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Déconnexions volontaires aux TIC

Voluntary disconnections in ICT

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Publicado el mardi 02 de juillet de 2013

Resumen

Dans la continuité des travaux de l'ANR « Dévotic », ce colloque international sur les déconnexions volontaires se déroulera les 13 et 14 février 2014 à l'Université de Pau. Les propositions de communication sont attendues avant le 15 octobre 2013. Les communications analyseront les motivations et les enjeux de la déconnexion dans un monde connecté. Elles révéleront les stratégies de déconnexion, les tensions inhérentes au jeu s’instaurant entre connexions et déconnexions ponctuelles ainsi que les conséquences de l’expérience de déconnexion sur le rapport au temps, à l’espace, aux autres et à soi-même des individus.

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Argumentaire

Le développement des TIC a été accompagné, ces vingt dernières années, par une opinion généralement très positive à leur égard. En dehors du secteur économique et professionnel, où elles sont devenues les outils indispensables du raccourcissement des délais, de l’accélération des rythmes et de la généralisation de la simultanéité dans un environnement de chronocompétitivité généralisée, les TIC ont rencontré un immense succès dans le grand public. Elles permettent en effet de répondre (en partie évidemment) à un désir vieux comme l’humanité, celui d’ubiquité, et à un fantasme vieux comme l’individu, celui du contact permanent avec les êtres aimés. Ubiquité, immédiateté et permanence par-delà le principe de réalité de ce monde qui sépare, éloigne et isole : les TIC ont été des outils quasi magiques pour la génération qui les a découverts.

Ce nouveau monde d’interconnexion généralisée n’a toutefois de sens que si les interlocuteurs, au bout du fil et des ondes, répondent : d’où l’injonction à rester de plus en plus connecté. Une connexion synonyme d’immédiateté, de sécurité, d’ouverture et d’évasion, mais aussi d’informations non désirées, d’appels intempestifs, de surcharge de travail, de confusion entre urgence et importance, de nouvelles dépendances et de contrôles non autorisés. Ce rapport aux TIC est l’une des caractéristiques du contexte hypermoderne dans lequel nous vivons.

Les hyperconnectés ont été les premiers à faire l’expérience des inconvénients induits par un usage intensif des TIC. Ils ont aussi été les premiers à s’engager dans la voie d’une nouvelle pratique inattendue : la déconnexion volontaire. De façon testimoniale, des journées sans écrans, sans internet ou sans téléphone font annuellement évènement dans plusieurs pays occidentaux. Des hôtels offrent désormais des vacances sans WiFi et offrent l’impossibilité provisoire de connexion comme un avantage, voire un luxe à s’offrir. Dans le monde de l’entreprise, de grandes compagnies bloquent les smartphones de leurs cadres pendant la nuit. Aux États-Unis, certaines de ces compagnies offrent même des séjours de « sevrage » des TIC à leurs employés.

À l’échelle de la famille, nous avons récemment vu l’apparition du « Sabbat numérique » : des parents et des enfants acceptent de jouer le jeu de la déconnexion provisoire le temps d’une soirée, d’une journée, d’un week-end. Certains vont encore plus loin et tentent l’expérience de vivre sans internet et téléphone pendant plusieurs semaines. On assiste même depuis peu à la multiplication de publications relatant des expériences de déconnexion. Le colloque porte sur les conduites de refus, non pas des technologies elles-mêmes, mais de certaines de leurs utilisations, en particulier celles qui conduisent à des excès, au branchement continu et même à des formes de dépendance ou de contrôle. Si le thème des non-usages ou du refus technologique a bien été étudié, celui d’usagers très actifs des technologies de l’information et de la communication cherchant à maîtriser le flux informationnel et communicationnel dont ils sont l’objet par des conduites de déconnexions partielles et volontaires reste marginal.

En effet, si l’expansion des phénomènes liés à la déconnexion volontaire est avérée, les analyses scientifiques se font rares parmi l’avalanche des articles de journaux, des récits d’expérience et des essais sur la question. Résultat : la multiplication des commentaires sur ces phénomènes se produit alors que les données qualitatives et quantitatives issues de la recherche semblent peu nombreuses ou, du moins, peu diffusées dans l’espace public. L’objectif de ce colloque est de rendre compte des analyses scientifiques actuelles traitant de la déconnexion volontaire.

Prenant de multiples formes, s’incarnant aussi bien dans des phénomènes visibles à l’échelle de la société qu’à celle de l’individu, la tendance à la déconnexion pose la question des limites touchées par l’expérience d’hyperconnexion mais aussi la capacité d’aménagement par les personnes des usages multiples offerts dans un monde hyperconnecté. Car la déconnexion volontaire n’est quasi jamais totale et permanente. Elle apparaît plutôt comme étant partielle, ponctuelle et donc provisoire. Par conséquent, la déconnexion volontaire ne s’explique et ne se comprend pas sans saisir le sens et la place occupée par la connexion dans la vie des personnes. Les communications analyseront les motivations et les enjeux de la déconnexion dans un monde connecté. Elles révéleront les stratégies de déconnexion, les tensions inhérentes au jeu s’instaurant entre connexions et déconnexions ponctuelles ainsi que les conséquences de l’expérience de déconnexion sur le rapport au temps, à l’espace, aux autres et à soi-même des individus, en privilégiant l’un des axes suivants :

1. La déconnexion en milieu professionnel

Pour plusieurs personnes, les usages des TICS sont fortement liés à leur travail. Internet est devenu la voie privilégiée de communication entre employés et patrons, entre collègues, entre les entreprises et leurs clients. En résulte une avalanche de courriels à filtrer, à trier, à traiter. Rendant joignables les employés en tout temps et en tout lieu, le téléphone portable est désormais remplacé par le smartphone que les entreprises procurent gratuitement à leurs employés. Conséquence : le temps du travail déborde de plus en plus de son cadre et fait irruption dans la vie privée des personnes, et viceversa… À partir de l’analyse de la déconnexion dans un milieu professionnel déterminé, il s’agira de saisir la spécificité de cette déconnexion dans un contexte qui redéfinit les enjeux qu’elle suppose et le sens qu’elle prend.

2. La déconnexion en contexte familial

Les usages des TICS en famille participent d’une individualisation des activités de chacun de ses membres, notamment par l’accès individualisé aux tablettes, smartphone et ordinateurs (portable et fixe). Or, si aux temps partagés physiquement ne correspondent plus toujours des temps partagés effectivement, les membres de la famille sont possiblement joignables, en tout temps, malgré la distance qui les sépare. Dans ce contexte particulier, la déconnexion peut traduire un désir voulu par certains ou tous les membres de la famille de « retrouver » une intimité partagée. Elle peut aussi être décidée par certains de ses membres tentant de couper provisoirement les cordons qui les retiennent au plus près de leur conjoint, de leurs parents ou enfants. Il s’agira ici de saisir le sens de la déconnexion volontaire dans le contexte d’une renégociation avec les statuts familiaux.

3. La déconnexion en contexte de loisirs

Les usages des TICS sont également liés aux temps libres. Si ces technologies facilitent l’organisation d’activités, l’échange et la rencontre, elles rendent parfois difficile la coupure nécessaire aux yeux de certains pour prendre du recul, se reposer. Par exemple, la déconnexion volontaire pendant les vacances constitue à la fois un symbole fort d’une volonté de modifier provisoirement son rapport aux autres et de vivre dans un contexte différent de celui du quotidien. Ici, la déconnexion volontaire peut s’analyser comme une nécessité pour vivre pleinement un temps pour soi ou comme une expérience de prise de distance par rapport aux technologies elles-mêmes.

4. Les évènements autour de la déconnexion volontaire

La déconnexion volontaire est l’objet d’évènements organisés dans plusieurs pays occidentaux. Ces évènements traduisent à la fois l’engouement de certaines personnes pour cette tendance à la déconnexion ainsi que la dimension militante des organisateurs soucieux de sensibiliser les personnes à ses bienfaits. Impulsés par des personnes ayant déjà expérimenté la déconnexion, ces évènements deviennent de formidables outils de diffusion d’une « idéologie » de la déconnexion, mettant au premier plan l’argument d’une meilleure qualité de vie. L’analyse de ces évènements permettra de mieux saisir les enjeux sociaux et politiques de la déconnexion à une échelle macro-sociale.

Conditions de soumission

Les propositions de communications (maximum : 3000 signes) comporteront un titre, une courte problématique, une question de recherche, un bref aperçu de la méthodologie et des principaux résultats.

Cette proposition sera complétée par le(s) nom(s), prénom(s) et institution de rattachement des intervenants.

Elles devront être envoyées par e-mail à Jocelyn Lachance (jocelyn.lachance@univ-pau.fr)

avant le 15 octobre 2013.

Ce colloque international aura lieu les 13 et 14 février 2014.

Conseil scientifique

  • Nicole Aubert
  • Luc Bonneville
  • Dominique Boullier
  • Valérie Carayol
  • Patrice Flichy
  • Francis Jauréguiberry
  • Christian Licoppe
  • Serge Proulx
  • Jean-Pierre Rouch

Voluntary disconnection from ICT, International conference, Pau, 13-14 February 2014

Argument

Over the last twenty years, the development of ICT has in general received a very positive welcome. Outside the economic and professional sectors, where it has become an essential time-saving resource and beyond the increasingly fast pace of life and the need for simultaneous communications in an environment of generalized chrono-competition, ICT has been a huge success with the general public. It realizes (only partially of course) the age-old dream of being in two places at once and fulfils a fantasy which has been with the human race from the earliest development of the individual, which is to be in permanent contact with one’s loved ones. Ubiquity, immediacy and permanence are principles which transcend the reality of this world, which separates, sets apart and isolates. Thus, ICT has been an almost magical resource for the generation which discovered it. But this brave new world of generalized communication is only meaningful if the people involved, at the other end of the air waves, are ready to answer: hence the pressure to remain increasingly connected. This state of connectedness is synonymous with immediacy, safety, openness and entertainment, but it also goes hand in hand with unwanted information, unwelcome calls, overwork, a confusion between urgency and importance and new unauthorized forms of dependence and control. This relationship with ICT is one of the characteristic features of the hypermodern context in which we live.

The hyperconnected are the first to experience the disadvantages which go with intensive use of ICT. They have been the first to adopt a new and unexpected practice: voluntary disconnection. Screen-free days, internet-free days or even telephone-free days, which are now annual events in several Western countries, bear witness to this strategy. Some hotels are now offering wi-fi free holidays and promote the impossibility of remaining connected as an advantage, or even as a luxury to be sought after. In the business world major companies are blocking their executives’ smartphones during the night. In the United States some of these companies are even offering their workforce ICT detox programmes. In families, there has been the recent appearance of a “digital sabbath”: parents and children agree to temporary disconnection for an evening, a day or a weekend. Some have taken this even further and are experimenting life without internet or phone for several weeks. There has even been a very recent growth in the number of publications devoted to experiences of disconnection.

This conference focuses on ways of refusing, not so much the technologies themselves, as some of their uses, in particular those which lead to excesses, to continuous connection or even to processes of dependence or control. While the theme of non-use or technological refusal has been widely studied, the issue of highly active users of ICT attempting to control the flow of information and communication which affects them by strategies of partial and voluntary disconnection has remained marginal. Although the expansion in phenomena linked to voluntary disconnection has been acknowledged, it has attracted little scientific analysis among the avalanche of newspaper articles, personal testimonies and essays on the question. The result of this has been a boom in comment on these phenomena despite the fact that there is little qualitative or quantitative research data, or at least a very limited awareness of such data as there is in the public space.

The goal of this conference is to review current scientific investigation of voluntary disconnection. The trend towards disconnection can be observed in a number of forms, both at the level of society and at the individual level. It raises the question of the limits of the experience of hyperconnection and also the ability of the people involved to find ways to deal with the multiple uses made possible by a hyperconnected world. Voluntary disconnection is almost never total and permanent. It would appear rather as partial, limited and therefore temporary. Consequently voluntary disconnection cannot be explained or understood without looking at the meaning of connection and the place it occupies in people’s lives.

Papers will analyse the motives and challenges of disconnection in a connected world. They will reveal strategies of disconnection and the inherent tensions that are introduced in the interplay between temporary connections and disconnections as well as the consequences of the experience of disconnection on the way individuals relate to time, space, other people and themselves, looking in particular at the following areas:

1) Disconnection in professional environments – for many people, the use of ICT is closely connected to their work. Internet has become the most widely used way to communicate between workers and employers, between colleagues and between companies and their customers. The result of this is an avalanche of emails that need to be filtered, processed and answered. The mobile phone, which made it possible to contact workers at any time and in any place, is being replaced by smartphones which companies provide free of charge to their work force. The consequence is that working time increasingly spills over into personal time and vice-versa. Starting out from an analysis of disconnection in a given professional environment, papers will seek to grasp the specific nature of this disconnection in a context which redefines the challenges that it raises and the meanings that it takes on.

2) Disconnection in a family context – the use of ICT within families is part of a growing process of individualisation of the activities of each member of the family, particularly through individualised access to tablets, smartphones and computers, whether laptops or desktops. Now, while there is no longer any necessary correspondence between time physically shared and time actually shared, the members of the family can be contacted, at any time, whatever the distance between them. In this particular context, disconnection may reflect the desire on the part of some or all of the members of the family to “recover” a shared domestic life. It may also the result of a decision on the part of some members of the family who are trying to temporarily sever the links which keep them close to their spouses, their parents or their children. The goal here will be to attempt to understand the meaning of voluntary disconnection within the context of a renegotiation of the relationships within the family.

3) Disconnection in a leisure context – The uses of ICT are also linked to leisure time. While these technologies make it easier to organise leisure activities and facilitate exchanges and meetings, they sometimes make it difficult to take time out, which some people see as necessary in order to stand back and take a break. For example, voluntary disconnection during holidays is a powerful symbol of a desire to temporarily modify one’s relationship with other people and to live in a context different from that of day-to-day life. Here, voluntary disconnection can be analysed as a necessity in order to fully experience time for oneself or as an experience of standing back from the technologies themselves.

4) Events around voluntary disconnection – voluntary disconnection is sometimes celebrated and promoted by events which have been organised in several western countries. These events reflect both the enthusiasm of some people for this trend of disconnection as well as the fact that the organisers may be activists attempting to make people aware of the benefits of disconnection. Encouraged by people who have already experienced disconnection, these events become tremendous opportunities to disseminate an “ideology” of disconnection, foregrounding the arguments of better quality of life. Analysing these events will give a better insight into the social and political dimensions of disconnection on a macro-social scale.

Submission guidelines

Proposals (maximum 3000 characters) should include a title, a short exposition of the question addressed, a brief outline of the methodology and the main results.

They should give the names (first names and family names) of the participants and the institution to which they belong.

They should be sent by e-mail to Jocelyn Lachance (jocelyn.lachance@univ-pau.fr)

before 15 October 2013.

Scientific Council

  • Nicole Aubert
  • Luc Bonneville
  • Dominique Boullier
  • Valérie Carayol
  • Patrice Flichy
  • Francis Jauréguiberry
  • Christian Licoppe
  • Serge Proulx
  • Jean-Pierre Rouch

Lugares

  • Université de Pau
    Pau, Francia (64)

Fecha(s)

  • mardi 15 de octobre de 2013

Palabras claves

  • déconnexions, technologies, hypermodernité, expériences, usages

Contactos

  • Jocelyn Lachance
    courriel : jocelyn [dot] lachance [at] univ-pau [dot] fr

URLs de referencia

Fuente de la información

  • Jocelyn Lachance
    courriel : jocelyn [dot] lachance [at] univ-pau [dot] fr

Para citar este anuncio

« Déconnexions volontaires aux TIC », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el mardi 02 de juillet de 2013, https://calenda-formation.labocleo.org/254052

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