AccueilMémoires de la guerre civile espagnole : transmission, réappropriations et usages
Appel à contributionHistoire
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Mémoires de la guerre civile espagnole : transmission, réappropriations et usages
Europe-Amérique latine
Publié le lundi 25 août 2008
Résumé
Annonce
Pourtant, il y a dans cette approche de l’histoire espagnole une certaine contradiction : rétablir la mémoire historique n’équivaut pas à instituer une vérité historique. La mémoire fonctionne par sélection, elle nous modèle et nous la façonnons à notre tour. Les générations précédentes ne nous ont pas transmis un « bloc » mémoriel inaltérable, un temps fossilisé. Toute transmission du passé est ouverte à la reformulation et à la réécriture[1]. La mémoire ainsi conçue est profondément malléable, plastique et si les historiens s’y intéressent, c’est essentiellement pour comprendre ce que les représentations qui la structurent nous apprennent sur le passé. La mémoire collective permet, comme le rappelle Pierre Nora, de comprendre la gestion du passé, la manière dont est utilisée et reconstruite l’histoire[2]. Dès lors, elle contribue également à mieux appréhender le devenir que se proposent les communautés politiques.
En ce sens, la question de la mémoire de la guerre civile telle qu’elle se pose actuellement en Espagne conduit à s’intéresser à ce qui se produit hors des frontières du pays, dans ces nations d’Europe ou d’Amérique latine où le conflit espagnol a eu des répercussions à divers degrés, tant sur le plan politique que social et culturel. De la France au Mexique, en passant par l’Argentine, la guerre civile demeure, pour une partie de la population, un événement majeur et, en tant que tel, un élément autour duquel se structure une certaine mémoire collective. Nombreux ont été les individus fuyant la guerre civile à s’installer dans ces pays. Disparus pour la plupart, ils ont cependant transmis une mémoire de la guerre, un legs à leurs descendants et à l’ensemble de la société, une « conscience d’appartenir à une chaîne de générations successives dont le groupe ou l’individu se sent peu ou prou l’héritier »[3]. A travers le témoignage, la publication d’ouvrages et la création de lieux de mémoire (associations…), ils ont généré une certaine représentation de la guerre ainsi qu’une mémoire encore présente dans les pays d’accueil. Cette mémoire des réfugiés, alliée à l’impact politique et social du conflit dans les années trente[4], explique en partie le fait que la guerre civile soit devenue dans de nombreux pays un mythe, qui structure encore l’imaginaire d’une partie de la population et conserve sa puissance mobilisatrice, même si elle alimente à présent des engagements sans rapport direct avec le conflit. L’utilisation lors de manifestations d’expressions telles que « No Pasarán » ou les références à des personnages comme la Pasionaria en sont la preuve indubitable. La mémoire de la guerre civile demeure vivace hors de l’Espagne, sous des formes parfois inattendues.
Partant de ces différents arguments, il est apparu fondamental de s’interroger sur les modalités de constitution, la nature et la fonction de la mémoire de la guerre civile tant en Espagne qu’en Europe et en Amérique latine. Pour appréhender ces questions, nous proposons d’engager une réflexion dans le cadre d’un colloque international intitulé « Mémoires de la guerre civile : transmission, réappropriations et usages. Europe – Amérique latine ». Organisé à la Maison de l’Amérique latine (Paris) les 1er, 2 et 3 avril 2009 (70e anniversaire de la fin de la guerre civile), il se structurera autour des axes suivants :
- Elaboration, transmission et réappropriations de la mémoire de la Guerre civile, tant en Espagne qu’en dehors de l’Espagne.
- Place de la guerre civile espagnole dans la mémoire collective et institutionnelle des nations ayant accueilli des réfugiés.
- Vecteurs de cette mémoire.
- Usages partisans et effets de mythification de la guerre propres à certaines interprétations du conflit.
- Participations et rôles des survivants de la guerre et de leurs descendants dans l’élaboration de cette mémoire.
Les propositions devront parvenir avant le 30 septembre 2008 à mona.huerta@univ-paris3.fr. Les articles acceptés par le comité scientifique devront être remis avant le 30 janvier 2009 à l’adresse suivante : mona.huerta@univ-paris3.fr
Organisateurs :
- Olivier Compagnon (Iheal-Credal) : olivier.compagnon@univ-paris3.fr
- Severiano Rojo Hernandez (Universidad de Brest) : severiano.rojo-hernandez@univ-brest.fr
- Mona Huerta (Credal-Cnrs) : mona.huerta@univ-paris3.fr
Contacts
- Mona Huerta Credal - Cnrs 28 rue Saint-Guillaume 75007 Paris mona.huerta@univ-paris3.fr,
- Severiano Rojo Hernandez (Universidad de Brest) : severiano.rojo-hernandez@univ-brest.fr
[1] Cf. Robert Harvey, E. Ann Kaplan, François Noudelmann, Politique et filiation, Paris, Editions Kimé, 2004.
[2] Pierre Nora, « La notion de “lieu de mémoire” est-elle exportable ? », in Lieux de mémoire et identités nationales, Pim Den Boer et Willem Frijhoff (Dir.), Amsterdam, Amsterdam University Press, 1993.
[3] Joël Candau, Mémoire et identité, Paris, PUF, 1998, p. 132.
[4] Cf. par exemple, pour le cas argentin, Monica Quijada, Aires de República, aires de cruzada : la guerra civil española en Argentina, Barcelone, Sendai, 1991.
Catégories
- Histoire (Catégorie principale)
- Espaces > Amériques > Amérique latine
- Espaces > Europe
- Sociétés > Études du politique > Guerres, conflits, violence
Lieux
- Maison de l’Amérique latine, IHEAL
Paris, France
Dates
- mardi 30 septembre 2008
Mots-clés
- mémoire, guerre civile espagnole
Contacts
- Severiano Rojo Hernandez
courriel : amnis [at] revues [dot] org - Mona Huerta
courriel : mona [dot] huerta [at] univ-paris3 [dot] fr
Source de l'information
- Severiano Rojo Hernandez
courriel : amnis [at] revues [dot] org
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Mémoires de la guerre civile espagnole : transmission, réappropriations et usages », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 25 août 2008, https://calenda-formation.labocleo.org/195358