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La fête au présent : mutations des fêtes au sein des loisirs
Appel à communications. Colloque international
Published on jeudi, décembre 15, 2005
Summary
Announcement
UMR 5045 MTE (Mutations des Territoires en Europe) Pôle
Cultures
Mutations des
Territoires en Europe
http://recherche.univ-montp3.fr/mte/
INTERNATIONAL CONFERENCE:
THE CONTEMPORARY FETE; The transformations of festivities within leisures.
Nîmes (France), 2006, September 14, 15 and 16
L’étude des loisirs s’est souvent concentrée sur les activités les plus spectaculaires, plus facilement identifiables et surtout quantifiables (tourisme international puis national), non sans problème lorsqu’il s’agit d’évaluer le poids de ce qu’on appelle maintenant les industries culturelles. Le thème de la fête s’est récemment renforcé, mais son étude, suivant la perspective héritée de Durkheim, reste souvent limitée à des aspects économiques ou symboliques alors que les rapports entre fêtes et loisirs ont largement évolué. Dans ce contexte, quatre dimensions de la fête et des loisirs peuvent être articulées :
1- En permettant aux individus de s’inscrire dans des groupes restreints et très précisément délimités, fêtes et loisirs produisent de l’identité individuelle : aller dans tel ou tel autre type de lieu vous « marque », permet de « s’affirmer comme... » (punk, rasta, etc.).
2- Les fêtes et les loisirs permettent l’affirmation d’une corporalité des individus ; on la retrouve à travers la permanence d’une consommation alimentaire (manger, boire ou ingérer des psychotropes) et plus largement à travers un appel aux sens dans la presque totalité des activités proposées.
3- Ils construisent des idéologies territoriales passant d’un discours identitaire individuel (item 1) à un discours identitaire collectif. Discours sur les lieux, ces activités ont un rôle ancien mais dont la conscience s’est accrue alors même que les brassages de population, l’ouverture globale (ce que nous appelons plus couramment mondialisation), le développement du tourisme tendent à brouiller des repères auparavant plus implicites.
4- Ils participent donc au marketing territorial : cette conscience de l’importance du festif dans la production des idéologies territoriales autant que la généralisation de la marchandisation de la fête amènent à produire un discours tourné vers l’extérieur du groupe territorialisé quand l’idéologie territoriale a plutôt fonction interne : on « vend » du territoire à travers ses fêtes.
Dans l’étude des fêtes et des loisirs, trois axes inter-reliés semblent donc à
développer :
-
La
conceptualisation. Les termes de fête et de loisir restent faiblement
conceptualisés, alors qu’ils sont fortement opératoires du fait de la logique
économique et professionnalisante des études qui les concernent et en dépit même des imperfections de leur
définition.
-
L’analyse
des modalités d’insertion de la fête dans les activités de loisirs. Il importe
de ne pas s’arrêter au seul concept de loisir mais prendre en compte le
« champ » des loisirs, étendu aux jeux et aux sports, en
prêtant attention aux pratiques peu spectaculaires du quotidien banalisé,
souvent très locales.
-
Enfin, les représentations associées à ces notions doivent être envisagées,
afin de comprendre comment fêtes et loisirs acquièrent de nos jours une
dimension performative et contribuent à créer socialement de la valeur et du
sens.
Les propositions de communication sont attendues
autour des six approches suivantes :
1/ Convergence des fêtes et des loisirs
Fêtes et loisirs du quotidien tendent à converger alors qu’on avait l’habitude de distinguer clairement des activités « nobles » et d’autres vulgaires, ces dernières sont peu étudiées malgré leur rôle politique majeur dans nombre de sociétés dites traditionnelles. Cette convergence est en même temps une banalisation de la fête permanente, personnalisée (ce qui ne préjuge pas de l’abandon de l’inscription collective) et ubiquiste. Elle bouscule les temporalités et amène à rechercher en permanence l’événement afin de scander l’éternel présent des sociétés contemporaines. Dans ce contexte qui laisse la primauté au présent, les traditions et la charge symbolique qu’elles portent ne sont pas seulement réinterprétées, mais aussi réinventées. Les « traditions » festives apparaissent alors comme des occasions privilégiées pour comprendre comment des collectifs construisent socialement du sens. A ce compte, que révèlent les fêtes des cultures et des territoires où elles sont mises en œuvre ?
2/ Logiques de marchandisation
Le rapprochement avec les loisirs amène les fêtes à intégrer des logiques de marchandisation : les loisirs sont de plus en plus souvent traités comme un produit de consommation courante. La distinction entre les différentes activités est floue pour l’usager, devenu acteur et/ou client : fêtes et sorties se confondent, mais le tourisme voire l’audiovisuel et de plus en plus souvent le commerce jouent sur les mêmes registres et proposent de mettre l’événement, la participation –souvent virtuelle-, l’entertainment (divertissement récréatif et représentation) et le ludique au coeur de toutes les activités. La standardisation, l’homogénéisation et la reproductibilité, voire l’industrialisation des fêtes découlent de leur intégration au champ des loisirs. On parle de la fête comme outil ou comme vecteur économique ; elle perd le côté spontané, généreux et désintéressé sur lequel on a, peut-être un peu naïvement, beaucoup insisté. Comment la part maudite (Bataille) que représente la fête s’intègre-t-elle dans cette rationalisation croissante ?
3/ Expériences festives, corps et représentations
Le lien ancien des fêtes et des loisirs avec le plaisir et les corporalités les valorise fortement dans une société qui donne une place de choix aux activités physiques et sportives et qui revendique le développement personnel de l’individu jusqu’en ses dimensions intimes. Souvent envisagée comme vecteur majeur de l’expérience individuelle et corporelle du sujet, la fête articule les notions de jeu, de représentation, de mise en scène, pour construire de l’identité individuelle et collective, ce qui interroge les liens entre fête, identité et ethnicité ou genre mais oblige aussi à poser la question de sa contribution à la construction territoriale.
4/ Identités spatiales : la fête entre local en global
La fête n’est plus nécessairementlocale. Elle est parfois même construite dans le refus du territoire, ainsi desraves parties. Quelles relations entretiennent local et global dans les nouveaux modes de mise en fête des lieux ? Des auteurs ont insisté sur la capacité de la modernité à créer de la différence en provoquant divers phénomènes de syncrétisme ou en suscitant de nouveaux particularismes. La globalisation, ainsi, implique paradoxalement la complexité et la diversité, voire le maintien des localismes et la résurgence ou la revivification des identités locales et des communautarismes. Comment se développe aujourd’hui un marketing territorial festif, et quelle est son efficacité ?
5/ Mythes et symboles dans la société en fête
La fête participe toujours au champ de la croyance, de la religion et des représentations. Elle permet certes d’affermir l’ordre social et de « vendre » un territoire, mais elle est aussi une occasion où sont communiquées des valeurs. Que la fête s’inscrive dans le temps banal et quotidien des loisirs, ou qu’elle incarne les valeurs plus fondamentales de spontanéité ou de générosité, elle a toujours donné une place de choix au mythe, et plus encore au rite et à la structuration du temps en séquences rituelles. Cette fonction perdure ; comment évoluent ces modalités de construction du mythe ?
6/ Acteurs de la fête :
Enfin, les acteurs de la fête restent mal connus : cette activité fut traditionnellement considérée comme non commerciale, spontanée et désintéressée. Dans un premier temps (années 1970-80), l’histoire a souligné leur implication politique ; le développement récent de la professionnalisation contribue aux mutations évoquées plus haut. Mais les clichés de l’instrumentalisation politique et économique de la fête, aussi partiaux que partiels, laissent dans l’ombre une part majeure de l’activité de ces acteurs. Comment appréhender ce qui ressort de la fluidité du lien social, de la non inscription dans des schémas utilitaristes ?
Comité scientifique
Sébastien Fournier (Ethnologue, Université Nantes Montpellier 1, JE 2416
GP3S)
Régis Keerle (Géographe, Université Rennes 1, ESO)
Catherine Bernié-Boissard (Géographe, UMR 5045 MTE, Nîmes)
Philippe Joron (Sociologue, Université Montpellier 3, IRSA-CRI)
Guy di Méo (Géographe, UMR 5185 Université de Bordeaux 3)
Dominique Crozat (Géographe, UMR 5045 MTE Montpellier 3)
Claude Chastagner (Etudes Culturelles, Université Montpellier 3)
Isabelle Garat (Géographe, Université Nantes, UMR 6590 ESO)
Jocelyne Bonnet-Carbonell (Ethnologue, Université Montpellier 3)
Martine Géronimi (Géographie, UQAM, Montréal)
Jean-Pierre Augustin (Géographe, Université Bordeaux 3)
Jérémie Boissevain (Ethnologue, Université d’Amsterdam)
Les propositions de communication, d’ateliers, de posters doivent nous parvenir avant le : 10 février 2006
- Propositions individuelles de communication orale : 300 mots
- Symposium, atelier : 5 x 300 mots et argumentaire théorique d’ensemble : 500 mots (total : 2000 mots)
- Posters : présentation 300 mots et 5 pages maximum
Les langues du colloque sont le français et l’anglais
Contacts :
Mutations
des Territoires en Europe, UMR 5045
Université
Paul Valéry
Route
de Mende
F-34199
Montpellier cedex 5
Tél :
33-(0)4 67 14 24 43
Dominique
Crozat : dominique.crozat@univ-montp3.fr
Catherine
Bernié-Boissard : catherine.bernie-boissard@univ-montp3.fr
Laurent-Sébastien Fournier : laurent.fournier@univ-nantes.fr
Régis
Keerle : regis.keerle@univ-rennes1.fr
Christiane
Lagarde: mte@univ-montp3.fr
Places
- Nîmes, France
Date(s)
- vendredi, février 10, 2006
Contact(s)
- Dominique Crozat
courriel : dominique [dot] crozat [at] univ-montp3 [dot] fr
Information source
- Dominique Crozat
courriel : dominique [dot] crozat [at] univ-montp3 [dot] fr
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« La fête au présent : mutations des fêtes au sein des loisirs », Call for papers, Calenda, Published on jeudi, décembre 15, 2005, https://calenda-formation.labocleo.org/190906