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Les lunettes pour voir et les mots pour dire
L’outillage mental des acteurs de l’économie
Published on jeudi, septembre 13, 2007
Summary
Announcement
Congrès de l’Association française des historiens économistes
(ouvert à tous), avec le soutien de l'IUF et de l'IFRESI (région Nord-Pas-de-Calais) et de la MSH Ledoux (Besançon)
Les lunettes pour voir et les mots pour dire. L’outillage mental des acteurs de l’économie
Organisation : Jean-Claude Daumas, Gérard Gayot, Philippe Minard et Didier Terrier
Amphi Gustave Roussy, escalier B, 2e étage au Campus des Cordeliers, 15, rue de l'École de médecine, 75006 Paris (métro Odéon)Dans le domaine de l’économie, on a coutume de considérer l’action sous l’angle du calcul et du risque calculé : plusieurs rencontres scientifiques récentes ont été consacrées à l’information économique, aux modalités de la décision, aux ressources analytiques de la comptabilité. Mais au-delà de la rationalité plus ou moins assurée du calcul tactique immédiat, les stratégies économiques des différents acteurs reposent sur des représentations, des convictions, des manières de se situer dans la société, des façons d’incorporer les schèmes de pensée dominants, bref une vision du monde et de soi, une grille de lecture propre à chacun, qui, même si bien des composantes sont partagées par le groupe, la classe ou la famille auquel on appartient, agissent tout à la fois comme autant de contraintes et de ressorts pour l’action.
Quelle vision de l’économie ont les acteurs économiques ? C’est sur cette opération de déchiffrement du monde social que nous proposons de revenir, en examinant les modalités de construction, d’appropriation et de transmission des représentations mentales et des catégories intellectuelles à travers lesquelles l’action économique est engagée, vécue, pensée et jugée. Dès lors, loin de tout psychologisme, on s’interrogera sur les modes de lecture qui permettent aux acteurs d’orienter leur action, mais aussi, plus largement, sur le rapport au monde qui sous-tend leur engagement dans l’action. On se situera donc au niveau des acteurs, et du terrain de l’action, et non au plan de l’histoire de la pensée économique et des auteurs canoniques.
Cette anthropologie des acteurs en situation suppose qu’on rende compte non seulement de la « boîte à outils » dont ceux-ci disposent, des indicateurs qui constituent leur « tableau de bord », mais aussi des catégories morales qui orientent leur jugement et leur permettent de qualifier leur action, qu’il s’agisse des représentations de l’espace et du temps, du travail, de la valeur et de la richesse, ou bien des modèles sociaux à partir desquels chacun construit son rôle, définit ses objectifs et légitime sa pratique.
Pour les saisir, de nombreuses sources peuvent être mobilisées. On peut penser en premier lieu aux archives dédiées que sont les correspondances, journaux intimes et carnets de route, explicitement consacrés au déchiffrement personnel du monde environnant. Mais plus largement, par-delà les diverses formulations des attentes, espoirs et revendications explicites que livrent notamment les écrits du for intérieur, nous pensons aussi à l’ensemble des sources de la pratique, qu’elles soient écrites ou non-écrites. Toutes ces sources permettent de lire en creux, de façon indirecte, un rapport au monde et des manières de voir, de penser : on peut alors décrypter les schèmes, concepts et jugements qui fondent et expriment tout à la fois l’action et l’impensé de l’action.
Ce questionnement s’applique à toutes les aires culturelles, par-delà les structures anthropologiques, religieuses ou intellectuelles propres à chaque civilisation, quel que soit le degré d’intrication (embeddedness) de l’« économique » dans la société. Nous souhaitons donc pouvoir soumettre l’outillage mental dont disposent les acteurs de l’économie au test de la comparaison dans la longue durée, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.
Par acteurs de l’économie, nous entendons tous ceux qui participent directement aux activités de production et d’échange, hommes ou femmes, libres ou non-libres, insiders ou exclus, qu’il s’agisse de personnes ou d’acteurs collectifs : on recherchera justement en quoi le genre, la classe, la caste et, d’une manière générale, l’altérité font la différence, parmi les différents types d’agents (paysans, marchands, négociants, entrepreneurs, banquiers, commis de l’État, artisans, ouvriers, moines, seigneurs, rentiers, etc.) qui oeuvrent tant à la ville qu’à la campagne, sur terre et sur mer, et ce à quelque échelle que ce soit.
Vendredi 23 novembre 2007
9 h : Accueil
9 h 15 : Introduction : Claude Riveline (École nationale supérieure des Mines de Paris)
I. Des catégories aux pratiques
Président de séance : Denis Woronoff (Université de Paris I)
Discutant : Serge Chassagne (Université de Lyon II)
9 h 30 : Yves Coativy (Université de Bretagne occidentale) : L’outillage mental des changeurs à la fin du Moyen Âge
9 h 50 : Jean-Philippe Priotti (Université du Littoral) : À chacun sa vision des affaires. Marchands de la mer et de l’intérieur (France-Espagne, XVIe siècle)
10 h 10-10 h 25 : Pause
10 h 25 : Vincent Demont (Mission historique française en Allemagne) : L’organisation d’une spécialisation : orfèvres et joailliers dans l’Empire romain germanique au début du XVIIe siècle
10 h 45 : Guillaume Garner (Mission historique française en Allemagne) : « Intérêt personnel »/ « intérêt collectif », « subsistance »/ « profit » : corporations et marché en Allemagne aux XVIIe et XVIIIe siècles
11 h 05 : Guillaume Carré (EHESS) : Pourquoi prêter aux daimyô ? La maison de commerce Mitsui et le financement des maisons seigneuriales (Japon, XVIIIe-XIXe siècles)
11 h 25 : Pierre Gervais (Université de Paris VIII) : « I should like however some good marchandize for me » : évaluation des risques, stratégies interpersonnelles et incalculabilité dans les pratiques marchandes vers 1800 aux États-Unis
11 h 45-12 h 45 : Discussion
II. Les représentations de l’ordre économique
Président de séance : François Crouzet (Université de Paris IV)
Discutante : Corinne Maitte (Université de Marne-la-Vallée)
14 h : Karine Audran (Université de Bretagne-Sud) : Les négoces maritimes bretons : perceptions des bouleversements révolutionnaires et propositions de réformes
14 h 20 : François Jarrige (Université d’Angers) : 1848, la révolution, les ouvriers et les machines : les représentations de l’industrialisation et du changement technique dans les pétitions ouvrières contre les machines
14 h 40 : David Todd (Trinity Hall, Université de Cambridge) : Sentiment national et représentation de l’économie, 1814-1851
15 h : Marie-Lucie Rossi (Université de Paris I) : Le métayer émilien chez « casa Spalletti » de 1838 à 1922 : un « associé parfait en affaires »
15 h 20-16 h : Discussion
16 h-16 h 15 : Pause
16 h 15-18 h : Assemblée Générale de l’AFHE
Samedi 24 novembre 2007
III. L’horizon intellectuel des patrons
Président de séance : Gérard Béaur (EHESS)
Discutante : Danièle Fraboulet (Université de Paris XIII)
9 h : Jean-Paul Barrière (Université de Lille III) : Veuvage féminin et choix économiques dans la France du XIXe siècle : familles, métiers, représentations
9 h 20 : Agnès d’Angio-Barros (Service des archives économiques et financières, ministère de l’Économie et des Finances) : La vision d’Eugène Schneider, co-fondateur de la société Eugène Schneider et Cie (1825-1875)
9 h 40 : Sylvie Vaillant-Gabet (Université de Lille III) : « Mais ce que je vois avec un véritable effroi… » : Confessions d’Henri Sieber (1804-1882), négociant parisien au royaume duquel les grands industriels sont rois
10 h-10 h 15 : Pause
10 h 15 : Christophe Lastécouères (Université de Bordeaux II) : Le banquier Armand Gommès : de l’aveuglement intellectuel à la myopie au désastre
10 h 35 : Hubert Bonin (IEP-Université de Bordeaux III) : La perception des risques du nationalisme anti-impérial par les dirigeants d’entreprise : le cas de la Compagnie du canal de Suez et des banques actives en Indochine et au Maghreb (dans les années 1940-1950)
10 h 55 : Catherine Vuillermot (Université de Franche-Comté) : Les mots pour le dire : les autobiographies des grands hommes d’affaires contemporains
11 h 15-12 h 15 : Discussion
IV. Quand l’État pense l’économie
Président de séance : Laurent Feller (Université de Paris I)
Discutant : Michel Margairaz (Université de Paris VIII)
14 h : Fanny Billod (Université de Franche-Comté) : L’archiduc d’Autriche Joseph Rainer et son enquête topographique en Bohême en 1806
14 h 20 : Régis Boulat (Université de Franche-Comté) : la productivité, un indicateur sur le tableau de bord des acteurs de l’économie française dans les années cinquante
14 h 40 : Daniel Berthereau (Université de Paris IV) : L’outillage mental des contrôleurs de la Commission de vérification des comptes des entreprises publiques (1948-1976)
15 h : Jean-François Grevet (Université de Lille III) : Visions de l’industrie de hauts fonctionnaires et de grands patrons dans les Trente Glorieuses : le cas de l’industrie du poids lourd
15 h 20-16 h : Discussion
16 h : Conclusion : Gérard Gayot (Université de Lille III, Président de l’AFHE)
Places
- Amphi Gustave Roussy, escalier B, 2e étage au Campus des Cordeliers, 15, rue de l'École de médecine, 75006 Paris (métro Odéon)
Paris, France
Date(s)
- vendredi, novembre 23, 2007
- samedi, novembre 24, 2007
Keywords
- outillage mental, histoire économique
Contact(s)
- Jean-Claude Daumas
courriel : jcdaumas [at] club-internet [dot] fr
Information source
- claire lemercier
courriel : claire [dot] lemercier [at] sciencespo [dot] fr
To cite this announcement
« Les lunettes pour voir et les mots pour dire », Conference, symposium, Calenda, Published on jeudi, septembre 13, 2007, https://calenda-formation.labocleo.org/193478