Calenda - The calendar for arts, humanities and social sciences
Published on vendredi, avril 23, 2004
Summary
Announcement
Ce colloque est co-organisé par le LEST (CNRS, Université de Provence, Université de la Méditerranée), le GAPP (CNRS, ENS de Cachan) et l'IEP d'Aix-en-Provence.
Organisation : Thomas Le Bianic (IEP d'Aix-en-Provence, LEST), Antoine Vion (Université de la Méditerranée, LEST).
Comité scientifique : Anne-Marie Arborio, Florent Champy, Lise Demailly, Patrice Duran, Jean-Pierre Gaudin Gilles Massardier, Delphine Mercier, Catherine Paradeise, Eric Verdier.
I.Objet du colloque
Le rôle croissant dévolu aux experts dans l'action publique et la prise de décision politique a été amplement discuté au cours de la dernière décennie (Trépos, 1991 ; Massardier, 1996). Mais ce débat sur l’expertise dans l’action publique insiste sur la construction des problèmes publics, sans interroger finement sa relation à des modes spécifiques de construction de savoirs, de statuts et de marchés professionnels. De plus, ce débat, souvent trop exclusivement centré sur la partie la plus visible du phénomène – l’expertise au plus haut niveau – néglige les recompositions des groupes professionnels travaillant sur autrui (ingénieurs sociaux, enseignants, médiateurs, etc.) et/ou travaillant sur des enjeux techniques (ingénieurs, architectes, urbanistes, comptables, etc.). La nouvelle division du travail entre ces groupes et au sein de ces groupes reste à analyser. Autour de quelles formations, de quels diplômes, s’organisent-ils ? Ces marchés professionnels sont-ils structurés au sein d’associations professionnelles ou savantes, de clubs de réflexion etc. ? Comment la carrière et la réputation des professionnels se construit-elle sur ces marchés ?
Ce colloque se donne pour objet de saisir les contours de la coordination professionnelle de l’action publique. Certains, comme Freidson (2001), la situent par rapport à deux autres formes de coordination : la coordination par le marché (où la régulation est laissée au libre jeu de l'offre et de la demande) et la coordination bureaucratique (dans laquelle ce sont des règles officielles et anonymes qui guident l'action publique). D’autres proposent d’ajouter la coordination par les réseaux, ou introduisent des nuances entre marchés et quasi-marchés. Quoi qu’il en soit, il apparaît nécessaire de rapporter l’analyse des changements à un idéal-type du professionnalisme, qui reste sans doute à construire.
Les enjeux qui pourront être abordés touchent plusieurs dimensions :
- La construction des savoirs experts et leur mise en pratique dans l’action publique : on peut s’interroger sur les relations entre l’élaboration de nouveaux savoirs et l’émergence de nouveaux enjeux d’action publique. Par exemple, les applications théoriques de la micro-économie standard aux questions de santé publique n’ont pas été sans effet sur la conception des réformes de l’organisation des soins. De même, dans le domaine de l’aménagement et des transports, la disqualification de certains arguments purement techniques (Crozet, 2004) a conduit à sensibiliser les ingénieurs aux enjeux du débat public et à ouvrir fortement leur formation aux sciences sociales.
- L'autonomie des professionnels. La sociologie des professions a beaucoup exploré ces dernières années la perte d’autonomie professionnelle entraînée par le surcroît de contraintes organisationnelles dans de nombreux domaines : enseignement (Demailly, 1992), santé (Arliaud et Robelet, 2000), travail social et médiation (Dubet, 2002). On s’est moins interrogé sur le mouvement inverse de professionnalisation de certaines activités (métiers du conseil, de la formation, de l’accompagnement, de la certification…), dont le lien avec les transformations précédentes mérite d’être approfondi.
- L'organisation des marchés du travail professionnels. On pourra s’interroger sur la manière dont de nouvelles formes d’action publique transforment les marchés du travail des groupes professionnels visés : conditions d'entrée dans la profession, mobilité, déroulement des carrières, rémunération.
Les études de cas pourront être empruntées aussi bien à des professions établies qu'à des activités en voie de professionnalisation dans différents domaines de l'action publique : développement local, insertion professionnelle, politiques de la ville, politiques culturelles, etc.
Les principaux axes du colloque sont les suivants :
II. Axes du colloque
- Les transformations de l’action publique : une ressource pour la professionnalisation de certaines activités ? On prendra soin de distinguer ici les différentes voies par lesquelles l'acteur public agit en direction des groupes professionnels, par la création de marchés et de clientèles par exemple - on songe ici par exemple au rôle des marchés publics dans l'organisation de la profession d'architecte (Champy, 1998) ou par la mise en place de labels, certifications, accréditations qui restreignent l’accès au marché à une catégorie de professionnels bien définie.
- Dans quelle mesure le recours aux services de professionnels contribue-t-il à asseoir la légitimité de l'action publique et des acteurs politiques sur des bases nouvelles ? On s'intéressera plus particulièrement ici aux critères de réussite et d'échec mobilisés dans l'action publique : en quoi rejoignent-ils les critères promus par les professionnels eux-mêmes ? Quel degré d'autonomie l'acteur public accorde-t-il aux professionnels dans la conduite d'un projet ? Dans quelle mesure cette autonomie donnée aux professionnels est-elle une ressource pour l'acteur public, limitant sa propre prise de risque en cas d'échec ? La dépolitisation de certaines questions peut-elle être considérée comme le résultat de ce mode de conception de l’action publique ?
- Les coopérations interprofessionnelles dans l’action publique. La sociologie des professions se limite en général à l'étude d'une seule profession et n’étudie pas ce qui se joue dans les coopérations entre différents groupes professionnels. Du côté de la science politique, le glissement sémantique qui s’est opéré, substituant le terme d’ « action publique » à celui de « politiques publiques » révèle la profonde évolution des modes de régulation et de coordination des activités sociales par les autorités politiques (Duran, 2002). La prolifération du concept de « gouvernance » insiste sur ce problème de coordination sans toujours bien en définir la forme (Gaudin, 2002). On pourra donc s'interroger sur la manière dont la coopération de différentes professions dans l’élaboration et la mise en œuvre de grands projets favorise l'émergence de nouveaux processus de légitimation de l'action publique. En quoi aussi la coopération interprofessionnelle renforce-t-elle l'autonomie de chacune des professions ? Quelles sont les limites de ces coopérations, les échecs et leurs causes ?
- Expertises internationales et internationalisation des professions. Dans de nombreux domaines, l'action publique s'appuie de plus en plus sur des réseaux d'experts internationaux (on songe notamment ici aux politiques urbaines et au rôle des architectes de réputation internationale). Dans quelle mesure cette internationalisation transforme-t-elle les processus de légitimation de l'action publique ? En quoi l'inscription des professionnels dans des réseaux internationaux constitue-t-elle pour eux une ressource ? De quelle manière se transforment les règles du jeu entre professionnels et acteurs publics du fait de l'internationalisation ?
- Les effets de l’émergence d’acteurs concurrents sur la relation entre pouvoirs publics et groupes professionnels. Dans des domaines comme l’environnement ou la santé, on assiste à l’émergence d’actions collectives non professionnelles (associations d’usagers, associations de malades, associations de défense, etc.). Dans quelle mesure celle-ci perturbe t-elle le jeu et instaure t-elle des formes de coordination distinctes, ou plus complexes ?
Bibliographie
Arliaud, Michel et Robelet, Magali (2000), « Réformes du système de santé et devenir du corps médical », Sociologie du travail, n°42, pp. 91-112
Champy, Florent (1998), Les architectes et la commande publique, Paris, PUF, coll. "Sociologies"
Crozet, Yves (2004), « Calcul économique et démocratie : des certitudes technocratiques au tâtonnement politique », Cahiers d’économie politique, à paraître 2004
Demailly, Lise (1992), Le collège, crise, mythes et métiers, Lille, Presses universitaires de Lille
Dubet, François (2002), Le déclin de l’institution, Paris, Editions du Seuil
Duran, Patrice (1999), Penser l'action publique, Paris, LGDJ, coll. "Droit et société"
Freidson, Eliot (2001), Professionalism, the third logic. On the practice of knowledge, Chicago, University of Chicago Press
Gaudin, Jean-Pierre (2002), Pourquoi la gouvernance ?, Paris, Presses de Sciences-Po
Massardier, Gilles (1996), Expertise et aménagement du territoire. L’Etat savant, Paris, L’Harmattan
Trépos, Jean-Yves (1996), La sociologie de l’expertise, PUF, Paris
Les propositions de communication sont à envoyer avant le 2 juin 2004 à : lebianic@univ-aix.fr sous forme d’un résumé de 4 000 signes environ. En cas d’acceptation, le texte complet de la communication devra être envoyé à la même adresse avant le 1er décembre 2004.
Le colloque aura lieu les 21 et 22 janvier 2005 à l'Institut d'études politiques d'Aix en Provence.
Subjects
- Sociology (Main subject)
Places
- Aix-en-Provence, France
Date(s)
- mercredi, juin 02, 2004
Contact(s)
- Thomas Le Bianic
courriel : lebianic [at] univ-aix [dot] fr
Information source
- Thomas Le Bianic
courriel : lebianic [at] univ-aix [dot] fr
To cite this announcement
« Action publique et légitimité professionnelle », Call for papers, Calenda, Published on vendredi, avril 23, 2004, https://calenda-formation.labocleo.org/189047