Página inicialArts et savoirs des Indiens des Plaines

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Publicado lundi, 16 de juin de 2014

Resumo

Dans le cadre de l'exposition Indiens des Plaines, le département de la recherche et de l'enseignement du musée du quai Branly organise un colloque international sur les arts et la transmission des savoirs chez les Indiens des Plaines. Ce colloque apporte un éclairage anthropologique sur le rôle des images dans la transmission des savoirs, sur le lien entre les traditions discursives et iconographiques (pictographie, ornements corporels, peintures et gravures rupestres) et sur l'interprétation de ces traditions par les artistes contemporains.

 

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PROGRAMME DU COLLOQUE

Mercredi 18/06/14

9h30 : Allocution d’accueil par Frédéric Keck, directeur du département de la recherche et de l’enseignement, musée du quai Branly

  • 9h45 : « Ledger Art » et écriture en langue autochtone chez les Lakotas au début du 20e siècle, par Raymond DeMallie, Professeur, Département d'anthropologie, Université d’Indiana à Bloomington (USA).

Première partie : Rituel privé, représentation publique, circulation des images

10h25 :Iconographie et parallélisme : une lecture de la Bible Dakota, par Carlo Severi, EHESS-CNRS, Paris

Basé sur l'analyse de la « Bible Dakota » du Musée de Dahlem à Berlin, cette présentation s’intéresse à une application à l'iconographie du concept de parallélisme, généralement utilisé dans le domaine de la linguistique. Une comparaison avec l'autobiographie pictographique du chef Sioux Unkpapa « Half Moon » aide à tracer le contour d'une interprétation générale de ce type d'image-écriture. 

Carlo Severi est Directeur d’études à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales et Directeur de recherche au CNRS. Membre du Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France depuis 1985, il a été Getty Scholar auprès du Getty Institute for the History of Art and the Humanities de Los Angeles, Fellow du Wissenschaftskolleg de Berlin et Visiting Fellow du King’s College à Cambridge. Il a notamment publié La memoria rituale (La Nuova Italia, Florence 1993 ; trad. esp. Abya Yala Ediciones, 1996), Naven ou le donner à voir (avec M. Houseman, CNRS Éditions de la MSH, 1994 ; éd. angl. Brill, 1998) et Le principe de la chimère, Ed. Rue d’Ulm-musée du quai Branly, 2007 (ed.it.Turin, Einaudi 2004 ; éd. Esp. Buenos Aires 2010). Il a dirigé plusieurs ouvrages collectifs, dont le numéro spécial de L’Homme consacré à Image et anthropologie (2003) et, plus récemment, celui de Gradhiva consacré à l’ambigüité visuelle (Pièges à voir, pièges à penser, 2011). Avec Julien Bonhomme, il a dirigé le numéro 5 (2010) des Cahiers d’anthropologie sociale (Paroles en actes - Anthropologie et pragmatique). 

11h05 : Pause 

  • 11h20 : De la représentation sacrée à la représentation publique : deux siècles de valeurs Lakota, parJanet Catherine Berlo, Professeur d'études visuelles et culturelles, Université de Rochester (Royaume-Uni) 

Comme l'a démontré l'artiste et chercheur Lakota Arthur Amiotte, les représentations sacrées telles que laDanse du soleil sont depuis longtemps des représentations publiques de valeurs fondamentales des Lakota et continuent à tenir ce rôle aujourd'hui. De plus, de nombreuses représentations considérées au cours du 20e siècle comme purement « profanes » et destinées aux touristes (performances costumées dans le Wild West de Buffalo Bill, danses sur les quais de gare dans le Dakota du Nord) démontrent aussi les valeurs Lakota d'excellence artistique, de générosité et d'humilité.

Des artistes d'origine Sioux formés à l'université continuent à incarner et à perpétuer ces valeurs dans des médiums non traditionnels tels que la photographie et la performance artistique.

Leurs œuvres ont leur place dans le monde de l'art, un monde qui ne se rend peut-être pas compte que ces œuvres s'inscrivent aussi dans la droite ligne de valeurs traditionnelles profondément ancrées. 

Janet Catherine Berlo, Professeur d'études visuelles et culturelles à l'Université de Rochester, a contribué à de nombreux catalogues d'expositions portant sur l'art amérindien, notamment Shapeshifting (2012), Infinity of Nations (2011), et Identity by Design: Plains Women’s Dresses (2008). Ses livres comprennent The Early Years of Native American Art History (1992), Plains Indian Drawings 1865-1935 (1996) et la deuxième édition de Native North American Art (with Ruth Phillips, 1998) qui sera publiée à l'automne 2014.

J.C Berlo a enseigné l'histoire de l'art amérindien en tant que professeur invité dans les Universités de Harvard et Yale et a reçu des bourses de la Fondation Guggenheim, de la Fondation Getty (avec Arthur Amiotte) et du National Endowment for the Humanities. 

  • 12h00 : la législation américaine sur la protection du Patrimoine et des ressources culturelles, parDiane J. Humetewa, Juge fédéral des Etats-Unis 

Cette communication dresse un historique de l’évolution du système juridique américain en matière de protection des ressources culturelles et plus particulièrement des ressources des Amérindiens. 

Diane J.Humetewa a reçu son diplôme en droit en 1993 à l'université Sandra Day O'connor de l'Université d'État de l'Arizona. Membre de la tribu Hopi, Humetewa est la première femme amérindienne à servir comme avocat américain. En janvier 2014, elle a été nommée par le président Barack Obama, Juge fédéral des États-Unis pour le district de l'Arizona, première femme amérindienne à atteindre cette fonction.

13h15 : Pause 

Deuxième partie : Pictographies, systèmes graphiques et écriture 

  • 14h30 : Présentation d’une peau peinte Lakota inédite (env. 1850) acquise par le musée du quai Branly, par André Delpuech, conservateur du patrimoine, responsable de la zone Amériques au musée du quai Branlyet Michel Petit ethno-archéologue(France). 
  • 14h50 : L'origine et le développement de l'art biographique des Plaines, par James D. Keyser, archéologue, spécialiste de l'art rupestre des Indiens des Plaines 

Chez les Indiens des Plaines, les artistes guerriers des périodes historiques dessinaient des pictographies biographiques sur des supports aussi variés que des couvertures de tipis, des peaux de bison, des « ledgers », des vêtements et différents outils. Ces récits détaillés peints à la gloire de leurs hauts-faits d’armes sont surtout connus grâce aux peaux de bisons peintes présentes dans de nombreux musées du monde et aux milliers de dessins des « ledgers » fréquemment proposés à la vente par les maisons de ventes aux enchères. Mais les racines de l'évolution de cette forme artistique sont ancrées bien plus tôt, dans la préhistoire, là où les seules preuves encore existantes sont les pictographies et les pétroglyphes gravés et peints sur les falaises et les parois des grottes dans l'ensemble des Plaines, du Sud du Canada aux canyons bordant le Rio-Grande dans l'État mexicain de Coahuila, dans le Nord-Est du pays.

Ces sites comptant des milliers de représentations d'art rupestre relevant des traditions artistiques cérémonielle et biographique montrent que l'art traditionnel biographique s'est développé directement à partir de l'imagerie cérémonielle plus ancienne et datant d'avant les premiers contacts entre les Euro-Américains et les tribus des Plaines.

Contenant des exemples de toutes les sortes de narration biographique rencontrées sur des supports plus tardifs, ces sites d'art rupestre illustrent les changements et évolutions de cet art ainsi que des éléments de culture matérielle inconnus ailleurs. 

James Keyser a grandi dans la réserve indienne de Flathead, dans l'Ouest du Montana, où il a vu son premier site pictographique en 1959. Quinze ans plus tard, c'est en tant qu'étudiant de cycle supérieur à l'Université du Montana qu'il mène son premier projet de recherche sur l'art rupestre, ce qui l'amènera ensuite à effectuer le premier travail d’inventaire intensif de Writing-On-Stone, le principal complexe de sites d'art rupestre des Plaines du Nord-Ouest. Depuis ce projet en 1977, il a effectué des recherches sur plus de 30 sites et complexes de sites d'art rupestre de l'Alaska au Nouveau-Mexique ainsi que dans la Valcamonica, en Italie. J. Keyser a signé plus de 125 publications sur l'art rupestre. Il est aussi l'auteur de cinq livres, dont Indian Rock Art of the Columbia Plateau, Plains Indian Rock Art, The Five Crows Ledger: Warrior Art of the Flathead Indians et L'Art des Indiens des Grandes Plaines.

Il partage actuellement son temps entre Portland, dans l'Oregon, et San Giorgio Scarampi dans le Piémont, en Italie. 

15h30 : Discerner les différences ethniques dans les peintures, par Arni Brownstone, Conservateur, Musée royal de l’Ontario 

Les peintures figuratives des Indiens des Plaines constituent l’un des ensembles les plus importants et intéressants de tout l'art natif américain. Pendant la plus grande partie du 19e siècle, ces peintures considérées comme des récits en images ont surtout abordé deux thèmes : les événements surnaturels et les faits de guerre. Cet article passe en revue de manière générale les peintures consacrées aux exploits de guerre et datant approximativement de 1800 à 1860, surtout dans les Plaines du centre et du Nord-Ouest. Les travaux examinés proviennent des Mandan, Hidatsa, Dakota, Blackfoot, Crow et d'autres groupes.

Toutes les tribus d'Indiens des Plaines ou presque comptaient des guerriers victorieux qui communiquaient autour de leurs exploits en exposant au public des peaux d'animaux peintes, le plus souvent du bison. En dépit d'un riche héritage de peintures d'exploits de guerre préservées, de nombreux obstacles empêchent de prendre conscience de leur potentiel en tant que sources de savoir culturel. La représentation tribale est très inégale et les documents fiables concernant les origines culturelles manquent cruellement. Pour la plupart, nous n'avons qu'une compréhension rudimentaire des dynamiques d’évolution de cet art au fil du temps et d'une culture à l'autre. D'une surface importante, les peaux peintes présentent des silhouettes de petite taille et souvent effacées, ce qui fait qu'une photographie ne permet que rarement d'avoir en même temps une lecture claire d'un détail et son emplacement dans la composition générale. 

Arni Brownstone est né à Regina, dans le Saskatchewan (Canada), en 1947. Il a obtenu un diplôme d'art visuel à l’Université York de Toronto en 1974. La même année, il est entré au Département d'ethnologie du Musée royal de l’Ontario, où il travaille encore aujourd'hui. Il a également été artiste visuel jusqu'en 1985, date à laquelle il a préféré arrêter pour mieux se consacrer à l'étude des peintures des Indiens des Plaines. En 1993, il a publié War Paint, un livre sur les peintures Blackfoot et Tsuu T'ina (Sarcee). Depuis, il a publié 15 articles sur différents aspects de la peinture des Indiens des Plaines. Un de ses livres sur les peintures Tsuu T'ina est actuellement en cours d'impression et il travaille en ce moment à un ouvrage qui examine avec un large spectre et à grande échelle la peinture des Indiens des Plaines du début du 19e siècle au début du 20e siècle. 

16h10 :Pause 

  • 16h25 :Une uniformité en surface : l'art pictural des Plaines,par Candace S. Greene, ethnologue au Département d'anthropologie du Musée national d’histoire naturelle du Smithsonian, Washington (USA) 

Le terme « ledger art », qui fait référence aux livres de comptes dans lesquels les artistes des Plaines plaçaient parfois leurs dessins, a progressivement été appliqué à une grande variété de formes artistiques picturales des Plaines. Il est possible de déceler des points communs stylistiques sur des supports très variés au cours d'une très longue période, des pétroglyphes du Montana aux peintures des supporters de Floride.

Toutefois, derrière ces apparences similaires se cachent des significations très différentes. Au-delà du style, cette présentation s'intéresse aux questions de production, de consommation, d'exposition et de circulation des peaux peintes, mousselines, comptes d'hiver, œuvres destinées à être vendues et, oui, même des livres de compte. 

Candace S. Greene a obtenu un Doctorat en anthropologie à l'Université de l’Oklahoma. Ses recherches portent sur la culture matérielle de la région des Plaines et particulièrement sur l'art pictural. Ses publications comprennent Silver Horn: Master Illustrator of the Kiowa (2001); The Year the Stars Fell: Lakota Winter Counts (2007); et One Hundred Summers: A Kiowa Calendar Record (2010). Elle s’intéresse à l’amélioration de l'utilisation des collections muséales à des fins de recherche et dirige le Summer Institute in Museum Anthropology, un programme de formation à la recherche basé au Smithsonian et soutenu par la National Science Foundation. 

17h05 :Débat 

Modérateur : Christian Feest, ethnologue, ancien directeur du Musée d'Ethnologie de Vienne (Autriche). 

Jeudi 19 juin 2014

Première partie : L'identité par le motif (vêtements et parures corporelles) 

  • 9h30 :L'art de l'enchantement : Tatouages et paquets magiques d'ustensiles à tatouer des Grandes Plaines, par Lars Krutak, Département d'anthropologie, National Museum of Natural History, Smithsonian Institution (USA) 

Les parois recouvertes d'art rupestre dans le Missouri apportent la preuve que le tatouage a probablement été une pratique culturelle dans les Grandes Plaines pendant au moins un millier d'années, si ce n'est davantage. Au cours de cette période historique, des documents ethnographiques révèlent que le tatouage était pratiqué au sein de la plupart des groupes qui peuplaient cette vaste zone culturelle, une tradition qui atteignait son apogée avec les groupes Siouan, notamment les Hidatsa, Mandan, Osage, Ponca, Omaha, Otoe et Ioway. Bien que chaque société tribale ait recours à des motifs abstraits spécifiques, agencés de manière rituelle, la structure religieuse des croyances ayant donné naissance à ces symboles corporels reste étonnamment similaire.

Le tatouage avait beau être une pratique omniprésente dans les Grandes Plaines, tout le monde ne pouvait pas arborer de tatouages pour autant. Les guerriers devaient faire leurs preuves sur le champ de bataille en accomplissant certains faits d'arme pour gagner le droit d'être tatoués. Traditionnellement, les femmes gagnaient leurs « marques d'honneur » par le biais de leur père, qui offraient de généreux cadeaux aux personnes présentes lors de la cérémonie afin d'assurer la place de leur progéniture au sein des familles de la classe supérieure. 

Les tatouages des Plaines étaient aussi un rituel permettant d'améliorer l'accès de la personne tatouée au domaine du surnaturel. L'énergie spirituelle était incarnée dans des formes particulières d'iconographie, dans le corps humain qui l'absorbait et surtout dans les paquets magiques d'ustensiles à tatouer à partir desquels ces motifs étaient créés. 

Puisque ces trousses à outils ancestrales constituaient le point de départ de la transmission du pouvoir sacré, cette présentation examine les propriétés, significations et usages des nécessaires à tatouage en se référant plus particulièrement aux religions et pratiques de tatouage traditionnelles des Plaines de l'Est dans le cadre d'une narration exploratrice basée sur l'étude de la culture matérielle et de sources ethnographiques.

En décrivant cet univers de culture visuelle nettement délaissé par les chercheurs, il cherche à approfondir nos connaissances, non seulement sur les traditions de tatouage des Grandes Plaines mais aussi sur les biographies et systèmes de croyances autochtones qui les ont inspirées. 

Lars Krutak est le collaborateur scientifique chargé du rapatriement pour l’Alaska au National Museum of Natural History. Ses recherches portent sur les pratiques globales de l’art corporel autochtone. Ses publications comprennent : The Tattooing Arts of Tribal Women (2007); Kalinga Tattoo (2010); Magical Tattoos and Scarification (2012); et Tattoo Traditions of Native North America (2014).

  • 10h10:Exposition Identity by design par Emil Her Many Horses, Commissaire au Smithsonian’s National Museum of the American Indian à Washington (USA) 

Cinquante-cinq robes autochtones des régions des Plaines, du Plateau et des Grands Bassins composent « Identity by Design: Tradition, Change and Celebration in Native Women’s Dresses » exposition présentée en septembre 2007 au Smithsonian’s National Museum of the American Indian à Washington, D.C. et en 2008 à New York, au Centre George Gustav Heye. Cette exposition comprend des robes et des accessoires datant du début du 19e siècle à nos jours.

« Identity by Design » examine le rôle des femmes autochtones à travers ces œuvres, depuis une cape et une jupe aux nombreuses franges portées par les jeunes filles White Mountain Apache au début de leur passage vers l'âge adulte jusqu'aux nombreux chefs-d'œuvre réalisés en épines de porc-épic ou en perles nés de la main d'artistes expérimentés et accomplis.

L'exposition retrace l'essor de la robe à pli latéral (env. 1830) et des styles de robe à deux et à trois peaux avant d'évoquer la tenue raffinée de pow-wow créée par les couturiers contemporains tels Joyce Growing Thunder Fogarty (Assiniboine/Sioux) et Rebecca Brady (Cheyenne/Sac and Fox). 

Emil Her Many Horses est commissaire au bureau de Museum Research, Museum of the American Indian, Smithsonian Institution. Il est spécialiste des cultures des Plaines centrales et est membre de la nation Oglala Lakota du Dakota du Sud. Il a été commissaire principal de l'exposition permanente inaugurale, « Our Universes: Traditional Knowledge Shapes Our World ».

E. Her Many Horses a par ailleurs été co-commissaire pour l'exposition intitulée « Identity by Design: Tradition, Change and Celebration in Native Women’s Dresses » et commissaire principal pour les expositions communautaires « Our Peoples » consacrées à l'histoire des Apaches Chiricahua du Nouveau-Mexique et des Blackfeet du Montana. Il a également été commissaire de l'exposition « A Song for the Horse Nation » présentée au Centre George Gustuv Heye du NMAI à New York en novembre 2009 et au musée du NMAI sur le National Mall à Washington, D.C. en octobre 2011. 

10h50 : Pause 

  • 11h10 :Tradition et transition,par Rhonda Elaine Holy Bear, artiste créatrice de poupées Lakota (USA) 

R. E Holy Bear explique comment elle a aidé les poupées des Plaines à accéder au statut de forme artistique, pour instiller des éléments des beaux-arts dans ses poupées lors de leur création. Elle a réutilisé bon nombre des leçons apprises au cours de ses recherches pour créer des poupées qui rendaient hommage aux méthodes traditionnelles tout en faisant progresser cette forme artistique grâce à des techniques contemporaines. » 

Rhonda Holy Bear est née dans le Dakota du Sud en 1959. Depuis plus de 35 ans, Rhonda est créatrice de poupées Lakota. Après avoir passé plusieurs années à se former dans la réserve indienne Sioux de Cheyenne River, puis à Chicago, Rhonda s'est ensuite déplacée vers le sud-ouest pour s'établir tout d'abord dans le Nouveau-Mexique puis récemment à Las Vegas, dans le Nevada. Dans sa jeunesse, elle a mené des recherches sur le travail de ses ancêtres dans les salles du Field Museum de Chicago.

Son travail de recherche méticuleux et ses dons artistiques lui ont permis de devenir une figure remarquée dans son domaine. Ses poupées novatrices, alliant la sculpture et les techniques traditionnelles, ont favorisé l'accession des poupées des Indiens des Plaines au rang d'œuvres d'art autochtone américain contemporain. Auparavant considérées comme des jouets, elles sont aujourd'hui des objets de collection très demandés. Son travail a été mis en avant lors d'expositions dans des musées et des collections privées, aux États-Unis comme dans le reste du monde. Plus récemment, ses œuvres ont été exposées au Musée national des Indiens d’Amérique de l’Institution Smithsonian et à l'Art Institute de Chicago. Rhonda a récemment été honorée lors d’une cérémonie de baptême dans son état natal, le Dakota du Sud. Son nom Lakota est « Wakah Wayuphika Win » (La femme qui fabrique [la beauté] avec des compétences exceptionnelles. 

11h50 : Débat 

Modérateur : Pierre Deleage, anthropologue CNRS

12h45 : Pause 

Deuxième partie : De la tradition des « ledgers » à l'art contemporain

  • 14h00 :Les artistes de « ledger » et de style « ledger », passé et présent : enregistrer les narrations dynamiques et vitales, par Joyce M. Szabo, Professeur d'Histoire de l'art à l'Université du Nouveau Mexique, (USA) 

À la fin du 19 e et au début du 20e siècle, les guerriers-artistes des Plaines créaient des images sur les pages de livres de comptes commerciaux aussi bien que sur d'autres sources de papier. Ces dessins aujourd'hui généralement appelés « ledger art » immortalisaient le plus souvent des faits de bataille, mais, puisque le confinement dans les réserves a limité les nouvelles descriptions de combats aux souvenirs des époques précédentes, les hommes ont commencé à élargir le champ de leurs sujets artistiques en direction de la chasse, de la séduction et des scènes rituelles en plus de nombreuses autres images tirées de la vie quotidienne. Les hommes des Plaines du Sud incarcérés à Saint Augustine, en Floride, entre la moitié de l'année 1875 et la moitié de l'année 1878 ont également dessiné dans le style « ledger » la nouvelle vie à laquelle ils étaient confrontés sur la Côte-Est, tout en exprimant leurs souvenirs très nets des foyers et des familles dont ils avaient été séparés. 

Après les premières décennies du 20e siècle, les dessins « ledger » ont été remplacés par d'autres styles et types de dessins et peintures, favorisés dans les pensionnats puis dans les universités.

Toutefois, les années 1970 ont vu les artistes des Plaines s'intéresser à nouveau au « ledger art » de leurs ancêtres en tant que source d'inspiration et produire un nombre important de dessins inspirés du style « ledger » et faisant appel à des contours linéaires, des motifs riches et des narrations visuelles pleines de vie.

Aujourd'hui, nombreux sont les artistes hommes et femmes à créer des œuvres dans le style « ledger » dont certains rappellent les raisons de la naissance de ces dessins, à savoir conserver une trace des exploits. D'autres encore utilisent ce style pour réécrire l'Histoire depuis une perspective autochtone, ajoutant à l'Histoire archivée un point de vue autochtone longtemps ignoré. Ils sont aussi nombreux à commenter leur quotidien et à remplir leurs dessins d'humour et de satire, adressés à la fois à des publics autochtones et non-autochtones. Comme leurs prédécesseurs, les artistes autochtones contemporains conçoivent les images de style « ledger » comme des narrations dynamiques de la vie à leur époque. 

Joyce M. Szaboa a obtenu sa licence en Art et en Anglais à Wittenberg University, son master en Histoire de l'art à l’Université Vanderbilt et son doctorat en Histoire de l'Art à l'Université du Nouveau Mexique. Elle a été professeur invitée Gordon Russell d'études natives américaines au Dartmouth College durant l'été 2013 et Distinguished Fellow du Dartmouth College à l'automne 2010. Ses autres distinctions comprennent sa sélection au poste de lecteur Oscar Howe par la Oscar Howe Memorial Association et The Institute of American Indian Studies à l’University of South Dakota en 2005. Ses publications comprennent Imprisoned Art, Complex Patronage: Plains Drawings by Howling Wolf and Zotom at the Autry National Center (2011); Fort Marion Art: The Arthur and Shifra Silberman Collection (2007); A Life in Balance: The Art of Conrad House (2006); Painters, Patrons, and Identity: Essays in Native American Art to Honor J. J. Brody, éditrice et conseillère de rédaction (2001); Howling Wolf and the History of Ledger Art (1994); et Howling Wolf: An Autobiography of a Plains Warrior-Artist, (1992). 

  • 14h40 :Entre deux mondes. Les artistes autochtones en transition, par Joëlle Rostkowski, ethno-historienne, docteur d’État (EHESS), conseiller scientifique de l’exposition INDIENS DES PLAINES 

Pendant la seconde moitié du 20e siècle, les artistes amérindiens ont eu accès à l'art américain en général mais ont aussi tenté d'exprimer des valeurs traditionnelles et de réinterpréter leur propre histoire. En vivant entre ces deux mondes, ils ont été partagés entre les formes artistiques traditionnelles et les « beaux-arts », destinés à un public international. Au sein de cette perspective générale, cette présentation évoque le travail de plusieurs artistes (tous représentés dans l'exposition INDIENS DES PLAINES) qui ont marqué la transition entre art tribal et art contemporain : Dick West, Oscar Howe, T.C. Cannon et Allan Houser. 

Joëlle Rostkowski est ethno-historienne, docteur d’État (EHESS), et détentrice d'un Master en Études américaines (Cornell University). Elle enseigne à l'École des hautes études en sciences sociales de Paris. Elle est consultante internationale et l'une des fondatrices de l'American Indian Workshop, le premier groupe de recherche européen sur les études amérindiennes. Joëlle Rostkowskiest conseiller scientifique de l’exposition INDIENS DES PLAINES.Elle a participé à de nombreuses publications et expositions dans le cadre de l'UNESCO.

Elle est également l'auteur de : The Incomplete Conversion: North American Indians and Christianity (Albin Michel 1998), Native American Renaissance: A Century of Reconquests, récompensé par le Prix d'Histoire de l'Académie française, et Conversations with Remarkable Native Americans (SUNY Press, 2012).

Avec Nelcya Delanoë, elle a publié : Indians in American History (Armand Colin, 1996, actualisé in 2014), Indian Voices, American Voices, Two Visions of the Conquest of America (Albin Michel, 2003) et a traduit Native North American Art, Janet Berlo and Ruth Phillips, Oxford History of Art, 1998 (Amérique du Nord, Arts premiers, Albin Michel, 2006).

15h20 : Pause 

  • 15h40 :De l'Art des Indiens des Plaines au modernisme amérindien. Histoire et développement dans un monde artistique en pleine évolution, par Peter Bolz, ancien conservateur du département amérindien, Musée d'ethnologie de Berlin (Allemagne) 

Les écrits de John Ewers et d'autres ne laissent aucun doute quant à l'existence d'un style artistique spécifique aux Indiens des Plaines au 19e siècle. Comment cela a-t-il évolué au cours des 20e et 21e siècles ? Les artistes des Plaines travaillent-ils toujours dans un style spécifique aux Plaines ? Et que pouvons-nous dire au sujet des artistes non originaires des Plaines qui utilisent des motifs venus des Plaines ? Existe-t-il toujours un style des Plaines dans l'art amérindien moderne, s'agit-il plutôt d'un art pan-indien, de modernisme pluraliste ou simplement d'art individuel ?

Peter Bolz a travaillé au Musée d'ethnologie de Berlin de 1986 à 2012. Pendant cette période, il a rassemblé environ 40 peintures, sculptures et lithographies d'artistes amérindiens modernes et environ 100 sérigraphies de la côte Nord-Ouest.

Avec les peintures et sculptures précédemment acquises, Berlin possède aujourd'hui l'une des plus vastes collections d'art amérindien moderne en Europe, qui a fait l'objet du catalogue d'exposition « Lemodernisme amérindien. Art d'Amérique du Nord » publié en 2012.

Peter Bolz a par ailleurs signé des publications concernant les collections nord-américaines du musée de Berlin, l'histoire muséale et la culture, l'histoire et la religion des Lakota. 

16h20 : Débat 

Modérateur : Marie Mauzé, Directrice de recherche au CNRS, Laboratoire d'anthropologie sociale, Collège de France (France) 

17h10 :Allocution de clôture

Locais

  • musée du quai Branly | salle de cinéma - 218 rue de l'Université | 35 quai Branly
    Paris, França (75007)

Datas

  • mercredi, 18 de juin de 2014
  • jeudi, 19 de juin de 2014

Palavras-chave

  • arts, traditions, Indiens des Plaines,

Contactos

  • Anna Gianotti Laban
    courriel : anna [dot] laban [at] quaibranly [dot] fr

Urls de referência

Fonte da informação

  • Anna Gianotti Laban
    courriel : anna [dot] laban [at] quaibranly [dot] fr

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« Arts et savoirs des Indiens des Plaines », Colóquio, Calenda, Publicado lundi, 16 de juin de 2014, https://calenda-formation.labocleo.org/291935

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