Le GREPETHNO (Groupe de Recherches et de Pratiques - ethnologie, demande sociale, applications) organise le mardi 11 janvier 2005 une séance de son séminaire au Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative, Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie, salle F 304, de 10h à 12h :

Des ethnologues et des sociologues auprès des femmes des quartiers en politique de la ville : intérêts et limites d’une recherche action

Cécile ASSAS (ethnologue), Briac CHAUVEL (ethnologue), Erella DUVAL (sociologue), chargés d’étude au sein d’Integr’action.

Quelles carrières professionnelles se construisent les femmes des quartiers prioritaires de la politique de la ville ? Quelles difficultés rencontrent beaucoup d’entre elles pour accéder à un emploi stable ?

Comment se structurent les relations de genre pour les adolescents de nos cités ? Comment les jeunes filles des banlieues s’aménagent-elles des espaces de négociation et d’affirmation face aux injonctions paradoxales de leurs pairs, de leurs parents, de leurs enseignants, des acteurs de terrain ?

Comment les femmes migrantes parviennent-elles à composer des espaces de reconnaissance dans une société qui peine à assumer véritablement sa dimension multiculturelle ? Quels modes de contrôle social et quelles contraintes s’exercent spécifiquement sur les femmes des quartiers populaires ? Quelles stratégies individuelles et collectives déploient-elles pour s’en affranchir ?

Toutes ces questions ont surgi des groupes de femmes impliqués dans la recherche-action menée conjointement par deux cabinets d’études (Tessiture et Integr’action) et des acteurs de terrain (Génération Femmes, La MPT des Amonts, L’¦il du Cyclone, Permis de Vivre la Ville, La Voix des Jeunes, Génération II), à partir d’objectifs communs :

• Donner la parole aux intéressées et en assumer toutes les implications. Construire un espace de réflexion pour que celles qui résident ou travaillent dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville puissent témoigner de leurs parcours respectifs, proposer leurs propres observations, émettre des hypothèses, confronter leurs points de vue, formuler des propositions d’action.
  
• Sortir d’une logique de victimisation sans dissimuler les inégalités socio-économiques et les inégalités de genre, en s’intéressant aux ressources sur lesquelles s’appuient les femmes des quartiers, en décrivant les stratégies qu’elles déploient face aux contraintes cumulées qui s’exercent sur elles.
  
• Déconstruire les discours ethnocentriques qui engendrent une focalisation sur des comportements sexistes imputés préférentiellement aux cultures des migrants. Ce sont ces mêmes discours qui génèrent l’occultation de phénomènes comparables chez les autres groupes sociaux.

Le rapport final de cette recherche est conçu comme un dialogue, à l’image des discussions collectives et des entretiens individuels, desquels émergent quatre thèmes majeurs : l’emploi des femmes des quartiers, le manque de reconnaissance de ces femmes, les parcours scolaires des jeunes filles, le contrôle social qui s’exerce spécifiquement sur elles dans les différents contextes d’interactions sociales.

Les résultats de cette étude viennent modifier ou invalider les représentations victimisantes des femmes et des jeunes filles qui vivent dans ces quartiers. Ils soulignent l’importance et la pluralité des ressources construites et mobilisées par ces femmes . Ils laissent aussi entrevoir combien l’intégration sociale, économique et culturelle des femmes est liée à des politiques et à des dynamiques locales."