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L'Afrique des savants européens (XVIIe-XXe siècle)
The Africa of European scholars (17th-20th centuries)
Publicado el jeudi 22 de juin de 2017
Resumen
C’est une Afrique à la croisée de la théorie et de la pratique scientifique occidentale que est proposée comme objet d’étude du 5 au 7 février 2018 à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dépendante d’une périodisation structurée à la fois par des mutations scientifiques et l’évolution des contextes historiques, l’Afrique des savants européens n’est pas une mais multiple. Les contextes politiques et idéologiques influent sur les motivations et les résultats de la recherche scientifique.
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Appel à communication pour un colloque prévu des 5 au 7 février 2018 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal)
Argumentaire
La production du savoir sur l’Afrique ne fut pas laissée à la seule initiative des marchands, des missionnaires, des militaires ou des compilateurs de récits de voyage. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’Afrique et les Africains furent au cœur des préoccupations savantes aux 17e et 18e siècles. Les savants des grandes Académies européennes construisaient également leur Afrique. Certes, cette Afrique ne rompait pas avec les préjugés communs de l’époque sur les Africains, mais elle a su se doter d’une existence propre, soutenue par les exigences épistémologiques de leurs disciplines. Ainsi, de la Dissertation physique à l’occasion du nègre blanc (1744) de Maupertuis aux théories de Buffon sur la couleur des Noirs (A. Curran), l’Afrique et les Africains inspirèrent toutes sortes d’échafaudages intellectuels animés par une certaine « volonté de vérité. » (Foucault)
Néanmoins, si l’attention était essentiellement retenue par cette couleur de peau dont on cherchait à expliquer scientifiquement la nature, les préoccupations ne tardèrent pas à se déplacer. Ce qui n’était naguère qu’une Afrique imaginée et théorisée allait peu à peu laisser place à une Afrique de l’exploration et de l’investigation scientifique sur place, en contact direct avec le milieu africain. Aux premières données rapportées par les « chirurgiens » – les mieux qualifiés, parmi le personnel navigant des Compagnies de commerce, pour un travail d’une telle érudition – s’ajouteront des mémoires circonstanciés de voyageurs savants formés aux méthodes d’observation scientifique.
Dans son acception la plus simple, l’Afrique des savants renvoie à une tradition d’écriture qui prétend rompre avec une Afrique imaginaire pour proposer une Afrique « concrète ». S’insérant dans le cadre européen d’une « reconversion de l’esprit scientifique » (Gusdorf, Foucault), elle tend à se construire sur l’expérience africaine de voyageurs savants et à accorder une place de plus en plus importante au quotidien des sociétés africaines. Rien de ce qui touchait la faune, la flore mais aussi les peuples, leurs langues, leurs coutumes, leurs croyances et rites religieux ne fut négligé par ces « défricheurs d’inconnu » (A. Bailly).
C’est cette Afrique à la croisée de la théorie et de la pratique scientifique occidentale que nous proposons comme objet d’étude. Dépendante d’une périodisation structurée à la fois par des mutations scientifiques et l’évolution des contextes historiques, l’Afrique des savants européens n’est pas une mais multiple. De Michel Adanson (1727-1806), considéré dans le milieu français comme le premier scientifique de formation à avoir effectué un voyage en Afrique et à s’être intéressé à tous les domaines du savoir, à Théodore Monod (1902-2000), le dernier des naturalistes voyageurs, les contextes politiques et idéologiques influent sur les motivations et les résultats de la recherche scientifique.
Bien qu’étant à l’initiative du GRREA 17/18, groupe de recherche attaché à l’étude des représentations européennes de l’Afrique aux 17e et 18e siècles, cette réflexion sous le signe de l’interdisciplinarité sera ouverte aux chercheurs en sciences et en sciences humaines spécialistes des deux siècles suivants (19e et 20e siècles). Les aires géographiques étudiées couvriront spécialement les champs francophones, anglophones et lusophones.
Les propositions de communication pourront s’insérer dans l’un des quatre axes d’étude suivants :
I- La formation des savants européens
- Quelles sont les catégories de savants qui se sont partagées le champ de la construction du savoir sur l’Afrique ?
- Quelles étaient leurs principales motivations ?
II- Les canaux d’information des savants
- L’information de première main : les lettres et notes de terrain du voyageur savant.
- L’information de seconde main : les récits de voyage imprimés ou informels (comptes rendus, cours, communications manuscrites)
- L’information de troisième main : les collections de récits de voyage.
III- Les canaux de diffusion du savoir savant
- Les Académies des Sciences en Europe.
- Les journaux savants.
- Les musées (Les muséums d’histoire naturelle et les cabinets de curiosités).
- Les freins à la diffusion du savoir.
- Science et colonisation.
IV- Quelles connaissances sur l’Afrique peut-on aujourd’hui tirer de cette littérature savante ancienne ?
- En matière d’histoire naturelle (faune, flore…)
- … d’histoire culturelle (langues, mœurs…)
- … d’histoire des religions (pratiques religieuses et cultuelles, polythéistes et monothéistes)
- … d’histoire politique et économique (l’évolution et la dissolution des grands Empires, les guerres de succession, les guerres et coopérations économiques)
Modalités de soumission
Les propositions de communication (en français ou en anglais), d’une longueur de 500 mots au plus, suivies d’un court Curriculum Vitae, seront à adresser
au plus tard le 30 août 2017
à David Diop diop.david@wanadoo.fr et à Ousmane Seydi ousmane.seydi@unibas.ch
Comité scientifique
- Sylviane Albertan-Coppola (Université d’Amiens, France),
- Mamadou Ba (Université Cheikh Anta Diop, Sénégal),
- Alia Baccar (Académie Beït El Hekma, Tunisie),
- Isabelle Charlatte Fels (Université de Bâle, Suisse),
- Andrew Curran (Wesleyan University, Etats-Unis),
- Hélène Cussac (Université de Toulouse, France),
- Catherine Gallouët (Hobart and Willliam Smith Colleges, États-Unis),
- Patrick Graille (Wesleyan University, Paris, France)
- Françoise Le Borgne (Université de Clermont-Auvergne, France),
- Nicolas Malais (Libraire de livres anciens, Paris),
- Jean Moomou (Université des Antilles, France),
- Claudia Opitz-Belakhal (Université de Bâle, Suisse),
- Ibrahima Thioub (Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal)
- Izabella Zatorska (Université de Varsovie, Pologne),
- Roberto Zaugg (Université de Lausanne, Suisse).
Une journée de travail préparatoire au colloque de Dakar, rassemblant les membres du comité scientifique, est prévue le 7 novembre 2017 à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.
Call for papers for a conference scheduled for 5-7 February 2018 at Cheikh Anta Diop University, Dakar (Senegal)
Argument
The production of knowledge about Africa was not left to the sole initiative of merchants, missionaries, soldiers, or editors of travel narratives. Contrary to what one might think, Africa and Africans were at the heart of scholarly concerns in the 17th and 18th centuries. The scholars of the great European Academies were also constructing their own Africa. Although this Africa did not represent a split from the common contemporary prejudices of the time on Africans, it could fashion its own existence, borne out of the epistemological demands of scholarly disciplines. Thus, from the Maupertuis's Dissertation physique à l’occasion du nègre blanc (1744) to Buffon's theories on the color of Blacks (A. Curran), Africa and the Africans inspired all sorts of intellectual constructs animated by a certain « will to truth » (Foucault).
Nevertheless, although the issue of skin color was the main focus of attention (the nature of which to be scientifically explained), preoccupations about Africa began to shift. The imagined and theorized Africa of the past would gradually be replaced by an Africa drawn from exploration and in situ scientific investigation, in direct contact with the African environment. Detailed memories of learned travelers trained in the methods of scientific observation were added to the preliminary data reported by the “surgeons”- who were the best qualified, among those travelling with the commercial Companies, for such work of erudition.
In its simplest sense, the Africa of scholars refers to a tradition of writing that claims to break with an imaginary Africa to propose a “concrete” Africa. Within the framework of a “reorientation of the scientific esprit” (Gusdorf, Foucault), it tends to build upon the African experience of scholarly travelers, and it confers an increasing importance to African societies. No part of the fauna, the flora, nothing relating to the peoples, their languages, their customs, their religious beliefs and rites, was neglected by these “explorers of the unknown” (A. Bailly).
This Africa at the crossroads of western scientific theory and practice is the proposed object of our study. Depending on a periodization structured both by scientific mutations and the evolution of historical contexts, the Africa of European scholars is not one but many. Be they Michel Adanson (1727-1806), considered in the French milieu as the first scientist of formation to have traveled in Africa and to be interested in all fields of knowledge, or Theodore Monod (1902-2000), considered by the French as the first educated naturalist, motivations and the results of scientific research continue to be influenced by political and ideological contexts.
Although initiated by GRREA 17/18, a research group dedicated to the study of European representations of Africa in the 17th and 18th centuries, this interdisciplinary reflection will be open to researchers in the sciences and in the humanities specialized in the subsequent two centuries (19th and 20th centuries). The geographical areas studied will cover the Francophone, Anglophone and Lusophone fields.
Paper proposals may include one of the following four areas of study:
I- Training of European scientists
- What kind of scholars contributed to the construction of knowledge on Africa?
- What were their main motivations?
II- Information channels of scholars
- First hand information: letters and field notes of the scholarly traveler.
- Second-hand information: printed or informal travel accounts (reports, lectures, and handwritten communications)
- Third-hand information: collections of travel stories.
III- Channels of diffusion of learned knowledge
- Academies of Sciences in Europe.
- Scholarly journals.
- Museums (Natural history museums and cabinets of curiosities).
- Obstacles to the diffusion of knowledge.
- Science and colonization.
IV. What knowledge of Africa can we learn from this past scholarly literature?
- In natural history (fauna, flora...)
- Cultural history (languages, manners...)
- History of religions (religious and cultural practices, polytheisms and monotheisms)
- Political and economic history (evolution and dissolution of great empires, wars of succession, wars and economic co-operation)
Submission guidelines
Paper proposals (in English or French), of a length not exceeding 500 words, and followed by a short Curriculum Vitae, are to be sent
before August 30, 2017,
to David Diop diop.david@wanadoo.fr and Ousmane Seydi oumane.seydi@unibas.ch
Scientific Committee
- Sylviane Albertan-Coppola (Université d’Amiens, France),
- Mamadou Ba (Université Cheikh Anta Diop, Sénégal),
- Alia Baccar (Académie Beït El Hekma, Tunisie),
- Isabelle Charlatte Fels (Université de Bâle, Suisse),
- Andrew Curran (Wesleyan University, Etats-Unis),
- Hélène Cussac (Université de Toulouse, France),
- Catherine Gallouët (Hobart and Willliam Smith Colleges, États-Unis),
- Patrick Graille (Wesleyan University, Paris, France)
- Françoise Le Borgne (Université de Clermont-Auvergne, France),
- Nicolas Malais (Libraire de livres anciens, Paris),
- Jean Moomou (Université des Antilles, France),
- Claudia Opitz-Belakhal (Université de Bâle, Suisse),
- Ibrahima Thioub (Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal)
- Izabella Zatorska (Université de Varsovie, Pologne),
- Roberto Zaugg (Université de Lausanne, Suisse).
A day of preliminary work to the conference in Dakar gathering the members of the scientific committee is planned for November 7, 2017, at the Université de Pau et des Pays de l’Adour.
Categorías
- África (Categoría principal)
- Sociedad > Estudios de las ciencias > Historia de las ciencias
Lugares
- Dakar, Senegal
Fecha(s)
- mercredi 30 de août de 2017
Palabras claves
- Afrique, Europe, académie, science, histoire, littérature, représentation
Contactos
- David Diop
courriel : diop [dot] david [at] wanadoo [dot] fr - Ousmane Seydi
courriel : oumane [dot] seydi [at] unibas [dot] ch
URLs de referencia
Fuente de la información
- David Diop
courriel : diop [dot] david [at] wanadoo [dot] fr
Para citar este anuncio
« L'Afrique des savants européens (XVIIe-XXe siècle) », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el jeudi 22 de juin de 2017, https://calenda-formation.labocleo.org/409625