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Rationalisations : nouvelles lectures, nouveaux usages

Rationalisations: new readings, new uses

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Publicado el lundi 14 de janvier de 2019

Resumen

Cet appel à contributions est lancé par la revue L’Année sociologique en vue d'un numéro intitulé : « Rationalisations : nouvelles lectures, nouveaux usages », à paraitre au printemps 2021.  L’objectif de cette proposition de numéro est précisément d’inciter les chercheur·e·s à proposer des projets d’articles rendant compte de recherches empiriques où les rationalisations ont joué un rôle décisif dans la construction et l’analyse de l’objet.

The aim of this issue of L'Année sociologique is to revive the concept of rationalization, central to Max Weber's work and reputation, in two ways: first, by going back to its multiple meanings and the complex mechanisms described in M. Weber's work; and second, by exploring the concept’s operationalization in empirical contributions. This project thus seeks to bring together empirical contributions that make use of the concept of rationalization and that showcase its fertility and relevance. Far from seeking a convergence of the multiple meanings of this concept, we would like to highlight how it enables to typify and interpret a very diverse set of political and social phenomena. In the same way the existing literature uses this concept in very different ways, we are looking for the greatest possible diversity among contributors: our goal is to represent the various subfields where this notion is mobilized. Finally, we view this issue as an opportunity for young researchers to interact with more experienced colleagues.

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Argumentaire

Le concept de rationalisation a occupé, dans l’œuvre de Max Weber et dans sa renommée, une place centrale. Il constitue un modèle de développement historique marqué par la prédominance de l’action rationnelle par rapport aux moyens et orienté par des normes et régulations toujours plus formalisées et abstraites. Weber en a examiné les forces motrices et les manifestations empiriques dans une multitude de domaines (religion, droit, économie, administration, éthique, sexualité, musique, etc.) et à travers de nombreux objets concrets : la construction des images du monde, le développement de comportements économiques, la constitution d’ensembles juridiques, la systématisation des connaissances scientifiques ou encore l’extension du pouvoir des bureaucraties. Si le concept a pu être utilisé et discuté à un niveau très macrosociologique pour débattre des évolutions sociales contemporaines, par exemple dans le cadre de l’École de Francfort (notamment dans les œuvres d’Adorno, Marcuse et Habermas) ou de la thèse très discutée de la McDonaldisation de la société (Ritzer, 2014), ses usages scientifiques semblent avoir décliné, sans doute à cause de la signification trop simplificatrice et téléologique qu’il a fini par acquérir. On parle aujourd’hui plus volontiers de la néo-libéralisation du monde, de sa financiarisation ou de sa digitalisation que de sa rationalisation.

Précisément, l’objectif de ce numéro de L’Année sociologique est d’interroger à nouveaux frais le caractère heuristique de ce concept à partir d’une double posture : revenir aux significations multiples et aux mécanismes complexes auxquels il renvoie dans la sociologie de M. Weber ; privilégier l’opérationnalisation du concept et ses usages dans des contributions empiriques. Le projet de numéro vise ainsi à rassembler des articles fondés sur des investigations de nature empirique qui font usage du concept de rationalisation et qui en montrent la fécondité et l’actualité. Loin de chercher à faire converger ce concept vers une seule et même définition, nous voudrions au contraire mettre en lumière comment il permet de catégoriser et interpréter des phénomènes politiques et sociaux très divers. À l’instar de la littérature existante, nous cherchons la plus grande diversité possible parmi les contributeurs et contributrices, en essayant de représenter les divers sous-champs où cette notion est mobilisée et en permettant à de jeunes chercheur·e·s de dialoguer avec des collègues plus confirmé·e·s.

Activer les différentes dimensions du concept de rationalisation

Le point de départ du projet de ce numéro est un paradoxe. On sait que Max Weber a pris soin de souligner la pluralité des significations associées à la notion de rationalisation (Weber, 1978, p. 30). Et pourtant, l’usage a fini par le restreindre à un processus univoque qui convoque l’habitacle d’acier dans toutes les sphères de l’action sociale. Une des raisons possibles de cette évolution est peut-être imputable à M. Weber lui-même dont un commentateur éminent a pu noter qu’il utilisait les notions de rationalisation et de rationalisme de manière inflationniste (Schluchter, 1992, p. 100). Suivant les textes du sociologue allemand (Sociologie du droit, Sociologie des religions) ainsi que plusieurs de ses commentateurs (Beetham, 1974 ; Brubaker, 1984 ; Kalberg, 2002 ; Lallement, 2013 ; Schluchter, 1985 ; Sutton, 2001), on peut considérer que la rationalisation revêt au moins cinq dimensions distinctes mais complémentaires.

  • La dimension instrumentale est marquée par la prédominance de l’action rationnelle par rapport aux moyens, c’est-à-dire par la progression de la rationalité formelle ou instrumentale, soit une prégnance des calculs moyens-fins. La rationalisation est conditionnée ici par la définition explicite des buts et par l’accentuation de formes de calcul précises destinées à mobiliser les moyens les plus efficients pour atteindre ces objectifs (Beetham, 1974, p. 68).
  • La dimension cognitive traduit l’emprise de l’exercice de la raison dans les activités sociales, de plus en plus gouvernées par des règles explicites et l’application de connaissances, de savoirs et de concepts spécialisés, organisés et agencés dans une théorie cohérente.
  • La dimension formelle correspond à la prégnance de raisonnements abstraits et « d’interprétations abstraites des significations » qui s’opposent à des raisonnements centrés uniquement sur des faits et des détails concrets. La rationalisation va de pair avec la force de l’abstraction (dans le droit), de la formalité (en économie) et de l’impersonnalité (dans l’État avec les bureaucraties). Le mode de domination rationnelle-légale est évidemment partie prenante de ce mouvement, et la forme d’administration bureaucratique (Duran, 2009) en est le vecteur.
  • La dimension culturelle renvoie à « la séparation de plus en plus nette des espaces d’actions sociales » (Lallement, 2013, p. 34) où chaque espace, en se dotant de valeurs qui lui sont propres, renforce sa spécialisation et son autonomie. La rationalisation va de pair avec un processus de différenciation des sphères (Schluchter, 1985, p. 70-75) c’est-à-dire de création de sphères autonomes.
  • La dimension disciplinaire aborde la thématique du contrôle (Brubaker, 1984, p. 33-35 ; Marcuse, 1971). La rationalisation technique croissante – qui se traduit par le développement de moyens plus efficaces d’atteindre les buts – entraîne l’accroissement de l’étendue du contrôle effectif sur les objets matériels, les individus et sur soi-même.

Faire jouer la tension entre rationalisation formelle et rationalisation matérielle

Redécouvrir les nuances des réalités empiriques auxquelles renvoie la rationalisation passe aussi par le constat que les processus de rationalisation sont, pour Weber, l’objet d’une « tension majeure » selon l’expression de M. Lallement (2013) entre rationalisation formelle et rationalisation matérielle. La rationalisation formelle correspond au « développement de la loi interne d’un phénomène » (Weber, cité par Steiner, 1998, p. 25) en ce sens que la rationalisation (par exemple du droit) le conduit vers plus de cohérence et d’abstraction, selon une logique propre, et relève d’une dynamique endogène, souvent portée en interne par les détenteurs de l’expertise et des théorisations du domaine (le droit, la musique, l’économie, etc.). La rationalisation formelle désigne ainsi un processus de systématisation d’un ensemble de règles et de concepts juridiques abstraits en vertu d’une logique interne (Coutu, 2018). La dimension formelle prend tout son sens lorsqu’on l’oppose à la rationalisation matérielle qui se réfère, au contraire, à la prise en compte d’intérêts et de valeurs extérieurs à l’espace d’action sociale considéré (la loi, l’économie, la politique) afin de satisfaire les demandes des groupes affectés par lui mais qui n’en font pas partie.

On voit ici en effet le décalage avec les lectures usuelles de la rationalisation wébérienne. La démarche consiste moins à considérer le déploiement d’une rationalité instrumentale aux effets souvent délétères qu’à prendre au sérieux l’existence d’une tension immanente aux deux processus de rationalisation dont il faut prendre acte qu’ils se développent ensemble et concurremment, imprimant leurs effets qui vont « tantôt dans le sens d’une plus grande intégration formelle des raisonnements, tantôt dans le sens d’une plus grande adaptation aux situations pratiques » (Benamouzig, 2005, p. 13). Pour Weber, par exemple, dans l’économie capitaliste, quand elle est à son acmé, la rationalité formelle radicalise les formes capitalistes en donnant tout pouvoir aux propriétaires (centralisation accentuée de la propriété privée) et en renforçant à l’extrême leur contrôle des moyens de production (pouvoir discrétionnaire des propriétaires d’embaucher et licencier les travailleurs, sans contrainte). Comme le formule R. Brubaker (1984, p. 38), plus la rationalité formelle d’un système économique est grande, plus ce système est vulnérable aux critiques pointant son irrationalité substantive. Un des intérêts de la distinction formelle/matérielle est ainsi de nous aider à identifier des dynamiques distinctes de rationalisation et de pouvoir appréhender empiriquement la transformation d’espaces d’actions multiples.

Une grande variété de champs et d’objets possibles

La variété des champs où ce doublet peut être appliqué, la diversité des phénomènes auxquels il renvoie et la dialectique formel/matériel témoignent de la richesse des usages du concept de rationalisation. Un tel concept paraît d’autant plus intéressant à mobiliser aujourd’hui que les transformations du capitalisme et du travail, les mutations des États avec l’essor des technologies néo-managériales ou les formes renouvelées d’expertise, les mutations du droit et de la régulation économique, ou la transformation des organisations font le lit de formes multiples et originales de rationalisation des conduites, des normes et des représentations. Mais pour rendre ce concept pleinement heuristique il convient d’en soigner les modalités d’opérationnalisation et d’en travailler les usages dans le champ scientifique. Les diagnostics actuels sont souvent tentés par le simplisme qui consiste à associer le changement social à une tendance dominante (la financiarisation, le néo-libéralisme, la dérégulation, l’essor du numérique...). Prendre au sérieux la pluralité des formes de rationalisation et mettre en évidence les tensions qui les opposent est une façon différente de s’approprier et d’actualiser l’héritage wébérien.

L’objectif de cette proposition de numéro est précisément d’inciter les chercheur·e·s à proposer des projets d’articles rendant compte de recherches empiriques où les rationalisations ont joué un rôle décisif dans la construction et l’analyse de l’objet. Depuis une vingtaine d’années, quelques travaux en sciences sociales ont mobilisé la thèse de la tension entre rationalisation formelle et matérielle pour éclairer des objets relativement restreints et en l’associant, le plus souvent, à une démarche d’enquête empirique (Bezes, 2014 ; Bidet, 2010 ; Billows, 2017 ; Steiner, 1998 ; Stryker and Pedriana, 2017 ; Le Velly, 2006). Preuve du caractère ouvert et stimulant de ces concepts, ces recherches ont essaimé dans des sous-champs très divers (sociologie économique, sociologie du travail et des professions, sociologie de l’action publique, sociologie du droit…). Quelles que soient l’ambition et la portée des travaux mobilisant le concept de rationalisation, force est de constater que ceux-ci restent finalement peu nombreux et ne dialoguent pas entre eux. Ainsi, le but de ce numéro thématique est de bâtir un point d’ancrage et de comparaison pour celles et ceux dont les recherches, en cours ou passées, font usage des intuitions wébériennes sur les processus de rationalisation. Nos attentes portent sur des recherches qui jouent de la tension entre rationalisation formelle et matérielle, et valorisent, le cas échéant, des modèles historiques pour comprendre des transformations – qui s’étalent sur des décennies –, voire plusieurs siècles, mais aussi qui s’efforcent de mobiliser, séparément ou conjointement, les dimensions instrumentale, cognitive, formelle, culturelle et disciplinaire de la rationalisation.

Soumission des articles et calendrier

Les propositions de contribution, en français ou en anglais, présenteront le questionnement théorique, l’usage qui sera fait des rationalisations wébériennes et le cas empirique étudié. Ces propositions, dont la taille ne devra pas excéder 5000 signes (hors bibliographie), devront être envoyées par courriel

avant le 1er avril 2019

à l’ensemble des coordinateurs ainsi qu’à Delphine Renard, qui assure le secrétariat de rédaction de L’Année sociologique (delphine.renard@sorbonne-universite.fr).

Celles et ceux dont les propositions auront été retenues par les coordinateurs (réponses envoyées début mai 2019) devront soumettre leur article avant le 1er février 2020. La longueur ne devra pas dépasser 65 000 signes (espaces, bibliographie et figures compris). Chaque article sera ensuite évalué, de manière anonyme, par le comité de rédaction de L’Année sociologique.

Nous invitons les auteurs intéressés à consulter les règles de soumission sur la page de L’Année sociologique (site des PUF : http://www.puf.com/L’Année_sociologique). La publication du numéro est prévue pour le printemps 2021.

Correspondance et coordination scientifique

  • Philippe Bezes, philippe.bezes@sciencespo.fr ;
  • Sebastian Billows, bi@mpifg.de ;
  • Patrice Duran, patrice.duran@ens-paris-saclay.fr ;
  • Michel Lallement, michel.lallement@lecnam.net

Bibliographie

BEETHAM D., 1974, Max Weber and the Theory of Modern Politics, London, Allen & Unwin, 287 p.

BENAMOUZIG D., 2005, La santé au miroir de l’économie, Paris, Presses universitaires de France, 479 p.

BEZES P., 2014, Les rationalisations des bureaucraties. Perspectives wébériennes sur la nouvelle gestion publique, mémoire original pour l’obtention de l’habilitation à diriger des recherches, Institut d’études politiques de Paris, 422 p.

BIDET A., 2010, “Dessiner le marché, démultiplier le calcul. Les rationalisations matérielle et formelle dans la téléphonie au tournant des années 1980,” Revue française de socio-économie, 1, 5, p. 165-183.

BILLOWS S., 2017, Le marché et la règle. L’encadrement juridique des relations entre la grande distribution et ses fournisseurs, thèse de doctorat, Institut d’études politiques de Paris, 319 p.

BRUBAKER R., 1984, The Limits of Rationality: An Essay on the Social and Moral Thought of Max Weber, London, Allen & Unwin, 119 p.

COUTU M., 2018, Max Weber’s Interpretative Sociology of Law, Oxford, Routledge, 315 p.

DURAN P., 2009, “Légitimité, droit et action publique,” L’Année sociologique, 59, 2, p. 303-344.

KALBERG S., 2002, La sociologie historique comparative de Max Weber, Paris, La Découverte, 288 p.

LALLEMENT M., 2013, Tensions majeures. Max Weber, l’économie, l’érotisme, Paris, Gallimard, 288 p.

MARCUSE H., 1971, Pour une théorie critique de la société, Paris, Denoël, 220 p.

RITZER G., 2014, The McDonaldization of Society (8th Revise), New York, Sage Publications Inc, 280 p.

SCHLUCHTER W., 1985, The Rise of Western Rationalism: Max Weber’s Developmental History, Berkeley, University of California Press, 182 p.

SCHLUCHTER W., 1992, Rationalism, Religion, and Domination: A Weberian Perspective, Berkeley, University of California Press, 618 p.

STEINER P., 1998, Sociologie de la connaissance économique. Essai sur les rationalisations de la connaissance économique (1750-1850), Paris, Presses universitaires de France, 285 p.

STRYKER R., PEDRIANA N., 2017, “From Judicial Doctrine to Social Transformation? Comparing US Voting Rights, Equal Employment Opportunity and Fair Housing Legislation,” American Journal of Sociology, 123, 1, p. 86-135.

SUTTON J., 2001, Law/Society: Origins, Interactions, and Change, Sage, 320 p.

VELLY R. LE, 2006, “Le commerce équitable : des échanges marchands contre et dans le marché,” Revue française de sociologie, 47, 2, p. 319-340.

WEBER M., 1978, Economy and Society, ROETH G., WITTICH C. (eds.), Berkeley, University of California Press, 1475 p.

Argument

The concept of rationalization has been central to Max Weber's work and reputation. It is a model of historical development marked by the predominance of instrumentally rational action and guided by increasingly formalized and abstract norms and regulations. Weber examined its driving forces and empirical manifestations in a multitude of fields (religion, law, economics, administration, ethics, sexuality, music, etc.) and through many concrete objects: the construction of images of the world, the development of economic behaviour, the constitution of legal systems, the systematization of scientific knowledge or the extension of the power of bureaucracies. Although the concept has been used and discussed at a very macrosociological level to question contemporary social developments, for example in the context of the Frankfurt School (notably in the work of Adorno, Marcuse and Habermas) or the highly debated concept of the McDonaldization of society (Ritzer, 2014), its scientific uses seem to have declined, probably because of the oversimplified and teleological significance it has acquired over time. Today, we are more inclined to talk about the neo-liberalization of the world, its financialization or digitalization than its rationalization.

Precisely, the aim of this issue of L'Année sociologique is to revive this concept in two ways: first, by going back to its multiple meanings and the complex mechanisms described in M. Weber's work; and second, by exploring the concept’s operationalization in empirical contributions. This project thus seeks to bring together empirical contributions that make use of the concept of rationalization and that showcase its fertility and relevance. Far from seeking a convergence of the multiple meanings of this concept, we would like to highlight how it enables to typify and interpret a very diverse set of political and social phenomena. In the same way the existing literature uses this concept in very different ways, we are looking for the greatest possible diversity among contributors: our goal is to represent the various subfields where this notion is mobilized. Finally, we view this issue as an opportunity for young researchers to interact with more experienced colleagues.

Harnessing the different dimensions of the concept of rationalization

The starting point of the project for this issue is a paradox. We know that Max Weber was careful to lay out the multiple meanings associated with the notion of rationalization (Weber, 1978, p. 30). And yet, subsequent scholarship has ended up restricting it to a univocal process affecting all social spheres, namely, the steel-hard casing of efficiency and control. One possible reason for this development may be attributed to Weber himself: a prominent commentator noted that he used the notions of rationalization and rationalism in an inflationary manner (Schluchter, 1992, p. 100). According Weber’s writings (Sociology of Law, Sociology of Religions) and several of his commentators (Beetham, 1974; Brubaker, 1984; Kalberg, 2002; Lallement, 2013; Schluchter, 1985; Sutton, 2001), the concept of rationalization can be considered to have at least five distinct but complementary dimensions.

  • The instrumental dimension is marked by the predominance of means-adjusted rational action, i.e. by the progression of formal or instrumental rationality, which entails a predominance of means-end calculations. Rationalization is based here on the explicit definition of goals and the emphasis on precise forms of calculation meant to mobilize the most efficient means to achieve these objectives (Beetham, 1974, 68).
  • The cognitive dimension refers to the exercise of reason in social activities, increasingly governed by explicit rules and the diffusion of specialized knowledge and concepts, organized and structured in a coherent
  • The formal dimension corresponds to the prevalence of abstract reasoning and "abstract interpretations of meanings," which stands in contrast with reasoning focused only on concrete facts and details. Rationalization goes hand in hand with the power of abstraction (in law), formality (in economics) and impersonality (in the state through its bureaucracies). The rational-legal mode of domination is obviously part of this trend, and the bureaucratic form of administration (Duran, 2009) is its
  • The cultural dimension refers to "the increasingly clear separation of social action areas" (Lallement, 2013, 34) where each area, by promoting its own values, reinforces its specialization and autonomy. Rationalization goes hand in hand with a process of differentiating spheres (Schluchter, 1985, p. 70-75), i.e. the creation of autonomous spheres.
  • The disciplinary dimension addresses the theme of control (Brubaker, 1984, pp. 33-35; Marcuse, 1971). Increasing technical rationalization - which translates into the development of more effective ways of achieving goals - leads to an increase in the extent of effective control over material objects, individuals and

Teasing out the tension between formal and substantive rationalization

Reassessing the nuanced meaning of rationalization applies means that we also should stress what Michell Lallement (2013) called a "major tension" between formal and substantive rationalization. Formal rationalization corresponds to the "development of the internal law of a phenomenon" (Weber, cited by Steiner, 1998, p. 25) in the sense that rationalization (of the law for example) leads it towards greater consistency and abstraction. It is part of an endogenous dynamic, often driven internally by the field’s (law, music, economics, etc.) experts  and theorists. Formal rationalization thus refers to a process by which abstract legal rules and concepts are systematized according to an internal logic (Coutu, 2018). The formal dimension takes on its full meaning when it is contrasted with substantive rationalization, which refers, on the contrary, to the consideration of interests and values of social groups that stand outside the social sphere at hand (law, economics, politics).

Here lies the difference between our project and the usual readings of Weberian rationalization. Our approach consists less in surveying the deleterious effects of the expansion of instrumental rationality than in taking seriously the immanent tension between the two processes of rationalization. They must be viewed as two parallel, yet competing trends, with effects that go "sometimes in the direction of a greater formal integration of reasoning, sometimes in the direction of a greater adaptation to practical situations" (Benamouzig, 2005, p. 13). For Weber, for example, when the capitalist economy is at its peak, formal rationality radicalizes capitalist forms by giving all power to owners (increased centralization of private property) and through an extreme strengthening of their control over the means of production (discretionary power of owners to hire and fire workers, without constraint). As R. Brubaker (1984, p. 38) states, the greater the formal rationality of an economic system, the more vulnerable it is to criticism pointing to its substantive irrationality. One of the advantages of the formal/substantive distinction is thus to help us identify distinct dynamics of rationalization and to be able to account for the transformation of multiple action spheres.

A variety of possible fields and empirical objects

The variety of fields where this conceptual pair can be applied, the diversity of the phenomena it refers to, and the formal/substantial dialectics reflect the empirical fecundity of the concept of rationalization. It is especially interesting to mobilize this concept today to account for the transformations of capitalism and labour, the transformation of states with the rise of neo- managerial devices or renewed forms of expertise, the transformation of law and economic regulation, or the transformation of organizations. Those shifts are the bedrock of multiple and

original forms of rationalization of conduct, norms and representations. But to make this concept fully heuristic, it is necessary to reflect on how to operationalize and integrate it into scientific practice. Current diagnoses often drift towards oversimplification by associating social change with a dominant trend (financialization, neo-liberalism, deregulation, the rise of digital technology, etc.). Taking seriously the plurality of forms of rationalization and highlighting the tensions between them is an alternative way of appropriating and rejuvenating the Weberian heritage.

The purpose of this special issue is to bring together contributions where rationalizations have played a decisive role in the construction and analysis of the empirical case. Over the past twenty years, some social science research has applied the tension between formal and substantive rationalization to relatively small-scale objects and by associating it, most often, with an empirical case-study (Bezes, 2014; Bidet, 2010; Billows, 2017; Steiner, 1998; Stryker and Pedriana, 2017; Le Velly, 2006). A sign of the openness and stimulating nature of these concepts, this research has blossomed in diverse subfields (economic sociology, sociology of work and professions, sociology of public action, sociology of law, etc.). However, no matter the quality of the existing work mobilizing the concept of rationalization, it must be noted that it remains quantitatively rare and has yet to engage in mutual dialogue. Thus, the purpose of this thematic issue is to build a point of anchoring and comparison for those whose research, current or past, makes use of Weberian insights on rationalization processes. We expect contributions that tease out the tension between formal and substantive rationalization, that put forth, when appropriate, temporal models to understand medium- or long-term historical trends. We value contributions that strive to mobilize, separately or jointly, the instrumental, cognitive, formal, cultural and disciplinary dimensions of rationalization.

Submission of manuscript proposals and calendar

Authors must first submit a manuscript proposal (in French or in English). It must present the argument, the empirical case and how the author intends to make use of the Weberian concepts relating to rationalization. These proposals, which must not exceed 5000 characters in size (excluding bibliography), must be sent by e-mail

before 1 April 2019

to all the coordinators of the special issue and to Delphine Renard, who is the editorial assistant for L’Année sociologique (delphine.renard@sorbonne-universite.fr).

Those whose proposals have been selected by the coordinators (responses sent in early May 2019) must submit their papers by 1 February 2020. The length should not exceed 65,000 characters (including spaces, bibliography, and figures). Each article will then be evaluated, anonymously, by the editorial board of L'Année sociologique.

We invite interested authors to read the author guidelines available on L’Année sociologique’s webpage (PUF website: http://www.puf.com/L' Année_sociologique). The issue is expected to be published in Spring 2021.

Scientific coordination

  • Philippe Bezes (CNRS/Sciences Po, CEE), philippe.bezes@sciencespo.fr
  • Sebastian Billows (Max Planck Institute for the Study of Societies), bi@mpifg.de
  • Patrice Duran (Ecole normale supérieure Paris-Saclay, ISP), patrice.duran@ens-paris-saclay.fr
  • Michel Lallement (Cnam, Lise), michel.lallement@lecnam.net

Lugares

  • Sorbonne Université - Maison de la Recherche - 28 rue Serpente
    París, Francia (75006)

Fecha(s)

  • lundi 01 de avril de 2019

Palabras claves

  • Weber, rationalisation, concept, usage, actualité

Contactos

  • Delphine Renard
    courriel : delphine [dot] renard [at] sorbonne-universite [dot] fr

Fuente de la información

  • Delphine Renard
    courriel : delphine [dot] renard [at] sorbonne-universite [dot] fr

Para citar este anuncio

« Rationalisations : nouvelles lectures, nouveaux usages », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el lundi 14 de janvier de 2019, https://calenda-formation.labocleo.org/545038

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