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Justice sociale
GRIS, cycle de séminaires 2007-2008
Published on mardi, octobre 30, 2007
Summary
Announcement
Groupe de recherche innovations et sociétés
Département de sociologie
Séminaire du gris 2007-2008
Justice sociale
Le séminaire « Justice sociale » est ouvert aux enseignants-chercheurs, aux étudiants de Master 1 et 2, aux membres de l’Ecole doctorale Savoirs, Critique et Expertise de l’Université de Rouen et à toute personne intéressée par cette thématique.
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Coordination du séminaire :
Sophie DEVINEAU : sophie.devineau@univ-rouen.fr
Contact : Yamina Bensaâdoune, GRIS
02.35.14.61.05 gris@univ-rouen.fr
Justice sociale
Le constat d’un monde inégal établi par Hugues Lagrange brosse le portrait d’une modernité où les écarts entre les pays riches et les pays pauvres sont saisissants. L’exercice statistique de la comparaison internationale entre les économies est ainsi l’occasion d’interpréter les avanies de l’Etat social ainsi que le développement des clivages ethnoculturels. Mais le libéralisme économique des différentes nations n’avance cependant pas avec la même facilité dans tous les pays et selon Alain Chenu, la France résiste. L’étude de la structure des aspirations collectives saisit les causes collectives, le rôle déterminant du niveau de croissance ou encore l’impact du contexte historique. Les opinions sur la citoyenneté économique révèlent des clivages selon l’âge, le sexe, le diplôme mais aussi selon le pays ; des oppositions se font jour sur le travail, la pauvreté et le type de régulation économique.
En Europe et parmi les Français, comment les différentes catégories sociales intègrent-elles la question de la justice sociale à leur propre développement ? Comment l’individualisme démocratique s’accommode-t-il des principes d’égalité, de solidarité par définition partagés collectivement ?
Afin de répondre à ces questions actuelles qui secouent les sociétés contemporaines, l’analyse sociologique de la justice sociale explore le rapport aux normes et aux valeurs, le rôle des institutions et des Etats, ou encore propose la mesure de faits témoignant d’inégalités objectives.
La justice sociale en Europe ouvrira ce cycle de séminaires avec la conférence de Michel Forsé La Priorité du Juste. Les Européens établissent un ordre de priorité du juste et c’est l’occasion d’interroger d’une part les processus démocratiques de fabrication du consensus, et d’autre part de revisiter les attendus philosophiques de nos cadres légaux. En effet, qu’est-ce qu’être juste ?
Le besoin de justice se nourrit du constat régulier d’inégalités. Mais surgit immédiatement le problème de la définition et de la mesure des inégalités. Roland Pfefferkorn éclairera ces deux points autant cruciaux que délicats à travers ses travaux de recherche : Définir les inégalités : des principes de justice sociale à leur représentation sociale, et De la mesure statistique à la représentation des inégalités : Proposition de définition des inégalités sociales.
Le travail comme instrument de justice sociale, renforce quand il est précaire, la subordination déjà constitutive du contrat de travail. Le travailleur précaire, travailleur à tout faire, a des pratiques aliénées qui laissent peu de place au libre-arbitre. Toutefois, de nombreuses « tactiques de la pauvreté » expriment une résistance à la normativité sociale du travail. La Précarité mérite sans doute une réflexion que Patrick Cingolani saura guider à travers la pluralité des réalités que désigne cette catégorie.
La justice sociale telle qu’elle est construite dans et par l’école française est une question majeure puisque la démocratisation se trouve aujourd’hui interrogée à nouveaux frais. La réforme du choix de l’établissement en constitue l’emblème comme le démontrera Marco Oberti dans L’école dans la ville : ségrégation – mixité – carte scolaire.
L’analyse du fonctionnement des institutions républicaines met au jour des mécanismes de discrimination peu compatibles avec le principe de justice. Sur le sujet, l’école n’est pas en reste ainsi que l’exposera Georges Felouzis lors de la séance de clôture qui sera consacrée à L'apartheid scolaire : enquête sur la ségrégation ethnique dans les collèges.
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Programme 2007-2008
La Priorité du Juste – Fondement et Applications
Lundi 12 novembre 2007 14h-17h
Michel Forsé, Sociologue, CNRS, Centre M. Halbwachs
Maison de l’université, salle divisible sud, Place E. Blondel, Mont St-Aignan
La priorité du juste sur le bien représente un aspect essentiel d’une théorie kantienne de la justice sociale. Quelques éléments importants de cette théorie, à la fois déontologique et libérale, soutenue de manière plus contemporaine aussi bien par un Rawls, qu’un Habermas ou un Apel seront tout d’abord rappelés. Sous un angle épistémologique, nous verrons les raisons pour lesquelles on peut à bon droit parler ici, comme le soutiennent d’ailleurs explicitement les auteurs évoqués, d’une théorie empirique. Cela signifie notamment qu’en vertu de la théorie elle-même, il convient de s’intéresser à ce que les gens pensent ou font en matière de justice, autrement dit que la liaison réciproque entre théorique et empirique est ici, non pas secondaire ou contingente, mais nécessaire.
En suivant cette orientation, trois exemples d’application seront abordés aussi bien sous l’angle de la microjustice que de la macrojustice distributive. Dans le cas d’un sondage réalisé en France, nous examinerons ce que révèle l’application du modèle du « spectateur équitable » (c’est-à-dire accordant la priorité au juste) à des opinions sur le Revenu Minimum d’Insertion. Une enquête représentative réalisée dans l’ensemble des pays de l’Union Européenne permettra en deuxième lieu de montrer que la façon dont les Européens traitent de l’articulation des grands principes de justice sociale appliquée est congruente avec un fondement en termes de priorité du juste. Au travers d’une autre enquête internationale enfin, la capacité de « décentrement » – bien évidemment supposée dans le modèle d’un spectateur équitable – s’avérera indispensable pour comprendre la manière dont les personnes sondées évaluent la justice ou l’injustice de leur situation économique personnelle.
Références
Forsé M. et Parodi M., 2004, La priorité du juste, Éléments pour une sociologie des choix moraux, Paris, PUF, Coll. Sociologies.
Forsé M., Parodi M., 2006, Justice distributive : la hiérarchie des principes selon les Européens, Revue de l’OFCE, Presses de Sciences Po, n° 98, p. 213-244.
Forsé M., 2006, Une théorie empirique de la justice sociale, L’Année Sociologique, Vol. 56, n° 2, p. 413-436.
Forsé M., Parodi M., 2006, Les progrès du raisonnable. Une évolution des valeurs en Europe de l'Ouest et aux États-Unis entre 1980 et 2000, Revue Française de Sociologie, Vol. 47, n° 4, p. 899-927.
Forsé M., 2007, "Raison ouverte, raisons neutres, Lorsque le juste se fonde sur une égale liberté", In : S. Paugam (sous la dir. de), Repenser la solidarité, L'apport des sciences sociales, Paris, PUF, Coll. Le lien social, p. 51-70.
Michel Forsé est sociologue. Directeur de recherche au CNRS, il est membre du Centre Maurice Halbwachs dont il est le directeur adjoint. Spécialiste français de l'analyse des réseaux sociaux, ses travaux les plus récents invitent à une rediscussion des fondements de la rationalité de l'action sociale.
Lundi 03 décembre
Roland Pfefferkorn :
- De la mesure statistique à la représentation des inégalités : proposition de définition des inégalités sociales
- Inégalités et justice sociale
Lundi 21 janvier
Patrick Cingolani : Professeur de sociologie - Université PARIS X
« Précarités : le moment du différend »
Maison de l’université, Salle divisible sud
Place E. Blondel, Mont St-Aignan
La conférence suivra deux déclinaisons de la précarité : comme qualificatif du travail -autrement dit travail précaire - et comme substantif semblant se suffire à lui-même et identifié à la pauvreté : précarité. On cherchera à inscrire ces précarités et leurs expériences sous une catégorie politique : celle de différend. Empruntant à J.F. Lyotard, on entendra cette catégorie d’un point de vue sociologique comme une délégitimation du témoignage ou bien encore comme moment où les mots manquent et ne peuvent constituer un sens. On tentera de donner un exposé de ce qu’il en est de cette délégitimation et de son dépassement parmi les « précaires » et de dessiner ce qui semble manquer face à l’expérience du travail précaire.
La conférence se déroulera en deux temps : premièrement, un rappel des figures concrètes de ce que sont le travail précaire et la précarité ; deuxièmement une réflexion sur les déficits de transmission qu’ouvrent un « capitalisme impatient » et une esquisse des modes d’action collective des précaires.
Références :
- L'Exil du précaire - récit de vies en marge du travail. Méridiens Klincksieck, 1986.
- La république, les sociologues et la question politique, La Dispute, 2003
- Sans visages - l’impossible regard sur la pauvreté, (avec A. Farge, JF. Laé et F. Magloire) Bayard, 2004.
- La précarité, Que-sais-je ?, PUF, 2005.
- «Philosophie en mouvements» in La philosophie déplacée - autour de Jacques Rancière, Editions Horlieu, 2006.
Lundi 10 mars
Marco Oberti :
- L’école dans la ville : ségrégation – mixité – carte scolaire.
- La justice scolaire dans la ville
Lundi 19 mai
14h-17h : Pierre Aïach: Santé et justice sociale
Discutante : Danièle Carricaburu
Places
- Université de Rouen
Rouen, France
Date(s)
- lundi, novembre 12, 2007
- lundi, décembre 03, 2007
- lundi, janvier 21, 2008
- lundi, mars 10, 2008
- lundi, mai 19, 2008
Keywords
- justice sociale, inégalités, ségrégations, précarité, école
Contact(s)
- GRIS #
courriel :
Reference Urls
Information source
- Yamina Bensaadoune
courriel : yamina [dot] bensaadoune [at] univ-rouen [dot] fr
To cite this announcement
« Justice sociale », Seminar, Calenda, Published on mardi, octobre 30, 2007, https://calenda-formation.labocleo.org/193792