AccueilChallenging Power and Inequality: Gender and Social Justice in the Middle East

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Publié le jeudi 17 octobre 2019

Résumé

Lebanon Support is seeking submissions for the 2021 issue of the Civil Society Review on Challenging Power and Inequality: Gender and Social Justice in the Middle East. This CSR issue is interested in exploring the current landscape of gender and social justice activism both in Lebanon and across the MENA region through the lens of the myriad power dynamics embedded within the fields of “gender” and “gender equality” work and activism. 

Annonce

Argumentaire

Numéro édité par: Gabriella Nassif  

La société civile au Moyen-Orient a continué d’axer ses initiatives et ses projets sur l’égalité des genres et les droits des femmes au cours des dernières années. À bien des égards, cela peut être interprété comme faisant partie d’une longue histoire d’engagements militants et féministes dans la région. Depuis l’émergence des premiers syndicats de femmes au cours du mandat français au Liban et en Syrie (Thompson, 2000) et le rôle des femmes pour obtenir le droit de vote et l’expansion de leurs rôles publics sous le gouvernement nouvellement indépendant (Hatem, 2005), jusqu’aux configurations actuelles de l'activisme en faveur de l’égalité des genres, tout comme la tentative réussie d'abolir les lois qui exonèrent les violeurs s’ils épousent leur victimes en Tunisie, au Liban et en Jordanie et les efforts pour réformer le droit de la famille, l'égalité des genres et les droits des femmes restent au centre de l'activisme dans la région. Ce militantisme s'est développé davantage avec l’émergence du féminisme international à la suite de la Décennie des Nations Unies pour la femme et la création du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM). Grâce à un soutien croissant sous forme de financement international et à des pressions mondiales accentuées sur les États pour qu'ils deviennent signataires des lois et des conventions internationales relatives aux droits de l’homme – notamment de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) – les militants et les organisations à l’échelle régionale ont découvert de puissants nouveaux alliés pour soutenir leurs appels en faveur de l'égalité des genres et des droits des femmes. Le développement des organisations, projets et initiatives dédiés aux droits des femmes et à l’égalité des genres dans la région ne s'effectue cependant pas sans poser de problèmes, de même qu’il ne garantit pas en définitive un environnement plus propice à l’élaboration de politiques et de programmes favorables à l'égalité des genres.  L'afflux de fonds de donateurs a introduit des termes tels que « droits de l'homme » et « démocratie », termes que de nombreux militants et organisations établies dans la région ont perçu comme une « imposition des valeurs occidentales » (Mitri, 2015). La tentative de « sauver » les femmes, pour citer la critique désormais célèbre Lila Abu-Lughod, a conduit à l’ignorance des besoins locaux sous prétexte d’un programme « universaliste » (Mohanty, 2003). Les organisations locales sont aujourd’hui plus que jamais redevables à leurs donateurs, ce qui rend difficile, voire dans certains cas, presque impossible pour ces dernières de rendre compte de leurs activités aux populations qu’elles desservent.   Ce thème de la CSR s'intéresse à étudier le militantisme en faveur de l’égalité de traitement des hommes et des femmes et de la justice sociale au Liban et dans la région MENA, à travers le prisme des multiples dynamiques de pouvoir inhérentes aux efforts et à l'activisme axés sur les questions « de genre » et « d’égalité des genres ». Le présent appel à contributions invite à présenter des publications qui prennent en compte les trois axes suivants:  

1. Négocier avec l'État 

Les stratégies féministes libérales sont axées sur l’institutionnalisation de l’inégalité des genres et des obstacles qui en résultent. Ainsi, leurs stratégies sont principalement axées sur l'État et les autres structures de gouvernance (Al-Ali, 2005; Connell, 1990). Dans ce cadre, l’État peut au mieux devenir un ardent protecteur et défenseur de l’égalité des genres ou, au pire, rester une institution inapprochable et patriarcale (Goetz, 2003). L'accent mis sur l'État en tant que cible principale de la réforme de l'égalité entre les sexes est très manifeste dans les différentes plates-formes d'action des Nations Unies en faveur de l'égalité des genres, qui soulignent notamment l'importance de la représentation égale (des femmes et des hommes) dans les postes dotés d'un pouvoir décisionnel au sein de l'appareil d’État.  À présent, les États ont pour mandat d'institutionnaliser l'égalité des genres, souvent sous la forme de mécanismes nationaux de défense des droits des femmes (NWM) - un organe institutionnel au sein de l’Etat censé promouvoir les intérêts et les droits des femmes - ou d’un quota de femmes au sein des ministères et du parlement, souvent considéré comme un énorme succès au Moyen-Orient en particulier, étant donné que la politique et le gouvernement sont des domaines traditionnellement dominés par les hommes (Mazur et Mcbride, 2010). «Intégrer les questions d’égalité des genres» et garantir la représentation des femmes et des intérêts des femmes au sein du gouvernement national, note Rai, fait partie de la démocratisation et de la «bonne gouvernance», deux éléments essentiels pour la viabilité à long terme des politiques d'égalité des genres (Rai 2017).  Toutefois, dans de nombreux cas, l’absence de volonté politique et des ressources limitées, font que les initiatives d’intégration de la question d’égalité des genres telles que les mécanismes nationaux de défense des droits des femmes (NWM) et les quotas réservés aux femmes ne sont guère plus que des «engagements symboliques» en faveur de l’égalité des genres. La participation et la représentation croissantes des femmes à divers niveaux du gouvernement, sans tenir compte des diverses dynamiques de pouvoir en jeu, risquent de recréer la même inégalité entre les sexes que les initiatives d’intégration de la question d’égalité des genres, cherchent à contrecarrer. Par exemple, privilégier l’institutionnalisation des quotas réservés aux femmes et des mécanismes nationaux de défense des droits des femmes (NWM) suppose que la représentation égale des femmes et des hommes au sein du gouvernement - peu importe quelles femmes occupent ces postes - conduira à terme à l’égalité des genres et à des politiques qui prennent au sérieux les «questions» relatives aux femmes . Mais les femmes ne constituent pas un groupe homogène et le plus souvent, les femmes capables d'occuper ces postes régis par les quotas et les NWM font partie de la classe privilégiée. Cela constitue un problème majeur au Moyen-Orient, où les postes politiques sont souvent attribués à ceux qui disposent d’un capital social (Joseph, 1997) et où le féminisme étatique - défini comme un féminisme fonctionnant à l’intérieur et à travers les structures étatiques - n’est pas entièrement représentatif des revendications féministes et sape en réalité dans de nombreux cas, les mouvements indépendants de femmes (Lughod, 2009; Hern, 2017). Cet axe recherche des contributions qui mettent en évidence la répartition inégale du pouvoir dans les stratégies d'intégration féministes, notamment celles axées sur l'État et autres lieux de pouvoir institutionnel à la fois au Liban et dans la grande région MENA. - Comment et dans quelle mesure l'Etat peut-il être considéré comme un point focal des efforts en faveur de l'égalité des genres aujourd'hui? - Comment le pouvoir peut-il être (re) négocié au sein d'institutions traditionnellement «insensibles aux droits des femmes»? - Quel rôle l'État joue-t-il dans la promotion de l'égalité des genres? - Quels sont les enjeux pour les défenseurs de l'égalité des genres qui choisissent de cibler l'État et d'autres structures de gouvernance dans le cadre de leurs efforts en faveur de l'égalité des genres? - Quelles exigences en matière d’égalité des genres peut-on de manière réaliste imposées à l'État? - Le féminisme institutionnalisé (ou étatique) - via les quotas réservés aux femmes ou les NWM - a-t-il été une force productive au sein de la région MENA?  

2. L’ONGisation des « mouvements » qui luttent en faveur des droits des femmes  

L’émergence des ONG au sein de la région MENA a, pour beaucoup, constitué un contre-pouvoir potentiel au régime dominant et souvent autoritaire au sein de la région MENA. Elle a marqué le développement d’une «société civile arabe», «un signe sain d’une véritable démocratie exercée « de bas en haut»» (Al-Ali, 2005; Islah, 2007). La présence croissante des ONG a également montré une dépendance croissante à l'égard de l'aide financière étrangère; Cela était encore plus frappant pour les mouvements qui luttent en faveur des droits des femmes dans la région, dont les interactions avec les ONG ont produit des résultats contradictoires. L’ONGisation des mouvements qui luttent en faveur des droits des femmes a souvent permis de mieux faire connaître les droits des femmes et de sensibiliser les populations à la situation des genres et des sexualités non normatives dans la région. Avec le soutien d'organisations internationales puissantes, les organisations et les mouvements locaux ont pu accéder à une base de soutien plus large et sont mieux en mesure de faire valoir leurs préoccupations face à des gouvernements sévères ou non réactifs. Mais les avantages d’un développement mené par les donateurs ne contrebalancent pas les coûts associés. Dans un récent rapport réalisé au Liban, les défenseurs de l'égalité des genres ont exprimé leurs préoccupations concernant les «relations inégales avec leurs donateurs» et les «conséquences négatives» des projets à court terme en raison d'un financement limité des projets (Lebanon Support, 2016). Sous l'impulsion de «mots à la mode» utilisés par les donateurs (Cornwall et Brock, 2005) et des domaines d'intervention choisis par les donateurs, les ONG sont devenues assez rigides, incapables de répondre rapidement aux évaluations des besoins actuels et aux demandes des populations locales. La rigidité qui en résulte renforce la spécialisation continue des ONG, qui à son tour favorise un paysage presque territorial: la concurrence en matière de financement entre les ONG marque effectivement les frontières entre les différents secteurs (Ackerly, 2006). Ceci est exacerbé par les types et les formes d’activités spécifiques attendus par les donateurs; l’émergence du projet et de la «logique de projet» ont effectivement décontextualisé des exigences globales de justice sociale en faveur de problèmes plus simples, de «postes», pouvant être pris en compte de manière quantitative à la clôture d'un projet (Jad, 2007). Cette « logique de projet » donne aux « élites » des ONG et au personnel chargé du projet le pouvoir de décider des questions qu’ils estiment les plus importantes et, par conséquent, de leur allouer les ressources du projet. C’est cette approche descendante - qui part des donateurs internationaux, en passant par le personnel de gestion des projets des ONG et des responsables de la mise en œuvre - qui finalement limite le potentiel d’un travail concerté et de formation de coalitions. Cet axe cherche des contributions pour contribuer à la documentation croissante axée sur la «ONG-isation» des mouvements de justice sociale tant au Liban que dans la région, en mettant l'accent sur la dynamique de pouvoir enracinée non seulement entre les donateurs et les organisations bénéficiaires, mais également entre les organisations locales, et les populations qu’elles desservent.  - Bien que la montée en puissance des ONG - grâce au soutien des donateurs internationaux - ait indubitablement conduit à un changement productif, cela s'est-il fait aux dépens des mouvements et des demandes à l’échelle locale? - Les ONG et autres organisations axées sur des projets sont-elles responsables vis-à-vis des populations qu'elles desservent? - Les problèmes et les «mots à la mode» véhiculés par la communauté internationale entravent-ils ou développent-ils le travail des activistes sur le terrain?- Une combinaison productive d'initiatives menées par des parties prenantes locales avec le soutien et le financement d'organisations internationales, est-elle possible? 

3. Identité du genre, sexe et sexualité  

Plus que jamais, le langage des droits de l’homme, de l'égalité et de l'autonomisation a été adopté non seulement dans les milieux activistes, mais également par les organisations humanitaires et de développement internationales et les discours y afférents. Dans toute la région, la présence croissante d’organisations dédiées à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes a été, à bien des égards, un motif de satisfaction. Ces mots semblent toutefois avoir été dépouillés de leur sens profond, maintenant qu’ils font partie du cadre plus large de la prise en compte des sexospécificités et des droits de l’homme (Cornwall, 2007). Le terme «genre» est souvent synonyme de politiques et de projets «réservés aux femmes», tandis que «égalité des genres» est devenu synonyme d'égalité entre les femmes et les hommes. L’accent mis sur «l’égalité des genres» ou «l’autonomisation des femmes» n'inclut souvent pas une discussion sur le sexe, la sexualité, l'expression ou l'identité; pire encore, ces termes sont également utilisés comme synonymes, masquant leurs véritables significations, les dépolitisant davantage (Lind, 2010). L'adoption par les Nations Unies de termes spécifiques, tels que «violence contre les femmes» ou «violence basée sur le genre (GBV)», crée une confusion supplémentaire et crée des divisions arbitraires entre des termes qui, à la base, ont finalement le même objectif. Ce n’est pas simplement une question de choix de mots: l’utilisation inappropriée de ces termes et l’utilisation réductrice du terme «genre» pour n’impliquer que «les femmes» sert au final le genre binaire et hétéronormatif. En tant que tel, le terme «égalité des genres» - et  de manière plus générale le terme «genre» - perd son sens profond. Définir ces termes n’a fait que les que les figer, les privant de leur potentiel politique. Cet axe cherche à explorer davantage le pouvoir du langage dans l'activisme et les efforts en faveur de l'égalité des genres, ainsi que les relations de pouvoir inhérents à certains termes tels que «genre» et «égalité des genres». - Quels types de «connaissances» sont-ils véhiculés lorsque des termes tels que «genre» et «égalité des genres» sont utilisés de manière inappropriée? - Que perd-on ou gagne-t-on lorsque ces mots sont utilisés dans différentes langues (en anglais? en arabe?) - Que se passe-t-il lorsque des militants en faveur des droits de la femme tentent de traduire et de transcrire ces mots à la mode? - En d'autres termes, ces termes sont-ils représentatifs de connaissances locales ou régionales, ou s'agit-il simplement d'une transcription du Nord global et de la théorie traditionnelle du développement? - Des alternatives radicales au développement traditionnel existent-elles en tant que telles? - Quelle est la viabilité des organisations et des défenseurs des droits des femmes qui ont plutôt choisi de contester le genre binaire et d'adopter des termes différents de ceux approuvés par les Nations Unies et d'autres organisations internationales? 

Délais et modalités de soumission

Les résumés doivent être envoyés à: editor@lebanon-support.org 

avant le 1er novembre 2019

en indiquant dans l’objet de votre email le titre de l’AAC:: « Lutter contre le pouvoir et les inégalités: Égalité de traitement des hommes et des femmes et justice sociale au Moyen-Orient ». Les auteurs dont les articles ont été acceptés pour publication seront notifiés dans un délai d’un mois par les responsables des publications.Les articles finaux doivent être partagés avec Lebanon Support pour examen à double insu par les pairs d'ici le 3 février 2020. 

Directives de présentation

Lebanon Support encourage les contributions de chercheurs expérimentés, de chercheurs en début de carrière, de titulaires de doctorat, de spécialistes, d’activistes et d'experts de la société civile. Les auteurs peuvent soumettre leurs articles en arabe, anglais ou français.  Tous les articles sont soumis à un examen à double insu par les pairs. La priorité sera donnée aux contributions qui adoptent une approche critique des concepts et des catégories sous étude, s'inscrivent dans un cadre théorique solide et qui sont basées sur des recherches empiriques.  

Format de présentation des résumés

Les résumés peuvent être présentés en arabe, anglais ou français.Veuillez communiquer les informations suivantes dans un document word/pdf:

  • Nom (s)
  • Titre(s) et affiliation(s)
  • Titre de l’article
  • Un résumé de 500 mots maximum
  • Une courte biographie de 250 mots et un CV d’une page
  • Votre adresse email

Les articles doivent faire un total de 8 000 à 10 000 mots.  Les témoignages de spécialistes ne devraient pas dépasser les 3 000 mots, et les comptes rendus de livres devraient compter un total de 700 à 1 000 mots.Pour un supplément d’informations sur les contributions et le processus éditorial, voir ici. Prière de noter que Lebanon Support utilise le Chicago Manual style pour les références dans le texte et la bibliographie. 

Catégories

Lieux

  • Beyrouth, Liban

Dates

  • vendredi 01 novembre 2019

Mots-clés

  • gender, inequality, power, social justice

URLS de référence

Source de l'information

  • Elias Monica
    courriel : monica [at] lebanon-support [dot] org

Licence

Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Challenging Power and Inequality: Gender and Social Justice in the Middle East », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 17 octobre 2019, https://calenda-formation.labocleo.org/692549

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