Página inicialDéfinir l’hétérodoxie dans le protestantisme, entre Églises et États (XVIe-XVIIIe siècle)

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Définir l’hétérodoxie dans le protestantisme, entre Églises et États (XVIe-XVIIIe siècle)

Defining heterodoxy in Protestantism: between Churches and States (16th-18th centuries)

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Publicado vendredi, 04 de novembre de 2016

Resumo

Alors qu’en régime monoconfessionnel l’État peut sanctionner ce qui est considéré comme hétérodoxe par une Église – mais il faudrait vérifier qu’il le fait réellement, car les conflits ne sont pas à exclure – il ne peut plus le faire dès lors que plusieurs confessions sont autorisées. L’imposition d’une orthodoxie échappe alors à l’État, au moins en théorie. C’est à chaque Église de sanctionner ses dissidents, mais sans pouvoir recourir à des peines temporelles. Le lien entre Église et État dans l’imposition de normes est donc à redéfinir selon les États et en fonction d’une chronologie évolutive. L’objet de ce colloque est de poser la double question de l’autorité religieuse et du lien entre Église et État, dans les différents pays européens. Il s’agira de nous demander qui peut définir l’orthodoxie ou l’hétérodoxie, avec quels critères et dans quelle mesure ces décisions sont suivies, ou non, par les États.

While the State could punish what had been defined as heterodox by the Church in a mono-confessional system –even if conflicts might still arise- it could not do so when several confessions were allowed, at least theoretically. Each Church then had to punish its own dissenters without assistance from / resorting to temporal power. The link between Churches and States in imposing religious normalization must be analysed on a case-by-case basis, according to each state and chronology. This conference’s purpose is to question both religious authority and the link between Church and State in several European countries. We will also deal with the definitions of orthodoxy and heterodoxy, the criteria used in that matter, as well as the application of Churches’ recommendations by States.

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Lyon, les 30 juin - 1er juillet 2017 

Argumentaire

La Réformation est née d’une protestation contre des pratiques, les indulgences, qui semblaient révéler que l’Église s’était éloignée de l’Évangile. Il fallait par conséquent revenir à l’enseignement du Christ. Très rapidement, pourtant, les réformateurs se sont divisés sur la cène, la prédestination, l’inspiration des Écritures, etc. L’élaboration de confessions de foi, leur imposition aux populations, l’enseignement fourni par les pasteurs et prodigué dans les écoles et les collèges ont permis la formation de nouvelles orthodoxies. Depuis les années 1980, la recherche a insisté sur le rôle conjoint des Églises et des États dans ce processus, dans le cadre de la confessionnalisation.

Ce concept a pourtant été largement nuancé et critiqué. Il pose notamment problème dans les États dont le prince admet plusieurs religions. On songe bien entendu à la France de l’édit de Nantes, mais le cas se pose aussi pour d’autres États, comme les Provinces-Unies ou l’Angleterre d’après l’édit de tolérance, qui acceptent l’existence de plusieurs Églises qui ont chacune leur orthodoxie. Alors qu’en régime monoconfessionnel l’État peut sanctionner ce qui est considéré comme hétérodoxe par une Église – mais il faudrait vérifier qu’il le fait réellement, car les conflits ne sont pas à exclure – il ne peut plus le faire dès lors que plusieurs confessions sont autorisées. L’imposition d’une orthodoxie échappe alors à l’État, au moins en théorie. C’est à chaque Église de sanctionner ses dissidents, mais sans pouvoir recourir à des peines temporelles. Le lien entre Église et État dans l’imposition de normes est donc à redéfinir selon les États et en fonction d’une chronologie évolutive.

L’enjeu est d’autant plus complexe qu’émergent de nouvelles instances de savoirs, qui se posent en rivales voire en opposantes aux facultés de théologie dans la production d’un discours de vérité sur le monde. C’est le cas avec le développement d’un savoir médical qui entend s’ériger en juge des miracles ou des possessions, avec le cartésianisme ou les philosophies mécanistes qui semblent réduire l’intervention divine dans l’univers, avec les nouvelles théories astronomiques qui remettent en question la vision chrétienne de l’univers, etc. Alors que les théologiens désignent ces nouvelles idées comme hétérodoxes, les États vont-ils jusqu’à les suivre dans ces condamnations ? Un État luthérien, par exemple, peut-il ne pas condamner ce que les facultés de théologie luthériennes condamnent ? De son côté, l’État peut se sentir menacé par des phénomènes tels que l’athéisme, l’enthousiasme religieux ou divers mouvements en marge des Églises. Les considère-t-il comme hétérodoxes ou comme des menaces pour l’ordre public ?

La question est aussi interne aux Églises. Le fonctionnement centralisé et les organismes chargés de définir le dogme qui structurent l’Église romaine permettent d’établir une définition relativement stricte de ce qui constitue l’orthodoxie, et par conséquent de ce qui doit être qualifié d’hétérodoxe. Mais ce n’est pas le cas dans les Églises protestantes, divisées entre elles et parfois même à l’intérieur d’une même confession ; on peut songer aux conflits entre philippistes et gnésio-luthériens dans le Saint-Empire. Qui a alors la légitimité de dire l’orthodoxie ? Dans certains cas, les instances chargées de le faire ne se réunissent plus : c’est le cas des synodes nationaux en France après 1659. Dès lors, qui a la légitimité de déterminer qu’une pensée ou des actes sont hétérodoxes ? Les théologiens ne s’en privent pourtant pas ; il n’est que de rappeler les anathèmes de Jurieu et leurs conséquences sur bien des pasteurs et philosophes à la fin du xviie et au début du siècle suivant.

En d’autres termes, l’objet de ce colloque est de poser la double question de l’autorité religieuse et du lien entre Église et État, dans les différents pays européens. Il s’agira de nous demander qui peut définir l’orthodoxie ou l’hétérodoxie, avec quels critères et dans quelle mesure ces décisions sont suivies, ou non, par les États.

Modalités pratiques d'envoi des propositions

Les projets de communication doivent être envoyés sous forme de résumés de 5 à 10 lignes, en français ou en anglais,

avant le 31 décembre 2016,

à : yves.krumenacker@univ-lyon3.fr, noemie.recous@univ-lyon3.fr

Ils seront examinés par le comité scientifique et une réponse sera donnée début 2017.

Composition du Comité scientifique

  • Hubert Bost (EPHE),
  • Willem Frijhoff (Rotterdam),
  • Charles Giry-Deloison (Arras),
  • Mark Greengrass (Sheffield),
  • Yves Krumenacker (Lyon 3),
  • Susanne Lachenicht (Bayreuth),
  • Raymond Mentzer (Iowa University),
  • Cristina Pitassi (Genève),
  • Noémie Recous (Lyon 3),
  • Joke Spaans (Utrecht)
Lyon, les 30 juin - 1er juillet 2017 

Argument

The Reformation was born from a protest against the practice of indulgences, which was seen as evidence that the Church had drifted away from the Scriptures. It was then necessary to get back to Christ’s teaching. However reformers soon got divided about the Supper, predestination, inspiration in the Scriptures, etc. New orthodoxies emerged from the development of confessions of faith and their transmission to the populations, and from the ministers’ teaching delivered in schools and colleges. The concurrent roles of both Churches and States in that process have been emphasized by historians since the 1980s, through the concept of confessionalization.       

This concept has since been questionned and criticized. It does not appear to be working for the States in which several religions were being tolerated.  France under the Edict of Nantes was one of them, along with the Dutch Republic and England after the Toleration Act of 1689. While the State could punish what had been defined as heterodox by the Church in a mono-confessional system –even if conflicts might still arise- it could not do so when several confessions were allowed, at least theoretically. Each Church then had to punish its own dissenters without assistance from / resorting to temporal power. The link between Churches and States in imposing religious normalization must be analysed on a case-by-case basis, according to each state and chronology.

The rise of new authorities of knowledge, pretending to produce new discourses of truth on the world and presenting themselves as rivals or opponents to theology universities, makes the problem even more complex. The new medical knowledge intended to stand as judge of miracles and possessions. Cartesian and mechanical philosophies tended to reduce the place of God in the world and the new astronomical theories transformed the Christian representation of the Universe. These new ideas were condemned as heterodox by most theologians. However, did States follow them in condemning these ideas? For instance, was a Lutheran State allowed not to punish what had been claimed heterodox by Lutheran universities of theology? If States could identify atheism and religious enthusiasm as threats, did they condemn them on the grounds of heterodoxy or for being threats to the public order?

The problem of defining heterodoxy could also rise within the Churches. Since the Catholic Church was centralised and had bodies in charge of the dogma definition, it could provide a clear definition of what orthodoxy was, and consequently what had to be considered heterodox. However, the Protestant Churches did not have the same organisation and could even be divided within a same confession. The conflicts between Philippists and Gnesio-Lutherans in the Holy Roman Empire are one example of that case. Who then had the legitimate authority to define orthodoxy? In some cases, the bodies intrusted with that mission would no longer meet. In France, national synods stopped meeting after 1659. Based on this situation, who could legitimately claim that some thoughts or acts were heterodox? Some theologians didn’t mind considering themselves as able to decide – Jurieu’s anathema and the consequences on some ministers and philosophers are but one example of this attitude at the end of the 17th century and the beginning of the 18th.

In other words, this conference’s purpose is to question both religious authority and the link between Church and State in several European countries. We will also deal with the definitions of orthodoxy and heterodoxy, the criteria used in that matter, as well as the application of Churches’ recommendations by States.

Scientific Committee

  • Hubert Bost (EPHE),
  • Willem Frijhoff (Rotterdam),
  • Charles Giry-Deloison (Arras),
  • Mark Greengrass (Sheffield),
  • Yves Krumenacker (Lyon 3),
  • Susanne Lachenicht (Bayreuth),
  • Raymond Mentzer (Iowa University),
  • Cristina Pitassi (Genève),
  • Noémie Recous (Lyon 3),
  • Joke Spaans (Utrecht)

Locais

  • Université Lyon 3
    Lyon, França (69)

Datas

  • samedi, 31 de décembre de 2016

Palavras-chave

  • hétérodoxie, orthodoxie, Église, État

Contactos

  • Yves Krumenacker
    courriel : yves [dot] krumenacker [at] univ-lyon3 [dot] fr
  • Noémie Recous
    courriel : noemie [dot] recous [at] univ-lyon3 [dot] fr

Fonte da informação

  • Yves Krumenacker
    courriel : yves [dot] krumenacker [at] univ-lyon3 [dot] fr

Para citar este anúncio

« Définir l’hétérodoxie dans le protestantisme, entre Églises et États (XVIe-XVIIIe siècle) », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado vendredi, 04 de novembre de 2016, https://calenda-formation.labocleo.org/379994

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