Calenda - O calendário de letras e de ciências sociais e humanas
Au cœur du malentendu
Probing misunderstanding
Publicado mercredi, 26 de novembre de 2014
Resumo
Dans une approche multidisciplinaire, le colloque se propose d’interroger les conditions de l’entente à partir de la possibilité du malentendu. Il sera envisagé dans sa dimension politique, dans la tension entre norme et hétérogénéité de sens qu'il suppose, mais aussi en tant que source de créativité. Notre but est de faire reconnaître le malentendu non comme un simple outil descripteur de situations mais comme un concept critique propre à interroger un monde qui n’a de cesse de vouloir « donner la parole ». Comment fonctionner dans (ou grâce ?) au malentendu, comment en parler ? Comment lui faire place ? Existe-t-il des lieux (la prison, l’asile, l’entreprise) où une logique managériale de communication totale rend a priori impossible tout malentendu ? Quelles sont alors les stratégies développées par les individus pour exister en dépit de cette impossibilité, pour récupérer une place, une parole, une subjectivité ?
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La possibilité de ce mal (le malentendu, la mécompréhension, la méprise), ce serait à sa manière une chance. J. Derrida, Papier machine
Argumentaire
Les Sciences Humaines et Sociales sont aujourd’hui travaillées par des tensions, héritées de la modernité, entre universalisme et relativisme. En anthropologie, la question de savoir comment faire place à la multiplicité des ontologies était La question du dernier congrès de l’AAA de Chicago, tandis qu’en sociologie, du moins européenne, l’une des questions les plus prégnantes concerne le moyen de traiter avec la pluralité des points de vue, avec le partage des normes et des valeurs, sans pour autant renoncer à l’universalité. Si la liberté individuelle est garantie par le « pluralisme normatif », l’incompatibilité entre régimes de normes est toujours susceptible de conduire à des tensions, voire à des conflits. Or, les relations entre individus, entre cultures, entre états ou entre individus et états ne peuvent être pensées comme une « simple » négociation de valeurs. Une telle conception, qui nierait par avance la possibilité même d’une hiérarchie de valeur, occulterait la dimension institutionnelle des normes et conduirait à négliger les rapports de dominations entre univers de sens hétérogènes.
Si l’on observe le monde social, on ne peut qu’être frappé par le développement sans précédent de dispositifs d’ingénierie visant à « réguler » les échanges entre individus et institutions/ entreprises, entre corps sociaux, entre univers culturels, etc. Des structures de médiation apparaissent partout, avec l’objectif explicite d’harmoniser les systèmes de normes, d’homogénéiser l’hétérogénéité sociale, de régler les différends entre univers de sens, etc., afin de favoriser l’entente. En pratique, cependant, et implicitement, ces dispositifs imposent le plus souvent une norme hégémonique, que ce soit au nom de la pluralité, de l’émancipation, de la satisfaction ou du bien-être.
Dans ces conditions, et au regard de ce contexte rapidement dressé, il nous paraît important de poser aujourd’hui la question de la possibilité du malentendu.
On peut en effet considérer (cf. Servais & Servais, 2009) que la possibilité du malentendu est une condition de la communication, et que l’ambition d’exclure le malentendu des échanges sociaux et/ou symboliques conduit à des formes de communication susceptibles de se muer en violences psychologiques, politiques, sociales ou culturelles. Nier la possibilité du malentendu suppose en effet un contrôle sur la prolifération des significations et entraîne, le plus souvent, la domination et/ou la violence.
Avec le malentendu se pose, aussi, toute la question de la légitimité de la parole et de la possibilité de « se » dire dans son propre idiome, ainsi que celle de la multiplicité des idiomes, etc. Outre les sciences de la communication, la question est donc susceptible de concerner de nombreuses disciplines, de la psychiatrie à l’anthropologie culturelle, en passant par les théories littéraires et culturelles, la sociologie, les relations internationales, les politiques du développement ainsi que les sciences de l’interprétation. Ayant une portée épistémologique autant que pratique, elle est porteuse d’enjeux humains et politiques importants. Comment fonctionner dans (ou grâce?) au malentendu, comment en parler ? Comment lui faire place ? Existe-t-il des lieux (la prison, l’asile, l’entreprise) où une logique managériale de communication totale rend a priori impossible tout malentendu ? Et si c’est le cas, quelles sont alors les stratégies développées par les individus pour exister en dépit de cette impossibilité, pour récupérer une place, une parole, une subjectivité ?
Le colloque se propose d’interroger les conditions de l’entente à partir de la possibilité du malentendu. Nous souhaitons en identifier les lieux et les formes, le débusquer là où il se manifeste comme consensus, ainsi qu’analyser les situations où il se révèle et en éclairer les processus, les fonctions et les enjeux politiques, humains et scientifiques. Nous voudrions également nous intéresser à la fécondité du malentendu, et examiner comment il est susceptible d’être une source de créativité scientifique, politique, sociale, culturelle et artistique.
Notre but est de contribuer à faire reconnaître le malentendu non comme un simple outil descripteur de situations de communication mais comme un concept critique propre à interroger un monde qui n’a de cesse de vouloir « donner la parole ».
Thématiques
Dans une perspective multi-disciplinaire, le colloque comprendra des conférences plénières ainsi que des ateliers qui porteront notamment sur :
- Le politique et les institutions
- Les dispositifs de médiation
- Les contacts interculturels
- La culture, les arts et la littérature
- Les institutions psychiatriques et pénitentiaires
L’argumentaire complet du colloque et une description des axes sont disponibles sur le site du Laboratoire http://www.lemme.ulg.ac.be/
Modalités pratiques d'envoi des propositions
Les propositions de communication (de 2000 signes maximum) sont attendues pour
le 15 janvier 2015
Elles sont à envoyer conjointement aux adresses suivantes : Christine.servais@ulg.ac.be - v.servais@ulg.ac.be -
Notification d’acceptation ou de refus : 15 mars 2015
Comité d’organisation
- Bénédicte de Villers (ULg),
- Jérôme Englebert (ULg),
- Eric Florence (ULg),
- Cosmina Ghebaur (ULg),
- Christine Servais (ULg),
- Véronique Servais (ULg),
- Erik Spinoy (ULg),
- Elise Vandeninden (ULg),
- Didier Vrancken (ULg),
- Michel Dupuis (UCL)
Comité scientifique
- Bernard Darras (Paris 1) ;
- Bénédicte de Villers (ULg) ;
- Christophe Dubois (ULg – Lemme)
- Michel Dupuis (UCL)
- Jérôme Englebert (ULg) ;
- Eric Florence (ULg – Lemme) ;
- Philippe Hambye (UCL/ Lemme) ;
- Yves Jeanneret (Paris Sorbonne – Celsa) ;
- Monique Jeudy- Ballini (CNRS) ;
- Marco Martiniello (ULg – Cedem) ;
- Christine Servais (ULg – Lemme) ;
- Véronique Servais (ULg – Lemme) ;
- Erik Spinoy (ULg – Lemme) ;
- Didier Vrancken (ULg) ;
- Friedrich Stiefel (Lausanne) ;
- Thomas Heller (Lille 3 - Geriico) ;
- Frans Van Peperstraten (Université de Tilburg) ;
- Yves Winkin (E.N.S. Lyon)
Argument
It would seem that a variety of fields in the humanities are currently dealing with questions concerning the tension between universalism and relativism. In anthropology, the issue of how to make place for multiple ontologies was the issue debated at the last Conference of the AAA in Chicago, while in sociology, at least in Europe, a pressing topic is how to deal with the plurality of points of view and the sharing of values and norms without giving up universalism. If individual freedom is guaranteed by a plurality of norms and values, their incompatibility may lead to an array of tensions or conflicts. However, relationships between individuals, or between individuals and states, are not merely a matter of negotiation of values. Such a view would obfuscate the fact that many relationships are shaped by domination and institutionalized norms.
Today’s social world is increasingly characterized by social engineering structures aiming to ‘regulate’ exchanges between individuals, corporations, public bodies, etc. Novel mediation structures appear to crop up everywhere, with the deliberate purpose of harmonizing, softening and homogenizing heterogeneous social and significant universes. In practice, however, they more often than not impose an implicit hegemonic norm in the name of plurality, emancipation and well-being.
In light of this rapidly evolving general context, it is becoming increasingly important to address the issue of misunderstanding.
It can be argued that the possibility of misunderstanding is a crucial requirement for a non-pathological communication. As a matter of fact, the ambition to eradicate misunderstanding from every social and/or symbolic exchange generates pathologies in human communication systems, which may result in psychological, political, social or cultural violence. The refusal to allow for misunderstanding arises from a will to stem the proliferation of meaning, and this generally gives rise to violence and/or domination.
The issue of misunderstanding also raises questions concerning the legitimacy of discourses, about the possibility to ‘speak oneself’ in one’s own idiom, about the co-existence of multiple idioms, etc. Misunderstanding can be a relevant issue for many disciplines, from psychiatry to cultural anthropology, through sociology, cultural studies, international relations, development politics, etc. It can be addressed as a theoretical and epistemological question, but it has also very practical and directly political implications. How to function in spite of – or thanks to – misunderstanding? How to address it and make room for it? Are there places (e.g. prisons, hospitals or corporations) where a managerial pragmatics of ‘total communication’ radically excludes misunderstanding? And if this proves to be the case, which strategies can people develop in order to speak for themselves, (re)claim autonomy and (re)gain agency?
This conference seeks to examine the conditions for understanding in relation to the possibility of misunderstanding. Its goal is to identify various forms of misunderstanding, locations where it appears, processes that generate it as well as its political, scientific and social stakes. We also aim to examine how misunderstanding can become a source of political and social, cultural and artistic creativity, and how it may be used as a conceptual tool for analyzing a social world that pretends to encourage empowerment and self-expression.
Themes
Our scope is unambiguously multi-disciplinary. The conference programme will consist of keynote addresses as well as workshops on: Politics and institutions; Mediation structures; Cultural anthropology (esp. Local ecological knowledge); Cultural and Literary studies; Psychiatry.
Submission guidelines
Paper proposals (300-400 words) should reach us
by 15 January 2015
They are to be sent to: erik.spinoy@ulg.ac.be
All submitters will be notified by 15 March 2015 at the latest.
The full text of the call and a description of its axes are available on the conference website: http://www.lemme.ulg.ac.be/
Organizing committee
- Bénédicte de Villers (ULg),
- Jérôme Englebert (ULg),
- Eric Florence (ULg),
- Christine Servais (ULg),
- Véronique Servais (ULg),
- Erik Spinoy (ULg),
- Didier Vrancken (ULg),
- Michel Dupuis (UCL)
Scientific committee
- Bernard Darras (Paris 1) ;
- Bénédicte de Villers (ULg) ;
- Christophe Dubois (ULg – Lemme)
- Michel Dupuis (UCL)
- Jérôme Englebert (ULg) ;
- Eric Florence (ULg – Lemme) ;
- Philippe Hambye (UCL/Lemme) ;
- Yves Jeanneret (Paris Sorbonne – Celsa) ;
- Monique Jeudy- Ballini (CNRS) ;
- Marco Martiniello (ULg – Cedem) ;
- Christine Servais (ULg – Lemme) ;
- Véronique Servais (ULg – Lemme) ;
- Erik Spinoy (ULg – Lemme) ;
- Didier Vrancken (ULg) ;
- Friedrich Stiefel (Lausanne) ;
- Thomas Heller (Lille 3 - Geriico) ;
- Frans Van Peperstraten (Université de Tilburg) ;
- Yves Winkin (E.N.S. Lyon)
Categorias
Locais
- Liège, Bélgica (4000)
Datas
- jeudi, 15 de janvier de 2015
Palavras-chave
- mésentente, différend, indicible, légitimité, normalité, dispositif, parole, humour, violence, crise, traduction, invisible, subjectivation
Contactos
- Véronique Servais
courriel : v [dot] servais [at] ulg [dot] ac [dot] be - Christine Servais
courriel : christine [dot] servais [at] ulg [dot] ac [dot] be - Erik Spinoy
courriel : Erik [dot] Spinoy [at] ulg [dot] ac [dot] be
Urls de referência
Fonte da informação
- Véronique Servais
courriel : v [dot] servais [at] ulg [dot] ac [dot] be
Para citar este anúncio
« Au cœur du malentendu », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado mercredi, 26 de novembre de 2014, https://calenda-formation.labocleo.org/307525