AccueilEnjeux de santé et sociologie

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Publié le jeudi 16 février 2006

Résumé

La Revue Sociologie-Santé éditée par l’Association Marginalité et Société en collaboration avec la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine réalise son numéro 25 sur le thème : Enjeux de santé et sociologie. Ce numéro s’inscrit dans une réflexion prospective quant aux tendances que l’on peut déceler aujourd’hui sur les évolutions à venir dans le champ de la santé.

Annonce

Les quatre derniers numéros de la revue ont été consacrés à des thématiques spécifiques :

N°20 mutualité et santé,

N° 21 Cancers et société,

N° 22 Epidémies et sociétés dans le monde occidental XIVe- XXIe siècles,

N° 23 La vieillesse dans tous ses états.

N° 24 Violence en couple

La Revue Sociologie-Santé éditée par l’Association Marginalité et Société en collaboration avec la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine réalise son numéro 25 sur le thème : Enjeux de santé et sociologie. Ce numéro s’inscrit dans une réflexion prospective quant aux tendances que l’on peut déceler aujourd’hui sur les évolutions à venir dans le champ de la santé. Le développement technologique de la médecine et des traitements thérapeutiques, l’évolution des coûts du système de santé ont ouvert une réflexion sociologique qui dépasse le contexte sanitaire pour poser des problèmes généraux de société et d’ordre éthique. Les nouvelles voies vers lesquelles la médecine du XXIe siècle s’est engagée avec d’une part la prédiction des maladies certaines et d’autre part la prédiction de la prédisposition aux maladies constituent de nouveaux enjeux pour la Sociologie de la santé. La question de départ se trouve déplacée, dorénavant il ne s’agit plus de savoir comment traiter les maladies mais aussi et en premier lieu il s’agira de développer des comportements d’anticipation et d’évitement.

Reconnaître les prédispositions à une maladie permettra d’organiser la prévention et de ce fait la responsabilité de la maladie elle-même se trouve aussi déplacée, l’individu n’étant plus seulement considéré comme une victime innocente de son état. Poser la question de la santé c’est finalement poser celle de la responsabilité des personnes dans le développement de leurs maladies. Ce sont donc les fondements même de la protection sociale qui se trouvent questionnés avec le passage d’une prise en charge socialisée du risque médical à l’individualisation de la protection sociale. Le fait que la maîtrise du risque santé ne repose plus exclusivement sur une structure collective, mais aussi sur des stratégies individuelles ne sera pas sans conséquences sur l’organisation du système de santé lui-même et les conditions d’accès aux soins. Les transformations du système de soins s’inscrivent dans une temporalité assez longue (par exemple entre le « médecin référent » des Ordonnances de 1996 et le « médecin traitant » de janvier 2006 s’écoule une dizaine d’années), Les organisations de soins et les professionnels sont soumis à un processus de changement qui modifiera leurs pratiques, les formes de management et leur rapport avec les usagers. De plus la compréhension de ces évolutions ne peut plus être réduite au cadre de l’Etat-nation mais elle doit résolument prendre en compte l’espace politique européen.

Le numéro sera structuré autour de 7 axes principaux qui constitueront les orientations thématiques pour les auteurs à l’intérieur desquelles ils pourront situer leurs analyses.

1) Sociologie et pluridisciplinarité dans les recherches sur la santé et le système de santé

L’orientation de ce premier axe sera d’ordre épistémologique, outre la question traditionnelle sur la pertinence de la distinction Sociologie de la santé et/ou Sociologie de la médecine, on pourra s’interroger sur la fluidité culturelle des normes dans la construction sociale de la santé et de la maladie (le corps, la violence conjugale et la santé etc..). Dans cet espace de recherche se côtoient des problématiques et des chercheurs de domaines scientifiques différents (économistes, juristes, médecins, anthropologues, sociologues, psychologues, démographes, épidémiologiste). Comment s’articule le point de vue sociologique et les autres approchent de la santé ? Le point de vue sociologique peut-il encore être porté par les seuls sociologues ? Quels types de liens entre la démarche de recherche et celle de l’expertise dans le champ de la santé ?

2) Nouvelles pratiques, associations d’usagers, savoirs profanes, médicaments

Dans ce deuxième axe il s’agira de s’interroger sur les savoirs et les nouvelles pratiques sociales de santé tant dans la sphère privée que du point de vue des politiques publiques ayant pour finalité le maintient de la santé des populations.

Les questions de santé ont envahi l’espace public de communication, presses, magazines, radio, télévision, internet, diffusant des savoirs et aussi des représentations de la « bonne santé » tant au niveau du corps qu’au niveau mental. Des pratiques sociales tel que le sport, les comportements alimentaires, s’inscrivent dans le cadre des préoccupations de préservation de sa santé par « l’entretien » du corps et de soi.

La tolérance à l’égard des risques s’est considérablement réduite faisant du même coup apparaître au premier plan le principe de précaution et articulant d’une part des registres différents de connaissances d’ordre économique, juridique, médical, politique et d’autre part des relations conflictuelles entre des groupes sociaux (associations d’usagers, professionnels des secteurs économiques soumis aux conséquences des risques etc.).

Au cœur des préoccupations de son état physique et mental le médicament joue un rôle central soit par automédication soit par prescription au point où certains parlent d’une médicamentation (médicalisation) des problèmes sociaux ou encore des usages et « mésusages » des médicaments.

3) Les effets des réformes au sein du système de soins

Ce sont les fondements même de la protection sociale qui se trouvent questionnés avec le passage d’une prise en charge socialisée du risque médical à l’individualisation de la protection sociale. Le fait que la maîtrise du risque santé ne repose plus exclusivement sur une structure collective, mais plutôt sur des stratégies individuelles n’est pas sans conséquences sur l’organisation du système de santé lui-même et les conditions d’accès aux soins. Il s’agira aussi d’explorer les transformations au sein du système de soins tant au niveau organisationnel qu’au niveau des divers professionnels (le développement des services d’hospitalisation à domicile (SHAD), la mise en œuvre des recommandations professionnelles, etc.)

Dans cet axe une place sera réservée à des études sur le secteur pharmaceutique et du médicament qui symbolise le plus le volet marchand du champ de la santé. L’approche sociologique doit permettre de davantage problématiser l’analyse de ce secteur et de faire apparaître comment il se situe dans les enjeux du système de santé.

4) L’européanisation des politiques publiques de santé

Les tendances à l’européanisation des politiques de santé ne sont pas immédiatement perceptibles pour la majorité des acteurs et pourtant elles commencent à influencer la mise en œuvre des politiques sanitaires. L’européanisation ne signifie pas pour autant l’existence d’une politique européenne. Il s’agira tout d’abord de voir à quelles conditions on peut parler d’européanisation des politiques de santé ? Quelles articulations peut-on observer entre les niveaux européen et national ? L’européanisation des politiques de santé correspond-t-elle à un processus de construction de politiques publiques européennes ? Quelle est la part de la définition des normes dans l’européanisation des politiques de santé (portant par exemple sur les pratiques professionnelles, les médicaments, etc.) ?

5) La question des inégalités devant la santé

Les inégalités sociales ont toujours été un thème majeur de la sociologie et depuis quelques années d’autres disciplines, comme l’économie de la santé ou encore l’épidémiologie, ont largement investi l’étude des inégalités sociales en matière de santé et de recours aux soins.

Il s’agira moins ici de proposer des articles sur la mesure ou l’étude des déterminants sociaux des états de santé que des analyses sur l’évolution des inégalités de santé et d’accès aux soins d’une part et d’autre part la perception subjective des inégalités sociales ou le sentiment de justice ou d’injustice.

Quelles relations peut-on établir entre les politiques de réforme, comme la territorialisation de l’action publique, et l’évolution des inégalités en matière de santé et de recours aux soins ? Le système de production s’est considérablement modifié (disparition des industries minières etc. apparition de nouvelles conditions de travail dans de nouveau secteur etc.) quel impact sur les états de santé des populations ?

6) Handicap mental et société

Cet axe sera essentiellement centré sur le handicap mental si, dans l’opinion publique, le handicap physique évoque courage et injustice, mais aussi volonté, le handicap mental inspire davantage la pitié et la compassion. La pénurie actuelle de professionnels dans ce secteur et notamment de psychiatre soulève des questions sur l’évolution récente des relations que notre société entretient vis-à-vis des personnes handicapées mentales.

Ce secteur est amené à vivre des transformations dans le contexte actuel de sa décentralisation (maisons départementales du handicap). On suggéra ici deux thèmes qui font débat d’une part celui de « l’intégration scolaire » et donc des rapports entre le secteur spécialisé et l’éducation nationale et, d’autre part, celui des frontières entre les situations de chômage, de pauvreté et d’exclusion et le statut d’handicapé.

7) Ethique, santé et société

Le thème de l’éthique traverse l’ensemble du champ de la santé, il est devenu omniprésent ces dernières années à la fois sous l’effet de l’évolution des recherches et des technologies médicales, des réformes profondes du système de santé et des pratiques professionnelles. Depuis la création du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé, le thème « éthique et santé » s’est largement diffusé tant dans les formations et la recherche qu’au sein des organisations avec les créations de comités d’éthique. On s’interrogera ici sur les fonctions sociales de cette thématique dans les discours des différents acteurs, professionnels, décideurs politiques, associations d’usagers, comme réflexions sur les fondements moraux des pratiques sociales ou comme discours de justification facilitant l’élaboration de consensus afin de concilier les intérêts de l’individu et de « la société ».

La réalisation du numéro sera coordonnée par:

François VEDELAGO,
Maître de Conférences en Sociologie,
Laboratoire INSERM U 657 : pharmacoépidémiologie et évaluation de l'impact des produits de santé sur les populations Université Bordeaux2

Michèle BOUIX,
Docteur en Sociologie
Laboratoire de recherche UMR 6588
Territorialité et Identité dans le domaine européen, (TIDE) Université Bordeaux3

Membres du Comité de lecture

Le Comité de lecture issu du Conseil scientifique de la Revue est composé de: Charles-Henry Cuin, François Vedelago, Bruno Hérault, Jean-Paul Callede, Michèle Bouix , Gérard FABRE, Jean-Pierre Goubert, Norbert Gualde, Bernard Allemandou

Date d’envoi des communications : 15 juin 2006

Un texte d’intention comprenant un titre, même provisoire, ainsi qu’une dizaine de lignes d’orientation de l’article est demandé pour le 1 mars 2006.

Catégories


Dates

  • mercredi 01 mars 2006

Contacts

  • stephane Barry
    courriel : Stephane [dot] barry [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • stephane Barry
    courriel : Stephane [dot] barry [at] gmail [dot] com

Licence

Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Enjeux de santé et sociologie », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 16 février 2006, https://calenda-formation.labocleo.org/191174

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