Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales
Ambiance et histoire de l’architecture
L’expérience et l’imaginaire sensibles de l’environnement construit
Publié le mercredi 18 février 2015
Résumé
Comment peut-on rendre compte des dispositions spatiales, matérielles et sociales qui fabriquent une configuration sensible particulière, une ambiance, à un moment donné de l’histoire ? En posant cette vaste question, ce dossier thématique de la revue Ambiances cherche à combler quelques-unes des brèches dans l’histoire conduite aujourd’hui : celles qui touchent à la conscience environnementale des sociétés du passé sur les constructions, celles qui énoncent que l’évolution historique de l’architecture et des villes est liée à l’expérience concrète de l’environnement construit, à l’évaluation de son potentiel d’habitabilité, à sa transformation pour les besoins et la joie de l’usage. Nous faisons ainsi de cet appel à articles un pari : celui de placer l’ambiance de ces espaces et de ces lieux comme une des forces méconnues de l’histoire architecturale et urbaine.
How are we to account for the spatial, material and social arrangements which make a particular sensory configuration – an ambiance – at a given point in history? In raising this vast question, this special issue of the Ambiances journal aims to fill some of the gaps in history as it is currently practised: gaps relating to the environmental awareness of societies in the past with regard to buildings, gaps which show that the historical evolution of architecture and cities is linked to concrete experience of the built environment, appraisal of its potential for being inhabited, and its transformation for the demands and joys of use. So, with this call for papers, we are positing that the ambiance of these places and spaces is one of the little understood forces in architectural and urban history.
Annonce
Argumentaire
Comment peut-on rendre compte des dispositions spatiales, matérielles et sociales qui fabriquent une configuration sensible particulière, une ambiance, à un moment donné de l’histoire ? En posant cette vaste question, ce dossier thématique de la revue Ambiances cherche à combler quelques-unes des brèches dans l’histoire conduite aujourd’hui : celles qui touchent à la conscience environnementale des sociétés du passé sur les constructions, celles qui énoncent que l’évolution historique de l’architecture et des villes est liée à l’expérience concrète de l’environnement construit, à l’évaluation de son potentiel d’habitabilité, à sa transformation pour les besoins et la joie de l’usage. Nous faisons ainsi de cet appel à articles un pari : celui de placer l’ambiance de ces espaces et de ces lieux comme une des forces méconnues de l’histoire architecturale et urbaine.
Les travaux de Lucien Febvre, d’Alain Corbin, de Sabine Barles, de Jacques Léonard, de Geneviève Massard-Guilbaud, pour ne citer qu’eux, ont retracé la croissance des pollutions olfactives, auditives et visuelles. De nombreuses manifestations scientifiques récentes ont également mis en évidence la permanence de ces phénomènes dans l’histoire. Interroger l’ambiance comme objet historique, comme support de connaissances nouvelles sur les bâtiments du passé, au même titre que le sont aujourd’hui les recherches sur le temps, le désir, le corps, la beauté, la vie privée, etc. permet d’ouvrir trois nouveaux types d’investigations :
Explorer les sources du sensible à travers le temps
S’intéresser aux singularités historiques d’une ambiance, ce n’est pas seulement s’intéresser aux sources sonores, olfactives, lumineuses... qui apparaissent à un moment donné de l’histoire, c’est chercher où et comment des expériences sensibles sont reçues comme des expériences singulières et émotives qui plaisent ou déplaisent à une époque. Comment interroger ces sources, les analyser et surtout les interpréter au prisme de nos propres sensibilités et de nos goûts ? Est-il simplement possible de se projeter dans une ambiance passée sans la déformer ni la trahir ? Si les environnements perdurent, la compréhension de leurs caractéristiques sensibles est souvent difficile car ils ont été conçus et construits en d’autres temps et pour d’autres que nous. Ces traces peuvent apparaître tantôt comme des décors incompris et inutiles, tantôt comme des vestiges fragiles menacés. Grâce aux évolutions technologiques et au croisement des sources, des simulations d’ambiance offrent une lecture nouvelle de l’histoire et des situations urbaines. Dès lors, jusqu’où peut aller le travail de recherche dans la reconstitution d’une ambiance pour interpréter et restituer les expériences sensibles passées ?
Interpréter et restituer les expériences sensibles passées
Comment avoir accès aux ambiances du passé ? Fragiles et éphémères, les traces sensibles existent pourtant sur de multiples supports. Du côté de l’iconographie, de la littérature, du cinéma, de l’audiovisuel, des techniques ou des traités d’architecture, ces sources racontent un savoir-faire et un imaginaire de l’habitant, de l’architecte, du passant, un imaginaire et un savoir-faire que l’histoire de l’architecture laisse parfois en marge. Quelles sont ces sources et comment pouvons-nous les interroger et les croiser ? Les interroger, c’est d’abord questionner l’Homme dans son existence passée qui établit pour lui-même et pour ses proches, un aménagement en étroite interaction avec la perception qu’il souhaite et la production possible des odeurs, des regards, des écoutes, du toucher des objets et de la température des lieux. Les sources existent indirectement par l’intermédiaire des bâtiments et des sites qui traversent les époques. Ils forment des repères spatiaux permanents à partir desquels il est possible de constater des évolutions ou a contrario des situations figées. Ces sources du sensible restent à explorer.
Révéler des imaginaires d'ambiance
Que dire enfin de ces nombreux imaginaires d’ambiance, ces visions rêvées, ces idées de projets de bâtiments et de lieux dont la concrétisation matérielle a transformé, sinon fait disparaître, les motivations initiales ? Fantasmés ou rêvés, objets de véritables projets sociaux, politiques ou artistiques, ces imaginaires d’ambiance disent autant sur les modes de conception des projets que sur le destin de certaines utopies. Les opérations de transformations diverses (reconversion, réhabilitation, enjeux énergétiques, etc.) peuvent être des moteurs pour modifier ou, a contrario, tenter de recréer des ambiances réelles ou supposées. Elles sont l’occasion d’interroger les motivations qui président à ces changements et les méthodes mises en œuvre pour façonner une nouvelle identité architecturale et urbaine. Certains lieux transformés, parfois meurtris mais parfois aussi sublimés et révélés, comportent en leur sein une stratification d’ambiances qui leur confère une identité riche mais complexe à déchiffrer. C’est la lecture et l’interprétation de cette complexité par les générations successives qui orientent leur devenir autour d’enjeux multiples et parfois contradictoires, notamment du point de vue patrimonial. On interrogera dès lors le sens donné à certaines politiques de conservation qui entendent préserver, au nom d’une certaine fidélité historique, des dispositions ou des éléments matériels eux-mêmes éloignés d’un imaginaire d’ambiance initial.
Articles attendus
L’appel à articles s’adresse à un large panel de chercheurs et de praticiens au croisement entre histoire et ambiances dans les champs :
- De l’architecture, de l’urbanisme, du design
- De la réhabilitation d’architecture, des études du patrimoine
- De l’histoire du sensible, de l’histoire culturelle, du cinéma, des sources audiovisuelles
- De l’anthropologie, de la sociologie, de la littérature.
Les articles porteront sur une ou plusieurs des problématiques développées ci-avant, sans que les périodes historiques, les exemples et les études de cas ne soient limitatifs. Les sources étudiées peuvent être multiples.
Modalités de soumission
Les auteurs devront envoyer une proposition d’article de 3000 à 5000 signes aux responsables du dossier à l’adresse : ambiances.history@gmail.com
avant le 15 mai 2015 (cf. calendrier ci-dessous).
Les propositions d’articles et les articles eux-mêmes pourront être soumis en français ou en anglais.
Les propositions seront examinées par les responsables du dossier et le comité éditorial de la revue. Après accord de principe, les auteurs devront envoyer leur article complet, de 25000 à 50000 signes, avant le 15 octobre 2015, délai de rigueur. Conformément au processus habituel de la revue, les articles seront soumis à deux évaluateurs, selon une évaluation en double-aveugle. La publication du dossier thématique est prévue en septembre 2016.
Calendrier
- Lancement de l’appel à articles : 15 février 2015
- Réception des propositions : 15 mai 2015 (3000 à 5000 signes)
- Réponses aux auteurs : 15 juin 2015
- Réception des articles complets : 15 octobre 2015 (25000 à 50000 signes)
- Publication indicative du dossier thématique : septembre 2016.
- Olivier Balaÿ, architecte en exercice, urbaniste, professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, chercheur au CRESSON, UMR AAU CNRS-MCC-ECN.
- Stéphane Frioux, maître de conférences en histoire contemporaine, Université Lumière-Lyon2, Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, UMR CNRS 5190.
- Nathalie Simonnot, historienne de l’architecture, ingénieur de recherche, laboratoire LÉAV, École nationale supérieure d’architecture de Versailles.
Coordinateurs du dossier
- Olivier Balaÿ, architecte en exercice, urbaniste, professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, chercheur au CRESSON, UMR AAU CNRS-MCC-ECN.
- Stéphane Frioux, maître de conférences en histoire contemporaine, Université Lumière-Lyon2, Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, UMR CNRS 5190.
- Nathalie Simonnot, historienne de l’architecture, ingénieur de recherche, laboratoire LÉAV, École nationale supérieure d’architecture de Versailles
La revue Ambiances vous informe qu’elle accepte également toute proposition d’article, hors des dossiers thématiques. Cet appel est permanent (voir http://ambiances.revues.org)
Argument
How are we to account for the spatial, material and social arrangements which make a particular sensory configuration – an ambiance – at a given point in history? In raising this vast question, this special issue of the Ambiances journal aims to fill some of the gaps in history as it is currently practised: gaps relating to the environmental awareness of societies in the past with regard to buildings, gaps which show that the historical evolution of architecture and cities is linked to concrete experience of the built environment, appraisal of its potential for being inhabited, and its transformation for the demands and joys of use. So, with this call for papers, we are positing that the ambiance of these places and spaces is one of the little understood forces in architectural and urban history.
In their work Lucien Febvre, Alain Corbin, Sabine Barles, Jacques Léonard and Geneviève Massard-Guilbaud – among others – have plotted the growth of olfactory, auditory and visual pollution. Many recent scientific publications have also highlighted the permanence of these phenomena in history. Treating ambiance as a historical object, as a medium for new knowledge about past buildings – much as ongoing research into the weather, desire, the human body or private life – opens the way for three new types of investigation.
Exploring sensory sources over time
How may we gain access to past ambiances? Though fragile and ephemeral, traces of the sensory do nevertheless persist in many media. In iconography, literature, cinema, broadcasting, architectural treatises and techniques, such sources are testimony to the know-how and imaginings of residents, architects and passers-by, material often overlooked by the history of architecture.
So what are these sources and how can we examine and compare them? Examining involves first of all investigating the past existence of humans, who established for themselves and their families settlements which interacted closely with the perception they sought and scope for smelling, seeing, listening to and touching the objects and temperature of their surroundings. Sources exist indirectly by way of buildings and places which have survived. They form permanent points of reference in space from which we can track changes or static situations. Such sources of sensory data have yet to be explored.
Interpreting and reconstituting past sensory experience
But there is more to taking an interest in the historical particularities of an ambiance than just sources of sound, smell and light appearing at a specific point in time. It is also well worth finding out where and how these sensory experiences were received as singular, emotional events, perceived as pleasing or disagreeable depending on the era. How then should we go about investigating these sources, analysing them and above all interpreting in the light of our own sensibilities and tastes? Is it even possible to project ourselves into a past ambiance without distorting or betraying it? The settings may have survived, but it is often difficult to grasp their sensory features, designed and built as they were in other times and for other people. These traces may sometimes strike us as useless, incomprehensible decors, or alternatively as fragile, threatened remains. Thanks to technological advances and cross-referencing of sources, the simulation of ambiances may offer a new reading of history and urban conditions. In which case, how far should research go in reconstituting ambiance in order to interpret and restore the sensory experiences of the past?
Revealing imaginary ambiances
What more is to be said of all these imaginary ambiances, dreamlike visions, ideas of projected buildings and places, the material realization of which has transformed, perhaps obliterated, the original intention? The fruit of fantasy or dream, the object of genuine social, political or artistic projects, these imagined ambiances can tell us as much about the way projects were conceived as about the fate of certain utopian ideas. The various alterations – such as conversion, rehabilitation and energy efficiency – may serve as the driving force to change or, on the other hand, try to recreate real or imagined ambiances. They offer an opportunity to question the motives presiding over these changes and the methods deployed to fashion a new architectural and urban identity.
Some converted places, sometimes damaged in the process or possibly sublimated and revealed, contain several layers of ambiance which lend them an identity that is rich but hard to decipher. This task of reading and interpreting their complexity, undertaken by successive generations, has directed their subsequent development, involving multiple, sometimes contradictory stakes, particularly in terms of heritage. This in turn raises questions about the purpose of some conservation policies which set out to preserve, in the name of some historical truth, material components or arrangements at odds with the ambiance as it was first conceived.
Papers we would like to see
This call for papers concerns a broad range of researchers and practitioners, at the meeting point between history and ambiance, in the following fields:
- Architecture, town planning and design;
- Building rehabilitation, heritage studies;
- History of the senses, art, cinema and broadcasting;
- Anthropology, sociology, literature.
Papers should focus on one or more of the issues raised above, without historical periods, examples and case studies being over restrictive. A range of sources may be studied.
Submission of proposals
Authors should submit a 500 to 800 words outline of their proposed article to the editors of the special issue.
The deadline for proposals is 15 May 2015.
Proposals should be sent to : ambiances.history@gmail.com (see detailed schedule below).
Proposals and the articles themselves may be submitted in French or English.
Proposals will be reviewed by the editors of the special issue and the journal’s editorial committee. Following preliminary acceptance authors should submit their complete article, from 4000 to 8000 words by 15 October 2015 at the very latest. In keeping with the journal’s usual practice, articles will be read by two reviewers, using a double-blind assessment process. Publication of the special issue is planned for September 2016.
Schedule
- Launch of the call for papers: 15 February 2015
- Deadline for reception of proposals: 15 May (500 to 800 words)
- Response to authors: 15 June
- Deadline for reception of complete articles: 15 October (4000 to 8000 words)
- Projected publication of the special issue: September 2016.
Special issue editors
- Olivier Balaÿ, architect, urbanist and faculty member, professor at École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, researcher at Cresson, UMR AAU CNRS-MCC-ECN.
- Stéphane Frioux, lecturer in modern history, Université Lumière-Lyon2, researcher at Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes, UMR CNRS 5190 LARHRA.
- Nathalie Simonnot, architectural historian, researcher at LÉAV, École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, France.
We would like to inform you that Ambiances Journal could receive any paper out of this call for papers (see http://ambiances.revues.org)
Catégories
- Histoire (Catégorie principale)
- Esprit et Langage > Représentations > Histoire de l'art
- Esprit et Langage > Représentations > Patrimoine
- Esprit et Langage > Représentations > Architecture
Dates
- vendredi 15 mai 2015
Fichiers attachés
Mots-clés
- ambiance, ville, bâti, sensible
Contacts
- Nathalie Simonnot
courriel : simonnotnathalie [at] gmail [dot] com
URLS de référence
Source de l'information
- Nathalie Simonnot
courriel : simonnotnathalie [at] gmail [dot] com
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Ambiance et histoire de l’architecture », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 18 février 2015, https://calenda-formation.labocleo.org/318896