La parution chez Gallimard le mois de mars dernier de Voyage d’un Européen à travers le XXe siècle de l’auteur néerlandais Geert Mak dans la traduction française de Bertrand Abraham est saluée comme un évènement majeur par le monde littéraire et la presse française, ainsi que par les lecteurs français : le premier tirage de 10.000 exemplaires est déjà épuisé. Il en est de même aux Pays-Bas (500.000 exemplaires vendus jusqu’ici) et aux États-Unis, en Allemagne, en Grande Bretagne et en Espagne.

La raison de ce succès pourrait être que le livre parle des grands problèmes de l’humanité tout en restant abordable pour un public pas spécialement très érudit. Ce récit de voyage dans le temps et l’espace européen relève à la fois de la littérature, de l’enquête journalistique et de la recherche historique. Mak lit l’histoire du continent dans un vieux journal ou guide de voyage, mais aussi dans une pierre, une maison, un champ ou un visage, et c’est ensuite qu’il cherche des témoignages. Ainsi il arrive à entrecroiser l’histoire des hommes et des femmes ordinaires et la grande histoire. Du fait qu’il place les individus au centre, il arrive, dans les mots de Cees Nooteboom*, à nous faire percevoir très clairement les structures du mal. En cela, cet ouvrage rajoute quelque chose d’essentiel à toute la littérature existante sur l’histoire de l’Europe et, plus particulièrement, les guerres mondiales.

Geert Mak s’entretiendra avec Tsvetan Todorov, historien et philosophe, des sujets tels la nécessité de revoir le concept de l’État nation ; le rapport entre citoyens et État ; les différentes définitions de citoyenneté ; les mythes qui devraient contribuer à un sentiment d’unité dans cette Europe si diverse où chaque pays, chaque région, possède des histoires et des tabous qui lui sont propres. Avant tout ils parleront peut-être, de la façon de traiter avec le passé.

* dans le Monde du 20 avril 2007