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Des lieux porteurs de temps
Fragments de mémoire et récits en Méditerranée
Published on mardi, juillet 18, 2006
Summary
Announcement
Ces rencontres constituent le second rendez-vous de l’atelier Mémoires en Méditerranée du réseau Ramsès. Elles sont organisées en partenariat avec le Centre d’études alexandrines (CEA) et la Bibliotheca Alexandrina . A Alexandrie, les communications et débats alterneront avec des déambulations dans la cité égyptienne organisées par Jean-Yves Empereur et le CEA, sur le thème de la circulation des statues. Pour la journée de clôture, davantage ouverte au grand public, des projections conférences seront proposées.
A rebours d’une conception commune du lieu patrimonial comme réceptacle d’une identité figée sur l’énonciation de son passé, nous voulons, au cours de cette rencontre, porter attention au caractère éminemment construit et processuel de l’acte qui, depuis la remémoration du passé historique, conduit à l’identification du « lieu mémoire », mais probablement aussi aux potentialités créatrices du lieu lui-même. A travers les usages, les pratiques et les récits liés aux « objets porteurs de temps » (D. Sibony), s’élabore en effet un travail sur la narration de soi, comparable au travail thérapeutique : il s’agit pour le sujet collectif ou individuel de s'instaurer une mémoire, légitimée comme étant l'histoire, afin de pouvoir être au présent. Le lieu alors devient éminemment créateur, qui autorise l'histoire en la manifestant, et produit ainsi du sens, du lien, du territoire, du consensus, mais aussi du conflit.
Parler de « lieux mémoire », plutôt que de « lieux de mémoire », c’est également se démarquer de la définition conceptuelle proposée par Pierre Nora dans le projet d’une histoire « au second degré ». La nécessité s’impose aujourd’hui de prendre au sérieux l’usage commun qui est fait de ce concept, et d’opérer un retour au lieu géographique, comme cadre d’inscription de la mémoire.
De ces lieux l’on peut proposer à titre indicatif une typologie ouverte : monuments commémoratifs, lieux sacralisés, hauts lieux, lieux témoins, figures et objets emblématiques etc. Une telle typologie se fonde sur la nature du lien entre le lieu et la collectivité ; l’un des objectifs de cette rencontre sera précisément de questionner la substance de ce collectif auquel le récit du lieu renvoie.
Axes :
- Le « génie » du lieu. Si le récit historique modèle les lieux (ex. : les pratiques de restauration, de protection ou mise en valeur quelles qu’elles soient), l’on peut à l’inverse fréquemment constater que certains lieux, par une poétique propre, semblent immanquablement attirer des narrations caractéristiques. L’île, le phare, la ruine sont quelques-uns de ces lieux types. Mais nombre d’autres lieux, de forme moins évidente, inspirent aussi le récit (cf., à titre d’exemple, les travaux de S. Schama, Landscape and Memory, 1995 ou F. Walter, Les figures paysagères de la nation, 2004). Est-il possible alors de repérer les propriétés, vertus, valeurs, des lieux qui, de manière privilégiée, localisent l’histoire ?
- Les acteurs. Quelles catégories d’acteurs procèdent à la localisation de l’histoire et dans quels contextes historiques et sociaux ? Quels sont les enjeux de ces processus de localisation (économiques, politiques, artistiques, scientifiques etc.) ? Quelles sont les manières de faire et les représentations attachées à chaque contexte propre ? Y a-t-il interaction ou bien concurrence entre les différents modes d’être aux lieux porteurs de temps ? S’agit-il, à travers l’identification au lieu, de transmission ou bien d’appropriation d’une histoire ? Une attention particulière devra être accordée à l’Etat, comme acteur souvent prépondérant des processus de fabrication, reconnaissance et légitimation du lieu-mémoire. Mais l’on s’intéressera également aux différents acteurs locaux et aux acteurs situés en position d’intermédiaires entre les « territoires officiels » de la narration (dont participent aussi les enseignants et les chercheurs) et ses marges (ex. : voyageurs, écrivains, érudits…)
- L'acte narratif. L'on sera attentif à la construction narrative du lieu, aux processus de justification et légitimation du lieu comme producteur du récit historique. Particulièrement riches de sens devraient être les narrations liées à la trajectoire des lieux patrimoniaux : édification, circulation et destruction (ex. : les scènes de destruction des statues lors des épisodes de conflits ; les débats autour de la circulation des objets patrimoniaux ; la définition des contours des territoires protégés etc.). L’on interrogera également ici la traduction matérielle des récits, la correspondance entre le récit du lieu et les actes qu’il induit (choix d’édification, de restauration, de scénographie etc.), de manière à rendre compte du lien unissant le topos à ses représentations.
Programme
Jeudi 31 août
Accueil des participants au Centre d’études alexandrines (CEA)
Vendredi 1er septembre
Ouverture des rencontres
Matinée
Accueil au CEA, conférence et visite de la ville par Jean-Yves Empereur (directeur du CEA), sur le thème de la circulation des statues.
Déjeuner au CEA
Après-midi
15h30
Accueil à la Bibliotheca Alexandrina, remerciements et allocutions
- Mohammed Awad (directeur du centre Alexmed, Bibliotheca Alexandrina)
- J.-Y. Empereur
- Mot du Directeur de Telemme – MMSH
16h00
Introduction : La Méditerranée, lieu pour le récit scientifique ?
- Maryline Crivello (UMR Telemme, MMSH, Aix-en-Provence), Dionigi Albera (IDEMEC, MMSH, Aix-en-Provence) :
Présentation des rencontres « Des lieux porteurs de temps »
Présentation de l’axe Mémoires en Méditerranée du programme Ramsès
La Méditerranée des historiens et des anthropologues
- Débat
17h30-19h00
Visite de la Bibliotheca Alexandrina
Samedi 2 septembre : Bibliotheca Alexandrina
10h00-13h30
1. Le Génie du lieu : fondation, partage, circulation
Isabelle Régen (IFAO, Le Caire)
L’inscription topographique de la mort en Egypte ancienne : à propos du rite de la fondation de la tombe.
Dionigi Albera, (IDEMEC, MMSH, Aix-en-Provence)
Sanctuaires partagés en Méditerranée : récit pluriels et pratiques mixtes.
Discussion
Ourania Polycandrioti (IRNH, Fondation Nationale de la Recherche Scientifique, Athènes, Grèce)
Le nombril de la Terre en Grèce. Delphes et ses symbolismes
Philippe Jockey, (Centre Camille Jullian, MMSH, Aix-en-Provence)
Le mythe de la Grèce blanche poétique des lieux et blanchiments de mémoire
Arturo Ruiz, (Universidad de Jaén, Espagne)
Los sitios de memoria de los tiempos de la Dama de Elche
Discussion
14h00-15h15 : Déjeuner au CEA
15h30-19h30
2. Héritages de l’histoire, stratification de la mémoire
Yasser Aref, Sahar Hamouda (Centre AlexMed, Bibliotheca Alexandrina)
The cemeteries of Alexandria. The untold narrations of a cosmopolitan city
Jean-Marie Guillon (UMR Telemme, MMSH, Aix-en-Provence)
Ville et mémoire, la mise en scène toponymique du passé en France méditerranéenne
Jean-Luc Bonniol (IDEMEC, MMSH, Aix-en-Provence)
Les récits du Larzac : de l’inscription différentielle de l’histoire sur le lieu…
Discussion
3. Fragmentation du récit national et passé colonial
Houcine Jaïdi (Laboratoire Diraset, Université de Tunis)
Archéologies rivales et localisations de l’histoire à Carthage sous le Protectorat français.
Abderrahmane El Moudden (Faculté des lettres, Rabat)
Oblitération spatiale d’une mémoire indésirable : Muhammad bin ‘Abd el Karim et l’Etat marocain
Discussion
Barkahoum Ferhati (CNRPAH, Alger)
Musée national Etienne Dinet ou le lieu de mémoire partagé et controversé.
Anissa Bouayed, (CRASC, Oran)
Dans l’ombre d’Alger, l’intrusion silencieuse des artistes algériens dans la cité oranaise.
Discussion
Dimanche 3 septembre : Bibliotheca Alexandrina
10h00-13h30
Fragmentation du récit national et passé colonial (suite)
Michèle Baussant (CEIFR, EHESS, Paris/Université de Laval, Québec)
De la territorialisation de l’histoire à l’extraterritorialité mémorielle : les formes d’inscription narrative et non narrative des passés à travers l’exemple d’un sanctuaire marial entre l’Algérie et la France
4. Territoires en émergence : (Re)fonder une mémoire collective
Fatma Ben Slimane, (Faculté des sciences humaines et sociales, Tunis)
Tunisia in the Ottoman era: Territory as a heritage site
Khaldun Bshara, (Riwaq-Centre for architectural conservation, Ramallah)
The Palestinians attempts to build a collective narrative in state-building process
Irena Weber, (University of Ljubljana, Faculty of Arts)
Constructing cultural heritage in a landscape park : a case of an Upper Adriatic salt pans.
Karine-Larissa Basset, (TELEMME, MMSH, Aix-en-Provence)
Les « Parcs culturels », lieux d’utopie contemporaine en Méditerranée.
Débat
Déjeuner
15h30-19h00
Autour de la mémoire en Méditerranée. Enquêtes et acteurs : présentation de quelques expériences
Philippe Jockey.
La fondation Sud et l’enquête sur les lieux de mémoires archéologiques en Méditerranée : présentation et synthèse.
Arnaud Ramière de Fortanier (Association du souvenir de Ferdinand de Lesseps et du canal de Suez / EHESS, Paris).
Le canal de Suez. D’une mémoire l’autre
Maryline Crivello
Présentation du programme CAPMED suivie d’une projection
Synthèse finale
Dimitri Nicolaïdis (Université Panthéon Sorbonne / UMR Telemme)
Subjects
- History (Main subject)
Places
- Alexandria, Arab Republic of Egypt
Date(s)
- vendredi, septembre 01, 2006
Contact(s)
- Maryline Crivello
courriel : crivello [at] mmsh [dot] univ-aix [dot] fr - Karine Basset
courriel : basset [dot] karine [at] gmail [dot] com
Information source
- Agnès Rabion
courriel : rabion [at] mmsh [dot] univ-aix [dot] fr
To cite this announcement
« Des lieux porteurs de temps », Conference, symposium, Calenda, Published on mardi, juillet 18, 2006, https://calenda-formation.labocleo.org/191771