L’analyse sociologique de la mondialisation peine à intégrer la sexualité comme objet légitime de connaissance scientifique. La plupart des études sur l’intensification des échanges internationaux se concentrent sur l’évolution des inégalités sociales ou les transformations des conditions de vie. Pour autant, l’analyse de la sexualité et de sa prise en charge (politique et morale) soulève des questions centrales pour l’étude des évolutions contemporaines. Qu’il s’agisse de phénomènes aussi divers que la mondialisation des échanges prostitutionnels, la recomposition des comportements amoureux ou la définition progressive d’une éthique sexuelle mondialisée, la sexualité apparaît comme un objet privilégié pour penser l’évolution des rapports de pouvoir internationaux. 

Le numéro 5 de Genre, Sexualité et Société (à paraître au printemps 2011) propose de penser ces évolutions en interrogeant les « désir(s) d’ailleurs ». En articulant exotisation et érotisation, on s’attachera à développer l’intersection entre la pluralité des rapports de domination qui caractérisent les échanges mondialisés, en termes de genre, de classe et de « race ». L’attractivité sexuelle d’une altérité construite interroge la racialisation des fantasmes – au Nord comme au Sud. Et en prenant pour objet tant les représentations qui encadrent les rencontres transnationales que la réalisation pratique des échanges, ce numéro souhaite étudier la mondialisation à partir d’une mise en question des conduites et des désirs sexuels. 

Il s’agit ainsi de faire le point sur les dernières recherches sur la mondialisation de la sexualité. Le numéro se veut résolument ouvert à la diversité des perspectives théoriques. Mais les contributions devront partager – quelle que soit la discipline à laquelle elles se rattachent (sociologie, histoire, anthropologie, géographie, sciences politiques) – le souci d’une qualité démonstrative appuyée sur des enquêtes rigoureuses et des données originales. Parmi les différentes thématiques possibles, nous retiendrons particulièrement les contributions qui proposent de penser :  

• La construction sociale et historique du couple érotisme/exotisme ;
• Les rencontres et interactions sexuelles entre populations inégalement dotées (touristes, expatriés, migrants, etc.) ;
• La racialisation des fantasmes et l’articulation entre différents rapports de domination ;
• La mondialisation des sexualités et les processus d’unification/résistance qui découlent de la circulation internationale des corps, des biens et des représentations ;
• La prise en charge politique de ces évolutions, leurs effets dans la transformation du champ du pouvoir et la définition normative des conduites acceptables. 

Les propositions d’articles (résumé d’une page, environ 5'000 signes) sont à envoyer d’ici au 15 mars 2010 aux deux adresses suivantes : 

•  Sébastien Roux : sebastien.roux@ens.fr
•  Bertrand Réau : bertrand.reau@univ-paris1.fr 

Après sélection des propositions, une première version de l’article complet sera demandée pour le 1er octobre 2010, puis soumise à évaluation.

Toute soumission doit impérativement respecter les instructions aux auteur-e-s disponibles sur le site de Genre, Sexualité et Société.