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« Concrete jungle ». Esthétique du vivant en milieu urbain
"Concrete jungle". Aesthetics of the living in the urban environment
Veröffentlicht am vendredi, 14. février 2020
Zusammenfassung
Cette journée de recherche ambitionne d’envisager la ville comme espace vivant, c’est-à-dire à la fois comme environnement d’un être vivant et comme Umwelt, désignant par là le milieu élaboré par un être vivant. Comment la ville modèle-t-elle notre perception des êtres non humains et comment la ville est-elle investie par les animaux (oiseaux, insectes, rongeurs) et les plantes (plantes sauvages, rudérales) ? Les différentes manifestations scientifiques réuniront des artistes, des théoriciens en art et des chercheurs en botanique et en biologie autour de la question de la gestion du vivant en ville et de l’appréhension des formes et des imaginaires que le vivant génère.
Inserat
Journée d’étude, 26 mai 2020, Université de Toulouse – Jean Jaurès, Toulouse, France
Responsabilité scientifique
- Marion Laval-Jeantet, Professeur en Arts plastiques, Université Paris 1, Institut ACTE
- Aurélie Herbet, Maître de conférences en Arts plastiques, UT2J, LLA-Créatis
- Camille Prunet, enseignante en Arts plastiques, UT2J, LARA-SEPPIA
Argumentaire
Dans l’optique d’un colloque international prévu en 2021, une première journée d’étude a lieu le 29 février 2020 à l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne. Une seconde journée, qui fait l’objet de cet appel à communication, se tiendra à l’Université Toulouse – Jean Jaurès le 26 mai 2020.
Cette recherche en trois temps ambitionne d’envisager la ville comme espace vivant, c’est-à-dire à la fois comme environnement d’un être vivant et comme Umwelt, désignant par là le milieu élaboré par un être vivant. Comment la ville modèle-t-elle notre perception des êtres non humains et comment la ville est-elle investie par les animaux (oiseaux, insectes, rongeurs) et les plantes (plantes sauvages, rudérales) ? Les différentes manifestations scientifiques réuniront des artistes, des théoriciens en art et des chercheurs en botanique et en biologie autour de la question de la gestion du vivant en ville et de l’appréhension des formes et des imaginaires que le vivant génère. Le titre de ce projet, Concrete Jungle, renvoie autant au film The Lost Week-end (Billy Wilder, 1945), dans lequel la ville de New-York, « that great big concrete jungle », sert de cadre à l’égarement d’un écrivain alcoolique, qu’à l’ouvrage dirigé du même nom par les artistes Mark Dion et Alexis Rockman qui réunissait artistes, théoriciens et scientifiques. C’est bien du constat d’une évolution de l’imaginaire des mégalopoles comme force bétonnée et d’initiatives alternatives à cette fausse évidence dont nous partons pour regarder les nouveaux possibles qui se dessinent. Partager cette réflexion avec des disciplines non artistiques participant à reconfigurer l’espace urbain et ses imaginaires semble indispensable dans ce contexte. En s’intéressant aux logiques immersives et aux questionnements de terrain, on se demandera ce que l’art peut inventer comme gestes et comme formes en se confrontant à la place du vivant en ville.
La journée d’étude à Toulouse envisagera la possibilité de reconsidérer la ville comme un espace à observer et à activer, où l’on pourrait « s’enforester », pour reprendre l’expression canadienne employée par le philosophe Baptiste Morizot1. Comme l’explique ce dernier, ce terme suggère de travailler un autre rapport aux territoires vivants en se rapprochant d’eux, en les pratiquant, en les observant et en se laissant investir par eux. Cette journée propose de réinvestir des techniques d’exploration au sein de l’espace urbain. L’intérêt de l’ethnobotaniste François Couplan pour les fleurs sauvages et leur utilisation dans l’alimentation s’inscrit dans cette idée d’une attention accrue à son environnement direct. L’invisibilité des non-humains dans la ville, dont l’organisation est centrée autour des activités humaines, sera questionnée dans une visée prospective et passera par l’identification des démarches artistiques qui travaillent en ce sens. Il s’agit d’interroger un travail du regard et du corps entrant en empathie avec les autres vivants de la ville et d’analyser des œuvres qui s’inscrivent dans cette attention à une pensée complexe de l’espace urbain et qui participent à la prise en compte des « relations interspécifiques »2 entre vivants dans la ville.
Comment des formes et des imaginaires artistiques sur la ville naissent-ils et se nourrissent-ils des interactions entre vivants, et de leurs bénéfices mutuels ? S’appuyant sur le constat d’Anna Lowenhaupt Tsing selon lequel « les humains se joignent aux autres en fabriquant des paysages qui deviennent l’écho d’une mise en forme involontaire »3, on peut se demander comment cette « mise en forme involontaire » traduit la possibilité de (se) représenter la ville, non pas comme expression d’une volonté humaine de modeler le monde, mais comme un espace co-construit dans une visée perspectiviste4. La question d’une perception élargie de ceux qui constituent la ville se pose. Comment cette perception élargie vient-elle en remodeler les représentations que l’on s’en fait ? Si l’on pense, à la suite de Tim Ingold, que « les personnes sont engagées dans des relations continues avec leurs environnements » et que ceux-ci sont « au cœur du processus de vie »5, il sera intéressant de considérer avec attention les différents écosystèmes qui constituent la ville pour mieux penser nos relations complexes avec ceux-ci. La parole de botanistes, d’entomologistes, d’écologues ou plus généralement de biologistes permettra d’aborder de façon pluridisciplinaire ces questions. Enfin, l’emprunt à un certain vocabulaire biologique invite à une réflexion épistémologique. L’enjeu sera bien d’analyser des formes qui activent l’idée d’une « symbiopoïèse »6. L’idée d’une co-genèse complexe des formes, ainsi que des synergies, dans un fonctionnement pouvant rappeler les holobiotes, ces ensembles formés par les organismes et leurs symbiotes, retiendra particulièrement notre attention. Les démarches présentées privilégieront la symbiopoïèse, au contraire d’une pensée autopoïétique qui ne prend en compte l’histoire et les relations entre les vivants autrement que sous forme d’exploitation réciproque selon Anna Lowenhaupt Tsing.
1 MORIZOT, Baptiste, Sur la piste animale, Arles, Actes Sud, 2018
2 TSING, Anna Lowenhaupt, Le Champignon de la fin du monde. Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme, Paris, La Découverte, 2017.
3 Ibid., p. 231.
4 VIVEIROS DE CASTRO, Eduardo, Métaphysiques cannibales, Paris, PUF, 2009.
5 INGOLD, Tim, Marcher avec les dragons, Bruxelles, Zones Sensibles, 2013, p. 132.
6 TSING, Anna Lowenhaupt, Le Champignon de la fin du monde, op. cit., p. 218.
Modalités de proposition
Les propositions de communication (3 000 signes), pour des interventions orales de trente minutes, accompagnées d’une courte biographie sont à envoyer à Aurélie Herbet (aurelie.herbet@univ-tlse2.fr) et à Camille Prunet (camille.prunet@univ-tlse2.fr)
avant le 15 mars 2020
Bibliographie indicative
AIT TOUATI, Frédérique, ARENES, Alexandra, GREGOIRE, Axelle, Terra Forma: Manuel de cartographies potentielles, Lyon, Éditions B42, 2019
BARBANTI, Roberto, VERNER, Lorraine (dir.), Les Limites du vivant. À la lisière de l'art, de la philosophie et des sciences de la nature, Bellevaux, Éditions Dehors, 2016
BERQUE, Augustin, Poétique de la Terre. Histoire naturelle et histoire humaine, essai de mésologie, Paris, Belin, 2014
BERQUE, Augustin, Ecoumène: Introduction à l'étude des milieux humains, Paris, Belin, 2016
BLANC, Nathalie, RAMOS, Julie, Ecoplasties. Art et environnement, Paris, Manuella éditions, 2010
CHIRON, François, MURATET, Audrey, Manuel d’écologie urbaine, Dijon, Les Presses du réel, 2019
CITTON, Yves, Gestes d'humanités : Anthropologie sauvage de nos expériences esthétiques, Paris, Armand Colin, 2012
CLERGEAU, Philippe, Ville et biodiversité. Les enseignements d'une recherche pluridisciplinaire,
Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011
CRONON, William, Chicago, métropole de la nature, Bruxelles, Zones Sensibles, 2019
CRONON, William, Nature et récits. Essais d’histoire environnementale, Bellevaux, Éditions Dehors, 2016
DEMOS, T. J., Decolonizing Nature. Contemporary Art and the Politics of Ecology, Berlin, Sternberg Press, 2016
DESPRET, Vinciane, Habiter en oiseau, Arles, Actes Sud, 2019
DION Mark, ROCKMAN Alexis, Concrete Jungle. A pop media investigation of death and survival in urban ecosystems, New York, Juno Books, 1996
GIBSON James, The Ecological Approach to Visual Perception, Boston, Houghton Mifflin, 1979
HARAWAY, Donna, Staying with the Trouble : Making Kin in the Chthulucene, Duke University Press, 2016
HARAWAY, Donna, Manifeste des espèces compagnes, Paris, Éditions Flammarion, 2019
INGOLD, Tim, Marcher avec les dragons, Bruxelles, Zones Sensibles, 2013
LAVAL-JEANTET, Marion (dir.), No Man’s Land, l’homme a-t-il encore sa place ?, Montreuil, Éditions CQFD, 2019
LESTEL, Dominique, Nous sommes les autres animaux, Paris, Fayard, 2019
LUGLIA, Rémi (dir.), Sales bêtes et mauvaises herbes. « Nuisible » une notion en débat, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2018
MORIZOT, Baptiste, Manières d'être vivant: Enquêtes sur la vie à travers nous, Arles, Actes Sud, 2020
MORIZOT, Baptiste, Sur la piste animale, Arles, Actes Sud, 2018
MORTON, Timothy, Hyperobjets. Philosophie et écologie après la fin du monde, Saint-Étienne, Cité du design, Faucogney-et-la-Mer, it:éditions, 2018
MURATET, Audrey, MURATET, Myr, PELLATON, Marie, Flore des friches urbaines, Paris, Éditions Xavier Barral, 2017
VIVEIROS DE CASTRO, Eduardo, Métaphysiques cannibales, Paris, PUF, 2009
VON UEXKÜLL Jakob, Milieu animal et milieu humain, Paris, Éditions Payot et Rivages, 2010
TSING, Anna Lowenhaupt, Le Champignon de la fin du monde. Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme, Paris, La Découverte, 2017
Kategorien
- Neuere und Zeitgeschichte (Hauptkategorie)
- Erkenntnis > Darstellung
Orte
- Université Toulouse Jean Jaurès, Maison de la Recherche, Amphi F417 - 5, allées Antonio Machado
Toulouse, Frankreich (31)
Daten
- dimanche, 15. mars 2020
Schlüsselwörter
- arts plastiques, esthétique du vivant, milieu urbain, ville contemporaine, cohabitation, pensée écologique
Kontakt
- camille prunet
courriel : camille [dot] prunet [at] univ-tlse2 [dot] fr
Verweis-URLs
Informationsquelle
- camille prunet
courriel : camille [dot] prunet [at] univ-tlse2 [dot] fr
Zitierhinweise
« « Concrete jungle ». Esthétique du vivant en milieu urbain », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am vendredi, 14. février 2020, https://calenda-formation.labocleo.org/745635