AccueilLa Réconciliation, du Moyen Age à nos jours

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SéminaireHistoire

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Publié le mardi 24 février 2004

Résumé

Annonce

Lundi 8 mars

14 h : Ouverture, par Jean-Claude CARON (Université Blaise-Pascal)

Transcriptions culturelles de la réconciliation

14 h 15 : Grégory GOUDOT (Université Blaise-Pascal), Chronique d'une déchirure : la reforme de l'Ordre de Cluny au XVIIe siècle

14 h 45 : Annie REGOND (Université Blaise-Pascal), Pietro Cataneo, architecte, conciliant la doctrine vitruvienne et la doctrine chrétienne

15 h 15 : Jean-Louis JAM (Université Blaise-Pascal), L'impossible réconciliation

15 h 45 : Pause

16 h 00 : Emmanuel BLOCK (Université de Poitiers), La violence et l'impossible réconciliation dans la bande dessinée des années 1970

16 h 30 : Solange VERNOIS (Université de Poitiers), Tomi Ungerer : l'Alsace, l'Europe et la réconciliation franco-allemande

17 h : Discussion

Mardi 9 mars, matin

Réconciliation et mémoire politique

9 h 00 : Claude GRIMMER (Université Blaise-Pascal), L'impossible réconciliation pendant les Guerres de religion à Aurillac

9 h 30 : Michel CASSAN (Université de Limoges), Se réconcilier avec son roi à la fin des Guerres de religion

10 h 00 : Laurent MORIVAL (Université de Poitiers), Les limites de la réconciliation dans la « région - Vendée » après l'échec de la duchesse de Berry

10 h 30 : Pause

10 h 45 : Fabrice BOYER (Université Blaise-Pascal), Réconciliations dans l'échec, échec de réconciliations (juillet 1830, décembre 1851)

11 h 15 : Guillaume JAVERLIAT (Université de Limoges), Des difficultés d'une réconciliation : Oradour et les Alsaciens

11 h 45 : Mathias BERNARD (Université Blaise-Pascal), Le discours sur la réconciliation en France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

12 h 15 : Discussion

Mardi 9 mars, après-midi

Structures sociales et réconciliation

14 h 00 : Frédéric CHAUVAUD (Université de Poitiers), Conflictuosité et régulation des conflits

14 h 30 : Patrick FOURNIER (Université Blaise-Pascal), Le statut villageois comtadin : un contrat social de réconciliation

15 h 00 : Françoise REUMAUX (Université de Poitiers), La réconciliation impossible : le modèle pervers. Le cas d'un village ardennais

15 h 30 : Pause

15 h 45 : Fabien CONORD (Université Blaise-Pascal), Une réconciliation sous la contrainte : la Franc-maçonnerie française en 1804

16 h 15 : Pascale QUINCY-LEFEBVRE (Université Blaise-Pascal), La réconciliation à travers les murs. La famille et l'enfant rebelle dans la France du Second Empire et de la Troisième République

16 h 45 : Jean-Luc DE OCHANDIANO (Université Blaise-Pascal), Réconcilier le peuple avec la nation. Les résistances ouvrières au projet d'intégration des classes populaires sous la Troisième République (Le cas des ouvriers du bâtiment de Lyon)

17 h 15 : Discussion

L'image de la France comme pays de la discorde, de l'affrontement interne est solidement établie. Réputation peut-être méritée, mais sûrement partagée avec d'autres nations. Il n'en reste pas moins que, depuis la Révolution française au moins, analysée des deux côtés comme une période de fracture particulièrement marquée, le thème de la réconciliation parcourt le discours politique et social. Un discours qui s'appuie volontiers sur l'histoire pour y trouver des exemples de division interne dont "l'ennemi" a su tirer profit : ainsi des Armagnacs et des Bourguignons, des catholiques et des protestants, des révolutionnaires et des anti-révolutionnaires, des bonapartistes et des anti-bonapartistes, des Communards et des Versaillais, etc. Plus près de nous, les années 1940, puis la guerre d'Algérie apparaissent comme les derniers grands épisodes posant, à leur terme, la question de la réconciliation nationale. Encore celle-ci ne peut-elle être réduite au seul domaine politique : l’histoire culturelle et artistique ne manque pas elle-même de ces fractures que le temps et les individus ne peuvent ni ne veulent forcément réduire : gluckistes contre piccinistes, Rouges et Noirs du théâtre révolutionnaire, Anciens contre Modernes, académisme contre impressionnisme, plus généralement officiels contre indépendants, etc.

A la différence de la conciliation, procédure d'arbitrage visant à empêcher le conflit, la réconciliation opère dans l'après-coup : elle suppose, d'une part, l'existence d'un conflit et, d'autre part, la fin de ce conflit, voire son règlement, provisoire ou définitif, de façon à ce que l'on puisse relier ou renouer les fils unissant des individus au sein d'une communauté ou des communautés entre elles.

La réconciliation n'élimine pas nécessairement les fondements de la dissension ou de la discorde, mais rend ceux-ci conciliables avec une vie commune. De la réconciliation avec l'Eglise, après absolution, à la réconciliation avec la nation, après amnistie, la latitude d'interprétation du mot est grande. De l'hérétique réintégré au Communard ou au membre de l'O.A.S. amnistié, tous les régimes que la France a connus depuis l'Ancien Régime ont été confrontés à la question de la réconciliation.

Au delà du cas de la seule France, on distinguera trois types de réconciliation qui, selon les époques et les espaces, peuvent être hiérarchisés différemment :

I. La réconciliation des Etats

Liée à l'existence même desdits Etats et des conflits qui les opposent périodiquement, elle obéit à des règles de plus en plus normatives, ce qui ne signifie pas que les agents de la réconciliation soient toujours pourvus d'une mission officielle, ni que les motifs officiels de la réconciliation soient les plus visibles ; plus moins durables et plus ou moins sincères, ces réconciliations entre Etats relèvent des lois très aléatoires de la géopolitique et de l'équilibre provisoire des forces ; souvent perçues davantage comme une nécessité, camouflant de facto la contrainte exercée par le vainqueur sur le vaincu, ces réconciliations apparaissent plus comme la résultante d'un épuisement et d'un rapport au temps qui impose le retour à la paix. Mais on trouve cependant des exemples de réconciliations sincères et durables.

II. La réconciliation des communautés au sein d'un même Etat ou d'une même nation

Derrière l'affrontement interne, de la simple émeute à la révolution, à la guerre civile ou religieuse, en passant par l'insurrection ou encore le régicide, les fractures internes ont des origines et des formes multiples : est-ce le cas pour la réconciliation qui s'ensuit ? Il convient alors d'étudier si, au delà des variations chronologiques et spatiales dans les formes qu'ont prises ces réconciliations, il est des constantes ou des permanences. On songera en particulier aux "guerres de clocher" qui voient des villages s'affronter durement ou encore aux conflits qui opposent les "gros" aux "petits" et qui jalonnent l'histoire sociale. La guerre civile est également au coeur de la problématique. On songera également aux formes qu'ont pu prendre la réconciliation des catholiques et des protestants, celle des chrétiens et des juifs, voire, en France, celle de l'Eglise et de la République. Se posent alors la question du ou des médiateurs qui sont acceptés comme agents de la réconciliation et des éventuels compromis ou conditions qui permettent d'entériner cette dernière : au delà de la condamnation des actes, toute réconciliation suppose-t-elle la prise en compte d'une partie des idéaux d'un ennemi redevenu fréquentable, que l'on peut réassocier à la communauté nationale, ou celui-ci doit-il abandonner tout ce qui l'a fait agir ?

III. La réconciliation des individus au sein d'une même communauté

Cette troisième forme, la plus importante en nombre, mais pas nécessairement la plus visible, pose le problème du rapport au droit et au juste, de la notion de judiciaire ou d'infra-judiciaire, de l'existence de procédures mitoyennes et rivales de réconciliation qui, loin des règles fixées par les codes, obéissent à des notions où la force et l'honneur cohabitent sans nécessairement s'exclure.

Les plus petites communautés sont traversées par des lignes de fracture qui s'expriment à l'occasion de micro-événements liés à la domination économique, sociale, sexuelle, politique, d'un clan sur un autre, d'une famille sur une ou des autres, voire d'un individu au sein de la communauté. Révélées le plus souvent par l'archive, parfois comme incidences d'affaires criminelles ou correctionnelles, ces discordes donnent également lieu à des procédures de réconciliation qui, échappant aux normes judiciaires d'Etat, relèvent d'une culture de l'arrangement, constituant la matrice du "pouvoir vivre ensemble" en évitant l'intrusion d'agents extérieurs à la communauté.

Ces trois axes, dont le seul intérêt est de traverser les époques et les espaces, n'épuisent pas le thème de la réconciliation. Il convient de prendre également en considération la personnalité de ceux qui apparaissent comme les agents privilégiés de la réconciliation : clercs ou laïcs, magistrats ou diplomates, émissaires plus ou moins officiels, etc. Le rôle de l'Etat apparaît grandissant dans cette affaire, via les procédures de pardon ou d'amnistie qui suivent souvent l'arrivée sur le trône d'un souverain ou un changement de régime. De Henri IV à De Gaulle, le pardon ou l'amnistie accompagne la réconciliation. Mais celle-ci peut-elle faire l'économie d'un jugement et d'une condamnation de "l'autre" ? La réconciliation se réduit-elle à l'exercice du droit de grâce ou d'amnistie, abolissant moins le jugement de la faute que la faute elle-même ? Dans le domaine littéraire et artistique, induit-elle un appauvrissement de la pratique chez ceux qui abandonnent leurs oppositions passées au profit d’un consensus syncrétique, une « rentrée dans le rang » des indépendants ou, plus prosaïquement, est-elle motivée par les nécessités économiques du quotidien, une solidarité contre des dangers extérieurs au seul domaine de la création ?

Il faut également songer aux exemples où la réconciliation s'avère impossible parce qu'impensable ou du moins informulable : la réconciliation porte aussi en elle l'irréconciliable, c'est-à-dire l'impardonnable. Le thème de la réconciliation oblige donc l'historien et l’historien de l’art à réfléchir sur le rapport au temps des sociétés, sur l'écart entre l'événement brutal, rompant la concorde, et son appréhension par une communauté pacifiée, prête au pardon et au retour à une vie commune.

Ces quelques éléments laissent la porte ouverte à des propositions aussi variées que possible, chronologiquement, géographiquement, thématiquement. On accueillera notamment avec intérêt les sujets de type comparatif, voire portant exclusivement sur un domaine étranger : ils permettront ainsi de confirmer ou d'infirmer les réflexions portant sur l'espace français.

Catégories

Lieux

  • Clermont-Ferrand, France

Dates

  • lundi 08 mars 2004

Contacts

  • P. BOURDIN
    courriel : chec [at] univ-bpclermont [dot] fr
  • M. Bernard DOMPNIER
    courriel : Bernard [dot] DOMPNIER [at] lettres [dot] univ-bpclermont [dot] fr

Source de l'information

  • Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand ~
    courriel : chec [at] univ-bpclermont [dot] fr

Licence

Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La Réconciliation, du Moyen Age à nos jours », Séminaire, Calenda, Publié le mardi 24 février 2004, https://calenda-formation.labocleo.org/188834

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