En tant qu’outils d’apprentissage, les manuels scolaires fournissent des références tant dans le domaine des savoirs enseignés que des valeurs d’une société, comme une transmission d’héritage entre générations. En ce sens, ils donnent nécessairement des normes, dont il est bon de mesurer les limites : sociales, nationales, humanistes... On peut d’ailleurs en percevoir les contradictions, assumées ou non, lorsque l’on change de lieu ou d’époque, ou que des événements historiques ou scientifiques viennent modifier les certitudes anciennes. Il n’est donc pas inutile de rappeler comment tous les grands événements politiques suscitent des modifications ou des changements de manuels, depuis la Révolution française jusqu’aux événements de 1968, ou à la réaction actuelle, pour ne s’en tenir qu’à la France. Mais tous les autres événements de l’histoire des idées ont aussi leurs effets sur eux à plus ou moins long terme.

Certes, la principale cause de changements dans les manuels sont les changements de programme. Mais de nombreux exemples existent où un manuel montre ses capacités à les précéder ou à les traverser. Pour autant, ces normes nouvelles sont loin de s’imposer sans controverses, immédiates ou différées, avec à chaque fois des effets plus ou moins spécifiques selon les disciplines : on veut penser ici au débat surgi brusquement en 2006 sur les « méthodes de lecture ». D’autres débats ont agité plus classiquement le monde éducatif, transposant des affrontements idéologiques, comme ce qu’on a appelé les « guerres de manuels » sous la Troisième République. La hiérarchie de son côté, a été amenée parfois à interdire, plus ou moins longtemps, certains ouvrages à destination des élèves. Il peut exister enfin des manuels, surtout avec la liberté éditoriale, qui suscitent par eux-mêmes la controverse. Tous ces événements ayant pour cible des manuels scolaires (changements, interdictions, remplacements...), au-delà de leur diversité, ont-ils des points communs ? Comment les opinions des maîtres, des parents, des élèves, des citoyens... sont-elles amenées à les apprécier ? Les communications pourront porter sur des cas français ou non, avec l’ambition de les situer dans leur contexte historique, les travaux comparatifs étant plus particulièrement appréciés.

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