in Pessac, close to Bordeaux, France, in the institute ADES (CNRS/University of Bordeaux) located at:
Maison des Suds - 12, Esplanade des Antilles - 33607 Pessac (France)
Coordination
Bénédicte Michalon, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
Academic Committee
- Tristan Bruslé, Centre d’Etudes Himalayennes (Cnrs, Villejuif), TerrFerme
- Gilles Chantraine, Clersé (Cnrs/Univ. Lille 1)
- Olivier Clochard, Migrinter (Cnrs/Univ. Poitiers), TerrFerme
- Sarah E. Curtis, Department of Geography, Durham University
- Mathilde Darley, Cnrs, Centre Marc Bloch Berlin, TerrFerme
- Andrew M. Jefferson, Dignity - Danish Institute Against Torture, Copenhagen
- Carolina Kobelinsky, St Antony’s College, University of Oxford
- Camille Lancelevée, IRIS (EHESS, Paris), Centre Marc Bloch Berlin
- Olivier Milhaud, Université Paris 4, Enec, TerrFerme
- Dominique Moran, School of Geography, Earth and Environmental Sciences, University of Birmingham
- Marie Morelle, Université Paris 1, Prodig, TerrFerme
- Olivier Razac, Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire, Agen
- Lorna A. Rhodes, Department of Anthropology, University of Washington, Seattle
- Djemila Zeneidi, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
Organisation Committee
- Caroline Abela, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
- Charles-Antoine Arnaud, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux)
- Laurent Cruchon, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux)
- Marie-Bernadette Darignac, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux)
- Olivier Pissoat, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
- Pierre-Yves Saillant, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux)
- Frédéric Thion, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
- Sylvie Vignolles, Ades (Cnrs/Univ. Bordeaux), TerrFerme
- And the whole TerrFerme team (Tristan Bruslé, Olivier Clochard, Mathilde Darley, Olivier Milhaud, Marie Morelle, Djemila Zeneidi)
The website of the conference:http://terrferme13.sciencesconf.org/
The TerrFerme website: http://terrferme.hypotheses.org/
Kategorien
Orte
- Maison des Suds - 12 Esplanade des Antilles
Pessac, Frankreich (33600)
Daten
- vendredi, 01. février 2013
Schlüsselwörter
- lieux de privation de liberté, enfermement, pouvoir, espace, acteurs et institutions du contrôle, mobilités, inégalités, société civile, prison, rétention, psychiatrie, logement contraint
Kontakt
- Bénédicte Michalon
courriel : b [dot] michalon [at] ades [dot] cnrs [dot] fr
Verweis-URLs
Informationsquelle
- Bénédicte Michalon
courriel : b [dot] michalon [at] ades [dot] cnrs [dot] fr
Zitierhinweise
« L’enfermement au prisme des sciences sociales », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am lundi, 10. décembre 2012, https://calenda-formation.labocleo.org/231162

