Le 1er septembre 2011, l’un des plus jeunes penseurs français a passé la barre des 80 ans. Sciences, techniques, environnement, esthétique, humanités… par ses appétences pluridisciplinaires, Michel Serres s’efforce encore et toujours de comprendre les bouleversements contemporains, de les mettre en correspondance, et d’en prévoir les effets. Effets des découvertes scientifiques sur le rapport de l’homme à la nature, à l’espace, à son corps, effets des nouvelles techniques de communication sur les révolutions sociales et religieuses, implications des progrès de la médecine, conséquence de la fin des paysans... les connaissances tous azimuts qu’il rassemble et met en dialogue en font peut-être l’un des derniers « intellectuels universels » dont le monde des idées a besoin pour repenser une société globale qui a opéré de larges mutations tout au long du XXe siècle. C’est ce que chercheront à montrer, dans cet ouvrage, une dizaine de chercheurs de différentes disciplines du champ des sciences humaines et des sciences techniques (philosophie, anthropologie, littérature, agronomie) qui ont tous rencontré la pensée de Michel Serres à un moment donné de leur parcours.

Plus qu’un simple témoignage de reconnaissance d’une partie de la communauté académique, cet ouvrage rassemblera des contributions qui montreront en quoi sa pensée est le lieu d’où peut s’envisager un futur global humaniste.

Eclairage académique qui s’autorisera à prendre des allures de manifeste pour engager les instances dirigeantes et/ou internationales à puiser dans cette eau vive qu’est la pensée de Michel Serres pour faire face aux défis auxquels elles sont et seront confrontées.

Les contributions s’attacheront donc aux réponses que Michel Serres a apportées au fil de son œuvre et continue d’apporter aux grandes questions contemporaines, dont il a souvent montré qu’elles étaient interdépendantes : l’environnement, la science, la technique, l’enseignement, la communication, la religion... et les nouvelles solutions politiques qu’elles supposent toutes. Chacune des contributions s’appuiera évidemment sur un ou plusieurs de ses ouvrages en essayant de synthétiser les réflexions qu’ils contiennent et de montrer comment les intuitions qui les traversent peuvent apporter des réponses aux "crises" contemporaines. Surtout, ces contributions choisiront de s'insérer dans l'un des 3 grands axes ci dessous, qui structureront l'ouvrage.

Les propositions de contributions tiendront sur une demi page A4 maximum et sont attendus avant le 1er octobre 2011 dernier délai.

Pour les contributeurs résidant en France, une journée de travail sera prévu à Bordeaux (avec le soutien de l'ECLA) en novembre 2011.

Une remise des articles est planifiée pour le premier semestre 2012 avec publication du volume collectif pour la rentrée 2012-2013.

Cédric Baylocq (anthropologue, chercheur associé au Centre Jacques Berque), Patrick Rödel (philosophe)

L’ouvrage sera découpé en trois grands chapitres contenant chacun un nombre avoisinant de contributions. Ces chapitres recouvrent l’environnement, les sciences et techniques, les humanités. A l’intérieur de ces trois grandes thématiques, les propositions des contributeurs sont libres. Nous avons néanmoins proposé quelques pistes autour desquelles pourraient s’articuler les contributions.

1)   Environnement

On trouvera par exemple dans une relecture du Contrat naturel (François Bourrin, 1990) des constats et solutions d’écologie politique 20 ans avant Copenhague, dans Le mal propre : polluer pour s'approprier ? (Le Pommier, coll. « Manifestes, 2008), La guerre mondiale (Le Pommier, Paris 2009) ou Le temps des crises (Le Pommier, coll. « Manifestes ! » 2010), un prolongement de ces réflexions et solutions, ou encore dans Écrivains, savants et philosophes font le tour du monde (Le Pommier, coll. « Les Essais », Paris 2009) qui invite sur le « paquebot » commun les philosophies de la Nature non occidentales.  

2)   Sciences et techniques  

On pourra appliquer les réflexions sur la communication à l’œuvre dans Hermès I à V (1970 à 1980, éditions de Minuit) à la révolution de la circulation des connaissances, ou, à un niveau encore plus appliqué, à l’internet, ou à la crise de la transmission religieuse traditionnelle et ses effets… Au-delà, l’ensemble de la bibliographie de Michel Serres sur la philosophie des sciences

3)   Humanités, connaissances  

Michel Serres, la littérature, le rôle des humanités face aux sciences, le style (si particulier pour ce qui est du sien). Quelques exemples : une lecture d’Hominescence en guise de transition entre la partie précédente et celle-ci ? On reprendra aussi dans Le Tiers instruit (Gallimard, 1992) des propositions pour une formation des consciences multidisciplinaires et humanistes que réclame le monde moderne, que l’on mettra en miroir de  l’orientation réelle de l’éducation contemporaine en France etc… Cf son cours 2009 à Stanford sur l’art d’écrire (retranscription et commentaire).

4)   Lettres aux instances internationales

Sur l’environnement, les sciences et techniques, l’éducation… Un site du livre sera créé où ces lettres seront disponibles à la signature, à la lecture, et au téléchargement.

5) Gloserres (Patrick Rödel)

La langue de Serres, sa richesse, sa variété surprennent souvent le lecteur. Il est vrai qu’elle joue sur plusieurs registres : philosophique, scientifique et technique, géographique ; qu’elle est une langue de marin, d’amoureux des mots rares ou des expressions du terroir. Ce Glosserres invite le lecteur à une promenade nécessairement subjective dans l’univers sémantique de Michel Serres.

6) Annexes

• Textes inédits
• Entretiens
• « Michel Serres, ou la constance du retour à la terre » (sélection d’articles de Sud Ouest, 1980-2010)…