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On ne peut pas tout réduire à des stratégies
Stratégies sociales et gestes d'écriture, un débat, des manières de faire
Veröffentlicht am vendredi, 13. avril 2007
Zusammenfassung
Inserat
Journées d’études
11-12 mai 2007
« On ne peut pas tout réduire à des stratégies »
Stratégies sociales et gestes d’écriture,
un débat, des manières de faire
Organisation :
Analyse comparée des pouvoirs (EA 3350)
G.R.I.H.L. Groupe de recherches interdisciplinaires sur l’histoire du littéraire (Centre de Recherches Historiques, UMR 8558)
Aujourd’hui, toute analyse historique qui semble faire appel à du stratégique suscite un soupçon réflexe : la stratégie, c’est trop simple, réducteur, insuffisant, déjà fait, pas intéressant. Cette réaction, souvent préalable à la prise en considération de la configuration précise dans laquelle intervient ce mode d’explication, nous voudrions d’abord la comprendre, ensuite la mettre à l’épreuve, sur un terrain qui nous a paru particulièrement propice à cette démarche : le terrain des écrits, plus précisément de la mise en œuvre d’écrits par des acteurs sociaux.
En effet, la question de la stratégie est immédiatement présente dès lors que les gestes d’écriture sont rapprochés de l’existence sociale de ceux qui les effectuent ; mais il y a là en même temps un risque de banalisation de l’analyse. D’une part, la rédaction et la publication d’un écrit supposent une élaboration, un effort prolongé, et ne sauraient donc, même à titre d’hypothèse, être envisagées comme n’impliquant pas la volonté (même si celle-ci n’est pas nécessairement saisissable) d’au moins un acteur. D’autre part, il semble que la prise en compte de cette dimension de volonté entraîne irrésistiblement vers des spéculations sur les motivations, les intentions, les calculs des auteurs (le plus souvent seuls objets d’examen), donc vers des explications psychologisantes ou rationalisantes, au mépris de la richesse des possibles sociaux. Dès que l’on tente de faire une place aux actions d’écriture, enfin, la question de l’analyse des discours tenus par les acteurs sur leurs propres motivations et intentions se pose inévitablement. C’est souvent dans cette configuration d’analyse que sont mis en œuvre des jugements sommaires sur le rapport entre stratégies et écriture, que ce soit d’ailleurs pour valider le discours de l’auteur (il nous dit à partir de quelles données comprendre ses calculs) ou pour le récuser (il ment et cela, évidemment, par stratégie, ce qui nous permet de dire la vérité de ce qu’il fait). Ces usages si banals de la stratégie appellent, de manière urgente sur ce terrain, la mise en œuvre d’une conception raisonnée de ce mode d’explication.
Les écrits et la question de l’écriture seront donc ici envisagés pour leur capacité à faire ressortir, en les grossissant, les questionnements contradictoires que les réactions à l’invocation de stratégies portent avec elles. Car les stratégies sont récusées à la fois parce qu’elles limiteraient les possibilités d’interprétation du jeu des acteurs sociaux en le réduisant à un déterminisme mécanique – l’orientation vers un but unique – saisi a posteriori et, contradictoirement, parce qu’elles accorderaient trop aux capacités des individus à coordonner leurs actions, ce qui produirait une vision enchantée d’un monde social en réalité régi par des structures contraignantes.
Ce qui se règle dans les prises de position historiennes autour de la stratégie, c’est en fait le rôle que l’on accorde aux individus dans la fabrique du social. Non pas en général, dans une participation aux débats centraux des sciences sociales, mais en acte, dans la considération d’objets historiques qui font rencontrer des individus eux-mêmes en action – et qui obligent à interpréter leurs mouvements. En ce sens, si le concept de stratégie fait l’objet depuis longtemps de beaucoup de discussions théoriques, la question de la stratégie est en quelque sorte latérale à ces débats, en ce qu’elle surgit d’emblée de manières de faire, de pratiques historiennes, et qu’en retour elle les informe. Ce qui ne veut pas dire que les propositions des sciences sociales ne nourrissent pas les façons de traiter les actions rencontrées dans le cours de la recherche : toutes ces dimensions de la stratégie seront envisagées lors de la journée d’étude.
Cependant, cette spécificité de la question de la stratégie nous a fait souhaiter que les interventions proposées soient toujours arrimées à des objets et aux problèmes de transaction avec la théorie qu’ils posent. L’objectif de la journée d’étude est donc de travailler sur les modalités et les champs d’application de la stratégie aux objets historiques, et sur les limites dans lesquelles cette application peut être efficace, quand il s’agit de réfléchir sur la manière dont les analyses centrées sur les individus contribuent à l’histoire des sociétés.
Faire retour sur nos manières d’utiliser (ou de ne pas utiliser) les stratégies dans nos analyses : les interventions présentées lors de cette journée d’étude sont conçues autour d’objets déjà travaillés par les participants, et consacrées à objectiver leurs démarches.
Contacts :
Programme :
Vendredi 11 mai
Université Marne-la-vallée, Cité Descartes 5, bd Descartes, Champs sur Marne, 77454 Marne-la-Vallée (RER A, arrêt : Noisy-Champs)
Salle A 212, bât Bois de l'étang
9h15 Introduction – Dinah Ribard, Nicolas Schapira
Les règles du jeu
9h30 : Anthony Glinoer (Université de Toronto) – Stratégies collectives d’écrivains au xixe siècle
10h : Philippe Olivera (Brest) – Le terrain des grandes manœuvres : à propos des stratégies éditoriales
10h45-11h : Pause
11h : Gisèle Sapiro (cnrs – Centre de Sociologie Européenne) – Stratégies d'écriture et responsabilité auctoriale
11h30 : Nicolas Schapira (Université de Marne-la-Vallée, Grihl) – Groupes sans statut. Stratégies de secrétaires ?
12h : Bérengère Parmentier (Université de Provence) – écritures illégitimes au xviie siècle : des stratégies sans règle du jeu ?
12h30 : Discussion
13h-14h – Déjeuner
Trop de stratégie tue la stratégie
14h : Jean-Luc Chappey (Université Paris I) – Nouveaux regards sur les « girouettes »... écritures et stratégies intellectuelles en Révolution
14h30 : Pascale Girard (Université de Marne-la-Vallée) – Le candidat insistant : peut-on lire des stratégies dans les Indipetae du xviie siècle ?
15h15-15h30 : Pause
15h30 : Héloïse Hermant (ehess et Casa de Velázquez) – Campagnes épistolaires et négociation politique : l’imparable « stratégie » d’ascension politico-sociale de don Juan José de Austria ?
16h : Dinah Ribard (ehess, Grihl) – La création des chaires de droit français (1679) : les stratégies à l’épreuve de l’événement
16h30 : Discussion
Samedi 12 mai
ehess, 105 Bd Raspail, 75006 Paris
Salle 7
Récits et témoignages
14h : Alban Bensa (Ehess-genèse et transformation des mondes sociaux) – Stratégies narratives et analyses de récits
14h30 : Nicolas Offenstadt (universite paris i) – l’ecriture et la publication des « carnets secrets » d'abel ferry : une « strategie » familiale ?
15h15-15h30 : Pause
15h30 : Maya Szymanowska (ehess) – Jean-André Morstin : destin brisé ou stratégie de la gloire? Deux lectures historiographiques.
16h : Christian Jouhaud (ehess, Grihl) – L’action rendue visible comme stratégie par son écriture. Marie Du Bois et la maison du Poirier
16h30 : Discussion générale
Kategorien
- Geschichte (Hauptkategorie)
- Erkenntnis > Darstellung > Kulturgeschichte
- Erkenntnis > Epistemologie und Methoden > Historiographie
- Gesellschaft > Geschichte > Sozialgeschichte
Orte
- Université de Marne la Vallée, Cité Descartes, 5 Bd Descartes, Champs sur Marne, 77454 Marne-la-Vallée, Salle A 212, bât. Bois de l'Etang
Paris, Frankreich
Daten
- vendredi, 11. mai 2007
- samedi, 12. mai 2007
Schlüsselwörter
- stratégie, manière de faire, écriture, individu
Kontakt
- Dinah Ribard
courriel : ribard [at] ehess [dot] fr
Verweis-URLs
Informationsquelle
- Cécile Soudan
courriel : csoudan [at] ehess [dot] fr
Zitierhinweise
« On ne peut pas tout réduire à des stratégies », Fachtagung, Calenda, Veröffentlicht am vendredi, 13. avril 2007, https://calenda-formation.labocleo.org/192972