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Cycle de conférencesSociologie
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Identités à la dérive
Saison 2006 - 2007
Publié le vendredi 10 novembre 2006
Résumé
Annonce
Cycle de conférences à Marseille
octobre 2006 - mai 2007
Échange et diffusion des savoirs propose de poursuivre, d'octobre à mai, le cycle de conférences sur les « Identités à la dérive » qui avait débuté la saison dernière et auquel ont participé Patrick Weil, historien ; Jean Baechler, sociologue ; Michel Wieviorka, sociologue ; Emmanuel Todd, historien ; Hervé le Bras, démographe ; Pierre-Emmanuel Dauzat, philosophe ; Georges Vigarello, historien ; Jean-Claude Kaufmann, sociologue ; Philippe Descola, anthropologue.
C'est au tour de treize conférenciers parmi lesquels Pierre Hassner, Justin Vaïsse, Maurice Olender, Eric Fassin ou Vincent Descombes, de questionner cette notion d'identité, devenue problématique dans la sphère privée comme dans la sphère publique.
Cette notion ambigüe travaille aux marges de l'imaginaire et conduit bien souvent à l'exacerbation des passions. Elaboration personnelle ou collective, physique ou idéelle et représentationnelle, l'identité se décline sur des modes multiples, confus et obscurs.
Pourtant, que ce soit sur le registre de la mise en ordre de soi et du monde ou sur celui du ravage, l'histoire contemporaine nous rappelle combien sont concrets ses effets historiques : la quête identitaire semble en passe de ruiner l'idéal des Lumières visant la liberté de la personne et l'autonomie des sociétés.
Quelle est la portée de cette notion d'identité dans les processus simultanés d’élaboration de la globalisation et de l'individualisation moderne ?
Quels en sont les effets internationaux et géopolitiques ?
Qu'en est-il de la partition même entre humanité et nature, entre culture et nature ?
En posant ici les questions des massacres et génocides, du cosmopolitisme, du genre et de l'identité sexuelle dans l'espace public, ou encore celles du culturalisme ou de l'usage politique de l'histoire, ce cycle de conférences a pour ambition de mettre en critique le couple conceptuel identité / altérité pour envisager l'identité dans son rapport à la complexité : une alliance dont les implications sont, sans doute, moins productrices d'exclusion et de peurs.
Calendrier
Jeudi 26 octobre 2006 - « Comprendre » notre barbarie ?
Jacques Sémelin, historien et politologue
Jacques Sémelin défend l’idée que le massacre procède avant tout d’une opération de l’esprit, une manière de voir et stigmatiser "l’Autre" avant de le tuer vraiment.
La revendication identitaire est au cœur de cette rationalité délirante. Car, si, pour vivre, les hommes ont besoin de donner sens à leur existence, pour tuer il en est de même.
Dans ces nouveaux univers de sens que fabriquent les appareils de propagande, il est publiquement proféré que la violence est possible et l’interdit du meurtre est levé. Les supports de ces appareils et des émotions publiques qu’ils suscitent sont souvent les mêmes : identité, pureté, sécurité...
Après la Seconde Guerre mondiale, on avait dit : "plus jamais ça !". Il fallait "tirer les leçons de la catastrophe". Que reste-t-il de ces vœux pieux ? Un paysage de désastre aux quatre coins du monde, du Cambodge à la Tchétchénie, en passant par l’Indonésie, le Biafra, le Guatemala, l’Irak, le Rwanda ou le Soudan, sans oublier l’ancienne Yougoslavie. En ce début du XXIème siècle, plutôt que de se payer de mots, mieux vaut donc regarder de très près les réalités mêmes qui nous paraissent scandaleuses, et chercher à comprendre les raisons de cette reproduction du tragique, à travers la répétition du massacre de masse.
Jacques Sémelin nous contraint à constater que le bourreau appartient bien à notre commune humanité, même s’il conserve en elle quelque espoir : s’il existe en effet des "tueurs ordinaires", il existe aussi des "sauveteurs ordinaires".
Jacques Sémelin
Jacques Sémelin est directeur de recherche au Centre d’études et de recherches internationales (CERI/CNRS). Il enseigne à l’Institut d’études politiques de Paris et à l’Institut catholique de Paris. Il est par ailleurs consultant du Centre d’analyse et de prévision du Ministère français des Affaires étrangères ainsi que du Secrétariat général à la Défense nationale, et a été expert auprès de plusieurs musées dont le Mémorial pour la Paix de Caen et le Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation à Lyon.
Ses domaines de recherche portent sur l’’extrême violence et les stratégies de résolution des conflits. Son travail établi dans une perspective comparative, offre un outil puissant de compréhension des génocides et des massacres de masse comme processus politiques et fait autorité, y compris hors de France. Jacques Sémelin dirige le projet international d’une encyclopédie électronique des massacres et des génocides (http://www.encyclo-genocides.org).
Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides, Seuil, 2005 La non-violence expliquée à mes filles, Seuil, 2000 Sans armes face à Hitler. La résistance civile en Europe (1939-1943), Payot, 1998 (1989) La liberté au bout des ondes. Du coup de Prague à la chute du mur de Berlin, Belfond, 1997 Quand les dictatures se fissurent... Résistances civiles à l’Est et au Sud (dir.), Desclée de Brouwer, 1995 La non-violence (avec Christian Mellon), PUF, 1994
Jeudi 9 novembre 2006 - Une identité cosmopolitique est-elle possible aujourd'hui ?
Pierre Hassner, philosophe et politologue
Y a-t-il place pour les cosmopolites quand il n’y a ni cosmos ni polis ? Le beau mot "cosmopolite" signifie "citoyen du monde". Il présuppose l’existence d’un monde ordonné (un cosmos) qui puisse se constituer en une communauté, sur le modèle d’une communauté politique (polis), et avec lequel l’individu puisse entretenir une relation de citoyenneté, c’est-à-dire d’allégeance et de participation. Cette idée est évidemment toujours restée à l’état de rêve sur le plan politique.
Aujourd’hui, l’évolution des communications, l’effondrement des idéologies totalitaires, le progrès, si partiel qu’il soit, des juridictions internationales prêtent une plus grande plausibilité à l’idée d’une "situation cosmopolitique" au sens de Kant, où "une violation des droits de l’homme en un point de la planète est ressentie partout" et où " la situation intérieure de chaque état est un objet d’intérêt légitime pour tous les autres". Mais les bases culturelles et spirituelles d’un tel état cosmopolitique sont plus en doute qu’elles ne l’ont jamais été. C’est l’idée même d’une base commune de discours et d’interaction, globale ou nationale, qui est mise en question.
Pierre Hassner
Pierre Hassner est diplômé en philosophie de l’Ecole normale supérieure. Directeur de recherche émérite au Centre d’études et de recherches internationales, il enseigne les relations internationales et l’histoire de la pensée politique à l’Institut d’études politiques de Paris et à l’European Center de l’Université Johns Hopkins à Bologne.
Disciple de Raymond Aron, Pierre Hassner est spécialiste des relations Est-Ouest. Dans le contexte des incertitudes que soulève l’évolution géopolitique du monde actuel, c’est en qualité de philosophe qu’il s’attache à dégager les contours futurs du politique. Ses réflexions portent sur les questions éthiques et politiques que soulèvent les relations internationales, en Europe notamment, ainsi que sur la guerre, la violence et le totalitarisme dans le contexte de l’après Guerre froide.
Justifier la guerre ? De l’humanitaire au contre-terrorisme, (dir. avec G. Andréani), Presses de Sciences Po, 2005 La terreur et l’empire. La violence et la paix II, Seuil, 2003 Guerre et Sociétés. Etats et violence après la guerre froide (avec R. Marchal), Karthala, 2003 Washington et le monde. Dilemmes d’une superpuissance (avec Justin Vaïsse), Autrement, 2003 Débat sur l’Etat virtuel (avec R. Rosecrance et B. Badie), Presses de Sciences Po, 2002 La violence et la paix. De la bombe atomique au nettoyage ethnique, Seuil, 2000 (1995)
Jeudi 23 novembre 2006 - Mémoires d'empire. Retour sur la controverse autour du « fait colonial »
Romain Bertrand, politologue
En mentionnant le "rôle positif" de la colonisation française de l’Afrique du Nord, la Loi du 23 février 2005 a provoqué, au lendemain de son adoption par le Parlement, une controverse d’une rare virulence dans les médias français. Lors des débats parlementaires de novembre visant à l’abrogation de l’article litigieux, les forces politiques en présence se sont affrontées non plus seulement sur la question de l’enseignement de la "juste histoire" du "fait colonial", mais aussi, et avant tout, sur la question des "pédagogies" de l’"intégration républicaine".
Dans le sillage de diverses initiatives militantes (comme celle du collectif des Indigènes de la République), le débat sur le passé colonial français s’est ainsi trouvé raccordé à celui sur l’immigration et les "émeutes de banlieue" - prétendument initiées par des "jeunes issus de la colonisation".
A force d’être réitérée par les uns et les autres, et en dépit de son inexactitude sociologique, l’idée s’est imposée que les "jeunes des banlieues" étaient les porteurs ou les vecteurs d’une mémoire douloureuse de la colonisation, et que les catégories d’"immigrés" et d’"ex-colonisés" se recoupaient parfaitement. Cette idée a cautionné une interprétation "mémorielle", et non plus sociale et politique, des "émeutes" d’octobre-novembre 2005. Tel est l’un des principaux legs du débat renouvelé sur le fait colonial.
Mais comment le "passé colonial" de la République et la guerre d’Algérie sont-ils (re)devenus objet et enjeu du débat public national ? Qu’est-ce qui a poussé des députés de la majorité à défendre, dans l’hémicycle, le "bilan globalement positif" de la conquête et de la domination coloniales, ainsi qu’à réclamer la réhabilitation financière des condamnés amnistiés de l’OAS ? L’explication la plus simple consiste à assigner cette parole politique dérangeante à l’action souterraine d’une minorité d’influence : les associations de "rapatriés" d’Algérie. Mais cette thèse du "complot pied-noir" ne suffit aucunement à expliciter les raisons politiques de l’entrée en lice des députés UMP. Il faut encore comprendre comment des députés se réclamant du gaullisme historique ont pu passer outre le "verrou anti-OAS" bâti au sortir des années 1960 par le RPF, et pour cela interroger les mutations du champ politique français dans les années 1980 et 1990.
Il faut également passer au crible de l’analyse les prises de position intellectuelles et militantes qui ont contribué à forger l’imaginaire public et les répertoires d’action des revendications dites "postcoloniales", et à cette fin se pencher sur la généalogie des "collectifs mémoriels" qui dénoncent la permanence ou la rémanence de la "République coloniale".
Romain Bertrand
Romain Bertrand est chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (CERI) et enseigne à l’Institut d’études politiques de Paris.
Ses travaux apportent une réflexion renouvelée et féconde sur les processus de formation de l’Etat colonial et post-colonial en Asie du sud-est, ainsi que sur l’anthropologie de la violence politique en Indonésie. Chargé de mission Asie-Pacifique puis consultant permanent de 2001 à 2005 au Centre d’analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangères, ses domaines de recherches s’étendent à la sécurité régionale et au jeu diplomatique en Asie du Sud-Est aujourd’hui.
à paraître en 2007 : Islam et politique en Indonésie du 16ème siècle à nos jours, Perrin ; Hégémonies d’empire. Etats et sociétés en situation coloniale (dir. avec J.-F. Bayart), Fayard ; Une morale pour les colonies ? La politique éthique des Pays-Bas (1901-1926) (avec T. Beaufils), Karthala
Mémoires d’empire. La controverse autour du "fait colonial", Ed. du Croquant, 2006 Les sciences sociales et le ‘‘moment colonial’’. De la problématique de la domination coloniale à celle de l’hégémonie impériale, CERI, 2006 Etat colonial, noblesse et nationalisme à Java. La tradition parfaite (17ème-20ème siècle), Karthala, 2005 Indonésie : la démocratie invisible. Violence, magie et politique à Java, Karthala, 2002
Jeudi 30 novembre 2006 - La Francité contemporaine à travers l'imaginaire de la télévision
Eric Macé, sociologue
Il est un monde dont les occupations majeures sont la sexualité et le crime, les affaires de famille et le travail. Où les femmes sont volontiers intrigantes, les ouvriers fourbes, les non-Blancs vindicatifs. Mais où l’homme blanc de classe moyenne est sur-représenté et où les ressortissants de groupes subalternes sont toujours minoritaires...
Ce monde étrangement familier, parfois drôle et en tout cas résolument conservateur, c’est celui que nous représente à flot continu la télévision, la nôtre.
Ce conservatisme traduit la faible capacité de la société française à envisager les profondes transformations sociales et culturelles qu’elle connaît depuis vingt ans.
Eric Macé
Sociologue, Eric Macé est chercheur au Centre d’analyse et d’intervention sociologiques (CADIS) à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Maître de conférence à l’Université Paris-III Sorbonne nouvelle, il enseigne également à l’Ecole des hautes études en sciences sociales.
Spécialiste des médias, de la culture de masse et des mouvements culturels, Eric Macé travaille sur les représentations culturelles collectives dans l’espace public. Ses recherches sur les produits des industries culturelles considérées comme des formes particulières de représentation de la "réalité" du monde social, c’est-à-dire comme un de ses avatars, permettent, ainsi de révéler la manière dont une société met en scène, selon lui, ses "conformismes provisoires". Eric Macé s’intéresse également à la violence urbaine.
La médiation médiatique. Une sociologie post-critique des médias, Amsterdam, 2006 La société et son double, une journée ordinaire de télévision, Armand Colin, 2006 Les féministes et le garçon arabe (avec Nacira Guénif-Souilamas), L’Aube, 2006 (2004) Penser les médiacultures. Nouvelles pratiques et nouvelles approches de la représentation du monde (dir. avec Eric Maigret), Armand Colin, 2005 Médias et violences urbaines. Débats politiques et construction journalistique (avec Angelina Peralva), La Documentation Française, 2002 Violence en France (avec Michel Wieviorka et al.), Seuil, 1999
Jeudi 7 décembre 2006 - Identités sans fondements. Genre et sexualité à l'heure démocratique
Il y a du trouble dans les identités - et singulièrement dans les identités sexuelles. C’est à tort qu’on ne verrait dans l’actualité que l’émergence de revendications identitaires : à côté et même à rebours de cette logique multiculturaliste, la politique minoritaire soumet l’identité à la question. L’identité n’est plus donnée ; elle est un objet d’interrogation. Qu’est-ce qu’un homme, qu’est-ce qu’une femme, si la masculinité et la féminité ne sont plus pensées comme des évidences intemporelles ? Et qu’en est-il de l’hétérosexualité, et de l’homosexualité, dès lors que leur partage n’est plus institué comme une norme anhistorique ?
La politisation actuelle des questions de genre et de sexualité qui se joue autour des revendications féministes et homosexuelles, de la parité au mariage homosexuel en passant par les violences sexistes et homophobes, nous appelle à penser l’identité dans un cadre politique : c’est la démocratie sexuelle, autrement dit, l’extension du domaine démocratique, avec les enjeux de liberté et d’égalité, aux questions sexuelles. Qu’en est-il de l’identité quand le statut des normes est remis en cause - non qu’elles s’effondrent sous les coups de la modernité, mais plutôt parce qu’elles sont objet et enjeu d’un questionnement nouveau, et qu’il faut les repenser sans fondement transcendant ?
On proposera ici des éléments de réflexion sur les identités et les rôles sexuels, à partir à la fois de matériaux historiques et ethnographiques (par exemple sur les avatars de la question transsexuelle et les figures variables de l’homosexualité), de réflexions philosophiques (de Sartre à Judith Butler, en passant par Michel Foucault), et de sources littéraires (autour des métamorphoses du baroque au théâtre, de Calderon, Corneille et Shakespeare à Olivier Py, en passant par Claudel).
Eric Fassin
Sociologue et américaniste, Eric Fassin, enseigne à l’Ecole normale supérieure et à l’Ecole des hautes études en sciences sociales.
En s’appuyant sur le double exemple de la France et des Etats-Unis, ses recherches envisagent d’un point de vue comparatiste le rapport aux normes et la question des identités. Elles portent principalement sur le problème de la politisation des questions de genre et de sexualité dans l’espace public. Eric Fassin s’intéresse parallèlement à la sociologie des intellectuels, au statut de l’expertise dans le débat public, aux discours savants sur les discriminations et à l’anthropologie historique des relations amoureuses au XXème siècle.
Scientifique engagé, Eric Fassin a largement pris part au vifs débats qui ont précédé la promulgation de la loi sur le Pacs.
Question sociale, question raciale ? (avec Didier Fassin), La Découverte, 2006 ; L’inversion de la question homosexuelle, Ed. Amsterdam, 2005 ; Liberté, égalité, sexualités. Actualité politique des questions sexuelles, 10/18, 2004 (2003) ; Au-delà du PACS : l’expertise familiale à l’épreuve de l’homosexualité (dir. avec Daniel Borrillo et Marcela Iacub) , PUF, octobre 1999
Jeudi 11 janvier 2007 - Des vertus de l'exil et du déracinement : Garcilaso de la Vega, «el Inca» et Ouladah Equiano, «the African», deux héros du Nouveau Monde
Carmen Bernand, anthropologue
La conquête de l’Amérique eut pour effet, chez les individus, que ce soit du côté des vaincus comme du côté des vainqueurs, de bouleverser de façon radicale les liens communautaires, les loyautés et les identités. Le déracinement des uns et des autres, le métissage biologique, l’esclavage ont caractérisé le continent américain jusqu’à une époque qui va bien au-delà de l’abolition du travail servile des Noirs (à partir du milieu du XIXe siècle) et de l’arrivée massive d’immigrants européens dans un certain nombre de pays latino-américains (Argentine, Brésil, Chili notamment).
Peut-on toutefois parler d’identités à la dérive ou préférer, à cette expression qui reflète les angoisses contemporaines suscitées par des migrations à l’échelle planétaire et par les changements sociaux et culturels qui en résultent, celle de recompositions identitaires et de métissages ? Le personnage de Garcilaso de la Vega, fils naturel d’une princesse inca et d’un conquistador espagnol, devenu chroniqueur du Pérou depuis son refuge dans une petite ville de Cordoue, lecteur et traducteur de livres interdits par l’Inquisition, nous servira de fil conducteur. Tout était réuni - son illégitimité, le fait d’être métis, de vivre une enfance marquée par les guerres civiles d’une rare violence, de quitter ses proches et de s’exiler en Espagne - pour faire de cet homme, né quelques années après une conquête, une épave. Cependant il sut trouver dans l’écriture, et non pas dans les armes, le moyen de devenir le porte-parole des sang-mêlé et des créoles. La teneur de son message et la beauté de la forme qu’il utilisa pour le diffuser expliquent que les révolutionnaires de tout temps ont été inspirés par ses écrits.
L’Inca Garcilaso de la Vega fut un métis exemplaire, comme fut exemplaire aussi l’Africain Ouladah Equiano, ancien esclave devenu militant abolitionniste à Londres. De tels exemples, au-delà de l’intérêt qu’ils offrent à tous pour la richesse de l’expérience humaine dont ils sont porteurs, montrent l’inanité du repli ethnique et l’importance de la dynamique identitaire dans la formation des sociétés.
Carmen Bernand
Ancienne élève de Claude Lévi-Strauss, membre de l’Institut universitaire de France, Carmen Bernand est professeur d’anthropologie à l’Université Paris-X Nanterre.
A travers ses recherches anthropologiques et historiques sur les sociétés d’Amérique latine, elle tente d’éclairer la complexité de la réalité latino-américaine. L’originalité de son travail repose sur le regard croisé entre ses études de terrain sur les sociétés indigènes andines (Argentine, Pérou, Equateur) et ses recherches sur les effets socio-historiques de la Conquête, en particulier les questions identitaires soulevées par les diverses formes de métissage qu’elle a provoquées.
Bibliographie
- D’esclaves à soldats. Miliciens et soldats d’origine servile, XIIIème-XXIème siècles (avec A. Stella), L’Harmattan, 2006
- Un Inca platonicien. Garcilaso de la Vega 1569-1616, Fayard, 2006
- Buenos Aires, 1880-1936. Un mythe des confins, Autrement, 2001
- Désirs d’ivresse. Alcools, rites et dérives, Autrement, 2000
- La solitude des renaissants. Malheurs et sorcellerie dans les Andes, L’Harmattan, 1999
- Histoire de Buenos Aires, Fayard, 1997
- Histoire du nouveau monde t. 2 : Les Métissages, 1550-1640 (avec Serge Grunzinski), Fayard, 1993
- Pindilig. Un village des Andes équatoriennes, Ed. du CNRS, 1992
- Histoire du nouveau monde t. 1 : De la découverte à la conquête une expérience européenne, 1492-1550 (avec Serge Grunzinski), Fayard, 1991
- De l’idolâtrie. Une archéologie des sciences religieuses (avec Serge Grunzinski), Seuil, 1988
- Les Incas peuple du Soleil, Gallimard, 1988
Jeudi 25 janvier 2007 - Que veut dire un Islam français ?
Un double mouvement d’individualisation et de déterritorialisation est bien le signe de la globalisation de l’Islam, et donc son occidentalisation, le passage à l’Ouest de l’Islam.
Ces questions ne sont pas propres à l’Islam : réinvention d’une communauté religieuse idéale ; religiosité perçue comme la réalisation de soi ; statut de vérité absolue donné à la religiosité personnelle et à la foi. Tout cela se retrouve aujourd’hui également dans le christianisme.
La "réislamisation" ambiante est loin d’être - seulement - une protestation identitaire. Elle est aussi partie prenante d’un processus d’acculturation, et la réislamisation accompagne ce processus bien plus qu’elle n’est une réaction contre lui.
Mais pourquoi l’Islam est-il en Europe la religion dominante dans les espaces d’exclusion sociale ?
L’Union européenne compte une douzaine de millions de musulmans. Ici où là, pas toujours de façon innocente, on entend demander si l’Islam est compatible avec la laïcité. Si la religion est, pour les croyants, l’expression d’une vérité universelle, une culture est relative par définition, et une identité est tout autant particulière. Un espace de laïcité s’ouvre non par une réflexion théologique nouvelle mais surtout à partir de la recomposition d’une religiosité confrontée à l’espace public et à la globalisation.
L’occidentalisation joue sur les registres même qui permettent à l’Islam de se penser en face d’elle. Il devient ainsi une religion comme les autres, lesquelles sont toutes d’ailleurs en position de minorité par rapport à une sécularisation dominante en Europe.
Olivier Roy
Islamologue mondialement réputé, Olivier Roy est directeur de recherche au CNRS, chercheur associé au Centre d’études et de recherches internationales (CERI) et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, où il enseigne ainsi qu’à l’Institut d’études politiques de Paris. Il est par ailleurs consultant au Centre d’analyse et de prévision du Ministère des Affaires étrangères depuis 1984.
La laïcité face à l’Islam, Stock, 2005 La Turquie aujourd’hui, un pays européen ? (dir.), Universalis, 2004 Réseaux islamiques. La connexion afghano-pakistanaise (avec Mariam Abou Zahab), Autrement, 2002 L’islam mondialisé, Seuil, 2002 Les illusions du 11 septembre. Le débat stratégique face au terrorisme, Seuil, 2002 Vers un Islam européen, Esprit, 1999 Iran : comment sortir d’une révolution religieuse ? (avec Farhad Khosrokhavar), Seuil, 1999 La nouvelle Asie centrale ou la fabrication des nations, Seuil, 1997 Généalogie de l’islamisme, Hachette, 1995 L’échec de l’Islam politique, Seuil, 1992 Afghanistan, Islam et modernité politique, Seuil, 1985 Leibniz et la Chine, Vrin, 1972
Jeudi 1er février 2007 - La passion des origines. Entre langue et nation
Maurice Olender, historien des religion
Entre la racine des mots et l’origine de la nation, entre étymologie et autochtonie, les liens et les tensions sont à la fois d’érudition, de politique et de théologie. M. Olender, La Chasse aux évidences, Galaade, 2005, p.134
Pour aborder quelques problèmes d’identités culturelles dans les sociétés marquées par de vieux mythes bibliques, il n’est pas inutile d’entreprendre une archéologie des relations imaginaires entre langue et nation. A ce propos, dans la Genèse, tout ou beaucoup se joue entre deux moments de géo-politique : le Déluge et Babel.
De nombreux textes, anciens et modernes, montrent combien les discours sur les origines ont pu susciter diverses formes d’enracinements, se transformant souvent, au fil des siècles, en passion identitaire, nationale ou autre.
La terre, la langue, l’ethnie ou la "race", la religion : un quatuor macabre, archaïque et moderne - qu’on retrouve jusqu’au cœur de l’Europe aujourd’hui.
Si l’attention portée aux textes anciens n’offre aucun modèle d’avenir, un point de vue historique peut néanmoins alimenter nos réflexions sur des problèmes liés à des conflits actuels, religieux et linguistiques. En apportant un éclairage inattendu.
Maurice Olender
Archéologue et historien de formation, Maurice Olender est maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et a été invité à enseigner dans de nombreuses universités étrangères, aux Etats-Unis, en Europe et en Israël. Co-fondateur de l’Ecole doctorale européenne des hautes études en sciences de la culture de Fonfation San Carlo, à Modène, en Italie, il est membre de la Société linguistique de Paris. Ses réflexions portent sur la mythologie et sur des problèmes d’archéologie linguistique.
Autorité dans le domaine des sciences du religieux, Maurice Olender est également éditeur. Directeur de la revue Le Genre humain qu’il a fondé en 1981, il crée en 1985 chez Hachette la collection Textes du XXe siècle. Cette collection prend un nouvel essor au Seuil en 1989 sous le titre La librairie du XXe siècle, devenue depuis 2001 La librairie du XXIe siècle. Toute la singularité de cette collection repose sur l’approche éditoriale de Maurice Olender, suscitant à la fois des projets d’écriture et offrant la liberté de forme aux désirs de ses auteurs. Véritable carrefour des idées de notre temps, libre bibliothèque éclectique et savante, où l’on retrouve pêle-mêle Jean-Pierre Vernant, Giorgio Agamben, Antonio Tabucchi, Georges Perec, Jean Starobinsky ou encore Henri Atlan.
La chasse aux évidences. Sur quelques formes de racisme entre mythe et histoire (1978-2005), Galaade, 2005 Les langues du paradis. Aryens et Sémites : un couple providentiel, Seuil, 2002 (1994) Le racisme, mythes et sciences. Pour Léon Poliakov (dir.), Complexe, 1981
Jeudi 8 février 2007 - Animaliser l'homme, humaniser l'animal, mécaniser le vivant : la contestation des frontières
Jean-Michel Besnier, philosophe
On assiste aujourd’hui, dans le monde scientifique, à une remise en question des catégories traditionnelles qui nous servaient à penser la réalité. L’une des plus saisissantes concerne le concept d’espèce dont certains biologistes néo-darwiniens n’hésitent pas à proclamer l’obsolescence. D’une façon générale, la science affiche un réductionnisme méthodologique qui justifie le privilège qu’elle accorde à la continuité entre les différents degrés de réalité et le refus qu’elle oppose aux définitions essentialistes. De ce point de vue, l’opposition entre l’homme et les autres espèces vivantes paraît de plus en plus contestable.
L’éthologie décrit désormais des comportements qui signalent une culture animale tandis que les sciences cognitives entreprennent d’étudier les mécanismes de l’intelligence au niveau du vivant le plus élémentaire. Les questions entourant le statut de la conscience, dont nous faisions traditionnellement le critère de distinction de l’humain, restent ouvertes et maintiennent l’incertitude concernant les limites censées préserver la place de l’homme par rapport à l’animal ou à la machine. Si l’on ajoute à cela la fascination exercée par les développements des technosciences en matière de vie artificielle, si l’on prend au sérieux les utopies posthumaines qui misent sur l’hybridation du vivant et des machines cybernétiques, on achèvera de se persuader du caractère périmé de l’opposition de l’homme, de l’animal et de la machine, et on devra envisager la révision du système de valeurs qui en procédait.
La difficulté à désigner une altérité (dans l’animal ou dans la machine) nous met au défi de sauvegarder l’identité que nous nous prêtions jusqu’à présent. En ce sens, il convient d’interroger les possibilités que nous offrent encore les sciences de demeurer humanistes.
Jean-Michel Besnier
Jean-Michel Besnier enseigne la philosophie à l’Université Paris-IV Sorbonne où il occupe la chaire de Philosophie des technologies d’information et de communication. Il appartient par ailleurs au Centre de recherche en épistémologie appliquée (CREA), laboratoire du CNRS et de l’Ecole Polytechnique axé sur les sciences cognitives.
Jean-Michel Besnier conduit des recherches sur les impacts philosophiques et sociologiques des sciences et technologies cognitives, en cherchant à articuler les enjeux scientifiques et métaphysiques qui font de l’intelligence artificielle une discipline en prise sur notre temps. Ses réflexions portent également sur les enjeux philosophiques des biotechnologies végétales et médicales.
La croisée des sciences. Questions d’un philosophe, Seuil, 2006 L’irrationnel nous menace-t-il ?, Plein Feux, 2006 Les théories de la connaissance, PUF, 2005 Peut-on encore croire au progrès ? (dir. avec Dominique Bourg), PUF, 2000 Erasme, Machiavel, More. Trois philosophes pour les managers d’aujourd’hui (avec L. de Brabandère et C. Hendy), Village Mondial, 2000 Réflexions sur la sagesse, Le Pommier, 1999 Eloge de l’irrespect, et autres écrits sur Georges Bataille, Descartes et Cie, 1998 Histoire de la philosophie moderne et contemporaine. Figures et œuvres, Le livre de Poche, 1998 (1993) Histoire des idées (dir.), Ellipses, 1996 Les théories de la connaissance, Flammarion, 1996 Tocqueville et la démocratie. Egalité et liberté, Hatier, 1995 L’humanisme déchiré, Descartes & Compagnie, 1993 La politique de l’impossible. L’intellectuel entre révolte et engagement, La Découverte, 1988 Chroniques des idées d’aujourd’hui. Eloge de la volonté (avec Jean-Paul Thomas), PUF, 1987
Jeudi 22 février 2007 - Pour en finir avec le culturalisme
Jean-François Bayart, politologue
Beaucoup des conflits contemporains se sont noués autour de la notion d’identité. Ils tirent leur force meurtrière de la supposition qu’à une prétendue "identité culturelle" correspond nécessairement une "identité politique", en réalité tout aussi illusoire.
Dans les faits, chacune de ces "identités" est une construction historique. Il n’y a pas d’identité naturelle qui s’imposerait à nous par la force des choses.
Le culturalisme définit de façon substantialiste les cultures - supports de ces "identités" - qui deviennent ainsi un principe d’exclusion à force d’être un principe de singularité et d’appartenance.
Le discours et, de plus en plus, la diplomatie culturalistes emprisonnent les sociétés historiques concrètes dans une définition substantialiste de leur identité en leur déniant le droit au changement.
La critique du culturalisme doit permettre de quitter le faux dilemme dans lequel les sociétés occidentales tendent à s’enfermer. L’alternative n’est pas entre l’universalisme par uniformisation et le relativisme par exacerbation des singularités. L’universalité équivaut à la réinvention de la différence.
Entre culturalistes relativistes et anticulturalistes, il y a une vraie divergence philosophique : la première posture dit une "essence", la seconde un "événement".
Le propos est donc ici d’engager une problématisation anticulturaliste des rapports entre culture et politique.
Jean-François Bayart
Jean-François Bayart est l’un des plus célèbres politologues français. Il est directeur de recherches au CNRS, au Centre d’études et de recherches internationales (CERI), qu’il a également dirigé de 1994 à 2000, et enseigne à l’Institut d’études politiques de Paris.
Spécialiste de politique comparée, Jean-François Bayart travaille sur la sociologie historique de l’Etat et sur les imaginaires politiques. Il s’est particulièrement intéressé à l’étude des systèmes politiques en Afrique sub-saharienne, en Turquie et en Iran, comme à l’étude de la politique étrangère de la France, en Afrique principalement.
Co-fondateur et ancien directeur des revues Critique internationale et Politique africaine, il est consultant permanent au Centre d’analyse et de prévision du ministère français des Affaires étrangères depuis 1990. Gouverneur de l’European Cultural Foundation (Amsterdam) depuis 2002, il est également président du Fonds d’analyse des sociétés politiques. Ses ouvrages font l’objet de multiples traductions.
- à paraître en 2007 : Hégémonies d’empire. Etats et sociétés en situation coloniale (dir. avec Romain Bertrand), Fayard
- L’Etat en Afrique. La politique du ventre, Fayard, 2006 (1989)
- Le gouvernement du monde. Une critique politique de la globalisation, Fayard, 2004
- Matière à politique. Le pouvoir, les corps et les choses, (dir. avec Jean-Pierre Warnier), Karthala, 2004
- Thermidor en Iran (avec Fariba Adelkhah et Oliver Roy), Complexe, 1997
- La criminalisation de l’Etat en Afrique (avec S. Ellis et B.Hibou), Complexe, 1997
- L’illusion identitaire, Fayard, 1996
- La greffe de l’Etat (dir.), Karthala, 1996
- La réinvention du capitalisme (dir.), Karthala, 1994
- Religion et modernité politique en Afrique noire. Dieu pour tous et chacun pour soi (dir.), Karthala, 1994
- Le politique par le bas en Afrique noire. Contributions à une problématique de la démocratie (avec A. Mbembe et C. M. Toulabor), Karthala, 1992
- La politique africaine de François Mitterrand, Karthala, 1984
- L’Etat au Cameroun, Presses de Sciences Po, 1985 (1979)
Jeudi 22 mars 2007 - Identité ambiguë / identités complexes
L’histoire est aussi une arme politique utilisée pour donner sens au passé selon la logique du présent. Ce n’est pas seulement l’avenir dont la compréhension requiert de nouveaux instruments ; c’est aussi au passé qu’il faut redonner une signification.
L’usage politique de l’histoire, "science civique", est ancien et elle ne semble pas séparable de la dimension civique qui accompagne la définition des identités.
Mais la relation entre l’histoire et son lecteur a changé, et pas seulement à l’école. La mémoire même s’est transformée, autre que ce qu’elle était, collective et sociale. Le processus triomphal de l’individualisation, de la privatisation de l’expérience, a produit une mémoire fragmentée, individualisée.
L’histoire a perdu le rôle de science des différences spécifiques pour se transformer en constructrice d’homologations improbables. Ainsi, alors que des pouvoirs toujours plus puissants se soustraient au contrôle démocratique dans un monde interdépendant et global, on nous repropose continuellement comme des conquêtes triomphales la fin des idéologies et le triomphe de l’individu, la fin de l’histoire et l’affirmation de la mémoire fragmentée.
La prétendue fin des idéologies n’est rien d’autre qu’une suspension de la raison historique, qui ouvre la voie à l’irrationalisme, au nationalisme, au fondamentalisme.
Giovanni Levi
Giovanni Levi est professeur d’histoire moderne à l’Université Ca’Foscari de Venise et a enseigné dans de nombreuses universités européennes et américaines.
Dans les années 1970, Giovanni Levi a été à l’initiative, avec Carlo Ginzburg, d’un courant historiographique novateur qui a donné naissance à la microstoria ou micro-histoire. A l’encontre d’explications structurelles et macros-sociologistes de l’histoire, la micro-histoire propose une approche historique par l’étude de cas. Réhabilitant l’individu en tant qu’acteur, cette réflexion souhaite montrer que les hommes ne sont ni soumis passivement à des pouvoirs supérieurs, ni ne sont essentiellement déterminés par des structures économiques, sociales et mentales.
Le passé lointain, dans les usages politiques du passé, EHESS, 2001 Histoire des jeunes en Occident (dir. avec Jean-Claude Schmitt), Seuil, 1996 Le pouvoir au village : histoire d’un exorciste dans le Piémont du XVIIème siècle, Gallimard, 1989
Jeudi 5 avril 2007 - Identité de la matière et révolutions scientifiques
Pierre Marage, physicien
Si beaucoup d’identités paraissent aujourd’hui "à la dérive", la matière au moins possède-t-elle une identité forte, garantie par la science, sur laquelle nous appuyer ?
Ou, au contraire, les révolutions de la physique au XXème siècle (théorie de la relativité, mécanique quantique) ont-elles contribué - bien au-delà des sphères scientifiques - à un sentiment général d’instabilité ?
Pierre Marage tentera dans cet exposé de recadrer la portée scientifique, épistémologique et culturelle de ces révolutions, tout en s’interrogeant sur la place de la science moderne dans la constitution de notre propre identité.
Pierre Marage
Chercheur en physique des particules élémentaires, Pierre Marage enseigne la physique et l’histoire des sciences à la Faculté des sciences de l’Université libre de Bruxelles, dont il a été le doyen de 1999 à 2003. Il travaille actuellement au CERN à Genève, à des recherches expérimentales sur la manifestation de dimensions supplémentaires de l’espace-temps.
Jeudi 3 mai 2007 - Combien chacun de nous a-t-il d'identités ?
Vincent Descombes, philosophe
Le mot « identité » nous jouerait-il des tours ? Omniprésent dans le commentaire sur les troubles personnels ou collectifs qui font notre actualité, ce mot est censé désigner la façon dont chacun répond à la question "Qui suis-je ?" Ou encore, à la question "Qui sommes-nous ?" (à condition que l’on puisse indiquer qui va décider des limites de ce NOUS).
Mais quand y a-t-il lieu de porter le diagnostic d’une crise d’identité ? Passer par une crise d’identité, est-ce n’avoir aucune réponse à donner à la question (sinon que je ne suis rien) ? Est-ce n’avoir qu’une seule réponse (hélas, je ne suis que moi) ? Est-ce avoir trop de réponses et aucun moyen d’en maîtriser la pluralité (je suis protéiforme) ?
Vincent Descombes
Philosophe, Vincent Descombes est directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et membre du Centre de recherches politiques Raymond Aron.
Dans son travail, il interroge le rôle de la philosophie aujourd’hui et la réalité des rapports entre individus et société. Embrassant les questions de la philosophie de l’esprit et de l’action comme celles de la philosophie sociale et pratique, ses réflexions invitent à repenser la liberté et l’autonomie, en morale comme en politique. Vincent Descombes soutient la thèse selon laquelle identifier les pensées d’un individu comme évaluer une idée collective nécessite de les considérer dans les conditions réelles de leur application.
Le complément de sujet. Enquête sur le fait d’agir de soi-même, Gallimard, 2004 L’inconscient malgré lui, Gallimard, 2004 (1977) Pourquoi ne sommes-nous pas nietzchéens ? (avec Alain Boyer et André Comte-Sponville), LGF, 2002 Les institutions du sens, Minuit, 1996 La denrée mentale, Minuit, 1995 Philosophie par gros temps, Minuit, 1989 Proust. Philosophie du roman, Minuit, 1987 Le même et l’autre. Quarante-cinq ans de philosophie française (1933-1978), Minuit, 1986 (1979) Grammaire d’objets en tous genres, Minuit, 1983
Les conférences se déroulent à 18 h 45 à l'Hôtel du département des Bouches-du-Rhône
52 avenue de Saint-Just 13004 Marseille . Métro Saint-Just . Parking P1 gratuit
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Programmes et informations
Echange et diffusion des savoirs
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Catégories
- Sociologie (Catégorie principale)
Lieux
- Hôtel du département des Bouches-du-Rhône - 52 avenue de Saint-Just
Marseille, France
Dates
- jeudi 26 octobre 2006
- jeudi 09 novembre 2006
- jeudi 23 novembre 2006
- jeudi 30 novembre 2006
- jeudi 07 décembre 2006
- jeudi 11 janvier 2007
- jeudi 25 janvier 2007
- jeudi 01 février 2007
- jeudi 08 février 2007
- jeudi 22 février 2007
- jeudi 22 mars 2007
- jeudi 03 mai 2007
- jeudi 05 avril 2007
Contacts
- Echange et diffusion des savoirs ~
courriel : contact [at] des-savoirs [dot] org
Source de l'information
- Arnold Cécile
courriel : cecile [dot] arnold [at] des-savoirs [dot] org
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Identités à la dérive », Cycle de conférences, Calenda, Publié le vendredi 10 novembre 2006, https://calenda-formation.labocleo.org/192252