Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales
Le troisième sexe social
The Third Social Sex
Veröffentlicht am vendredi, 26. juin 2015
Zusammenfassung
La revue Socio lance un appel à contributions sur la thématique « Le troisième sexe social ». Pour sortir de la politisation excessive des mouvements sociaux occidentaux contemporains sur l’orientation sexuelle et le genre, pour sortir aussi de la confusion des débats les concernant (Saladin d’Anglure, 1985, 2012, 2014), cet appel invite à réfléchir, notamment : sur l’histoire des mouvements impliquant des personnes du troisième sexe social, avec les diverses situations qu’ils recouvrent ; sur les transformations juridiques du statut du troisième sexe dans le monde (les approches comparatives sont particulièrement bienvenues) ; sur les représentations artistiques et littéraires du troisième sexe ; sur le colonialisme scientifique occidental et sa logique binaire, source d’exclusions, de malentendus et de conflits ; sur le troisième sexe social et l’ancienne logique du tiers inclus, toujours active chez de nombreux peuples, comme les Inuit, les Amérindiens, ou dans la tradition taoïste chinoise etc. (Saladin d’Anglure, 2015). Ces logiques permettent de surmonter la complexité de la vie (Berthoz, 2013) et de la société humaine.
The journal Socio is launching a call for papers on the theme of the “third social sex” (or the third gender). This call for papers is being made to challenge the excessive efforts by contemporary Western social movements to politicize sexual and gender orientation, and to challenge the confusion surrounding debates over gender and sex (Saladin d’Anglure, 1985, 2012, 2014). We are asking for reflection, specifically: on the history of movements that involve individuals of the third social sex and the various situations that these movements cover; on the legal transformations of the status of the third social sex in the world (comparative approaches are particularly welcome); on the artistic and literary representations of the third sex; on Western scientific colonialism and its binary logic, as a source of exclusions, misunderstandings, and conflicts; on the third social sex and the ancient logic of “third parties included,” still existing today among many peoples, like the Inuit, other North and South American Indigenous peoples, or in the Taoist Chinese tradition, etc. (Saladin d’Anglure, 2015). These logics help these different peoples overcome the complexities of life and human society (Berthoz, 2013).
Inserat
La revue Socio lance un appel à contributions sur la thématique « Le troisième sexe social ». Le dossier est coordonné par Bernard Saladin d’Anglure et Elaine Coburn. Les intentions de contributions (titre, résumé de deux pages et bibliographie) doivent être envoyées à Socio avant le 15 octobre 2015. Les articles, si les propositions sont retenues, devront être remis pour le 15 janvier 2016.
Argument
Les rapports sociaux de sexe ou de genre, la division sexuelle des tâches, la définition de l’individu et de la personne, de la parenté et de la famille – mais également de la normalité, de l’anormalité et de la différence – sont des questions sociales et politiques omniprésentes dans les sociétés occidentales. Si les sociologues, anthropologues, philosophes, juristes et historiens se penchent sur ces débats, leur intérêt est la traduction, dans le domaine « savant », des mobilisations sociales par des personnes souvent traitées comme des « tiers ». Ces personnes sont rejetées aux marges de la société, parfois sujettes à des interventions médicales et juridiques afin de les « normaliser », ou même à des internements dans les prisons. L’homosexualité, par exemple, reste illégale dans beaucoup de pays et est aujourd’hui soumise à la peine de mort dans cinq États. Le xixe siècle a donné naissance au concept scientifique de « pervers », qui représente une façon d’être sur le plan ontologique (Davidson cité par Hacking, 2005, chap. VI). Le pervers et ensuite « l’homosexuel » étaient criminalisés et « traités » médicalement afin de les ramener à la normalité. Auparavant c’était de la théologie chrétienne et de sa branche « démonologie » que relevaient ces cas, quand ils lui étaient soumis, depuis que Thomas d’Aquin y avait introduit la logique aristotélicienne du tiers exclu (avec des anges asexués et des démons sursexués (voir Saladin d’Anglure, 1985). Mais dans la pratique, nombre de personnes participaient à des relations sexuelles diverses et variées sans que cela définisse leur identité et leur être.
Depuis la fin des années 1960, les mouvements des homosexuels et ensuite des lesbiennes, des gays et aussi des personnes s’identifiant comme transgenres, transsexuelles et bisexuelles (LGTB) et plus tard comme « queer » se sont mobilisés contre cette marginalisation, cette médicalisation et cette criminalisation. Ce faisant, ils posent des questions radicales sur le sexe, le genre, la définition de l’individu et de la famille, leur histoire, leurs variations historiques dans des sociétés différentes. Dans la même ligne, ces dernières années, plusieurs pays (Allemagne, Australie, Népal, Inde) ont reconnu un statut juridique aux personnes intersexuées (dont le sexe biologique ne peut pas être précisé à la naissance comme mâle ou femelle), à la suite de fortes mobilisations des associations d’intersexués. La principale est l’Organisation internationale des intersexués (OII), fondée lors de la Journée internationale des droits de l’homme le 10 décembre 2012, qui représente actuellement des associations dans vingt pays sur six continents. Elle cherche à obtenir la reconnaissance juridique des intersexués par les Nations unies et par les États-nations auxquels l’organisation demande une mention appropriée sur les certificats de naissance, passeports, etc. Comme les mouvements LGBT et queer, l’OII pose de nouvelles questions sur la conception binaire qu’ont les Occidentaux du sexe et du genre, mais également sur l’organisation sociale quotidienne autour de ces binarismes apparemment « naturels » mais maintenant fortement contestés par ceux qui s’identifient comme intersexués.
Ces questions ne sont pas nouvelles. En France au xixe siècle, par exemple, les médecins constataient que des enfants naissaient avec des sexes indéterminés. Leur demande pour un assouplissement du droit français, qui s’en tenait formellement au système binaire du sexe dès la naissance, n’était pas entendue. En revanche, aux alentours de 1900, d’autres pays européens comme l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la Russie et la Suisse reconnaissaient, juridiquement, la possibilité d’un sexe « neutre, douteux ou hermaphrodite » à la naissance (Houbre, 2014 : 75). Si le droit et la médecine cherchent à établir des normes formelles autour du sexe biologique et du genre, ils n’ont pas le monopole des débats et des interrogations. L’artiste britannique du début du xxe siècle, Romaine Brooks, faisait des portraits d’elle-même et d’autres femmes habillées dans des vêtements bourgeois masculins : un de ces portraits de 1923-1924 porte le titre : Peter (A Young English Girl) – Pierre, (une jeune femme anglaise) – (Young, 2004). Plus près de nous on peut citer des cas célèbres de travestissement avec Dustin Hoffman dans Tootsie de Sydney Pollack (1982), puis avec Robin Williams dans Mrs. Doubtfire de Chris Columbus (1993), ou encore avec Barbara Streisand dans Yentl de Barbara Streisand (1983) ; sans oublier une nouvelle vague très contemporaine avec Melvil Poupaud dans Laurence Anyways de Xavier Dolan (2012) ; et enfin avec Guillaume Gallienne dans Les garçons et Guillaume : à table ! de Guillaume Gallienne (2013). Ces « troubles » du sexe, du genre et également de la sexualité, pour reprendre l’expression maintenant célèbre de Judith Butler (Gender Trouble, Butler, 1990), sont loin d’être la préoccupation des seuls pays occidentaux, malgré la tendance à représenter les pays musulmans, par exemple, comme figés autour de prescriptions hétéro-normatives et binaires. Ainsi, le travestissement et les hommes efféminés sont des pratiques courantes depuis des siècles dans des pays comme le Maroc (Zaganiaris, 2014 : 8), parfois jouant un rôle social ou religieux spécifique (Hell, 2002) ; voir aussi le thème de la huitième fille travestie en garçon dans une famille sans fils, illustré par le roman L’enfant de sable de l’écrivain et poète marocain Tahar Ben Jelloun (1985), qui n’est pas sans rappeler le travestissement séculaire en garçon d’une fille (Bacha posh) dans les fratries sans garçons, pour éviter aux parents le déshonneur de ne pas avoir de fils (Manoori, 2013) dans certaines parties de l’Afghanistan et du Pakistan.. S’il y a une reconnaissance juridique et sociale croissante, aujourd’hui, des personnes intersexuées (autrefois « hermaphrodites ») et transgenres, il y a des antécédents dans les pays occidentaux et orientaux depuis des siècles.
Les mouvements des intersexués, LGTB et queer s’intéressent aux pratiques des sociétés autochtones telles que décrites dans les travaux classiques des anthropologues, avec travestissement rituels et parfois pratiques homosexuelles ; mais ils ont tendance à les instrumentaliser de façon le plus souvent décontextualisée et romancée (voir Towl et Morgan, 2002), en adoptant même un point de vue « rousseauiste » d’une humanité première et libertaire, à l’abri des méfaits de la « Civilisation » (Trexler, 1995). Ils sont plus mal à l’aise avec les travaux récents de Saladin d’Anglure (2012, 2014) qui décrivent la conception inuit des relations de sexe, de genre, de la famille et de l’identité fondée non pas sur le binarisme occidental et sa logique du tiers exclu, mais sur celle du tiers inclus (ibid.), tout en situant le débat bien plus sur le plan du sexe social que sur celui de l’orientation sexuelle ; pour être plus précis, on peut dire qu’il n’y a pas chez les Inuit de « tiers exclus » sexuels et genrés comme dans les sociétés occidentales dominantes, parce que le sexe et le genre sont fluides au cours d’une vie et dans la société en général. De plus, les Inuit connaissent par la pratique, l’occurrence occasionnelle d’ambiguïtés génitales, provisoires ou définitives, chez les nouveau-nés ; ils y voient un désir du fœtus et de la personne décédée qui s’y réincarne de changer de sexe. Un terme, sipiniq, désigne une personne de cette catégorie sans connotation négative. Une autre coutume inuit consiste à interpréter les rêves où l’on voit un défunt demander à boire ou à manger comme son désir de revivre dans la famille du rêveur. Il faut alors donner au prochain nouveau-né de cette famille le nom du défunt, même si leur sexe biologique diffère. Il n’est donc pas rare qu’un enfant mâle soit élevé jusqu’à la puberté comme une fille, et doive ensuite « apprendre » les rôles masculins avant d’être marié de préférence avec une fille qui a connu un parcours symétrique. La conséquence sociale est l’existence et la reconnaissance de personnes et de couples « androgynes », capables aussi bien d’accomplir les tâches que d’exprimer les sensibilités associées aux femmes et aux hommes.
Pour Saladin d’Anglure, ces personnes constituent un « troisième sexe social » et sont aptes à remplir des fonctions de médiations sociales, notamment religieuses – comme celle des chamanes – comparables sous un certain angle à celles des gauchers contrariés, ambidextres (Serres, 1992). Sans être aussi explicite que dans la société inuit, Saladin d’Anglure soutient l’hypothèse que le troisième sexe social est présent aussi dans les sociétés occidentales mais que cette réalité n’est pas reconnue. Par exemple, lui-même, deuxième enfant, après une sœur très proche de leur père, dans une fratrie de huit, mais premier fils, très proche de sa mère, gaucher contrarié comme elle, il s’est initié aux tâches « féminines », à l’âge de 4 ans, au début de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à ce que son père puisse prendre en charge son initiation aux tâches masculines, au retour de la guerre. Ce processus l’a poussé à explorer le troisième sexe social des Inuit, et à s’y reconnaître en partie.
Pour sortir de la politisation excessive des mouvements sociaux occidentaux contemporains sur l’orientation sexuelle et le genre, pour sortir aussi de la confusion des débats les concernant (Saladin d’Anglure, 1985, 2012, 2014), cet appel invite à réfléchir, notamment :
- sur l’histoire des mouvements impliquant des personnes du troisième sexe social, avec les diverses situations qu’ils recouvrent ;
- sur les transformations juridiques du statut du troisième sexe dans le monde (les approches comparatives sont particulièrement bienvenues) ;
- sur les représentations artistiques et littéraires du troisième sexe ;
- sur le colonialisme scientifique occidental et sa logique binaire, source d’exclusions, de malentendus et de conflits ;
- sur le troisième sexe social et l’ancienne logique du tiers inclus, toujours active chez de nombreux peuples, comme les Inuit, les Amérindiens, ou dans la tradition taoïste chinoise etc. (Saladin d’Anglure, 2015). Ces logiques permettent de surmonter la complexité de la vie (Berthoz, 2013) et de la société humaine.
Ainsi, nous invitons à des réflexions critiques qui prennent en compte les obstacles auxquels sont trop souvent confrontés les tiers exclus. En même temps, nous attendons que les contributions considèrent également la présence innovante du troisième sexe social dans l’histoire, la jurisprudence, la recherche scientifique, les arts ou la littérature.
Le comité de rédaction attend en priorité des propositions d’articles comportant, à partir de terrains particuliers ou sur le plan plus conceptuel, analyses et/ou réflexions critiques sur le troisième sexe social du point de vue des sciences humaines et sociales.
Bibliographie
Alessandrin, Arnaud, 2014, « Jean-Yves Tamet (dir.) : Différenciation sexuelle et identité : clinique, art et littérature », Nouvelles Questions Féministes 1, vol. 33, p. 121-124.
Ben Jelloun, Tahar, 1985, L’enfant de sable, Paris, Le Seuil.
Berthoz, Alain, 2013, La vicariance. Le cerveau créateur de mondes, Paris, Odile Jacob.
Broqua, Christophe et Doquet, Anne, 2013, « Masculin pluriel », Cahiers d’études africaines, p. 209-210.
Butler, Judith, 1990, Gender Trouble. Feminisme and the subversion of identity, Routledge, Chapman & Hall, Inc. [traduction française : 2006, Trouble dans le genre, préface d’Éric Fassin, traduction de Cynthia Kraus. La Découverte/Poche].
Douville, Olivier, 2007, « L’enfant, le sexe et la mort : que nous apprend l’anthropologie ? », La lettre de l’enfance et de l’adolescence, vol. 68, no 2, p. 25-32.
Fassin, Éric, 2008, « L’empire du genre. L’histoire politique ambiguë d’un outil conceptuel », L’Homme, vol. 3-4, no 187-188, p. 395-392.
Fausto Sterling, Anne, 2012, Corps en tous genres : la dualité des sexes à l’épreuve de la science, Paris, La Découverte et Institut Émilie du Châtelet.
Giami, Alain, 2011, « Identifier et classifier les trans : entre psychiatrie, épidémiologie et associations d'usagers », L’information psychiatrique, vol. 87, no 4, p. 269-277.
Hacking, Ian, 2005, La connaissance des choses : définition, description, classification, Paris, Delagrave et Toulouse, IUFM Midi-Pyrénées.
Hell, Bertrand, 2002. Le tourbillon des génies. Au Maroc avec les Gnâwa, Paris, Flammarion.
Houbre, Gabrielle, 2014, « Un “sexe indéterminé” ? : l’identité civile des hermaphrodites entre droit et médecine au xixe siècle », Revue d’histoire du xixe siècle vol. 1, n° 48, p. 63-75.
Kraus, Cynthia et al., 2008, « À qui appartiennent nos corps ? Féminisme et luttes intersexes », Nouvelles Questions Féministes, vol. 27, no 1.
Manoori, Ukmina. (avec la collaboration de Stéphanie Lebran), 2013, Je suis une bacha posh, un jour mon père m’a dit : tu seras un garçon ma fille !, Paris, Michel Lafon.
Piquart, Julien, 2009, Ni homme ni femme : enquête sur l’intersexuation, Paris, La Musardine.
Saladin d’Anglure, Bernard, 1985, « Du projet « PAR.AD.I » au sexe des anges: notes et débats autour d'un « troisième sexe »” Anthropologie et Sociétés, vol. 9, no 3, p.. 139-176.
–, 2006, Être et renaître Inuit, homme, femme ou chamane, préface de Claude Lévi-Strauss, Paris, Gallimard.
–, 2012, « Le troisième genre », Revue du Mauss, no 52, p. 197-217.
–, 2014, « Hermaphrodisme, lubricité et travestissement, ou les immenses malentendus sur la sexualité et le genre, dans les relations entre Occidentaux, Inuit et Amérindiens », in Gilles Havard et Frédéric Laugrand (dir.), Éros et tabou. Sexualité et genre chez les Amérindiens et les Inuit, Septentrion, Québec, p. 297-319.
–, 2015 (sous presse), « Du Sila inuit (angut/arnaq) au Qi (Yin/Yang) chinois, par les chemins de traverse du chamanisme et de la christianisation », in Chenwen Li, Frédéric Laugrand et Nancheng Peng (dir.), Missionnaires, chamanes : rencontres et médiations culturelles entre la Chine, l’Occident et le monde autochtone, Québec, Presses de l’université Laval.
Serres, Michel, 1991, Le Tiers-Instruit, Paris, Éditions François Bourin.
Towle, Evan B. et Morgan Lynn M., 2002, « Romancing the transgender native: Rethinking the use of the « third gender » concept. », GLQ: A Journal of Lesbian and Gay Studies, vol. 8, no 4, p. 469-497.
Trexler, Richard C., 1995, Sex and Conquest, Gendered Violence, Political Order and the European Conquest of the Americas, Ithaca et New York, Cornell University Press.
–, 2002, « Making the American berdache: choice or constraint? », Journal of Social History, vol. 35, no 3, p. 613-636.
Young, Melanie, 2004, « Peter (A Young English Girl): Visualizing Transgender Masculinities », Camera Obscura, vol. 19, no 2, P. iv-45.
Zaganiaris, Jean, 2014, Queer Maroc : Sexualités, genres et (trans)identités dans la littérature marocaine, Paris, Des ailes sur un tracteur.
Modalités de soumission
Dans un premier temps, une proposition de deux pages environ (5 000 signes environ), indiquant la problématique et les données, accompagnées d’une bibliographie, est à soumettre au secrétariat de rédaction (socio@msh-paris.fr)
avant le 31 octobre 2015.
Elle devra permettre de saisir précisément à la fois les matériaux de recherche sur lesquels reposera l’article, ainsi que sa problématique et la démarche intellectuelle dans laquelle l’auteur s’inscrit, les principales thèses et résultats des recherches menées et les principales notions et références mobilisées.
Dans un second temps, après acceptation de la proposition par la rédaction, l'articles, autour de 30 000 signes (notes et bibliographie comprises), devra parvenir à la revue au plus tard le 31 janvier 2016. Il sera alors soumis au comité de lecture de la revue et à des rapporteurs extérieurs.
Il est attendu un effort particulier sur l’écriture et un style qui mettent suffisamment en perspective les enjeux de l’article pour qu’il puisse susciter un intérêt au-delà d’un cercle restreint de spécialistes.
Les auteurs sont invités à respecter autant que possible les recommandations figurant sur le carnet de la revue à l’adresse : http://socio.hypotheses.org/soumettre-un-article
Coordinateurs
Bernard Saladin d’Anglure et Elaine Coburn
The journal Socio is launching a call for papers on the theme of the “third social sex” (or the third gender). This topic is being coordinated by Bernard Saladin d’Anglure and Elaine Coburn. Proposals for contributions (title, two-page summary and bibliography) should be sent to Socio by October 15, 2015. If the proposal is accepted, the article must be submitted by January 15, 2016.
Argument
The social relations of sex or gender, the sexual division of labour, how we define the individual and the person, kinship and the family—but also normality, abnormality, and difference—all of these are omnipresent social and political questions in Western societies. Sociologists, anthropologists, philosophers, legal experts, and historians take part in these debates with a view to giving voice to persons often treated as (marginalized) “third parties” and to describing their social agency in the academic literature Such individuals are relegated to the margins of society, sometimes being subject to medical or legal interventions to “normalize” or even imprison them. Homosexuality, for instance, remains illegal in many countries and may incur the death penalty in five nation-states. The 19th century established the scientific idea of the “pervert,” which represents an ontological state or way of being (Davidson, cited by Hacking 2005, chapter VI). The pervert and later the “homosexual” was criminalized and medically “treated” to bring the individual back to normality. Previously, Christian theology and its “demonology” dealt with such cases, when brought to the Church’s attention, ever since Thomas Aquinas had introduced the Aristotelian logic of the excluded “third parties” (with asexual angels and oversexed demons, see Saladin d’Anglure, 1985). In practice, however, many people participated in diverse and varied sexual relations without this defining their identity or being. Since the late 1960s, homosexuals—who subsequently identified as lesbians or gays—and also those identifying as transgender, transsexual, and bisexual (LGTB) later collectively as queer— have mobilized against this marginalization, medicalization, and criminalization. In so doing, they have raised radical questions about sex, gender, the definition of the individual and the family, their history and their variations over time and across societies. Likewise, in recent years, several countries (Germany, Australia, Nepal, India) have legally recognized the status of intersex persons (whose biological sex cannot be defined at birth as male or female), as a result, in some instances, of the strong agency of intersex organizations. The most important of these is the Organization Intersex International (OII), founded on December 10, 2012, Human Rights Day, and currently representing organizations in twenty countries on six continents. It seeks to gain legal recognition of intersex status by the United Nations and by nation-states, and is pushing for a legally approved designation of this status on birth certificates, passports, and so on. As with the LGBT and queer movements, the OII raises new questions not only about the binary conception that Western peoples have of sex and gender, but also about the day-to-day organization of social relations around these apparently “natural” binaries, which are now being vigorously challenged by those who identify as intersex.
These questions are not new. In 19th century France, for instance, physicians observed that some children were born with indeterminate sexual organs. They asked for a relaxation of French law, which officially adhered to the binary sex system from birth, but their request went unheard. In contrast, around 1900, other European countries, including Austria-Hungary, Germany, Italy, Russia, and Switzerland, legally recognized the possibility of a “neutral, indeterminate or hermaphrodite” sex at birth (Houbre, 2014: 75). Although law and medicine sought to establish official norms around biological sex and gender, they had no monopoly on these debates and questions. The early 20th century British artist Romaine Brooks, for instance, painted portraits of herself and other women dressed in bourgeois male clothes. One of these portraits, from 1923-34 has the title: Peter (A Young English Girl). Closer in time, we can cite well-known cases of transvestism, for instance, Dustin Hoffman in Tootsie by Sydney Pollack (1982), Robin Williams in Mrs. Doubtfire by Chris Columbus (1993), or Barbara Streisand in Yentl by Barbara Streisand (1983), not to mention the very contemporary new wave with Melvil Poupaud in Laurence Anyways by Xavier Dolan (2012) and finally Guillaume Gallienne in Me, Myself and Mom! by Guillaume Gallienne (2013).[1] These “troubles” of sex, gender, and sexuality, to use Judith Butler’s now well-known expression (Gender Trouble, Butler, 1990), are far from being a concern unique to Western countries, despite the tendency to portray Muslim nations, for instance, as being bound by heteronormative and binary norms. Thus, transvestism and effeminate men have been common practice for centuries in countries like Morocco (Zaganiaris, 2014:8), sometimes playing a specific social or religious role (Hell, 2002); see also the theme of the eighth daughter brought up as a boy in a family without sons, in the novel The Sand Child by the Moroccan writer and poet Tahar Ben Jelloun (1985), which is not without recalling the secular transvestism of girls as a boy (Bacha posh) among siblings without boys, thus sparing parents the dishonour of not having a son (Manoori, 2013) in certain parts of Afghanistan and Pakistan. Although, today, there is growing legal and social recognition of intersex (previously “hermaphrodites”) and transgender persons, antecedents in both Western and Eastern nations go back many centuries.
The intersex, LGBT, and queer movements are interested in the practices of Indigenous societies, as described in the anthropological literature, including ritual transvestism and, sometimes, homosexual practices, but they tend to refer to these practices in a romantic and decontextualized way (see Towl and Morgan, 2002), even adopting, after Rousseau, a point of view that celebrates primitive and free humanity, sheltered from the evils of “Civilization” (Trexler, 1995). They are ill at ease with recent publications by Saladin d’Anglure (2012, 2014) that describe the Inuit conception of sex, gender, and family relations and of identity rooted not in the Western world’s binary systems and logic of “excluded third parties” but in the logic of third parties being included (ibid), while focusing debate much more on gender than on sexual orientation. To be more precise, we can say that the Inuit do not exclude third parties from sex and gender, as in Western societies, because sex and gender are fluid over the course of one’s life and in society in general. In addition, the Inuit are familiar with the occasional occurrence of genital ambiguity in newborn babies, whether temporary or lifelong. They see this ambiguity as being the desire of the foetus, and of the deceased person the foetus incarnates, to change sex. Such a person is called a sipiniq, which has no negative connotation. If, in a dream, a deceased individual appears and wishes to drink or eat, the Inuit interpret this request as meaning that he or she wants to live again in the dreamer’s family. In such cases, the next newborn in the family must be named after the deceased, even if their biological sex differs. It is therefore not unusual for a boy to be brought up until puberty as a girl, who must subsequently “learn” male roles before being married, preferably to a girl who has been conversely raised as a boy. The social consequence is the existence and recognition of persons and “androgynous” couples, who can perform tasks that express the sensibilities of both women and men.
For Saladin d’Anglure, these individuals form a “third social sex” and are particularly called upon, like shamans, to fulfil a role of social and religious mediator, a situation comparable in some respects to that of thwarted left-handed individuals, who thereby become ambidextrous (Serres, 1992). Saladin d’Anglure argues that the third gender is present in Western societies although this reality is not recognized and is not as explicit as it is in Inuit society. In his own family, for example, he is the second of eight children and the first son, having been born after a sister who was very close to their father. In contrast, he was very close to his mother (and a thwarted left-handed individual like his mother). He was initiated into “female” tasks at the age of 4, at the outbreak of the Second World War, and performed them until his father came home from the war and could initiate him into male tasks. This experience led him to explore the third social sex among the Inuit and to recognize part of himself in their practices.
This call for papers is being made to challenge the excessive efforts by contemporary Western social movements to politicize sexual and gender orientation, and to challenge the confusion surrounding debates over gender and sex (Saladin d’Anglure, 1985, 2012, 2014). We are asking for reflection, specifically:
- on the history of movements that involve individuals of the third social sex and the various situations that these movements cover;
- on the legal transformations of the status of the third social sex in the world (comparative approaches are particularly welcome);
- on the artistic and literary representations of the third sex;
- on Western scientific colonialism and its binary logic, as a source of exclusions, misunderstandings, and conflicts;
- on the third social sex and the ancient logic of “third parties included,” still existing today among many peoples, like the Inuit, other North and South American Indigenous peoples, or in the Taoist Chinese tradition, etc. (Saladin d’Anglure, 2015). These logics help these different peoples overcome the complexities of life and human society (Berthoz, 2013).
We invite critical reflections that mention the obstacles which too often confront excluded third parties. At the same time, we expect the contributions to consider the innovative presence of the third social sex in history, in jurisprudence, in scientific research, and in the arts or literature.
The editorial committee will prioritize proposals that draw on empirical or more conceptual work and that include analyses and/or critical reflections about the third social sex from the point of view of the humanities and social sciences.
[1] The original, more evocative French title is Les garcons et Guillaume: à table! – or “Boys and William: Come for Dinner!”.
Bibliography
Alessandrin, Arnaud, 2014, « Jean-Yves Tamet (ed.) : Différenciation sexuelle et identité : clinique, art et littérature », Nouvelles Questions Féministes 1, vol. 33, p. 121-124.
Ben Jelloun, Tahar, 1985. L’enfant de sable, Paris, Le Seuil.
Berthoz, Alain, 2013, La vicariance. Le cerveau créateur de mondes, Paris, Odile Jacob.
Broqua, Christophe and Doquet, Anne, 2013, « Masculin pluriel », Cahiers d’études africaines, pp. 209-210.
Butler, Judith, 1990, Gender Trouble. Feminisme and the subversion of identity, Routledge, Chapman & Hall, Inc. [French translation: 2006, Trouble dans le genre, preface by Éric Fassin, translation by Cynthia Kraus. La Découverte/Poche].
Douville, Olivier, 2007, « L’enfant, le sexe et la mort : que nous apprend l’anthropologie ? », La lettre de l’enfance et de l’adolescence, vol. 68, no 2, pp. 25-32.
Fassin, Éric, 2008, « L’empire du genre. L’histoire politique ambiguë d’un outil conceptuel », L’Homme, vol. 3-4, no 187-188, pp. 395-392.
Fausto Sterling, Anne, 2012, Corps en tous genres : la dualité des sexes à l’épreuve de la science, Paris, La Découverte et Institut Émilie du Châtelet.
Giami, Alain, 2011, « Identifier et classifier les trans : entre psychiatrie, épidémiologie et associations d’usagers », L’information psychiatrique, vol. 87, no 4, pp. 269-277.
Hacking, Ian, 2005, La connaissance des choses : définition, description, classification, Paris, Delagrave and Toulouse, IUFM Midi-Pyrénées.
Hell, Bertrand, 2002, Le tourbillon des génies. Au Maroc avec les Gnâwa, Paris, Flammarion.
Houbre, Gabrielle, 2014, « Un “sexe indéterminé” ? : l’identité civile des hermaphrodites entre droit et médecine au xixe siècle », Revue d’histoire du xixe siècle vol. 1, n° 48, pp. 63-75.
Kraus, Cynthia et al., 2008, « À qui appartiennent nos corps ? Féminisme et luttes intersexes », Nouvelles Questions Féministes, vol. 27, no 1.
Manoori, Ukmina. (with the assistance of Stéphanie Lebran), 2013, Je suis une bacha posh, un jour mon père m’a dit : tu seras un garçon ma fille !, Paris, Michel Lafon.
Piquart, Julien, 2009, Ni homme ni femme : enquête sur l’intersexuation, Paris, La Musardine.
Saladin d’Anglure, Bernard, 1985, « Du projet « PAR.AD.I » au sexe des anges: notes et débats autour d’un « troisième sexe »” Anthropologie et Sociétés, vol. 9, no 3, pp. 139-176.
–, 2006, Être et renaître Inuit, homme, femme ou chamane, preface by Claude Lévi-Strauss, Paris, Gallimard.
–, 2012, « Le troisième genre », Revue du Mauss, no 52, pp. 197-217.
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Zaganiaris, Jean, 2014, Queer Maroc : Sexualités, genres et (trans)identités dans la littérature marocaine, Paris, Des ailes sur un tracteur.
Submission guidelines
Initially, contributors should send a proposal of about two pages (approximately 5,000 characters) to the editorial board (socio@msh-paris.fr), indicating the subject area and research findings, accompanied by a bibliography,
by October 31, 2015.
The proposal should be sufficiently detailed that the editorial board may clearly understand the research materials on which the article is based, as well as the argument and the author’s intellectual approach, the principal hypotheses, the research findings, the central concepts, and the references.
If the proposal is accepted by the editorial committee, the article, about 30,000 characters in length (including footnotes and bibliography), should be sent to the journal by January 31, 2016 at the latest. It will then be sent out for peer review by the journal and to external reviewers.
The author should make a special effort to use a writing style that will make the article easily understandable to the educated layperson and not simply a small circle of specialists.
The authors should follow, as much as possible, the recommendations available at the journal’s web address: http://socio.hypotheses.org/soumettre-un-article.
Kategorien
Orte
- Paris, Frankreich (75)
Daten
- samedi, 31. octobre 2015
Schlüsselwörter
- troisième sexe, genre, orientation sexuelle, colonialisme
Kontakt
- Secrétariat de rédaction de Socio
courriel : socio [at] msh-paris [dot] fr
Verweis-URLs
Informationsquelle
- Soline Massot
courriel : socio [at] msh-paris [dot] fr
Zitierhinweise
« Le troisième sexe social », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am vendredi, 26. juin 2015, https://calenda-formation.labocleo.org/333154

