Les analyses d’Happycratie, à la fois critiques et polémiques, sont une occasion d’ouvrir un dialogue fécond entre les humanités, les sciences sociales et les sciences de gestion, autour de la question du bonheur. La journée d’étude « Odieux bonheur » est destinée à rendre compte de ces critiques et de leurs différents enjeux philosophiques, économiques, rhétoriques ou médiatiques. Elle convie les spécialistes des différents champs à y apporter de nouveaux éclairages, voire des réponses.

Argumentaire

Paru en 2018, l’ouvrage Happycratie constitue une dénonciation de l’injonction au bonheur, que le psychologue Éric Cabanas et la sociologue Eva Illouz présentent comme une tyrannie contemporaine. Ils démontrent en effet que le discours de la psychologie positive et les politiques néo-libérales ont façonné de nouvelles normes émotionnelles : ils ont imposé, conjointement et à leur avantage, la conviction que le bonheur individuel était le but de toute existence et qu’il reposait non sur des conditions de vie favorables, mais sur un travail sur soi. Plus que jamais « l’argent ne fait pas le bonheur », et il convient donc de faire preuve de flexibilité, de résilience et d’autonomie. Plutôt que d’agir sur les structures sociales, les individus sont enjoints à trouver dans leur citadelle intérieure, dans leurs propres ressources, les moyens d’atteindre une vie satisfaisante. Paradoxalement, cet objectif d’amélioration continue d’eux-mêmes semble nécessiter de recourir à toujours davantage d’outils, de dispositifs et de services : coachs, livres de développement personnel, appli de mesure du bien-être, etc. s’érigent en guides pour aider tout un chacun à « devenir soi-même », au moyen de schémas thérapeutiques, paradoxalement conçus pour tous.

Pour éclairer ces analyses et les discuter, nous invitons les spécialistes des différents champs du savoir à intervenir lors de la journée d'étude "Odieux bonheur" organisée à l'IUT C Roubaix (Université de Lille) le vendredi 12 juin 2020. 

Modalités de contributions

Les propositions de communication doivent être rédigées en français sous la forme d’un résumé de 500 mots maximum et accompagnées d’une courte présentation bio-bibliographiques. Merci de les adresser à Justine Le Floc’h (justine.le-floc-h[at]univ-lille.fr) et à Frédérique Perron (frederique.perron[at]univ-lille.fr)

avant le 30 avril 2020.

Organisatrices

• Justine Le Floc’h (Sorbonne Université, CELLF)
• Frédérique Perron (Université de Lille, LSMRC Lille 2 SKEMA Management Research Center)