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History and memory of union movements in the 20th century
Histoire et mémoire des mouvements syndicaux au XXe siècle
Crossed perspectives on Puy-de-Dôme and France
Regards croisés sur le Puy-de-Dôme et la France
Published on lundi, décembre 03, 2012
Summary
Announcement
Présentation
Inscrit dans le prolongement de l’exposition sur l’histoire du syndicalisme dans le Puy-de-Dôme, ce colloque invite à une réflexion sur la construction de l’histoire des mouvements syndicaux entre histoire et mémoire, à un moment où l’enjeu mémoriel est toujours aussi vif et où l’instrumentalisation de l’histoire et de l’historien se pose plus que jamais. À un moment aussi où, dans le grand public, les frontières entre les deux notions ont parfois tendance à se confondre alors que dans le cadre d’un renouvellement historiographique, depuis la fin des années 1970, s’est épanouie une réflexion sur la distinction et la relation entre ces deux notions. Par souci de clarté, nous reprendrons la définition de la mémoire donnée par Philippe Joutard, « souvenir d’événements vécus par soi-même, ses ancêtres ou les personnes de son groupe » qui souligne bien « le rapport direct » et « affectif » au passé, inclut l’oubli et prend en compte l’indispensable articulation entre mémoire individuelle et collective1. Quant à l’Histoire, nous la définirons classiquement comme une « science du rapport des sociétés au temps », spécifique par l’usage de sources variées, un travail critique fondé sur le croisement et la comparaison, et un souci d’explication autant que de compréhension.
Ces définitions posées, la réflexion sur les rapports entre histoire et mémoire sur cet objet singulier nous semble pouvoir être fondée sur un aller/retour entre les deux échelles du local et du national et sur une approche interconnectée des mouvements syndicaux, trop souvent séparés dans la recherche historique : mouvements ouvriers, paysans, enseignants, étudiants… qui connaissent pourtant bien des moments de rencontre, voire de convergence.
Deux modalités d’exploration seront privilégiées : d’une part, la construction de l’histoire des mouvements syndicaux dans le dialogue entre chercheurs en sciences humaines et acteurs ; d’autre part, la fabrication et l’usage de la mémoire du syndicalisme par les syndicats. Avec l’idée de distinguer ces constructions dans l’analyse, mais d’en saisir l’articulation, éventuellement le conflit, dans les pratiques comme dans les représentations.
Entre histoire et mémoire : Vers la construction d’une histoire du rapport au temps des mouvements syndicaux
Le questionnement histoire/mémoire a très peu été abordé à l’intérieur du champ de « l’histoire du syndicalisme », dont le « singulier » interpelle par ailleurs. Il semble pourtant crucial pour mener à bien une histoire des mouvements syndicaux fondée sur le croisement de l’étude des stratégies syndicales (confédérales et départementales) et des expériences militantes ; une histoire qui prenne en compte l’examen des relations intersyndicales ; une histoire inscrite dans un cadre comparatiste qui permette par exemple de s’interroger sur la « spécificité revendiquée » des mouvements syndicaux du Puy-de-Dôme.
Pour relever ce défi, le colloque vise à réunir des travaux portant sur des espaces, des acteurs, des actions collectives et des temps différents. Mais surtout, il a l’objectif de mettre en lumière les moments de convergence et de dépassement des cloisonnements identitaires (la tourmente contestataire de 1968, le mouvement du Larzac, les grèves contre les réformes des retraites…).
Ainsi, à travers ces approches différentes, et sur la dialectique Histoire/Mémoire, il sera possible d’une part d’échanger entre praticiens des sciences sociales : comment se noue le dialogue entre historiens, sociologues et politistes ? Comment les historiens s’approprient-ils les concepts, les méthodes et les résultats des travaux issus de la sociologie du syndicalisme, du travail ou des conflits, et comment les sciences du présent prennent-elles en compte la critique des mémoires produite par les historiens ? D’autre part, il nous faudra examiner les enjeux du dialogue entre les chercheurs en sciences humaines et les acteurs du mouvement syndical. En effet, comment les chercheurs en sciences humaines construisent-ils leurs rapports – intellectuels et humains - avec ces derniers ? Et, au-delà des sources écrites qui disent davantage les institutions que les individus, que leur apportent les mémoires des acteurs/témoins ?
A contrario, dans quelle mesure (ou en quelles occasions) les acteurs du mouvement syndical recherchent-ils un regard scientifique et extérieur pour mettre à distance leur propre histoire et en tirer des enseignements ? Dans le même temps, quel regard, éventuellement critique, portent-ils sur la production scientifique, susceptible d’interpeller ou de « heurter » leur mémoire de « témoins/acteurs » ?
Ce qui implique de donner la parole aux témoins, non pas pour opposer ou confronter les deux discours – scientifique et testimonial- mais pour mieux comprendre la réception du discours scientifique sur les acteurs des mouvements syndicaux et interroger la possibilité d’une co-construction féconde non pas de l’histoire, mais de son questionnement.
La fabrication syndicale de la « mémoire/histoire » : identité, légitimité, expressivité
Parallèlement, dans l’optique de comprendre la construction et les usages des identités syndicales, l’historien peut s’engager dans l’analyse de la fabrication de la « mémoire », qui se veut aussi « histoire », par les syndicats. Sur ce terrain de recherche, nous voudrions montrer que toute fabrication « mémorielle », quelle que soit le registre de langage qu’elle utilise, repose sur différents composants en circulation sur un « temps long » et navigant entre les différentes échelles de l’action syndicale.
- Pour mettre en valeur la production « par le bas » des mémoires du syndicalisme, la moins connue à ce jour, il nous semble judicieux de concentrer l’étude :
- Sur la voix : comment la « mémoire » du mouvement syndical est-elle « rappelée » dans les discours ? Quels événements ? Quelles figures ? Quels « acquis » ? Mais aussi, quels silences et quels oublis (conscients ou inconscients) ?
- Sur le geste : Comment le passé s’inscrit-il dans les défilés ? (drapeaux, banderoles, slogans etc.). Comment certains syndicats se réapproprient-ils l’histoire du mouvement ouvrier tout entier ?
- Sur l’écrit : comment les syndicats écrivent-ils et donnent-ils à lire leur histoire ? Ce qui suppose une réflexion sur le statut des « écrivains » et leur positionnement : Qui sont-ils ? Des militants expérimentés ? Des journalistes militants ? Des historiens militants ? D’où l’analyse des vecteurs (édition d’ouvrage et de brochures ; dossiers commémoratifs dans la presse syndicale) et des thématiques privilégiés.
- Sur l’imagerie, dans sa diversité : affiches, caricatures, mais aussi documentaires « syndicaux » sur certains événements tels que Mai-Juin 68 et autres conflits symboliques.
L’idée directrice de cet axe est donc que les syndicalismes sont porteurs d’un rapport à l’histoire que l’historien ne peut méconnaître, et que le comprendre nécessite d’appliquer la méthode de l’historien non seulement à ce que lui-même considère comme ses « sources » légitimes, mais également à ce que le rapport singulier des syndicalismes à l’histoire produit et exprime, et qui est tout aussi légitime pour penser avec la même rigueur histoire et mémoire.
Programme
Mercredi 12 décembre
13h 15 : Accueil des participants
- Mot d’accueil Mathias Bernard, (Président de l’Université Blaise Pascal), Philippe Bourdin, (directeur du CHEC) et Jean-Yves Gouttebel, (Président du Conseil Général du Puy-de-Dôme)
- 14 h : Conférence inaugurale de Michel Pigenet (Université Paris I, Directeur du Centre d’Histoire sociale du XXe siècle), Sources et ressources syndicales d'une histoire sociale des milieux populaires
- 14 h 30 : Présentation des axes de réflexion du colloque Nathalie Ponsard, (Université Blaise Pascal- Clermont-Ferrand), Méthodes et usages : le dialogue entre chercheurs et acteurs du mouvement syndical
Présidence : Michel Pigenet et Nathalie Ponsard
- 14 H 45 : Stéphane Sirot, (Université de Cergy-Pontoise-IPAG), Les mythologies identitaires du syndicalisme.
- 15H 15 : Dominique Andolfatto, (Faculté de droit et science politique de l'université de Bourgogne, Credespo) et Dominique Labbé, (Pacte, IEP de Grenoble), Histoire des syndicats : la croyance ou la lutte ?
- 15 H 30 : Vincent Chambarlhac, (Centre Georges Chevrier, Université de Bourgogne), Lefranc et l’écriture de « l’explosion sociale » du Front populaire.
- 16 H : Xavier Vigna, (Université de Bourgogne- IUF), La construction d’une histoire du syndicalisme : 1945-1954. Edouard Dolléans et ses réseaux
16 H30 : Débat suivi d’une pause
18 h -19H 30 : Table ronde avec des militants/historiens et militants animée par Pierre Juquin (commissaire de l’exposition sur le syndicalisme dans le Puy-de-Dôme et initiateur du colloque)
- Serge Mazières (syndicaliste et Directeur de l’Institut CGT d’histoire sociale du Cantal), Récit d’expériences
- Joël Hedde (membre du bureau de l'Institut CGT d'histoire sociale), Histoire et mémoire: le cas de l'IHS CGT
Et des acteurs du syndicalisme puydômois dont Bernard Jacqueson (Syndicat CGT Michelin) et Maurice Vigier, (Président de l’Institut CGT d’histoire du Puy-de-Dôme)
Jeudi 13 décembre
Mémoires syndicales : l’individuel et le collectif (I)
Matin
Présidence : Jean-Claude Caron
- 9 H 30 : Eric Panthou, (Bibliothèque du Patrimoine de Clermont Communauté), La CGT chez Michelin pendant le Front Populaire à travers les archives de deux de ses dirigeants : Robert Marchadier et Henri Verde.
- 10 H : Eliane Le Port (université d’Evry), Syndicats et syndicalisme dans les témoignages écrits de militants ouvriers : représentations, attentes, tensions.
- 10H 30 : Morgan Poggioli, (Centre Georges Chevrier, université de Bourgogne), Un siècle d’histoire militante de la CGT (1895-1995) : construction et évolution d’un enjeu de formation syndicale
- 11 H : Vincent Porhel, (université Lyon1-IUFM LARHRA), Les années 68 et la construction d’une mémoire militante : Question sur les sources orales
Débat 11H 30
Après-midi
Mémoires syndicales : l’individuel et le collectif (II)
Président : Xavier Vigna
- 14 H : Michel Pigenet, (université Paris I, Directeur du Centre d’Histoire sociale du XXe siècle), Souvenirs individuels et histoire : les mémoires vives d’ouvriers syndiqués parisiens.
- 14 H 30 : Nathalie Ponsard, (université Blaise Pascal-Clermont 2), Fabrication et appropriation de l’histoire du syndicalisme dans l’univers cégétiste.
- 15 H : Vincent Gay, (université d'Evry, Laboratoire d'Histoire Économique, Sociale et des Techniques), Fabrication d’une mémoire autour de la grève des ouvriers OS de l’usine Citroen d’Aulnay-sous-bois (avril-Mai 1982)
15 H 30 : Débat
15 H 50 : Pause
16 H 15 : Filmer l’occupation d’usine : Mises en scène de la parole syndicale, militante et ouvrière ?
Mai 68 à Ugine de Robert Amprimo (militant cégétiste et « cinéaste amateur »), Jossermoz, usine occupée en 1979 par Pierre Todeschini (cinéaste proche des groupes Medvékine (Cinémathèque des Pays de Savoie et de l’Ain))
Vendredi 14 décembre
Concurrences et héritages mémoriels (I)
Matin
Président : Vincent Flauraud
- 9 H : Ingrid Hayes (associée au Centre d'histoire sociale du XXe siècle), Lorraine Cœur d’Acier, Longwy, 1979-1980 : enjeux de mémoire
- 9 H 30 : Tanguy Perron (historien chargé du patrimoine à Périphérie, Centre de création cinématographique), La marche des sidérurgistes du 23 mars 1979 : histoire et mémoires, oublis et réminiscences. L'apport des images et des sons.
10 H : Débat
10 H 20 : Pause
- 10 H 40 : Jocelyne George (historienne), Le féminisme de la CGT entre mémoire et histoire.
- 11 H 10 : Fanny Gallot (Université Lyon 2, LARHRA), Ouvrières syndicalistes dans les années 1968 : entre l’aveuglement mémoriel et la volonté de recherche historique de la CGT
11 H 40 : Débat
Après-midi
Concurrences et héritages mémoriels (II)
Président : Pierre Cornu
13 H 30 : Nicolas Carboni (Université Blaise Pascal, CHEC), Mouvement étudiant, syndicats étudiants : l’équation impossible ?
14 H : Édouard Lynch (université Lyon 2- Laboratoire d’Etudes rurales), La jacquerie réinventée ? Le syndicalisme agricole et la figure de la révolte sous la Ve République
14 H 30 : Vincent Flauraud (université Blaise Pascal, CHEC), Jeunes agriculteurs : construction et usages mémoriels autour du CNJA
15 H : Débat
15 H 30 : Marie-Claire Lavabre (directrice de recherche au CNRS, directrice de l'ISP (UMR7220-Paris Ouest Nanterre-ENS Cachan)), Synthèse finale
1 Ph. Joutard, « Mémoire collective », dans Historiographies, tome 2, dir. C.Delacroix et alii, pp 779-791
Subjects
- History (Main subject)
- Society > Ethnology, anthropology > Political anthropology
- Society > Political studies > Political and social movements
- Zones and regions > Europe > France
- Mind and language > Representation > Cultural identities
- Periods > Modern > Twentieth century > 1945-1989
- Society > History > Social history
Places
- La Chapelle des Cordeliers - 9 place Sugny
Clermont-Ferrand, France (63)
Date(s)
- mercredi, décembre 12, 2012
- jeudi, décembre 13, 2012
- vendredi, décembre 14, 2012
Attached files
Keywords
- histoire, mémoire, mouvements syndicaux, identités politico-syndicales
Contact(s)
- Nathalie Ponsard
courriel : nat [dot] ponsard [at] wanadoo [dot] fr
Information source
- Nathalie Ponsard
courriel : nat [dot] ponsard [at] wanadoo [dot] fr
To cite this announcement
« History and memory of union movements in the 20th century », Conference, symposium, Calenda, Published on lundi, décembre 03, 2012, https://calenda-formation.labocleo.org/229432