AccueilViolence de genre, violences sexistes à l'école: mesurer, comprendre, prévenir

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Publié le jeudi 19 janvier 2012

Résumé

« Violence de genre, violences sexistes à l'école: mesurer, comprendre, prévenir », appel à contributions pour la revue Recherches et Éducations.

Annonce

Violence de genre, violences sexistes à l’école : mesurer, comprendre, prévenir

Argumentaire

La recherche internationale a depuis longtemps admis que la violence à l’école était largement le fait des garçons, du moins en ce qui concerne les violences physiques. Ainsi aux USA le Youth Risk Behavior Survey (1995 ; Kann et al., 1995) révèle que les garçons sont trois fois plus (23,5%) impliqués dans des bagarres que les filles (8,6%). Les dernières enquêtes de victimation en France ont des résultats très semblables : en ce qui concerne la violence brutale 67% des auteurs sont des garçons, 20% des filles et 13% des groupes mixtes en école élémentaire (Debarbieux, UNICEF, 2011). Il en va de même en collège d’après une enquête nationale de la DEPP (DEPP, 2011) selon laquelle les garçons sont plus de 20% à être pris dans des bagarres collectives contre 8% des filles. Plus souvent agresseurs les garçons sont aussi plus souvent victimes (cf. par exemple Benbenishty et Astor, 2005 et Royer, 2010). On peut donc en conclure que la violence à l’école est fortement genrée, avec une prédominance des garçons tant comme auteurs que comme victimes ; les filles lorsqu’elles sont impliquées l’étant plus comme victimes que comme auteurs sans que pour autant les filles se cantonnent au rôle de victimes passives ; elles ;peuvent aussi être agresseurs.

De même et quoi qu’il en soit la majorité des garçons ne sont pas agresseurs, même s’ils le sont plus souvent.  Mesurer et interpréter ces différences est un enjeu majeur pour la connaissance de la violence à l’école. Le fait que les modes de victimations seraient différents constitue un autre thème important dans la littérature internationale (Olweus et al. 1999, Smith et Sharp, 1994) ; les filles préféreraient le harcèlement indirect (l’ostracisme). Cela n’est cependant pas vérifié par les enquêtes françaises ; dans l’enquête UNICEF citée par exemple, si les filles sont un peu plus nombreuses (55%) à être victimes de rumeurs et médisances que les garçons (49%), les auteurs sont très majoritairement des garçons (44% des auteurs contre  23% de filles, et  33% de groupes mixtes). De plus, il y a un grand manque de connaissances empiriques en France en ce qui concerne le rejet des élèves considérés comme homosexuels, même si la littérature LGBT (Klipp, 2001) suggère que le harcèlement touche de manière préférentielle ces jeunes. Dans ce cadre, la recherche doit également s’interroger sur le rôle éventuel de l’école dans le développement d’une violence de genre (culture hétérosexiste…). Ceci conduit à s’interroger à la fois sur les auteurs et les victimes mais aussi sur les différentes formes d’agression et leur caractère éventuellement genré : agressions directes (plus masculine ?), agressions indirectes et sur leurs conséquences. La violence est en effet considérée ici dans une acception large : non seulement comme usage de la force physique mais aussi comme un abus de pouvoir qui peut revêtir des formes verbales et symboliques. Il s’agit donc de comprendre non seulement qui est victime ou agresseur mais comment on l’est. Bien entendu, les personnels des établissements scolaires sont également concernés. La gestion qui est faite par les professionnels des phénomènes de violence peut également être interrogée au regard de la thématique. La majorité des sanctions (environ 80% des retenues et exclusions au collège) concerneraient les garçons (Ayral, 2011).

Le débat est d’autant plus important que les violences sexistes sont un véritable phénomène de société et un enjeu de santé publique majeur. Ainsi les études estiment le nombre d’agressions sexuelles en France entre 65 000 et 70 000 par an (OMS, OND, ENVEFF) et la grande enquête relative aux violences envers les femmes (ENVEFF) indique qu’une femme sur dix est victime de violence conjugale. Partant du constat que les violences sexistes très prégnantes à l’âge adulte, existent dès l’école, depuis 2006, des conventions interministérielles  insistent sur l’égalité entre les filles et les garçons dans le système éducatif et dans la lutte contre les violences sexistes. Pourtant, au même moment, la mixité à l’école et les théories de genre sont remises en question. La recherche a un rôle à jouer pour éclairer le débat hors de toute naturalisation biologisante (qui empêcherait de comprendre comment les garçons ne sont pas tous agresseurs ou les filles seulement victimes) et de toute culturalisation éventuelle.

Les mécanismes de ce phénomène sont difficilement saisissables car les acteurs-ices en présence minorent fréquemment ces faits, et la violence symbolique est tellement importante pour les victimes qu’elle est souvent niée. Cette intériorisation des stéréotypes de genre majoré par un renforcement social omniprésent masquent le phénomène. Pour preuve, seulement 2% des victimes d’agressions sexuelles portent plainte. De  plus, ces violences sexistes peuvent être multifactorielles comme le démontrent  les études à l’intersection du genre, de la race et de la classe. Leur construction précoce et leur réalité à l’école doivent être interrogées. Les méthodes, programmes et politiques qui tentent d’y remédier par des stratégies basées sur l’école ou des actions le plus souvent ponctuelles (information, formation, campagnes de sensiblisation…) doivent également être évalués. Cet appel à communication propose surtout de publier des recherches empiriques reposant sur des méthodologies explicites, qualitatives ou/et quantitatives visant à connaître la fréquence et les modes de victimation en fonction du genre et des recherches évaluatives portant sur l’efficacité des mesures prises pour faire face au phénomène.

Toutefois les pistes de réflexion et les interrogations soulevées dans cet appel à communications ne sont bien évidemment pas exhaustives. D’autres entrées sont possibles pour traiter de la relation entre le genre et les phénomènes de violence à l’école ; elles peuvent être proposées.

Temporalité et informations pour l’envoi des contributions

Les articles doivent comporter entre 30 000 et 40 000 caractères (espaces compris). Ils sont à envoyer en format .doc ou .rtf à isabelle.joing@univ-lille2.fr, en respectant des normes de présentation. La feuille de style à utiliser est disponible à l’adresse : http://rechercheseducations.revues.org/index598.html 

Echéancier précis

  • Date limite d’envoi des articles : 15 juin 2012

  • Date limite de retour aux auteurs : octobre 2012
  • Parution : octobre 2013

Modalités de sélection

Coordonnateurs du numéro :

Isabelle JOING et Eric DEBARBIEUX

Composition du comité de lecture :

ANDRIEU Bernard (Université Henri Poincaré-Nancy) ; BARBIER Jean-Marie, (CNAM, Paris) ; BOIVIN Marie-Denyse (Université Laval-Québec, Canada) ; BOUMARD Patrick (Université de Brest) ; BUGNARD Pierre-Philippe (Université de Fribourg, Suisse) ; CAPELLE-TOCZEK Marie-Christine (IUFM d’Auvergne) ; CÈBE Sylvie (Université de Genève) ; CHERQUI-HOUOT Isabelle (Université Henri Poincaré-Nancy) ; CROS Françoise (CNAM, Paris) ; DESAUTELS Jacques (Université Laval-Québec, Canada) ; DESCARPENTRIES Jacqueline (Université Lille 3) ; DROZ Marion (École de Santé de la Source de Lausanne, Suisse) ; FABER Diana (Université de Liverpool, Royaume Uni) ; GENELOT Sophie (IUFM de Dijon) ; GIORDAN André (Université de Genève, Suisse) ; GOIGOUX Roland (IUFM d’Auvergne) ; GUIGUE Michèle (Université Lille 3) ; GUTIERREZ Laurent (Université Rouen) ; JARLÉGAN Annette (Université Nancy 2) ; JOING Isabelle (Université Lille 2), JOHNSON Lucie (Bethel Université, USA) ; JUTRAS France (Université de Sherbrooke, Canada) ; KAKPO Séverine (Université Paris 8); KLEIN Alexandre (Université Nancy 2), MARQUET Pascal (Université Louis Pasteur Strasbourg) ; MOLE Frédéric (Université Saint-Etienne); MORANDI Franck (IUFM d’Aquitaine) ; MOUGNIOTTE Alain (IUFM de Lyon) ; MUSIOL Michel (Université Nancy 2) ; PARAYRE Séverine (Université Lille 3) ; PRAIRAT Eirick (Université Nancy 2) ; RAYOU Patrick (Université Paris VIII) ; RETORNAZ Annick (IUFM de Lorraine) ; RIA Luc (IUFM d’Auvergne) ; RIONDET Xavier (Université Nancy 2); ROCHAT Philippe (Université Emory, USA) ; ROZENCWAJG Paulette (Université Paris 10) ; SALLABERRY Jean-Claude (Université François Rabelais, Tours) ; STAUM Martin S. (Université de Calgary, Canada) ; SUCHAUT Bruno (Université de Bourgogne) ; TALBOT Laurent (Université de Toulouse) ; VIDAL Fernando (Institut M. Planck, Berlin) ; WITTORSKI Richard (Université de Rouen) ; ZAPATA Antoine (IUFM de Lorraine).

Critères de sélection :

  • Explicitation et justification de la démarche scientifique : concepts mobilisés, mode de recueil et de traitement des corpus de données, paradigmes de référence, résultats présentés, discussion des résultats.
  • Pertinence du titre.
  • Aspects rédactionnels (plan, style, orthographe et vocabulaire).
  • Pertinence et mode de présentation de la bibliographie.

Dates

  • vendredi 15 juin 2012

Mots-clés

  • violence, école, genre

Contacts

  • Isabelle Joing
    courriel : isabelle [dot] joing [at] univ-lille2 [dot] fr

Source de l'information

  • Isabelle Joing
    courriel : isabelle [dot] joing [at] univ-lille2 [dot] fr

Licence

Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Violence de genre, violences sexistes à l'école: mesurer, comprendre, prévenir », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 19 janvier 2012, https://calenda-formation.labocleo.org/206855

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