Cet appel à contributions se situe dans le cadre du projet de recherche multinational « Boko Haram : Islamic Protest and National Security », soutenu par le Conseil de recherche en sciences humaines et sociales (CRSH) du Canada. Il rassemble des institutions universitaires du Nigéria, du Cameroun et du Niger – trois des quatre pays touchés par le conflit – et deux universités canadiennes, à savoir York University et l’université d’Ottawa. L’objectif poursuivi est celui de rendre accessible de nouvelles connaissances au sujet de Boko Haram, son contexte politique, son impact économique et social ; contribuer ainsi à l’élaboration des politiques publiques afin de promouvoir la stabilité politique et la justice sociale, non seulement au Nigéria, au Niger, au Cameroun et au Tchad, mais aussi à l’échelon global. Ce qui justifie le présent appel et ses principales déclinaisons.

Argumentaire

Cet appel à contributions se situe dans le cadre du projet de recherche multinational «Boko Haram : Islamic Protest and National Security » (www.iptsa.org), soutenu par le Conseil de Recherche en Sciences Humaines et Sociales (CRSH) du Canada[1]. Il rassemble des institutions universitaires du Nigéria, du Cameroun et du Niger – trois des quatre pays touchés par le conflit – et deux universités canadiennes, à savoir York University et l’Université d’Ottawa. L’objectif poursuivi est celui de rendre accessible de nouvelles connaissances au sujet de Boko Haram, son contexte politique, son impact économique et social ; contribuer ainsi à l’élaboration des politiques publiques afin de promouvoir la stabilité politique et la justice sociale, non seulement au Nigéria, au Niger, au Cameroun et au Tchad, mais aussi à l’échelon global. Ce qui justifie le présent appel et ses principales déclinaisons.

En 2013, le Cameroun et sa région de l’Extrême-Nord entraient dans le registre des espaces frappés par la violence djihadiste du mouvement terroriste Boko Haram. Localisée depuis sa naissance au début des années 2000 au Nigeria, la secte a progressivement élargi son champ opérationnel aux pays du bassin du lac Tchad. Le 19 février de cette année, une famille française en séjour à Waza, zone touristique située à quelques kilomètres de la frontière camerouno-nigériane était kidnappée. Neuf mois plus tard, soit le 13 novembre de la même année, le père Vandenbeusch, un prêtre français était lui aussi enlevé de nuit, dans la localité camerounaise de Koza non loin de la dyade avec le Nigeria. Ces deux rapts de ressortissants étrangers avaient été revendiqués par Boko Haram. Depuis lors, les assauts de la secte en territoire camerounais se sont multipliés, créant des bouleversements majeurs dans l’histoire de ce pays. Le Cameroun et la région de l’Extrême-Nord sont devenus des points majeurs de l’offensive contre-terroriste lancée au lendemain des attentats du 11 septembre. En s’externalisant de son foyer de naissance nigérian, Boko Haram a permis de connecter les pays du bassin du lac Tchad à la dynamique globale de lutte contre la terreur. Les conséquences qui en résultent furent de divers ordres. La menace Boko Haram a suscité des dynamiques diverses (déploiement militaire et humanitaire d’envergure, déplacements massifs des populations vers les zones plus sécures, révision du budget de l’Etat et sa réorientation vers la guerre, entre autres).

Mouvement djihadiste marginal au début des années 2000, Boko Haram est devenu un sujet abondamment discuté dans les milieux scientifiques, suscitant une effervescence en termes de rencontres et de travaux de recherche pour le questionner[2]. Cette dynamique fut davantage l’apanage des milieux scientifiques occidentaux qui s’illustrèrent par la production d’une littérature abondante sur le sujet[3]. Cette extériorisation des regards sur une crise sécuritaire endogène nous avait résolus à initier un projet de publication alternatif dont l’enjeu était de fournir une lecture from within de la crise sécuritaire qui se donnait à voir. Celui-ci a porté sur les Dynamiques dérivées de la crise Boko Haram au Cameroun. L’engouement des chercheurs aux appartenances disciplinaires et aux secteurs d’activité divers avait donné lieu à la publication de deux ouvrages édités respectivement par la maison d’édition Peter Lang[4] et Les Éditions du Schabel (Cameroun)[5].

Ces deux parutions constituent avec bien d’autres, des références en matière de publications scientifiques sur Boko Haram. Depuis leur parution en 2017 beaucoup de réalités décrites ont muté, de nombreux changements se sont opérés sur le terrain de cette crise humanitaire[6]. Les actions conjuguées de l’Etat camerounais et de ses voisins touchés et ceux des partenaires bilatéraux et multilatéraux ont permis de « juguler » la situation, même si les incursions sporadiques de la secte n’ont pas totalement cessé. Quoi qu’il en soit, il est permis d’émettre l’hypothèse d’une relative maîtrise de la situation, si l’on s’en tient au calme observé dans plusieurs zones autrefois sévèrement touchées. Il naît dans ce contexte un discours optimiste désormais articulé autour des actions de stabilisation et de reconstruction. Plusieurs projets implémentés par le Cameroun et ses partenaires prennent corps sur le terrain.

A l’heure de la stabilisation qui augure, nous l’espérons la fin de la guerre et le début de la reconstruction dans la perspective de la reprise du développement, il est opportun de penser à dresser un bilan de cette décennie de perturbations tous azimuts dans une région qui, avant cette crise, était vulnérable à plus d’un titre. Les indicateurs en matière de pauvreté étaient des plus alarmants. L’activisme de Boko Haram aura contribué à l’enfoncer davantage, lui laissant des séquelles qui vont influencer pour longtemps son évolution. « L’Extrême-Nord a toujours fait partie des régions les plus pauvres du pays, mais, jusque récemment, le commerce transfrontalier du bétail était dynamique et le secteur du tourisme en plein essor. C’était avant que le conflit conduise à la fermeture de la frontière nigériane, qu’il fasse chuter le prix du bétail de moitié et fuir les touristes et qu’il affecte durement la productivité agricole en déplaçant une grande partie de la population »[7].

Trois années après la publication des ouvrages sus-évoquées sur la question, cet autre projet voudrait susciter des réflexions plurielles, pluridisciplinaires et multisectorielles sur les empreintes laissées par la crise liée à Boko Haram sur la Région de l’Extrême-Nord, lesquelles empreintes lui ont donné un visage nouveau, avec sur le carreau des destructions et des perturbations multisectorielles qui hypothèquent sérieusement son développement.

Autour de celles-ci se posent d’innombrables défis qui sont susceptibles de nourrir des analyses rétrospectives et prospectives en vue de l’élaboration d’une pertinente feuille de route multisectorielle en matière de projection vers l’avenir. Ainsi, sur la base des analyses relatives aux empreintes laissées par la crise sécuritaire et humanitaire Boko Haram, quel visage présente cette région aujourd’hui, comparé aux années antérieures ? Quels sont les défis qui se posent avec acuité dans cette région et quelles perspectives esquisser en vue de la mise à la disposition de l’Etat et des partenaires au développement des outils pertinents d’aide à la décision en vue de la relance d’un développement de type durable de cette région ? Tel est le questionnement qui doit orienter les différentes propositions autour de ce projet de publication qui est davantage orienté vers la recherche-action.

Sans être exhaustifs, les propositions des personnes intéressées du monde universitaire et de la recherche, de la société civile, des administrations et d’autres domaines d’expertise pourront être orientées vers les domaines suivants :

- L’économie ;

- La culture ;

- L’éducation ;

- La politique,

- La santé ;

- La religion ;

- L’humanitaire ;

- Les infrastructures ;

- Les rapports intercommunautaires ;

- La gouvernance ;

- La sécurité ;

- L’environnement ;

- La société ;

- Les relations transfrontalières ;

- La stabilisation ;

- Les reconstructions ;

- Les traumatismes,

- L’humanitaire ;

- Les politiques publiques ;

- La coopération internationale ;

- La coopération sous régionale.

Coordination scientifique

1- François WASSOUNI, Ph.D., Université de Maroua ;

2- Ahmadou SEHOU, Ph.D., Université de Maroua.

Calendrier

Les propositions de résumés ne dépassant pas 500 mots et accompagnés d’une courte biographie des auteurs, doivent être envoyées

avant le 30 septembre 2020

aux adresses suivantes : wassounifrancois@gmail.com; asehou@gmail.com

Les auteurs seront notifiés au plus tard le 31 octobre 2020 de l’acceptation ou non de leurs propositions. Les contributeurs retenus devront soumettre les articles complets au 31 décembre 2020. La parution de l’ouvrage collectif est prévue pour juin 2021.

Bibliographie

African Union Commission/Lake Chad Basin Commission, Regional Strategy for the Stabilization, Recovery and Resilience of the Lake Chad Basin Areas Affected by the Boko Haram Crisis, publication supported by the Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, August 2018 ;

Gwoda A.A.&Wassouni F., (dirs.), Regards croisés sur le phénomène Boko Haram, Yaoundé, Editions du Schabel, 2017.

https://www.thenewhumanitarian.org/fr/analyses/2017/09/06/le-retard-du-nord-du-cameroun-en-fait-un-terreau-fertile-pour-boko-haram,     accessed 21 July 2020.

Kongou L, Boko Haram. Parti pour durer, Paris L’Harmattan, 2016 .

Kongou L.,Boko Haram, Le Cameroun à l’épreuve des menaces, Paris, L’Harmattan, 2014 ;

Lovejoy P., "Jihad in West Africa in the Age of Revolution", Afrique Contemporaine, N° 260, Paris, De Boeck Supérieur, 2016/4, pp.116-118 .

Magrin G. (ed.), Pérouse de Montclos Marc-Antoine (éd.), Seignobos Christian (ill.), Gluski    Pauline (cartogr.), 2018, Crise et développement : la région du lac Tchad à l'épreuve de Boko Haram, Paris : AFD.

Melchisedek Chétima (2020), Comprendre Boko Haram à partir d’une perspective historique, locale et régionale, Canadian Journal of African Studies / Revue canadienne des études africaines, DOI: 10.1080/00083968.2019.1700814

Pout Ch. et al., Boko Haram au Cameroun, quelles nouvelles dynamiques ?, Editions du          Cygne, 2019 .

Saibou Issa (dir.), Attaques et attentats de Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun,      Numéro spécial de Kaliao, revue pluridisciplinaire de l’Ecole Normale Supérieure de          Maroua (Cameroun), Paris, L’Harmattan, 2018 .

Scott MacEachern, Searching for Boko Harm. A history of Violence in Central Africa,Oxford   University Press, 2018.

Seidik Abba, Mohamadou Lawaly Dan Dano, Voyage au cœur de Boko Haram. Enquête sur l  e Jidad en Afrique subsaharienne, Paris, L’Harmattan, 2019 .

Seignobos C., « Boko Haram et le Lac Tchad. Extension ou sanctuarisation », Afrique    Contemporaine, N° 255, Paris, De Boeck Supérieur, 2015/3, pp.93-120.

Seignobos C., « Boko Haram : innovations guerrières depuis les Monts Mandara. Cosaquerie motorisée et islamisation forcée », Afrique Contemporaine, N° 252, Paris, De Boeck Supérieur, 2014/4, pp.149-169.

Wassouni F.& Gwoda A.A, (dirs.), Les dynamiques du phénomène Boko Haram au Cameroun, Editions Peter Lang, Berne, 2017.

Notes

[1] Les éditeurs scientifiques de cet appel à contributions sont membres du projet IPTSA/CRSH (www.iptsa.org).

^[2] Kongou L., Boko Haram, Le Cameroun à l’épreuve des menaces, Paris, L’Harmattan, 2014 ; Kongou L, Boko Haram. Parti pour durer, Paris L’Harmattan, 2016 ; Saibou Issa (dir.), Attaques et attentats de Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun, Numéro spécial de Kaliao, revue pluridisciplinaire de l’Ecole Normale Supérieure de Maroua (Cameroun), Paris, L’Harmattan, 2018 ; Seidik Abba, Mohamadou Lawaly Dan Dano, Voyage au cœur de Boko Haram. Enquête sur le Jidad en Afrique subsaharienne, Paris, L’Hramattan, 2019 ; Pout Ch. et al., Boko Haram au Cameroun, quelles nouvelles dynamiques ?, Editions du Cygne, 2019 ;

^[3] Seignobos C., « Boko Haram : innovations guerrières depuis les Monts Mandara. Cosaquerie motorisée et islamisation forcée », Afrique Contemporaine, N° 252, Paris, De Boeck Supérieur, 2014/4, pp.149-169 ; Seignobos C., « Boko Haram et le Lac Tchad. Extension ou sanctuarisation », Afrique Contemporaine, N° 255, Paris, De Boeck Supérieur, 2015/3, pp.93-120 ; Lovejoy P., "Jihad in West Africa in the Age of Revolution", Afrique Contemporaine, N° 260, Paris, De Boeck Supérieur, 2016/4, pp.116-118 ; Magrin G. (ed.), Pérouse de Montclos Marc-Antoine (éd.), Seignobos Christian (ill.), Gluski Pauline (cartogr.), 2018, Crise et développement : la région du lac Tchad à l'épreuve de Boko Haram, Paris : AFD ; Scott MacEachern, Searching for Boko Harm. A history of Violence in Central Africa,Oxford University Press, 2018.

^[4] Wassouni F. et Gwoda A.A, (dir.), Les dynamiques du phénomène Boko Haram au Cameroun, Editions Peter Lang, Berne, 2017.

^[5] Gwoda A.A et Wassouni F., (dir.), Regards croisés sur le phénomène Boko Haram, Yaoundé, Editions du Schabel, 2017.

[6] Voir dans cette perspective le numéro spécial édité par Melchisedek Chétima (2020), Comprendre Boko Haram à partir d’une perspective historique, locale et régionale, Canadian Journal of African Studies / Revue canadienne des études africaines, DOI: 10.1080/00083968.2019.1700814

^[7]https://www.thenewhumanitarian.org/fr/analyses/2017/09/06/le-retard-du-nord-du-cameroun-en-fait-un-terreau-fertile-pour-boko-haram, consulté le 21 juillet 2020.