Innombrables sont les exemples où une appartenance religieuse commune, un ensemble rituel, le culte d’une entité surnaturelle particulière ou l’existence de lieux sacrés participent à la construction des frontières politiques d’un groupe ou d’un territoir

Innombrables sont les exemples où une appartenance religieuse commune, un ensemble rituel, le culte d’une entité surnaturelle particulière ou l’existence de lieux sacrés participent à la construction des frontières politiques d’un groupe ou d’un territoire. En même temps, les figures les plus significatives de cette rencontre peuvent sembler caduques, eu égard aux changements qui ont affecté chacun de ces domaines au cours du dernier siècle : repli du religieux dans la sphère du privé, laïcisation du politique, mobilité sans précédent des hommes. Mais ne voit-on pas naître aussi de nouvelles formes d’implication du religieux dans le politique, de nouveaux enjeux liés à la rencontre de définitions religieuses et politiques des territoires, de nouvelles constructions identitaires référant à des " racines " religieuses ou locales en grande partie réinventées ?
Un des objectifs de ces rencontres est de mesurer la part du changement et de la continuité, et surtout les recompositions et recontextualisations de la référence au religieux dans la production actuelle de différentes sortes de communautés imaginées.
En dehors d’un nombre restreint d’interventions à vocation comparative, ces journées sont centrées sur des études de situations impliquant l’une au moins des trois religions du Livre : l’horizon du monothéisme rendant a priori plus problématiques les spécifications territoriales étudiées, il n’en est que plus intéressant d’identifier dans ce contexte les stratégies possibles.
Le projet est d’esquisser, à travers les débats et une table ronde finale, une typologie des articulations entre les trois termes, en relation avec les contextes les plus probables de l’apparition de chaque variante. La diversité des religions ou des confessions en sera-t-elle un trait déterminant ? Verra-t-on au contraire émerger des formules transversales, à corréler à d’autres données contextuelles ? Y a-t-il des constantes dans les modes d’émergence et les fonctions sociopolitiques d’un " surnaturel au pluriel " ? Comment la laïcisation des institutions politiques, là où elle existe, intègre-t-elle les ressources de légitimité du religieux institué ? Implique-t-elle au contraire le développement d’un espace autonome de sacralité ?