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Circulations, migrations, history
Circulations, migrations, histoire
"Diasporas" Journal, "Cycles diasporiques" n° 2018 / 1 theme issue
Revue « Diasporas », numéro thématique « cycles diasporiques » n° 2018 / 1
Published on mardi, septembre 22, 2015
Summary
Les diasporas ne sont pas des phénomènes immuables : elles naissent, vivent et s’éteignent, ou se diluent dans des ensembles plus vastes ; d’autres ne restent qu’à l’état d’ébauche. Constructions parfois éphémères à la faveur d’un événement politique ou d’une opportunité commerciale, elles peuvent se muer en édifices structurés, de réseaux et de métropoles qui s’affrontent et se succèdent.
Announcement
Argumentaire
Les diasporas ne sont pas des phénomènes immuables : elles naissent, vivent et s’éteignent, ou se diluent dans des ensembles plus vastes ; d’autres ne restent qu’à l’état d’ébauche. Constructions parfois éphémères à la faveur d’un événement politique ou d’une opportunité commerciale, elles peuvent se muer en édifices structurés, de réseaux et de métropoles qui s’affrontent et se succèdent. Ainsi la diaspora judeo-ibérique ou portugaise naît des départs successifs de la péninsule Ibérique après les expulsions du XVe siècle, avant de se dissoudre au sein de l’aire séfarade au XIXe siècle. Des villes-étapes, nœuds des migrations, de Goa à Mexico, sont alors autant de creusets pour une diaspora circonscrite dans le temps et dans l’espace. De même la diaspora huguenote se dessine-t-elle dès les guerres de religion, au XVIe siècle, vers les Cantons suisses et l’Europe du Nord, pour ensuite accélérer et étendre sa dispersion à la révocation de l’édit de Nantes (1685) et se diluer au XIXe siècle. Reste que l’effacement (relatif) n’implique pas la disparition des éléments spécifiques à chacune des populations comme l’attestent l’importance de l’imaginaire huguenot aux États-Unis et les particularités rituelles judéo-ibériques.
Situer le phénomène diasporique permet de saisir les dynamiques et les temporalités de ces constructions contingentes et de revenir sur l’image trop communément admise de processus continus et atemporels. C’est cette linéarité et, partant, les jeux et rejeux de segments diasporiques, que voudraient interroger les articles de ce dossier à travers une diversité d’approches : vue d’ensemble, étude d’un lieu d’implantation particulier, analyse sur la longue durée ou autour d’un moment-clé. Les coordinatrices de ce numéro de la revue Diasporas, Mathilde Monge (Université Toulouse 2) et Natalia Muchnik (EHESS) souhaitent faire dialoguer les disciplines et les périodes.
Le premier temps de la réflexion collective sera constitué par une réunion de travail prévue au printemps 2016 à Toulouse. Le second par la publication d’un dossier dans la revue Diasporas. Trois axes de réflexion sont suggérés, recouvrant des phases de la vie des diasporas. Loin d’imposer une définition du phénomène par la mise en avant de stades d’évolution successifs, la proposition d’un ideal-type ne vise qu’à mieux identifier les spécificités de chacun d’eux, que l’approche dynamique privilégiée risquerait de gommer. Chacun de ces axes peut également apparaître comme un moment « critique », susceptible d’éclairer le problème epistémologique récurrent posé par l’historiographie, en l’espèce celui de la définition même d’une diaspora face à la banalisation du terme dans les sciences sociales.
1. Cycles et temporalités diasporiques
Les diasporas se forment suivant une chronologie faite d’à-coups, d’accélérations et de paliers. L’exil huguenot, amorcé dès les années 1560, nourrit de manière continue une diaspora qui se forge dans la durée. Mais les persécutions de Louis XIV et surtout la Révocation de l’édit de Nantes bouleversent son visage. L’afflux de nouveaux arrivants, auréolés d’une expérience récente de la répression et forts d’un vécu personnel de la mère patrie, brouille les conditions locales dans les lieux d’implantation, mais restructure ce faisant la diaspora à l’échelle européenne et mondiale. Il en est de même des morisques, chrétiens ibériques d’origine musulmane, dont la lente émigration vers le Maghreb, dès avant le XVIe siècle, s’est brusquement précipitée avec les expulsions de 1609-1614. Ces exemples, connus, invitent à l’analyse des temporalités et des figures de la construction diasporique.
2. Segments. Jeux et rejeux
Les rythmes diasporiques agissent sur l’articulation des groupes qui les composent tout autant qu’ils en dépendent. Ces segments, fortement hétérogènes et perçus comme autant de diasporas within a Diapora (J. Israël), se façonnent dans leur lien avec la terre d’origine primaire qui leur confère leur singularité mais aussi leur autonomie au sein de la diaspora englobante. Nés des migrations postérieures à l’exil fondateur, redéploiements depuis une ville ou région-étape, ou bien de la terre d’origine, ils vivent dès lors en tension avec la diaspora-mère, avec laquelle ils entretiennent des rapports fluctuants. Ainsi les Choffelins, Arméniens de la Nouvelle Djoulfa, forment un ensemble autonome de la diaspora arménienne qui émerge au XVIIe siècle à la faveur du négoce eurasiatique. D’autres fractionnements sont fondés sur des différences cultuelles ou doctrinales, qui finissent par créer des isolats nettement dissociés au sein de la diaspora, mais souvent ignorés des sociétés d’accueil. Dans l’exil mennonite la question de la fréquentation du « non-chrétien » est cruciale pour les plus conservateurs qui réprouvent, par exemple, le mariage avec les mennonites d’autres foyers.
Quel rôle jouent ces segments dans les jeux et rejeux diasporiques ? Comment les implantations se distinguent-elles et interagissent-elles ? En somme, comment se déterminent le in et le out, tant au sein du groupe qu’au dehors ? La diaspora n’est-elle pas, en définitive, un « démultiplicateur de la relation aux autres », qui déplace « les frontières de l’altérité jusqu’aux confins d’elle-même » (C. Bordes-Benayoun) ?
3. Ébauches et dilutions
Les diasporas sont mortelles. Certaines s’éteignent par le retour à la terre d’origine, d’autres parce que les conditions socio-économiques qui avaient présidé à leur naissance se sont modifiées, d’autres encore parce que le lien transnational se dissout. Ainsi la fin de la diaspora huguenote en Allemagne coïncide-t-elle avec l’assimilation culturelle, précipitée par l’effacement du français. La langue n’est pourtant pas le seul facteur de cohésion : les réformés wallons de Cologne avaient cessé d’être francophones peu après leur arrivée mais s’identifiaient toujours comme une communauté distincte et refusaient de fusionner avec les réformés néerlandophones ou germanophones, au péril de leur propre survie à l’échelle locale.
Si la disparition et la dilution des diasporas, parents pauvres des diaspora studies, interrogent leur existence même, c’est tout autant la question des « échecs », des diasporas avortées, qui pose problème. Pourquoi et comment des groupes se reconnaissant d’une ou de plusieurs communautés finissent-ils par faire diaspora alors que d’autres se morcellent en minorités ou se diluent dans les sociétés d’accueil ? C’est, on le comprend, la frontière entre migrations et diasporas qu’il conviendra d’examiner.
Calendrier et informations pratiques
La date limite de réception des propositions d’articles (max. 250 mots) est fixée
au 1er février 2016.
La revue accepte les propositions en français, espagnol, anglais, et allemand, mais les articles ne seront acceptés qu'en français ou en anglais (native speaker).
- juin 2016 (date à préciser) : réunion de travail à Toulouse
- 1er novembre 2017 : réception des articles (45 000 signes)
- Mai 2018 : sortie du numéro thématique
Coordinateurs du numéro thématique
- Mathilde Monge (Université de Toulouse 2-Jean Jaurès/FRAMESPA) mathilde.monge@univ-tlse2.fr
- Natalia Muchnik (EHESS/CRH) natalia.muchnik@ehess.fr
Argument
Diasporas are not an unchanging phenomenon: they arise, they live and they decline, or they dilute into a wider ensemble. Some are just sketched before disappearing, some are constructions due to a particular political event or a commercial opportunity. For instance, the Judeo-Iberian diaspora emerged from the continuing flood of people leaving the Iberian peninsula after the expulsions of the 15th century, and it only died in the 19th century, diluting itself in the wider Sephardic world. Some stop-off cities in the migration, such as Goa or Mexico, were the melting-pots of a well-defined diaspora, that was circumscribed in time and space.
Situating the diasporical phenomenon can help us understand the dynamics and temporality of those contingent social constructions. Thus, it challenges the traditional representation of diasporas as being continuous and atemporal processes. The special issue of the journal Diasporas will be questioning this alleged linearity and the movements of the different diasporic segments by proposing different kinds of studies. They may offer a “bird’s-eye” view embracing a whole movement or a study from a particular implantation location, a long term analysis or a focus on a key moment in the history of a diaspora.
The collective work on this subject will occur in two steps: a meeting will take place in Toulouse (June 2016) before the publication of the special issue (Spring 2018). The coordinators of this special issue are eager to bring together participants from different disciplines and different historical periods. We suggest three points of reflection that correspond to three phases of a diaspora’s life cycle.
1. Diasporic cycles and diasporic temporality
Diasporas are formed in an irregular process, with fits and starts, sudden quickenings and long lasting stages. For instance, the Huguenot exile from France nurtured the diaspora from the 1560’s onward. But the persecutions of Louis XIV of France completely altered and wholly restructured the diaspora. The numerous newcomers had been marked by a very recent and personal experience of repression crowned and had grown up in the mother country. This, and their very number modified the conditions of life for more ancient refugees in many host cities and places. This well-known example invites analysis of the temporalities and the figures of the diasporic construction.
2. Segments
Diasporic temporality and evolution rhythms do have an influence on the connectivity of the many groups in which the global diaspora is divided. Those segments are heterogenous to such a point that they may be perceived as diasporas within a diaspora (J. Israel). The Julfans for instance were an autonomous ensemble within the Armenian Diaspora, which appeared thanks to the Eurasiatic trade in the 17th century. The diasporic segment thus may originate in differed migrations or particular relationships with the homeland. They also may be related to cultural or religious differences. How did those diasporic segments interplay with each other? How did the varied settling of the diaspora interact with each other? How did they determine being in and being out of the group?
3. Sketches and disappearances
Diasporas are mortal. Some were extinguished by returning to their homeland, many others disappeared because the socio-economic conditions of their existence came to an end or due to the dissolution of the transnational bond. The Huguenot diaspora disappeared in German-speaking lands when the Huguenots lost their cultural peculiarity. The disappearance of diasporas raises questions about the reason of their very existence, as is their “failure”. Why did some exile communities end up building a diaspora, while others assimilated to the host society or became “mere” minorities? The limit between migration and diaspora must thus be scrutinized.
By offering such an ideal-type, the coordinators do not want to limit themselves to a specific definition of diaspora. They would rather consider each specific pattern that a dynamic approach would most certainly erase. Each of them may then enlighten the meaning of ‘diaspora’, regarding the widespread use of the term in Social Sciences.
Submission guidelines
For consideration, please send a 250 word proposal with title, in English, French, Spanish or German, along with contact information to Natalia Muchnik (natalia.muchnik@ehess.fr) or Mathilde Monge (mathilde.monge@univ-tlse2.fr)
by February 1st, 2016.
The papers will be published in French or English (for native speakers only).
Publication of the papers will be prepared by a work session in Toulouse in June 2016.
Scientific coordinators
- Mathilde Monge (Université de Toulouse 2-Jean Jaurès/FRAMESPA) mathilde.monge@univ-tlse2.fr
- Natalia Muchnik (EHESS/CRH) natalia.muchnik@ehess.fr
Subjects
Places
- Maison de la Recherche - 5 allées Antonio Machado
Toulouse, France (31)
Date(s)
- lundi, février 01, 2016
Attached files
Keywords
- diaspora, circulation, migration, cycle diasporique, temporalité
Contact(s)
- Mathilde Monge
courriel : mmonge [at] univ-tlse2 [dot] fr - Natalia Muchnik
courriel : natalia [dot] muchnik [at] ehess [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Isabelle Lacoue-Labarthe
courriel : isabelle [dot] lacoue-labarthe [at] sciencespo-toulouse [dot] fr
To cite this announcement
« Circulations, migrations, history », Call for papers, Calenda, Published on mardi, septembre 22, 2015, https://calenda-formation.labocleo.org/339514