Página inicialJournalisme et plateformes 2 : information, infomédiation et « fake news »

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Journalisme et plateformes 2 : information, infomédiation et « fake news »

Journalism and Platforms 2: information, infomediation and fake news

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Publicado jeudi, 13 de février de 2020

Resumo

Les plateformes (Smyrnaios, Rebillard, 2019) s’imposent comme les vecteurs d’une réintermédiation de l’information en ligne en organisant pour les internautes la circulation et la mise à disposition d’une grande variété de contenus. L’information des journalistes, celle que nous qualifierons ici d’information d’actualité ou de news, se retrouve donc soumise à des impératifs exogènes qui finissent par influencer les constructions éditoriales des médias d’information (Bell, Owen, 2017). Cette plateformisation de l’information en ligne est concomitante d’une accélération de la circulation d’informations non journalistiques qui, de la satire à la désinformation, alimentent à côté des news l’offre de contenus proposée aux internautes. Dans cet environnement décloisonné où productions journalistiques, désinformation, pièges à clic, infotainment et satire cohabitent, le journalisme est amené à se repenser (Joux, Pélissier, 2018).

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Institut Méditerranéen des Sciences de l’Information et de la Communication (IMSIC), Ecole de Journalisme et de Communication d’Aix-Marseille (EJCAM) Aix-Marseille Université Marseille

Colloque international : 20-22 janvier 2021

Argumentaire

Les plateformes (Smyrnaios, Rebillard, 2019) s’imposent comme les vecteurs d’une réintermédiation de l’information en ligne en organisant pour les internautes la circulation et la mise à disposition d’une grande variété de contenus. L’information des journalistes, celle que nous qualifierons ici d’information d’actualité ou de news, se retrouve donc soumise à des impératifs exogènes qui finissent par influencer les constructions éditoriales des médias d’information (Bell, Owen, 2017).

Cette plateformisation de l’information en ligne est concomitante d’une accélération de la circulation d’informations non journalistiques qui, de la satire à la désinformation, alimentent à côté des news l’offre de contenus proposée aux internautes. Dans cet environnement décloisonné où productions journalistiques, désinformation, pièges à clic, infotainment et satire cohabitent, le journalisme est amené à se repenser (Joux, Pélissier, 2018).

Ce colloque ambitionne d’explorer les pratiques journalistiques nouvelles en rapport avec les « fake news » (ou infox) au sein des environnements dominés par les plateformes. Par « fake news », et parce que la polysémie du terme a contribué parfois à son instrumentalisation, nous entendons plus précisément les « troubles de l’information » (Wardle, Derakhsan, 2017) dans toute leur diversité.

A ce titre, le colloque interrogera le fact-checking et la manière dont il se repositionne en dénonçant les « fake news » (Bigot, 2019). Sollicité au moment des campagnes électorales, le fact-checking s’inscrit de plus en plus dans une relation de collaboration et de dépendance entre rédactions et plateformes qu’il convient de questionner (Smyrnaios, Chauvet, Marty, 2017 ; Alloing, Vanderbiest, 2018). Au-delà de l’actualité politique, les « fake news » sur les questions de santé, sur l’environnement ou encore les pièges à clics véhiculant fausses promesses et révélations folkloriques interrogent le statut d’expertise des journalistes spécialisés ainsi que des parties prenantes concernées.

Quatre axes seront explorés dans lesquels les propositions doivent s’inscrire :

A la source de l’information : l’éducation aux médias face à la logique des plateformes

  • La lutte contre les « fake news », une réaffirmation du journalisme ?
  • Journalisme politique et journalisme de santé : des journalismes spécialisés au défi des « fake news »
  • Réception des fausses informations et plateformes : un renforcement des biais cognitifs ?

A la source de l’information : l’éducation aux médias face à la logique des plateformes

« Je l’ai vu sur Facebook » : le constat sans appel du Reuters Institute (Kalogeropoulos, Newman, 2017) témoigne des mutations du rapport à l’information dans les environnements numériques. L’intermédiaire, ici Facebook, l’emporte sur le média comme source d’information mémorisée, ouvrant grand la voie aux « fake news » en rendant substituables les sources entre elles. Cette mise en abîme de la source, celle que le journaliste sollicite et confronte, celle du média comme source fiable d’information renouvelle l’inspiration historique de l’éducation aux médias. A la compréhension des logiques de la fabrique de l’information se superpose la nécessité d’une pédagogie de la source, celle que l’on consulte souvent par l’intermédiaire des plateformes. Ces dernières aussi jouent la carte de la pédagogie quand elles contribuent à signaler, parmi les contenus qu’elles hébergent, ce qui relève du bon grain et de l’ivraie (Joux, 2018). Mais elles sont ici juges et parties, ce qui explique pourquoi, et de plus en plus, l’éducation aux médias se mue en éducation aux plateformes. Quels sont les enjeux de l’effacement de la source dans les écosystèmes où dominent les plateformes ? Quels rapports nouveaux entre la source de l’information et l’information comme source ? Quels défis pour l’éducation aux médias ?

La lutte contre les « fake news », une réaffirmation du journalisme ?

Le fact-checking a connu un développement important dans les rédactions à partir des années 2000 (Bigot, 2017). La visibilité accrue des « fake news » lui a conféré depuis le milieu des années 2010 un rôle nouveau. Tout en se drapant d’une mission évidente d’utilité sociale, le fact-checking a réaffirmé dans l’espace public l’importance du travail journalistique dans la production de l’information d’actualité. Il a dénoncé à son tour l’illusion du « tous journalistes » (Mathien, 2010) que les facilités de partage sur Internet ont pu faire espérer. Cette réaffirmation du journalisme dans ses savoir-faire spécifiques est soutenue autrement par les plateformes. Facebook comme Google (à travers le projet CrossCheck) financent les rédactions pour vérifier certains des contenus qui circulent dans leur écosystème. Cette reconnaissance du fact-checking par les plateformes peut pourtant être considérée comme ambivalente. Si elle parie sur l’éducation des internautes grâce à la mise en visibilité du travail journalistique, elle correspond aussi à l’imposition dans les rédactions des priorités financées par les plateformes. Ce sont ces grands thèmes, celui du fact-checking et de ses ambitions pour le journalisme, celui aussi des relations économiques et éditoriales entre plateformes et rédactions que nous nous proposons de questionner ici.

Journalisme politique et journalisme de santé : des journalismes spécialisés au défi des « fake news »

En tant que « grave symptôme de délitement politique » (Mercier, 2018), la déferlante contemporaine des « fake news » se nourrit d’une défiance croissante à l’endroit des élites « sachantes  »  dont  font  partie  les  journalistes,  qu’ils  soient  «  généralistes  »  ou « spécialisés ». Dans deux domaines clés de l’information – la politique et la santé –, domaines qui sont en prise avec des enjeux collectifs majeurs, la question de la transformation/adaptation des pratiques professionnelles des journalistes est posée avec une forte acuité. Face à la menace, suffit-il de généraliser les pratiques  de  fact-  checking et de corriger certaines pratiques fautives (traitement dans l’urgence, vérification insuffisante, acculturation scientifique incomplète, …) pour restaurer une légitimité écornée ? Convient-il de renouveler les codes et les modes d’expression du journalisme spécialisé en retournant contre elle les armes discursives qu’utilise la « post- vérité » (Dieguez, 2018) ? Convient-il de « décloisonner » l’exercice du métier et de l’organiser en réseau (Bassoni, 2015), adossé désormais aux pratiques de toutes les parties prenantes concernées par l’endiguement des « fake news » (à savoir, en santé, les autorités sanitaires, les scientifiques, les soignants, les patients et les « digital opinion leaders ») ?

Réception des fausses informations et plateformes : un renforcement des biais cognitifs ?

Si la prolifération des « fake news » est liée aux conditions techniques et économiques de la circulation des informations, elle s’appuie également sur des ressorts cognitifs qui ne privilégient pas toujours la vérité et sur des formes de réception inscrites dans des contextes pluriels. Des biais cognitifs identifiés de longue date conduisent fréquemment les  individus  à sélectionner ou à croire des informations  fausses  pour  privilégier le consensus au sein d’un groupe (Festinger, 1954) ou par économie de moyens (Kahneman, 2011). Illusionnisme social et illusion de vérité peuvent ainsi favoriser la propagation des fausses informations (Huguet, 2018). Par ailleurs, les individus perçoivent les « fake news » comme l’un des éléments d’un univers informationnel globalement dégradé recouvrant aussi des formes de propagande ou de journalisme médiocre (Nielsen, Graves, 2017). Ici les « fake news » sont envisagées par le public comme la combinaison des intérêts de certains médias qui les publient, d’acteurs politiques qui y contribuent et de plateformes qui permettent de les distribuer. Quelles sont les caractéristiques de la réception des « fake news » par le public ? Quels types de ressorts individuels ou collectifs les « fake news » sollicitent-elles ? Dans quelle mesure les plateformes et leurs logiques peuvent renforcer les biais cognitifs associés aux « fake news » ? Ces questions seront abordées en interrogeant les modalités de la réception des « fake news » par le public à travers leur permanence ou au contraire leur variation selon les contextes.

Modalités de soumission

Les propositions de communication doivent comporter 6000 signes et inclure une courte bibliographie. Elles préciseront l’axe dans lequel s’inscrit la proposition. Des indications sur le terrain/le corpus et la méthodologie de recherche sont attendues.

Les propositions sont à envoyer

jusqu’au 3 juillet 2020

à l’adresse suivante : jep2021@outlook.fr

Les propositions feront l’objet d’une évaluation en double aveugle. Les réponses seront communiquées courant septembre 2020.

Comité scientifique / Scientific committee

  • Amiel Pauline (IMSIC, Aix Marseille Université)
  • Cabrolié Stéphane (IMSIC, Aix Marseille Université)
  • Joux Alexandre (IMSIC, Aix Marseille Université)
  • Sebbah Brigitte (Lerass, Université Paul Sabatier – Toulouse 3)
  • Smyrnaios Nikos (Lerass, Université Paul Sabatier – Toulouse 3)

Comité d’organisation

  • Joux Alexandre (IMSIC)
  • Amiel Pauline (IMSIC)
  • Bassoni Marc (IMSIC)
  • Belgacem Fetta (IMSIC)
  • Cabrolié Stéphane (IMSIC)
  • Cappuccio Alexia (IMSIC)
  • D’Aiguillon Benoît (IMSIC)
  • Lukasik Stéphanie (IMSIC)
  • Pélissier Maud (IMSIC)

Références

Alloing C., Vanderbiest N. (2018), « La fabrique des rumeurs numériques. Comment la fausse information circule sur Twitter ? », Le Temps des médias, 30(1), 105-123.

Bassoni M. (2015), « Journalisme scientifique et public-expert contributeur. Une « nouvelle donne » dans les pratiques du journalisme spécialisé ? », Questions de communication, série actes 25 (sous la direction de Ph. Chavot et A. Masseran), Presses Universitaires de Nancy, 179-189.

Bell E., Owen T. (2017), The Platform Press. How Silicon Valley reengineered Journalism, Columbia Journalism School, Tow Center for Journalism.

Bigot L. (2017), « Le fact-checking ou la réinvention d’une pratique de vérification »,

Communication & Langages, 2, n°192, 131-156.

Bigot L. (2019), Fact checking versus fake news : vérifier pour mieux informer, Paris : INA Editions.

Dieguez S. (2018), Total Bullshit ! Au cœur de la post-vérité, Paris : Presses universitaires de France.

Festinger L. (1954), « A theory of social comparison processes », Human Relations, 7, 117-140.

Huguet P. (2018), « Eléments de psychologie des fake news », in L’information d’actualité au prisme des fake news, Paris : L’Harmattan, 201-222.

Joux A., Pélissier M. (2018), L’information d’actualité au prisme des fake news, Paris : L’Harmattan.

Joux A. (2018), « Des dispositifs contre les fake news : du rôle des rédactions et des plateformes », in L’information d’actualité au prisme des fake news, Paris : L’Harmattan, 73-93.

Kahneman D. (2011), Thinking, fast and slow, London : Penguin.

Kalogeropoulos A., Newman N. (2017), ‘I saw the News on Facebook’. Brand Attribution when Accessing News from Distributed Environments, Reuters Institute for the Study of Journalism, Oxford University.

Mathien M. (2010), « “ Tous journalistes ! ” Les professionnels de l’information face à un mythe des nouvelles technologies », Quaderni, 72, 113-125.

Mercier A. (2018), Fake news et post-vérité : 20 textes pour comprendre la menace, The Conversation France/e-book, (hal-01819233).

Nielsen K. R., Graves L. (2017), News you don’t believe: audience perspectives on fake news, Reuters Institute for the Study of Journalism, Oxford University.

Smyrnaios N., Chauvet S., Marty E. (2017) L’impact de CrossCheck sur les journalistes et les publics, First Draft

Smyrnaios N., Rebillard F. (2019), « How infomediation platforms took over the news: a longitudinal perspective », The Political economy of communication, vol. 7/1, 30-50.

Wardle C., Derakhsan H. (2017) Information Disorder: Toward an interdisciplinary framework for research and policy making, Strasbourg: Council of Europe

Locais

  • EJCAM - 21 Rue Virgile Marron
    Marselha, França (13005)

Datas

  • vendredi, 03 de juillet de 2020

Ficheiros anexos

Palavras-chave

  • information, infomédiation, fake news, journalisme, plateformes

Contactos

  • Stéphanie LUKASIK
    courriel : stephanie [dot] LUKASIK [at] univ-amu [dot] fr

Fonte da informação

  • Stéphanie LUKASIK
    courriel : stephanie [dot] LUKASIK [at] univ-amu [dot] fr

Para citar este anúncio

« Journalisme et plateformes 2 : information, infomédiation et « fake news » », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado jeudi, 13 de février de 2020, https://calenda-formation.labocleo.org/744100

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