NAISSANCES. Des secrétaires d'Etat du Roi au ministère unifié de la République, genèse du fait ministériel en France

• Colloque organisé par le Service historique de la Défense,
• en partenariat avec l'Institut de recherches stratégiques de l'Ecole militaire
• et le Centre d'histoire de Sciences Po

30 novembre - 1er décembre 2011, Ecole militaire, amphithéâtre de Bourcet (se munir d'une pièce d'identité pour entrer dans l'enceinte de l'Ecole militaire)

Présentation

Le 5 avril 1961 est publiée une impressionnante série de vingt-deux décrets, qui pose une partie essentielle des fondements politico-institutionnels de l’actuel ministère de la Défense. Les armées achèvent à cette occasion de perdre leur identité ministérielle. Il faudra certes encore plusieurs décennies pour que l’unification des structures administratives du ministère prenne toute sa dimension. Un cap décisif est néanmoins franchi le 5 avril 1961. C’est l’aboutissement du processus initié en février 1932 avec la nomination inédite d’un ministre de la Défense qui, sous la Quatrième République, s’est graduellement doté d’une administration spécifique.

L’inscription dans le temps long s’impose donc pour prendre la mesure de la rupture intervenue le 5 avril 1961. D’autant que la naissance d’un ministère unifié, sous la Cinquième République, fait écho à celle des départements de la Guerre, puis de la Marine, au Grand siècle. À chaque fois, il s’agit d’une création à froid, sans que puisse être directement évoqué un contrecoup, celui d’une défaite militaire par exemple. À chaque fois, il s’agit d’une contribution essentielle à la modernisation de l’État. À chaque fois, il y a un avant et un après.

 Cette rencontre scientifique répond ainsi à deux objectifs. Organisée à l’occasion du cinquantenaire des décrets méconnus d’avril 1961, elle doit permettre de considérer globalement, pour la première fois, les moments où sont apparus des postes ou des structures ministériels militaires. En d’autres termes, comment sont nées les incarnations ministérielles successives de la défense nationale entre la seconde moitié du XVIe siècle et celle du XXe siècle ? Au-delà du moment considéré, quels processus sont à l’œuvre ? De ce fait, le colloque offrira aussi l’opportunité de réfléchir à la dynamique d’ensemble qui a finalement conduit à l’unification de ce champ ministériel. Seront donc également abordés des épisodes où celle-ci a répondu à des logiques de contrecoup, mais aussi où – en dépit d’un contexte apparemment porteur ‑ elle n’a pas débouché.

Ces contradictions, ces incohérences ne peuvent étonner : elles émaillent les processus similaires qui, dans la spécificité des destins nationaux, se développent en-dehors de l’Hexagone. Car l’unification du champ ministériel militaire est une manifestation évidente, bien que sous-estimée, du processus de modernisation des états, au-delà des frontières qui les caractérisent, au-delà de l’argument de leur réforme, à chaque fois invoqué depuis le XVIIe siècle. Profondément nationale, cette histoire ne peut être pleinement saisie sans être inscrite dès le départ dans une perspective comparative.

Conseil scientifique : Jean-François Chanet, Bernard Chantebout, Hervé Drévillon, Jean Massot, Guillaume Piketty, Frédéric Ramel, Thierry Sarmant, Maurice Vaïsse, Laurent Veyssière, Philippe Vial.

première journée : mercredi 30 novembre

Accueil (8h30 / 8h45)

• Allocution d’ouverture : M. Gérard Longuet, ministre de la Défense et des Anciens combattants (sous réserve) (8h45 / 9h05)
• Introduction scientifique : Philippe Vial, SHD/DEER (9h05 / 9h30)

Première partie : aux origines, 1570-1958

Genèse des départements ministériels militaires sous l’Ancien Régime (9h30 / 10h45)

• Du secrétaire d’état au département de la Guerre, une naissance à éclipses, 1570-1643 (Guillaume Lasconjarias, IRSEM) ;
• Une province de la Guerre ? La genèse du département de la Marine au Grand siècle (Thierry Sarmant, Musée Carnavalet) ;

Pause (10h45 / 11h00)

Les prémices des débuts de l’ère républicaine, 1792-1871 (11h00 / 12h15)

• La place du département de la Guerre dans le débat constitutionnel et politique de la Révolution (Hervé Drévillon, IRSEM / Paris I).
• Le gouvernement de défense nationale (1870-1871), un précédent, des leçons ? (Jean-François Chanet, Sciences Po) ;

Déjeuner (12h15 / 13h45)

Aux origines d’un ministère militaire unifié : d’une guerre mondiale à l’autre (13h45 / 15h30)

• La Défense réduite à l’Armement ? Les paradoxes de la Grande guerre (François Cochet, Metz)
• Une naissance à contre-courant ? La création du ministère de l’Air (Jérome de Lespinois, CESA)
• De Piétri à Daladier, les expérimentations des années trente (Nicolas Rousselier, Sciences Po)

Pause (15h30 / 15h45)

Aux origines d’un ministère militaire unifié : de la Libération à la Quatrième République (15h45 / 17h00)

• Vichy, un laboratoire ? (Géraud Létang, Sciences Po) ;
• Du Général au RPF, généalogies gaulliennes (Claude d’Abzac-Épezy, CPGE / UMR IRICE) ;
• La Quatrième République : un premier ministère unifié ? (Olivier Chopin, Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université Catholique de Lille).

deuxième journée : jeudi 1er décembre

Accueil (8h30 / 9h)

Deuxième partie : la réforme d’avril 1961

Du politique au militaire, la fabrique de la réforme (9h00 / 10h45)

• De Gaulle et l’outil militaire (Maurice Vaïsse, Sciences Po) ;
• Pierre Messmer, un père pour la réforme ? (Frédéric Turpin, Chambéry) ;
• Le chef d'état-major général de la Défense nationale : la fonction et l’homme (Philippe Vial, SHD).

Pause (10h45 / 11h00)

Mourir à soi-même ? Les armées face à la réforme (11h00 / 12h15)

• L’armée de Terre (Laurent Lymes) ;
• La Marine (Patrick Boureille, SHD).

Déjeuner (12h15 /13h45)

Mourir à soi-même ? Les armées face à la réforme (suite) (13h45 / 15h00)

• L’armée de l'Air (Marie-Catherine Villatoux, SHD) ;
• La création de la Délégation ministérielle pour l’Armement, une amputation ? (Alain Crémieux, DGA).

Pause (15h00 /15h15)

Quelle portée politique pour la réforme ? (15h15 / 17h00)

• La réforme à l’échelle de la mise en place de la Cinquième République (Jean Massot, Conseil d’état);
• Les attributions du ministre des Armées depuis la réforme de 1961 (Louis Gautier, Cour des Comptes / Lyon III) ;
• La réforme à l’aune du cas américain (François David, Lyon III / SHD)

Conclusion générale (17h00 / 17h30) : Hervé Drévillon (Paris I / IRSEM)