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Cultures alimentaires et territoires

Food cultures and territories

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Publié le mardi 17 décembre 2013

Résumé

Coordonné par Gilles Fumey, Peter Jackson et Pierre Raffard, le numéro « Cultures alimentaires et territoires » de la revue Anthropology of Food ambitionne de contribuer, à travers des éclairages empiriques mais aussi théoriques et conceptuels, à affirmer l’existence d’une relation fondamentale entre l’alimentation et les configurations socio-spatiales qu’elle engendre et/ou au sein desquels elle s’exprime.

Annonce

Argumentaire

La notion de « culture alimentaire » s’est développée dans les sciences sociales comme une évidence. Les historiens y attachent une accumulation de strates et de ruptures dans le temps, les sociologues des « faits sociaux globaux » et les géographes un système de différenciation identitaire marqué par des distances et des fusions régulièrement présentées comme des « métissages ». Ces approches méritent d’être interrogées non pas par les cadres disciplinaires traditionnels mais à partir de problématiques globales nées des débats de société sur l’alimentation aujourd’hui : notions de risque (alimentaire, sanitaire), notion d’abondance conduisant à des pathologies nouvelles (obésité, maladies neurodégénératives), extension des modèles industriels (restauration hors domicile ou non) et leurs formes de contestations sociales, discours et pratiques sur la qualité, affirmations identitaires et patrimoniales, voire systèmes de transmission, etc.

Ce numéro d’AoF ambitionne de poser un certain nombre de cadres théoriques et conceptuels sur cette notion de culture alimentaire, en vérifiant qu’elle offre bien la même base sur laquelle les chercheurs en SHS peuvent se retrouver. Il veille à ne pas privilégier une région du monde ou une autre, mais tente de cerner par des études locales les points qui peuvent permettre d’attribuer des caractères universels à l’alimentation. Les bornages territoriaux peuvent aider à montrer comment se façonne une culture locale en regard des autres. Mais aussi dans le cadre convenu et discuté d’une « globalisation » alimentaire imposée par des marques qui se veulent « mondiales » sans l’être, des modèles alimentaires nés dans les villes où les environnements sociaux sont marqués par des formes d’accélération des rythmes, impactant de nouveaux besoins.

Il convient de voir si on ne peut pas sortir du discours purement économiste (production/distribution/consommation) pour tenir compte du fait que les mangeurs ne sont pas des homo oeconomicus rationnels, mais impactent dans leurs choix alimentaires des éléments aussi disparates, forts et fragiles que l’environnement, la santé, la qualité, les saisons, la justice sociale, le plaisir, la convivialité, le prix, etc., faisant du produit alimentaire un mouton à cinq pattes, autrement dit introuvable ailleurs que dans une extrême diversité de l’offre. Les difficultés de l’industrie à créer des modèles économiques acceptés par les mangeurs qui ne soient pas marqués par la défiance tendent à montrer que les institutions consuméristes et judiciaires jouent un rôle considérable qu’il conviendrait de mieux situer.

Sur le plan géographique, les turbulences migratoires qui affectent le monde du Sud au Nord, mais aussi à l’intérieur du Sud ou du Nord, jouent un rôle considérable dans la mise en place de nouveaux codes alimentaires, à la fois ethniques et universels. La progression d’une alimentation reconnaissable partout exacerbe les besoins de redéfinir les produits et cuisines locales. Cette redéfinition doit se caler sur de nouveaux modes de vie qui ont tendance à confiner la cuisine dans la sphère des loisirs et du divertissement.

Enfin, le développement de l’humanitaire sur les différents fronts de crise alimentaire permet de mieux faire comprendre quel rôle géopolitique l’alimentation joue entre les différentes régions du monde. Avatar d’un food power fantasmé, la sécurité alimentaire pousse les pays riches à vouloir prendre en main l’alimentation de la planète en maintenant l’avantage d’une production subventionnée et abondante dont les surplus sont reversés dans les pays en développement. Dans ce contexte, l’accaparement des terres n’en est que plus incongru et témoigne de formes nouvelles que la géopolitique peut explorer. Mais il s’est ouvert aussi un autre front géopolitique aussi virulent sur la question de la territorialisation de l’alimentation vue comme une manière de mieux « culturaliser » l’alimentation. Les industries l’ont compris depuis peu ; elles prennent clairement cette option sous la contrainte des mangeurs, impliquant une nouvelle bataille mondiale pour obtenir la jouissance de marques territoriales.

Thèmes pouvant être traités

  • L’alimentation géographique : quels sont les processus cognitifs à l’œuvre dans la construction d’une culture alimentaire ? Comment passent les « qualités » géographiques d’un territoire dans les choix alimentaires et les pratiques de consommation ?
  • Interroger la notion de « culture alimentaire » en dépassant une analyse réifiante de pratiques en redéfinition constante.
  • Comment la mondialisation a-t-elle renforcé les cultures alimentaires locales ?
  • Les mouvements de population et leurs impacts dans la diffusion de cultures alimentaires.
  • La géopolitique comme argument moral dans la construction d’une alimentation mondialisée.

Modalités de soumission

Veuillez envoyer vos propositions d’articles (environ 15-20 lignes)

avant le 24 janvier 2014 

à Gilles Fumey, Peter A. Jackson et Pierre Raffard : gilles.fumey@paris-sorbonne.fr ; p.a.jackson@sheffield.ac.uk ; pierre.raffard@yahoo.fr

NB: Vous recevrez une réponse à votre proposition mi-février. La date limite pour envoyer votre article finalisé sera le 20 juin 2014.

Coordination

Gilles Fumey, Peter Jackson, Pierre Raffard

Bibliographie indicative

ANDERSON J., 2009, Understanding Cultural Geography. Places and Traces, London/New York, Routledge, 240 p.

BOUDAN C., 2004, Géopolitique du goût, Paris, PUF, 488 p.

CRENN Chantal, HASSOUN Jean-Pierre, XAVIER MEDINA F., 2010, « Introduction : Repenser et réimaginer l’acte alimentaire en situations de migration », Anthropology of food [en ligne], 7 | en ligne depuis le 25 décembre 2010, http://aof.revues.org/index6672.html

DEDEIRE Marc et TOZANLI Selma, 2007, « Les paradoxes des distances dans la construction des identités alimentaires par acculturation », Anthropology of food [en ligne], S3 | en ligne depuis le 21 mars 2008, http://aof.revues.org/index2582.html

FISCHLER C., 2001 [1990], L’homnivore, Paris, Odile Jacob, 448 p.

FUMEY G., 2008, Géopolitique de l’alimentation, Paris, Editions Sciences humaines, 128 p.

FUMEY G., 2010, Manger local, manger global. L’alimentation géographique, Paris, CNRS Éditions, 160 p.

GRIGG D., 1995, « The Geography of Food Consumption: A Review », Progress in Human Geography, vol. 19, n°3, p. 338-354.

JACKSON P., 2004, « Local Consumption Cultures in a Globalizing World », Transactions of the Institute of British Geographers, New Series, vol. 29, n°2, p. 165-178.

POULAIN J.-P., 2002, Sociologies de l’alimentation, Paris, PUF, 286 p.

Argument

« Food culture » has become a key notion in the social sciences. Historians connect it to an accumulation of layers and ruptures in history, sociologists to “global social practices” while geographers relate it to a system of identity distinction defined by distance and hybridity often presented as a “melting pot”. These approaches need to be discussed, not just from traditional disciplinary points of view but in relation to global issues which have appeared in contemporary debates about food: such notions as risk (food, health), abundance generating new pathologies (obesity, degenerative illnesses), the growth of food industry, new kinds of social protest, discourse and practice about food quality, identity assertions and heritage, transmissions, etc.

This issue of AoFood aims at defining theoretical and conceptual frameworks about food culture, assessing the idea that such a notion offers a common basis for researchers in the social sciences. This issue won’t give priority to any part of the world, but will rather attempt, through focusing on regional case studies, to outline the elements which may confer a universal character to food.

On the one hand, political or cultural boundaries can be useful to show how a local culture shapes food habits in relation to other cultures. On the other hand, food issues must be examined within the frame of globalization, which needs to be discussed, imposed by brands which claim to be global while they may not be. These new actors establish new food systems emerging in cities where the social environment is defined by an accelerated pace which creates new needs.

A new perspective on food issues should move away from an economic approach (production/supply/consumption) in order to consider that eaters are not only rational economic actors (homo oeconomicus), but take into account various elements such as environment, health, quality, seasons, social justice, pleasure, social interactions, price, etc. Food products have therefore become unusual objects, in the sense that they can only be found in the midst of an extremely varied range of offer. The food industry’s difficulties in creating  new economic systems which could be accepted by mistrustful eaters show that consumerist and judicial institutions play an important part which should be analyzed.

From a geographical point of view, migratory movements affecting the South towards the North, but also within the South and the North, also play a considerable part in the setting up of both new ethnic and universal food codes. Everywhere the expansion of a universal food model intensifies the redefinition of products and cuisines. Such processes need to adjust to new ways of life which tend to confine food to the field of leisure and entertainment.

Finally, the increasing power of humanitarian organizations in the management of food crisis allows for a better understanding of how food plays a geopolitical part throughout the different regions of the world. As the latest manifestation of an idealistic food power, food security is used by rich countries to control the world’s food by subsidizing part of the production, the surplus of which is sent to developing countries. In such a context, land monopoly becomes virulent and opens new avenues for geopolitical researchers. Another geopolitical topic has appeared: the “territorialisation” of food as a way to “culturalize” food. Food companies have understood it lately: under eaters’ duress they have chosen this option, while a new world battle has begun over the right to use these new geographic brands.

Themes (non-exhaustive list) 

  • “Geographical food”: How does a food culture appear? What are its cognitive processes? How do the geographical “qualities” of a territory influence eaters’ choices and their consumption practices?
  • The concept of “food culture”: How to put it into perspective and go beyond a reifying analysis of social practices which evolve constantly?
  • How does globalization strengthen local food cultures?
  • Population movements and their consequences on the spread of food cultures.
  • Geopolitics as an ethical argument in the construction of a globalized food system.

Please send article proposals (15-20 lines)

beforeFriday 24th January 2014

to Gilles Fumey, Peter Jackson and Pierre Raffard: gilles.fumey@paris-sorbonne.fr ; p.a.jackson@sheffield.ac.uk ; pierre.raffard@yahoo.fr

NB: An answer to your proposition will be sent by mid-February. Deadline for submitting completed articles will be Friday 20th June 2014.

Coordinators

Gilles Fumey, Peter Jackson, Pierre Raffard

Bibliography

ANDERSON J., 2009, Understanding Cultural Geography. Places and Traces, London/New York, Routledge, 240 p.

BOUDAN C., 2004, Géopolitique du goût, Paris, PUF, 488 p.

CRENN Chantal, HASSOUN Jean-Pierre, XAVIER MEDINA F., 2010, « Introduction : Repenser et réimaginer l’acte alimentaire en situations de migration », Anthropology of food [en ligne], 7 | en ligne depuis le 25 décembre 2010, http://aof.revues.org/index6672.html

DEDEIRE Marc et TOZANLI Selma, 2007, « Les paradoxes des distances dans la construction des identités alimentaires par acculturation », Anthropology of food [en ligne], S3 | en ligne depuis le 21 mars 2008, http://aof.revues.org/index2582.html

FISCHLER C., 2001 [1990], L’homnivore, Paris, Odile Jacob, 448 p.

FUMEY G., 2008, Géopolitique de l’alimentation, Paris, Editions Sciences humaines, 128 p.

FUMEY G., 2010, Manger local, manger global. L’alimentation géographique, Paris, CNRS Éditions, 160 p.

GRIGG D., 1995, « The Geography of Food Consumption: A Review », Progress in Human Geography, vol. 19, n°3, p. 338-354.

JACKSON P., 2004, « Local Consumption Cultures in a Globalizing World », Transactions of the Institute of British Geographers, New Series, vol. 29, n°2, p. 165-178.

POULAIN J.-P., 2002, Sociologies de l’alimentation, Paris, PUF, 286 p.


Dates

  • vendredi 24 janvier 2014

Mots-clés

  • alimentation, cultures alimentaires, territoires, pratiques de consommation

Contacts

  • pierre raffard
    courriel : pierre [dot] raffard [at] yahoo [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • pierre raffard
    courriel : pierre [dot] raffard [at] yahoo [dot] fr

Licence

Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Cultures alimentaires et territoires », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 17 décembre 2013, https://calenda-formation.labocleo.org/268784

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