Argumentaire

À l’occasion du premier volet du « Gouvernement des hommes en mer », programme de recherche en histoire maritime unissant les institutions culturelles de la Ville de Rochefort et l’Université de La Rochelle, les singularités religieuses du commandement naval avaient été mises en lumière pour avoir conféré un charisme religieux aux commandements navals. Dans l’histoire occidentale, les capitaines n’ont-ils pas acquis la possibilité de délivrer eux-mêmes des sacrements à leur bord ? A l’évangélisme lié à la navigation exploratrice, s’ajoute le pastoralisme associé à la conduite des hommes. Toutefois, les recoupements ne sauraient s’arrêter à cette seule lecture. Les Églises occidentales, adoptant le motif de la « Nef de religion », se projettent sur les flots, avant d’achever d’y construire une complète et édifiante imagerie doctrinale. Le pouvoir exorbitant de ces capitaines « Maîtres après Dieu » – une expression  dont l’histoire n’a été que peu investie – sont donc un reflet maritime des constructions religieuses engagées dès l’Antiquité et magnifiées par la Renaissance.

Pour ce second volet du « Gouvernement des hommes en mer », nous proposons donc de mettre à l’étude les aspects religieux qui s’associent à la gouvernance des équipages. L’administration du culte à bord y trouvera bien entendu une place première. Certes, l’isolement et le confinement à bord des navigations hauturières justifient sans doute un régime exceptionnel de délivrance des sacrements. Toutefois, l’on s’interrogera sur leur sens, en particulier parce que les équipages ont ritualisé des traditions surprenantes adoptant des formes païennes. Tel est le cas du Baptême de la Ligne, vaste charivari pendant lequel les hommes parodient des divinités antiques ou farfelues. De même, les études portant sur l’encadrement religieux à bord seront attendues. A cet effet, la présence des aumôniers à bord, introduite dans les voyages d’exploration dès le début du XVI^e siècle, devra être distinguée de l’embarquement de missionnaires, si tant est que cette distinction se révèle pertinente. L’analyse comparée dissociera de la même manière les pratiques des différentes religions investissant les voyages maritimes. Enfin, les élaborations spirituelles, hagiographiques et intellectuelles seront également évoquées, en particulier lorsqu’elles font du navire une image des Églises elles-mêmes. In fine, nous tenterons de dégager une pastorale des hommes en mer qui, déjà étudiée dans les pratiques littorales de l’ex-voto, mérite désormais d’être reliée aux lectures religieuses de la vie à bord et de sa gouvernance.

Informations pratiques

Le vendredi 16 novembre 2012, 9H00-12H00 ET 14H30-18H00

Salle de conférences du Service Historique de la Défense

4, rue du Port à ROCHEFORT. Entrée libre

Programme

9h00 : accueil, puis Introduction, Pierre Prétou (Université de La Rochelle)

9h30 – 12h00 : Atelier « Sources et archives du fait religieux dans l’histoire du pilotage naval »

14h30 – 18h00 : Atelier « Pratiques cultuelles et discipline des hommes à bord »

• 18h00-18h15 : Conclusions et perspectives par Didier Poton (Université de La Rochelle)