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Résister en corps. Ethnographies de l’infamie

Bodily Resistance. Towards an Ethnography of Infamy

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Publié le mercredi 03 décembre 2014

Résumé

Ce colloque vise à documenter l’expérience indissociablement sociale et intime des imputations infamantes où se concentrent les effets d’étiquetages dégradants. Racisme, discriminations sexuelles, constructions performatives de l’ « anormalité », mépris de caste ou de classe : autant de disqualifications qui prennent bien souvent le corps, sa constitution, ses apparences et ses usages pour objets. Quant aux sujets les plus disqualifiés, une grande part de leur quotidien reste méconnue dès lors qu’elle se trouve recouverte par le voile des stéréotypes et des préjugés ; un voile dont l’ethnographie peut lever un coin en livrant un accès aux vies a priori dominées. En-deçà des mouvements sociaux et de leurs mobilisations, il s’agit alors de décrire ces coulisses du pouvoir où les moins dotés en possibilités d’agir s’efforcent pourtant d’exister, de maintenir leur dignité et parfois même de résister, en corps.

This conference aims to document the inextricably social and private experience of infamous accusations, which condense the effects of degrading labels. Various ways of discrediting people – such as racism, sexual discrimination, performative constructions of “abnormality”, and contempt for caste or class – often focus on the body and its constitution, its appearance, and its uses. Where the most discredited subjects are concerned, a large part of their day-to-day lives remains unknown once it is hidden behind a veil of stereotypes and prejudice. Ethnography can lift the edge of this veil by rendering accessible the lives of those who seem, at first sight, to be dominated. It is a question of describing the corridors of power that lie beneath the level of social movements and mobilizations, where those who have the least possibility for action nonetheless struggle to exist, to maintain their dignity, and sometimes even to resist, through their bodies.

Annonce

Argumentaire

Tandis que les recherches menées par Michel Foucault ont incarné l’infamie dans une micro-histoire des anonymes – indigents et « indignes » – qu’elle a marqués de ses stigmates, les enquêtes d’Erving Goffman ont montré qu’ « anormaux » et stigmatisés désignent moins des personnes que le regard porté sur elles par le monde social qui (dis)qualifie. De sorte que si « les rapports de pouvoir passent à l’intérieur des corps » (Michel Foucault), ces derniers ne sauraient être réduits à de simples réceptacles charnels voués à subir la domination en toute passivité. Lorsqu’ils se heurtent à l’adversité des forces qui dominent, régulent, disciplinent ou stigmatisent, les membres des groupes subalternes éprouvent certes tout l’impact du monde sur eux ; certains n’en conçoivent pas moins la prise de leurs gestes sur lui.

Du pâtir à l’agir s’esquissent alors tous ces contournements, refus, évitements et autres affrontements aux pouvoirs dont l’analyse constituera l’enjeu de nos réflexions. Tout comme les disqualifications auxquelles ils répondent, de tels gestes se fondent bien souvent dans les corps ; des corps qui n’apparaissent plus en tant qu’incarnations d’altérités dénigrées, mais comme substrats d’une opposition ou, parfois, d’une tentative de « retournement des stigmates » (Erving Goffman). Quels en sont alors les formes et les effets ? N’y a-t-il résistance qu’en cas de visibilité d’un mouvement, ou existe-t-il d’autres manières de procéder ? Au final, comment incarne-t-on la résistance et pour quelles conséquences ? Celles-ci s’étendent-elles au fait d’enquêter, puis de révéler des manières de faire, des ruses, des tactiques et des stratégies d’opposition jusqu’alors cachées ?

Outre ceux que nous avons cités, un certain nombre de travaux qui s’intéressent à l’expérience vécue de la subalternité rencontrent ces questions qui interrogent à ses fondements le lien entre corporéité et résistance à l’adversité. Parmi les plus récents, on pensera notamment à l’enquête photographique réalisée par Eliane de Latour sur les « go » de nuit ; ces prostituées d’Abidjan qui, là-bas, incarnent une féminité à jamais souillée. En acceptant de poser pour l’anthropologue, ces jeunes femmes constituent l’image de leur corps en scène d’une résistance à l’infamie. Ancrée dans cette chair d’abord salie et présumée incapable d’une beauté autre que marchande, cette nouvelle façon de se montrer fait réapparaître l’identité et ses traits au-delà du masque interchangeable des filles disponibles pour autant de relations tarifées.

Mutatis mutandis, cette mise en relief de l’agentivité des plus démunis était déjà présente dans les travaux de Veena Das sur l’Inde des « intouchables », dont la corporéité signifie la bassesse et tout le dégoût qu’elle peut inspirer aux membres des hautes castes. Comprendre comment des gestes de résistance parviennent néanmoins à naître des situations de domination les plus massives n’est d’ailleurs rien de moins que l’une des principales questions qui occupent James Scott lorsqu’il s’efforce de décrire l’ « infra-politique des groupes subalternes ». Depuis les résistances des paysans malais jusqu’aux mémoires de l’esclavage, ce chercheur croise les documents et les sources afin de montrer comment le refus prend corps et se faufile dans les interstices du pouvoir.

Autant de fissures dans l’édifice des dominations que Paul Gilroy a suivies jusqu’à apercevoir l’Atlantique noir en tant que matrice géoculturelle d’un racisme incarné par l’africanité déportée le long des voies de la traite Atlantique. Un Atlantique noir où le corps porte les stigmates de la contention et de l’esclavage jusque dans les expressions littéraires ou artistiques développées par celles et ceux qui, dans notre modernité, sont les héritiers de ces épreuves. S’ils s’efforcent d’en renverser l’infamie, ils y puisent également l’énergie de leurs luttes et la force d’une créativité qui se fonde dans un rapport quasi-organique à la mémoire de toutes celles et ceux dont la privation de liberté n’a pas totalement effacé la subjectivité ; une subjectivité toutefois scindée par une double conscience en noir et blanc. W.E.B. Du Bois le premier nous a appris qu’elle s’est constituée du côté des « dominés », le long de la ligne de partage des corps et de leurs couleurs. Ainsi l’expérience quotidienne d’une telle frontière leur a-t-elle permis de tirer toutes les conséquences sociologiques de la différence des phénotypes.

De l’esclavage au cloisonnement des corps, les travaux de Lorna Rhodes interrogent quant à eux le « confinement total », expérience extrême mêlant enfermement et dégradation de soi dans les hôpitaux psychiatriques ou les prisons de haute sécurité. Des travaux qui se reflètent on ne peut mieux dans les recherches photographiques mises au point par Jane Evelyn Atwood avec les femmes en prison, les prostituées parisiennes, les malades mourant du SIDA ou encore les enfants d’Haïti. Toujours le thème de la grande exclusion et de son infamie s’imposent dans l’écriture ou à l’image, mais d’un point de vue qui restitue la force – et souvent la résistance – des plus disqualifié-e-s. Une perspective que l’on trouve également dans certains travaux filmiques de Frederick Wiseman, de même que dans les portraits de « zonards » (punks, skinheads, travellers et squatteurs) tracés par le photographe et anthropologue Ralf Marsault qui travaille depuis trente ans dans les interstices et les marges urbaines de Londres, Paris, ou Berlin.

La liste des recherches – de même que les associations qu’elle suscite – pourrait être augmentée à l’envi. Quant à la logique d’articulation de cette diversité d’enquêtes liant corps, résistance et infamie, il s’agira de la construire au travers d’une mise au travail du concept d’ « intersectionnalité ». Ainsi envisagerons-nous les rapports entre adversité, domination et résistance à l’entrecroisement du genre, de la classe et de la race. Trois catégories compréhensives auxquelles il nous apparaît nécessaire d’ajouter le partage, ou la frontière disputée entre les différentes expressions du « normal » et du « pathologique ». Car un tel partage apparaît lui aussi comme une structure culturelle des clivages sociaux – ou une forme élémentaire de classification – largement oubliée en tant que telle. Enfin, une cinquième dimension de nos réflexions sera dévolue à l’analyse des représentations de l’infamie. En corps, images et textes, il s’agira d’interroger l’acte d’enquête de même que les supports du compte-rendu. Que révèle l’image ? Qu’inscrit le texte ? Que produit leur rencontre avec les vies qu’ils re-présentent ? Ici les travaux d’anthropologie visuelle sont particulièrement attendus.

Par conséquent, cinq axes de travail organiseront les échanges autour des thématiques suivantes :

  1. Castes ou classes dangereuses : corps stigmatisés et gestion des identités souillées
  2. La ligne de partage des couleurs : faire face aux constructions infamantes de la « race »
  3. En corps, partager le genre : résister aux assignations
  4. A-normal, corps et âme : pathologisation, « expérience totale » et affranchissement
  5. Représentations de l’infamie : résistances en corps, images et textes

Les propositions qui nous seront adressées devront se positionner de manière prioritaire dans l’un de ces axes. S’ils sont appelés à structurer les débats, ils ne constituent pas pour autant des frontières imperméables entre les différents pans de nos réflexions ; nombre de travaux qui interrogent le « genre » ont quelque chose à dire du « normal », du « pathologique », ou de l’expérience de la « race » – et inversement. Attendu que l’idée d’intersectionnalité a été avancée, ce serait une contradiction dans les termes que d’isoler les éléments qui viendront la composer dans des rencontres qu’il nous reste à vivre et à penser.

Modalités de soumission

Les propositions de communication mentionneront sur une première page les coordonnées complètes des auteurs : statut, université et/ou laboratoire de rattachement, adresse postale, adresse mail, numéro de téléphone (mobile de préférence).

La seconde page sera anonyme et devra, en 300 mots maximum :

  • indiquer un titre précis ;
  • décrire brièvement l’enquête sur laquelle repose l’intervention (priorité sera donnée aux travaux ethnographiques) ;
  • identifier un problème en rapport direct avec la thématique du colloque ;
  • exposer quelques résultats dans la perspective d’au moins un des cinq axes qui structureront les débats.

Nouveau calendrier 

Le comité scientifique a décidé d'étendre la durée de l'appel à communications.

La nouvelle date limite de réception des résumés est fixée au 6/02/2015

Les propositions doivent être soumises en ligne à l’adresse suivante : http://resistcorps2015.sciencesconf.org/

Les avis du comité scientifique seront communiqués à partir du 15/03/2015

Les textes complets devront parvenir aux organisateurs avant le 15/07/2015

Les présentations dureront 20 minutes

Langues de travail : français, anglais (service de traduction assuré)

À l’issue du colloque, une sélection de communications fera l’objet d’une publication.

Direction scientifique

Jérôme Beauchez & Fabrice Fernandez

Centre Max Weber (UMR CNRS 5283 – ISH – ENS de Lyon – U. Jean Monnet – U. Lyon)

Comité d’organisation

  • Sarah Arnal, dessinatrice, graveur et responsable du pôle édition-impression, École supérieure d’art et design de Saint-Etienne (ESADSE)
  • Jérôme Beauchez, sociologue, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne
  • Sandrine Binoux, photographe, responsable du pôle photographie, École supérieure d’art et design de Saint-Etienne (ESADSE)
  • Fabrice Fernandez, sociologue, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne
  • Ève Gardien, sociologue, laboratoire Espaces et Sociétés (ESO UMR CNRS 6590), université Rennes 2
  • Aurélia Léon, sociologue, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Lumière, Lyon
  • Hélène Marche, sociologue, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne
  • Kader Mokkadem, professeur de philosophie et d’esthétique, co-responsable du laboratoire Images-Récits-Documents (IRD), École supérieure d’art et design de Saint-Etienne (ESADSE)
  • Jean-Claude Paillasson, graphiste, réalisateur, professeur d’enseignement artistique et co-responsable du laboratoire Images-Récits-Documents (IRD), École supérieure d’art et design de Saint-Etienne (ESADSE)
  • Anne-Sophie Sayeux, anthropologue, laboratoire Activité, Connaissance, Transmission, Éducation (Acté EA 4281), université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand
  • Anouk Schoellkopf, professeure de philosophie et d’histoire de l’art, École supérieure d’art et design de Saint-Etienne
  • Sandra Trigano, anthropologue, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne
  • Christophe Trombert, sociologue, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Lumière, Lyon
  • Djemila Zeneidi, géographe, laboratoire Aménagement, Développement, Environnement, Santé et Sociétés (ADESS UMR CNRS 5185), Université Bordeaux Segalen

Comité scientifique

(l’ensemble des membres du comité d’organisation, ainsi que) :

  • Carolina Kobelinsky, anthropologue, Ecole des hautes études hispaniques et ibériques, Casa de Velázquez, Madrid (Espagne)
  • Samuel Lézé, anthropologue, laboratoire Triangle (UMR CNRS 5206), directeur adjoint du département de sciences humaines, École normale supérieure de Lyon
  • Dahlia Namian, sociologue, École de service social, université d’Ottawa (Canada)
  • Pascale Pichon, sociologue, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne
  • Meryem Sellami, socio-anthropologue, université de Tunis (Tunisie)
  • Marielle Toulze, anthropologue de la communication et photographe, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne

Institutions partenaires

  • Agence nationale de la recherche ;
  • Centre Max Weber ;
  • Université Jean Monnet ;
  • Université de Lyon ;
  • École supérieure d’art et de design de Saint Etienne ;
  • Laboratoire Images – Récits - Documents ;
  • École normale supérieure de Lyon ;
  • Institut des sciences de l’homme ;
  • Centre national de la recherche scientifique.

Informations pratiques

Les droits d’inscription sont fixés de la manière suivante :

  • Chercheur-e-s et enseignant-e-s-chercheur-e-s statutaires : 50 euros.
  • Artistes, doctorant-e-s, postdoctorant-e-s et chercheur-e-s sans emploi rémunéré : aucun.

Les frais de voyage et de séjour sont à la charge des participant-e-s. En cas de difficulté, prière de le signaler suffisamment tôt afin qu’une solution puisse être étudiée.

Presentation

While in Michel Foucault’s work, infamy was embodied in the micro-history of the unfortunate and unworthy anonymous figures that bore its stigma, Erving Goffman’s inquiries showed that notions of the “abnormal” and the “stigmatised” refer less to people than to how they are perceived by the social world that describes and discredits them. From this perspective, while “power relations permeate the interior of bodies” (Michel Foucault), these bodies cannot simply be reduced to corporeal receptacles doomed to passively endure domination. When members of subaltern groups come up against the adversity of the forces that dominate, regulate, discipline or stigmatise them, they do of course experience the impact of the full weight of the world, but some nonetheless remain aware of the impact their actions can have on that world.

The key issue at stake in our reflection will be the different confrontations with forms of power – including bypassing, refusing, and avoiding it – that emerge somewhere between enduring and acting. Just as people are often discredited on a corporal level, their responses are also often grounded in the body, a body that no longer appears to embody a denigrated Otherness but rather is the bedrock of opposition or, sometimes, of an attempt to “reverse the stigma” (Erving Goffman). What shapes does this take and what are the effects? Does resistance only exist when there is a visible movement, or are there other ways to proceed? Ultimately, how is resistance embodied and with what consequences? Do these consequences extend to the fact of investigating and revealing previously hidden ways of functioning, stratagems, tactics, and strategies of opposition?

As well as those mentioned above, a certain number of studies focusing on the lived experience of subalternity also address these issues, which question the very foundations of the link between the body and resisting adversity. Among the most recent, there is Eliane de Latour’s photographic survey of the “night girls” in Abidjan – prostitutes who embody a femininity that is forever soiled in their country. By accepting to pose for the anthropologist, these young women transform the image of their body into a stage for resisting infamy. Rooted in their soiled flesh, presumed incapable of any beauty except on the market, this new way of presenting themselves allows their identity and its features to re-emerge from behind the interchangeable masks of girls available for paid sex.

This emphasis placed on the agency of the most powerless was already present, with some variations, in Veena Das’s work on the India of the “untouchables”, where the corporeality of the latter represents their lower status and all the disgust they inspire among members of higher castes. Understanding how gestures of resistance are nonetheless born from the greatest situations of domination was also one of the main questions addressed by James Scott when he endeavoured to describe the “infra-politics of subaltern groups”. From Malay peasant resistance to memoirs of slavery, Scott cross-referenced documents and sources to show how refusal takes body and shape, and edges its way into the interstitial spaces of power.

Paul Gilroy, for his part, has traced these cracks in the edifice of domination and identified the Black Atlantic as the geocultural matrix for racism, embodied by the “Africanity” deported along the routes of the transatlantic slave trade. A Black Atlantic where it is the body that bears the stigma of containment and slavery, carried over into the literary or artistic expressions developed by those who now, in our modernity, live with the legacy of these ordeals. While they endeavour to reverse the infamy, they also draw from its depths the energy for their struggle and a powerful creativity grounded in an almost organic relationship to the memory of all those who were deprived of freedom without totally losing their subjectivity. This subjectivity remains nonetheless split by a double consciousness, both black and white. It was W.E.B. Du Bois who first taught us that this was created on the side of the “dominated”, along the dividing line between bodies and colours. In this way, the daily experience of such a dividing line allowed them to draw all the relevant sociological conclusions regarding the difference of phenotypes.

From slavery to the containment of bodies, Lorna Rhodes’s work questions “total confinement” – an extreme experience that combines incarceration and self-degradation in mental health units and maximum security prisons. This work finds an extremely relevant echo in Jane Evelyn Atwood’s photographic research with female prisoners, Parisian prostitutes, dying AIDS patients, and children in Haïti. Here, the theme of great exclusion and its infamy remains established in both picture and prose, but from a point of view that restores the strength – and often the resistance – of the most discredited. This perspective can also be seen in some of Frederick Wiseman’s film work, as well as in the portraits of punks, skinheads, travellers, and squatters by photographer and anthropologist Ralf Marsaut, who has worked for thirty years in the interstitial and marginal urban spaces of London, Paris, and Berlin.

The list of research and associated notions mentioned above is not exhaustive and can be supplemented at length. Regarding the logic bringing together these diverse inquiries linking the body, resistance, and infamy, the concept of “intersectionality” will be brought to bear on our reflection. We will consider the relationships between adversity, domination, and resistance at the intersection of gender, class, and race. In addition to these three comprehensive categories, it is also necessary to add the dividing, or disputed, line between different expressions of what is “normal” and what is “pathological”. This division seems to be a cultural structure of social division – or an elementary form of classification – that is often forgotten in this regard. Finally, a fifth dimension to our reflection will focus on analysing representations of infamy. Through body, text, and image, it will be a question of probing the act of inquiry and the mediums through which accounts of this act are provided. What does the image reveal? What is inscribed in the text? What is produced by their encounter with the lives they re-present? In this regard, work in visual anthropology will be particularly welcome.

Consequently, the conference discussions will be organised around five lines of research focusing on the following themes:

1. Dangerous castes or classes: stigmatised bodies and dealing with sullied identities

2. The dividing line of colour: facing infamous constructions of “race”

3. The dividing line of difference in the body: resisting gender assignations?

4. Ab-normal, in body and soul: pathologising, “total experience”, and emancipation

5. Representations of infamy: resisting through body, image, and text.

Proposals submitted should be positioned above all within one of these themes. However, while the aim of the latter is to give some structure to our debates, they should not be seen as setting impermeable boundaries between the different aspects of our reflection. Much work questioning “gender” has something to say about the “normal”, the “pathological” or the experience of “race”, and vice versa. Having advocated “intersectionality” as an approach, it would indeed be a contradiction in terms to then isolate the different contributing elements in the encounters that we have yet to experience and think through.

Submission Procedure

The first page of proposals should provide the authors’ full details: status, university and/or research laboratory, postal address, email address, and telephone number (preferably mobile).

The second page should be anonymous and no longer than 300 words max. It should:

  • provide a specific title;
  • briefly describe the study on which the paper is based (priority will be given to ethnographic work);
  • identify a problem that relates directly to the conference topic;
  • outline a few results from the perspective of at least one of the five themes around which the conference debates will be organised.

The deadline for submissions is 06/02/2015.

Proposals should be sent to the following email address: resistcorps2015@sciencesconf.org 

Notification of the scientific committee’s decision will be given after 15/03/2015.

The full conference paper should be sent to the organisers no later than 15/07/2015.

Presentations should last 20 minutes.

The working languages of the conference are French and English.

A selection of papers will be published following the conference.

Conference organisers

Jérôme Beauchez, Fabrice Fernandez

Centre Max Weber (UMR CNRS 5283 - ISH - ENS de Lyon - U. Jean Monnet - U. Lyon)

Organising committee

  • Sarah Arnal, drawer, engraver, École supérieure d’art et design de Saint-Etienne (ESADSE)
  • Jérôme Beauchez, sociologist, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne
  • Sandrine Binoux, photographer, École supérieure d’art et design de Saint-Etienne (ESADSE)
  • Fabrice Fernandez, sociologist, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne
  • Ève Gardien, sociologist, laboratoire Espaces et Sociétés (ESO UMR CNRS 6590), université Rennes 2
  • Aurélia Léon, sociologist, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Lumière, Lyon
  • Hélène Marche, sociologist, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne
  • Kader Mokkadem, professor of philosophy and aesthetics, laboratoire Images-Récits-Documents (IRD), École supérieure d’art et design de Saint-Etienne (ESADSE)
  • Jean-Claude Paillasson, graphic designer, film-maker and professor of art education, laboratoire Images-Récits-Documents (IRD), École supérieure d’art et design de Saint-Etienne (ESADSE)
  • Anne-Sophie Sayeux, anthropologist, laboratoire Activité, Connaissance, Transmission, Éducation (Acté EA 4281), université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand
  • Anouk Schoellkopf, professor of philosophy and art history, École supérieure d’art et design de Saint-Etienne
  • Sandra Trigano, anthropologist, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne
  • Christophe Trombert, sociologist, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Lumière, Lyon
  • Djemila Zeneidi, geographer, laboratoire Aménagement, Développement, Environnement, Santé et Sociétés (ADESS UMR CNRS 5185), Université Bordeaux Segalen

Scientific committee

(all members of the organising committee and):

  • Carolina Kobelinsky, anthropologist, École des hautes études hispaniques et ibériques, Casa de Velázquez, Madrid (Spain)
  • Samuel Lézé, anthropologist, laboratoire Triangle (UMR CNRS 5206), École normale supérieure de Lyon
  • Dahlia Namian, sociologist, School of Social Work, university of Ottawa (Canada)
  • Pascale Pichon, sociologist, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne
  • Meryem Sellami, anthropologist, university of Tunis (Tunisia)
  • Marielle Toulze, anthropologist and photographer, Centre Max Weber (UMR CNRS 5283), université Jean Monnet, Saint-Etienne

Institutional partners

  • Agence nationale de la recherche (French National Research Agency) ;
  • Centre Max Weber ;
  • Université Jean Monnet ;
  • Université de Lyon ;
  • École supérieure d’art et de design de Saint Etienne ;
  • Laboratoire Images – Récits - Documents ;
  • École normale supérieure de Lyon ;
  • Institut des sciences de l’homme ;
  • Centre national de la recherche scientifique.

Practical Information

The following registration fees apply:

  • Post-holding academics: 50 euros.
  • Doctoral students, post-doctoral researchers and unemployed researchers: no fee.

Travel and accommodation expenses are to be met by participants. In cases where this may be a problem, please inform us sufficiently in advance so that we can look for a potential solution.

Catégories

Lieux

  • Cité du design - 3 rue Javelin Pagnon
    Saint-Étienne, France (42)

Dates

  • vendredi 06 février 2015

Mots-clés

  • corps, domination, résistance, infamie, body, domination, resistance, infamy

Contacts

  • Fabrice Fernandez
    courriel : fabrice [dot] fernandez [at] soc [dot] ulaval [dot] ca
  • Jérôme Beauchez
    courriel : jerome [dot] beauchez [at] ish-lyon [dot] cnrs [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Jérôme Beauchez
    courriel : jerome [dot] beauchez [at] ish-lyon [dot] cnrs [dot] fr

Licence

Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Résister en corps. Ethnographies de l’infamie », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 03 décembre 2014, https://calenda-formation.labocleo.org/308124

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