Calenda - The calendar for arts, humanities and social sciences
Present day Chile. Governance and resistance in a neo-liberal society (1998-2013)
Le Chili actuel. Gouverner et résister dans une société néolibérale (1998-2013)
From the Pinochet case to the government of S. Piñera (1998-2013)
Du "cas "Pinochet" au gouvernement de S. Piñera (1998-2013)
Published on vendredi, décembre 21, 2012
Summary
Announcement
Présentation
L'investiture de Sebastián Piñera à la Présidence de la République chilienne, le 11 mars 2010, marque le retour de la droite à la tête du pouvoir exécutif, vingt ans après la fin négociée de la dictature militaire du Général Pinochet. Configurée par 40 ans de luttes, parfois mythifiées ou méconnues (l'Unité populaire, la Dictature, la Transition démocratique), cette nouvelle inflexion dans l'histoire politique chilienne pousse à s'interroger sur les réalités, les transformations et les continuités de ce pays tantôt présenté comme « modèle », tantôt comme « laboratoire », du néolibéralisme et de la société de marché en Amérique latine. Qu’elle soit héritée de l'histoire contemporaine ou issue de changements plus récents, une série de problèmes traverse les relations spécifiques entre néolibéralisme, démocratisation, techniques de pouvoir, résistances collectives et société.
L'objectif de ce colloque international est de se pencher, dans une perspective ouverte et transdisciplinaire, sur les dynamiques du Chili actuel, depuis le procès du Général Pinochet en 1998 jusqu’à nos jours. Plutôt que de rester centré sur une approche uniquement en termes de pratiques institutionnelles ou « transitologiques », nous espérons ouvrir des espaces de pensée critique sur les divers champs sociaux du Chili actuel. Comment penser, analyser et définir alors l'ordre « démolibéral » chilien ? Est-on réellement face à un « modèle », à cet homo oeconomicus des théories néo-classiques ou plutôt à une « nouvelle raison du monde » ? Comment lire les inégalités sociales et le modèle développement en cours ? De quelle manière, et selon quelles pratiques, les Chiliens s'inscrivent-ils dans cette réalité sociale et politique, parfois interprétée comme celle du « néolibéralisme triomphant »? De quelle manière décrypter le nouveau cycle protestataire que vit le pays et selon quels répertoires ? Quels usages publics du passé et comment penser la justice transitionnelle des dernières années ? Quelles représentations et modes de dominations dans le cadre d’un système politique modelé par la Constitution autoritaire de 1980 ? Quelles mises en récit et productions culturelles (notamment cinématographiques) de cette société néolibérale ?
Nous proposons de décliner cette problématique générale autour de cinq thématiques ou axes plus spécifiques et autour desquelles nous pensons pouvoir déconstruire, tout du moins partiellement, cette réalité complexe du Chili néolibéral actuel, c'est-à-dire précisément ses structures, formes et dynamiques, mais aussi les rapports entre les individus et les champs sociaux qui la constituent.
- Axe 1) Ordre néolibéral, justice transitionnelle et guerres des mémoires
- Axe 2) Renouveaux de l'action collective, mouvements sociaux et résistances
- Axe 3/ Partis, « gouvernement des meilleurs » et démocratisation aujourd’hui
- Axe 4) Un modèle de développement « néolibéral » ? Ressources naturelles, dépendance et inégalités
- Axe 5) Création cinématographique et société néolibérale
Voir : http://chili-neoliberal.sciencesconf.org/
Argumentaire
Le coup d'État militaire du 11 septembre 1973 en même temps qu’il mettait fin à l’expérience de l’Unité populaire (1970-1973) et à la « voie chilienne au socialisme », marque la fin du modèle de substitution des importations en vigueur au Chili depuis les années trente. La dictature militaire du Général Pinochet en même temps qu’elle soumet le pays à la répression étatique et à une contre-révolution conservatrice, met rapidement en place une économie de caractère néolibéral articulée à un « État subsidiaire » et centrée sur le marché comme principal mécanisme d'allocation des ressources, la dérégulation-privatisation et l'ouverture aux capitaux internationaux. Ainsi que le reconnaît désormais la plupart des chercheurs en science sociales, le Chili se situe ainsi comme un pays « pionnier » (dés 1975), non seulement du continent latino-américain, mais aussi au niveau mondial, puisqu’il annonce l'amorce d’un nouveau cycle historique. Avant même son application dans les pays du Nord (notamment aux États-Unis et en Angleterre), le Chili expérimente un nouveau modèle économique, largement inspiré des théories monétaristes de Milton Friedman, mais plus fondamentalement un nouveau modèle de société, qui perdure sous de nombreux aspects jusqu’à nos jours. Parfois présenté comme Pays-modèle, celui d’une importante croissance macro-économique, puis d’une expérience de transition démocratique négociée et « apaisée » à partir de 1990; plutôt pays-laboratoire ou « modelé » pour de nombreux autres analystes, le Chili a été marqué au fer rouge des héritages autoritaires de la dictature militaire et par les inégalités sociales, culturelles, symboliques engendrées par sa transformation néolibérale. Quelle que soit l'approche épistémologique choisie, le Chili actuel reste ainsi encore aujourd'hui un pays-symbole, dont il convient d’analyser les mythes et réalités dans une perspective critique et interdisciplinaire.
En 1997, le sociologue Tomás Moulián publiait Chili actuel. Anatomie d’un mythe, livre au sein duquel il développait une matrice matérielle et idéologique qui dépassait et enrichissait une approche uniquement centrée sur la description d’une « démocratie avec enclaves autoritaires » (concept forgé par Manuel Antonio Garretón et ayant connu un succès scientifique international par la suite). Par une plume acerbe et volontiers polémique, Moulián analysait le « transformisme » sociopolitique de son pays, les continuités et les ruptures issues d'une transition pactée, les errements ou limites de sa démocratisation comme les euphémismes peuplant l'imagerie politique chilienne. Un Chili converti à la démocratie représentative (neo)libérale et à la « politique des consensus », mais dont les classes dirigeantes (civiles et militaires) auront eu soin de maintenir et reproduire nombre des infrastructures économiques, mais aussi politiques, institutionnelles, culturelles, mémorielles, issues de la dictature militaire. Moulián décrivait aussi avec agacement les impacts profonds de cette société nouvelle issue des années de plomb : le nouvel individualisme anomique, la destruction des espaces publics au profit d'une privatisation croissante des territoires et de l'entre-soi, la réduction de la polis au profit d'un nouveau citoyen « carte de crédit », happé par un mercantilisme effréné.
Mais qu’en est-il aujourd’hui, dix après, dans une Amérique latine largement reconfigurée sur le plan politique ? Quels mécanismes sont à l’œuvre dans les divers champs sociaux et de quelle manière les nouvelles générations - qui n’ont pas connu la dictature - pensent-elles leur inscription individuelle et collective dans un pays, toujours marqué par une histoire traumatique récente ? Dans le contexte d’une austérité faite Loi, comment comprendre et décrypter ce que le politiste Juan Carlos Gómez qualifie de « néolibéralisme triomphant » et que d’autres auteurs préfèrent qualifier de « société néolibérale mature » ? Est-on réellement face à cet homo oeconomicus, représentation du comportement de l'être humain à la base du modèle néoclassique en économie ou plutôt devant une « nouvelle raison du monde », une « politique de société » au service de la fabrique du sujet néolibéral, décrite par Christian Laval et Pierre Dardot ? Peut-on décrire désormais un néolibéralisme « corrigé » et réformé par les gouvernements successifs de la « Concertation », issus de la démocratisation (Garretón) ? De quelle manière interpréter le nouveau cycle protestataire que vit ce pays du Cône sud depuis quelques années, avec l'activation de mouvements sociaux autour des thématiques telles que l'éducation, l'assemblée constituante ou les ressources naturelles, qui surgissent sur un plan national et international ? Quels usages publics du passé et comment penser la justice transitionnelle chilienne ? Quelles représentations et mises en récit élabore et diffuse la production culturelle (notamment cinématographique) de cette société en conflit ?
Avec ce colloque international, nous prétendons revenir sur le Chili contemporain, avec pour souci de dépasser une discussion exclusivement en termes d’analyses transitologiques et dans l’optique de multiplier les points vue critiques, mais aussi les allers-retours entre ce « passé qui ne passe pas » et le temps présent. Par l’étude d’une période assez courte, mais qui insiste aussi sur les héritages, nous aborderons le Chili post-dictatorial récent sans retomber dans le thème transition-consolidation démocratique, déjà très travaillé (mais qui sera de toute façon présent dans nos réflexions). Nous avons ainsi choisi une périodisation qui débute avec l'arrestation du Général Pinochet à Londres (1998), fait majeur qui fit trembler le ciment du « consensus » hégémonique, et nombre de certitudes, et se termine avec le gouvernement de Sebastián Piñera, élection qui marque aussi le retour de la droite au pouvoir par les urnes (après vingt années de gouvernement de la Concertación).
Nous proposons de décliner cette problématique générale autour de cinq thématiques ou axes plus spécifiques et autour desquels nous pensons pouvoir déconstruire, tout du moins partiellement, cette réalité complexe du Chili actuel, c'est-à-dire précisément ses structures, formes et dynamiques mais aussi les rapports entre les individus et les champs sociaux qui constituent la société néolibérale chilienne. La sélection des communications se fera en fonction de l'apport scientifique de chaque proposition, de son originalité et pertinence, en privilégiant les recherches novatrices, les approches comparées ou issues d’enquête de terrain récentes. Les jeunes chercheurs et les doctorants sont invités à présenter leurs travaux en cours. Et la variété des points de vue disciplinaires et des formats sera privilégiée (politistes, civilisationistes, sociologues, économistes du politique, etc).
Axe 1) Ordre néolibéral, justice transitionnelle et guerres des mémoires
Les années 90 ont été au Chili celles de la revendication de la « vérité et de la justice ». Largement niée pendant la dictature, la réalité incontournable des violations massives des droits de l’homme a été assumée très tardivement par une partie de la société chilienne, ainsi que par un État adepte de la « justice dans la mesure du possible » (selon les mots du président Patricio Aylwin). Pourtant, l’arrestation du général Pinochet à Londres, en octobre 1998, a produit un effet cathartique, ravivant les « vieilles » querelles politiques et historiques sur la réelle interprétation du coup d’état de 1973, mais aussi réaffirmant la nécessité d’une réactivation des procès judiciaires contre les coupables de la violence d’État. La mémoire et sa reconstruction fonctionne ici comme un enjeu de lutte, soit avec des fins socio-historiques -la réflexion sur le passé et le présent du pays-, soit comme un fait social qui mobilise différents secteurs de la société civile, dont particulièrement les victimes et leurs familles.
Les travaux portant sur ces deux axes (justice et conflits mémoriels) seront les bienvenus. Ils peuvent porter sur l’action des juges ou des tribunaux, sur l'organisation des familles de victimes ou les politiques de réparation ou, plus généralement, sur les usages, limites et tensions, de ce qu’on appelle aujourd’hui génériquement la « justice transitionnelle » de l’ordre néolibéral chilien. Des problématiques plus récentes nées de la mise en place de politiques de la mémoire sont aussi attendues. A ce propos, les communications qui s'intéressent à la médiatisation des enjeux de la mémoire, la construction des lieux de la mémoire, les enjeux de la commémoration ou les controverses sur les programmes d’enseignement de l’histoire seront particulièrement appréciés. De même, l’utilisation de tribunaux militaires ou de la « loi antiterroriste » contre les mobilisations sociales, notamment indigènes, pourrait fournir des éléments de réflexion comparatifs. De cette manière, « justice » et « mémoire » fonctionnent ici comme une tension transversale, qui évoque les multiples facettes d’une société en transit et en conflit.
Axe 2) Renouveaux de l'action collective, mouvements sociaux et résistances
Les vingt ans de gouvernement de la coalition de centre-gauche, la Concertación, ont été accompagnés, pour une large part, par une politique de démobilisation des groupes sociaux qui se sont confrontés à la dictature militaire. Ce processus s’inscrit dans une logique de démobilisation générale de la société ouvertement recherchée par les nouveaux gouvernements afin d’éviter tout soulèvement social qui aurait pu, selon eux, mettre en péril la bonne marche de la jeune démocratie. Ces gouvernements ont en parallèle privilégié la stabilité politique et la préservation du modèle économique, au détriment des revendications sociales et protestations collectives, notamment celles visant à mettre fin aux enclaves autoritaires encore présentes dans le cadre institutionnel chilien. La période qui va de l’arrestation du Général Pinochet au retour de la droite au pouvoir en 2010 a pourtant donné lieu à l’émergence de nouvelles structures d’opportunités politiques pour l’épanouissement de l’action collective. Au cours de ces dernières années, plusieurs facteurs ont convergé pour donner place, à un nouveau cycle de conflits sociaux, bien qu’assez divers et souvent peu articulés entre eux. La disparition physique du dictateur a estompé l'image d'une menace du retour des militaires. La perte de pouvoir de la coalition de centre-gauche ainsi que la perte de confiance des citoyens vis-à-vis de cette dernière a exacerbé les conflits sociopolitiques. Ces nouvelles revendications collectives se sont principalement traduites dans des mouvements cherchant l’égalité des genres et l’accès des femmes à une pleine citoyenneté, pour l’égalité d’opportunités en matière d’éducation et la fin de sa marchandisation ; des mouvements pour la protection des ressources naturelles ou écologistes ont aussi vu le jour ; sans oublier la permanence des luttes des peuples originaires, principalement les Mapuche.
Se dessine ainsi l’expression de mouvements sociaux incarnés par une nouvelle génération d’acteurs, sans pour autant que les mouvements plus traditionnels ne disparaissent, à commencer par le mouvement ouvrier et syndical, toujours présent sous des formes parfois renouvelées. Nous aimerions que soient présentées, dans cet axe, des communications sur ces différents mouvements sociaux, leurs répertoires d'action et espaces spécifiques, leurs ressources et leur rapport au champ politique et/ou partisan. Le positionnement des animateurs de ces conflits et leurs parcours militant est aussi à envisager. Confronter et comparer ces actions collectives, voir dans quelle mesure elles contribuent -ou non- à l’approfondissement de la démocratie au Chili (le sociologue Lilian Mathieu envisage ainsi une « démocratie protestataire ») et à contester l’ordre néolibéral ou l’hégémonie des principaux détenteurs du capital sur la vie du pays.
Axe 3/ Partis, « gouvernement des meilleurs » et démocratisation aujourd’hui
Les partis politiques au Chili ont été parmi les principaux acteurs de la transition pactée au détriment d’autres forces sociales. D’ailleurs, le cadre institutionnel fixé par la Constitution autoritaire de 1980, et notamment par le biais du système électoral majoritaire binominal, a établi les règles d'un jeu politique relativement fermé et fortement contrôlé par ces mêmes partis. Leur organisation en coalition contribue ainsi à la bipolarisation de la vie politique. Les partis, tout comme les acteurs et mouvements sociaux refusant ou critiquant ce cadre, ont par conséquent été systématiquement marginalisés, voir exclus, du champ institutionnel. En 2000, la victoire de Ricardo Lagos aux élections a permis le premier retour à la présidence du Parti socialiste, après l’expérience de l’Unité Populaire (1970-1973). Le gouvernement Lagos s’est caractérisé par la souscription d'accords politiques avec le principal parti de l’opposition de droite, l’Union démocratique indépendante (UDI). Les accords passés en 2003 ont visé la réforme de l’État et la réactivation de l’économie de marché. Du point de vue institutionnel, le dialogue avec l’opposition a certes permis l’approbation en 2005 de réformes à la Constitution destinées à mettre fin à certaines enclaves autoritaires, sans pour autant s’engager dans un processus constituant ou de transformations profondes. Par ses caractéristiques personnelles, l’élection de Michelle Bachelet comme Présidente de la République en 2006 a représenté un autre événement marquant de la superstructure politique. Elle a néanmoins gouverné dans la continuité des exécutifs précédents et fait face à plusieurs mouvements de protestation (dont la « révolution des pingouins »). D'autre part, sa forte popularité n'a pas empêché la poursuite du décrochage entre la Concertación et les classes populaires, l’augmentation progressive de l’abstention (notamment dans la jeunesse) et la perte de légitimé de cette coalition qui aura géré la transition pactée, tout en ancrant le modèle néolibéral au Chili. La victoire du candidat de la droite, Sebastián Piñera, aux élections présidentielles en 2010, marque une alternance remarquée après 20 ans de domination de la Concertación : la droite n'avait pas gagné démocratiquement le gouvernement depuis 1958. Se présentant comme l'incarnation d'une « nouvelle droite » et du « gouvernement des meilleurs », le président entrepreneur S. Piñera a rapidement dû faire face à plusieurs crises internes et de grandes mobilisations sociales.
Des propositions de communications seront particulièrement attendues sur les caractéristiques du gouvernement actuel, ses techniques de « gouvernance » et sa mise en perspective dans l'histoire de la droite politique chilienne. De plus, nous pouvons nous interroger sur la durabilité et la viabilité de l’actuelle structure de coalition au niveau du parlement, sur la pertinence de la division entre « autoritarisme » et « démocratie » comme marqueur des différenciations politiques, ainsi que sur la dynamique interne à la Concertación. Une réflexion critique sur le système partisan actuel, les effets de « cadenas » de la Constitution de 1980 sur la démocratisation est attendue. De même, les dynamiques en cours en dehors et aux frontières du champ parlementaire, notamment à gauche de la Concertación (PC, extrême-gauche) ou en faveur d'une assemblée constituante pourraient éclairer cet axe. Enfin, des travaux sur les tensions, alliances et interpénétration entre champ partisan, personnel politique et pouvoir économique seraient intéressants pour analyser les liens entre élites politiques, partis, entrepreneurs et modèle néolibéral.
Axe 4) Un modèle de développement « néolibéral » ? Ressources naturelles, dépendance et inégalités
Le salpêtre puis les hydrocarbures; les forces hydrauliques ou la pêche; la viticulture comme l'industrie agroalimentaire, et surtout, le cuivre, principale réserve mondiale et qualifié en son temps par Salvador Allende de « salaire du Chili » : l'exploitation des immenses ressources naturelles du pays fait et a fait l'objet de convoitises et de luttes acharnées depuis un siècle et demi. Aujourd'hui, le modèle de développement semble principalement basé sur une industrie extractive de ressources naturelles et agroforestière, entièrement tournée vers l'exportation. Une activité menée par des entreprises nationales et souvent transnationales, orientée par des objectifs de développement macroéconomique largement extravertis. Les mécanismes du marché sont par conséquent envisagés et représentés comme les seuls légitimes à réguler l'exploitation de ces ressources. Ces choix politiques et ces mécanismes économiques ne sont pas sans conséquence: que ce soit sur le corps social chilien (et le problème de la répartition des richesses avec la constitution d'une oligarchie rentière), les inégalités entre les territoires qui composent la nation, les fortes menaces sur les écosystèmes, comme sur les autres agents économiques jugés « moins compétitifs ».
Les communications attendues pourraient s’organiser autour d'un ensemble de recherches liées aux logiques politiques et économiques sous-jacentes et à leurs conséquences de ce modèle de développement et qui a fait du Chili un des pays souvent constitué en exemple par les institutions internationales telles que le FMI ou la Banque mondiale. Mais peut-on parler de « modèle néolibéral » ? Trois approches principales se dégagent : l’usage des ressources naturelles ; la reproduction des inégalités et de la stratification sociale ; et enfin la question environnementale. Quels sont alors les enjeux qui émergent autour de ces ressources naturelles (notamment du cuivre et de sa mise en concession) et quel est le rôle de l'État dans la mise en œuvre de ce modèle? Une analyse en termes de dépendance et centre-périphérie reste-t-elle valable pour le Chili actuel ? Comment évaluer le poids concret des multinationales ou encore la place des citoyens dans ces choix stratégiques ? D’autre part, où en est-on des études sur la structure sociale inégalitaire du Chili (notamment suite au projet Desigualdades dirigé par la sociologue Emmanuelle Barozet) : les formes de mobilités et reproduction de ces inégalités, la répartition des revenus et des capitaux sociaux, sa perception et les identités collectives qu'elles véhiculent dans la vie quotidienne. Enfin, quels sont les impacts écologiques d'un tel modèle et, alors que la crise mondiale s'accentue, quelle perspective pour l’économie chilienne ? Des analyses de cas concrets sont attendus (extraction minière, industrie du saumon ou forestière, etc). Des communications sur la question du « pays-modèle » pourraient permettre également de tracer quelques lignes de réflexions. Enfin, une approche plus prospective n’est pas à exclure, sur les possibilités et problématiques d'une gestion durable des ressources et d'un modèle de développement alternatif, plus égalitaire ou re-localisé.
Axe 5) Création cinématographique et société néolibérale
La production cinématographique chilienne (ou sur le Chili) fera l’objet d’une séance de communications et d’échanges. Le cinéma portant sur la période de l’UP, le coup d’état et la dictature est relativement connu, en particulier l’œuvre –majeure– de Patricio Guzmán. Nous souhaitons, dans le cadre de ce colloque, aborder d’autres thématiques, nettement plus contemporaines, par exemple autour de jeunes auteurs et réalisateurs. Le lien avec la dictature n’est pas à exclure. Il serait souhaitable, en particulier, d’aborder le sujet du retour des exilés, qui met en regard l’évolution parallèle -et sans doute disparate- des populations forcées à l’exil et celle du pays après la dictature. Nombreux sont les autres sujets susceptibles d’être abordés : événements majeurs comme les échéances électorales, les désastres (affaire des mineurs, tremblement de terre), mouvements sociaux et politiques de grande ampleur (mouvement étudiant), organisation et action des mass medias, mais aussi événements en apparence plus limités, au niveau de l’individu ou d’organismes sociaux plus élémentaires, au niveau de la vie quotidienne. En général, tout ce qui contribue à former ou refléter une nouvelle image de la société chilienne pourra être recevable, avec un accent mis sur le lien avec la « modernité » et les problèmes liés au néolibéralisme (précarité du travail, individualisme, société de consommation, etc). Le cinéma documentaire est naturellement le cadre privilégié de ce genre de thématique, mais le cinéma de fiction ne sera pas exclu, à condition qu’il porte une interrogation sociale ou politique et soit considéré dans cette dimension.
Une séance de projection d’un ou deux films particulièrement représentatifs de la production cinématographique chilienne du début du XXIe siècle sera organisée dans une salle de l’agglomération (par exemple « Mon Ciné », à Saint-Martin d’Hères), si possible en présence du ou des réalisateurs.
Comité d'organisation
Coordination générale : Franck Gaudichaud (ILCEA)
- Antoine Faure (Pacte-PO)
- René Jara Reyes (Pacte-PO)
- María Cosette Godoy Hidalgo (Pacte-PO)
- Edmond Raillard (ILCEA)
- Fabiola Miranda Pérez (Pacte-PO)
Comité scientifique
Locaux
- Anne Laure Amilhat-Szary (IGA – PACTE)
- Alain Faure (SciencesPo Grenoble – PACTE)
- Olivier Ihl (SciencesPo Grenoble – PACTE)
- Almudena Delgado Larios (Grenoble3 – ILCEA)
- Guillermo Uribe (UPMF – Gresal)
- Celia Himelfarb (SciencesPo Grenoble – IDA)
Nationaux
- Stephane Boisard (Université Paris 3)
- Olivier Compagnon (IHEAL – Paris)
- Yves Dezalay (CNRS)
- David Garibay (Université Lyon 2)
- Eugenia Palieraki (Université de Cergy-Pontoise)
Internationaux
- Rafael Agacino (Plataforma Nexos –Chile)
- Emmanuelle Barozet (Universidad de Chile)
- Juan Carlos Gomez Leyton (Universidad Arcis-CLACSO)
- Maria Cristine Doran (Ottawa University)
- Manuel Gárate C. (Universidad Alberto Hurtado)
- Jean Grugel (University of Sheffield)
- Fernando Leiva (University at Albany)
- Jorge Magasich (IHECS Bruxelles)
- Sergio Grez Toso (Universidad de Chile)
- Peter Winn (Tufts University)
Orientation bibliographique générale
(par ordre chronologique de publication)
- T. Moulian, Chile actual: anatomía de un mito, Santiago, LOM, 1998.
- J. Magasich (coord.), Chili, pays laboratoire, Ed. Maison de l'Amérique latine, Bruxelles, 1998.
- P. Drake Paul y I. Jaksic (comp.), El modelo chileno. Democracia y desarrollo en los noventa, Santiago, LOM Ediciones, 2002.
- F. Leiva, S. Nagy-Zekmi, Democracy in Chile: The legacy of september 11, 1973, Brighton, Sussex Academic Press, 2005.
- R. Agacino, Hegemonía y contra hegemonía en una contrarrevolución neoliberal madura. La izquierda desconfiada en el Chile post-Pinochet, Documento Grupo de trabajo de la CLACSO, enero 2006 (www.archivochile.com).
- Groupe d'études sur le Chili (GRESCH), Chile: ¿de país modelado a país modelo ?, Santiago, LOM, 2008.
- G. Eduardo Silva, Challenging neoliberalism in Latin America, New York, Cambridge University Press, 2009.
- P. Dardot, C. Laval, La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale, Paris, La Découverte, 2009.
- J. Carlos Gómez L., Política, democracia y ciudadanía en una sociedad neoliberal, Chile 1990-2010, Santiago de Chile, Editorial ARCIS/ CLACSO, 2010.
- C. Ossa Swears (comp.), Escrituras del Malestar. Chile del Bicentenario, Universidad de Chile, 2011.
- M. Gárate C., La Revolución capitalista de Chile (1973-2003), Santiago, Ediciones Universidad Alberto Hurtado, 2012.
- M. Antonio Garretón, Neoliberalismo corregido y progresismo limitado. Los gobiernos de la Concertación en Chile. 1990-2010, Santiago, Colección Pensar América Latina, Editorial ARCIS/ CLACSO, 2012.
Envoi des propositions
Les propositions devront parvenir avant le 5 février 2013 délai de rigueur.
Chaque proposition comprendra : un titre, une présentation (2000 caractères maximum), une bibliographie. Envoi à : chili-neoliberal@sciencesconf.org
Les textes seront rédigés en français ou en espagnol. Les langues de travail du colloque seront le français et l’espagnol. Une traduction consécutive sera organisée.
Calendrier
- Les auteurs seront informés de la décision du comité d’organisation avant le 31 mars 2013.
- Les intervenant-e-s, dont les propositions auront été retenues, devront transmettre impérativement aux organisateurs le texte de leurs communications avant le 1er septembre 2013, délai de rigueur. Ces textes seront publiés en ligne sur le site : www.chili-neoliberal.sciencesconf.org, afin de faciliter un travail de lecture et de réflexion en amont.
- Des indications précises sur le format à suivre, leur seront communiquées en même temps que la liste définitive des participant-e-s. Une publication des actes (livre électronique et/ou papier) est prévue.
Lieu du colloque
Campus de Grenoble (St Martin d’Hères) – Maison des langues et des Cultures
Presentacion
La llegada de Sebastián Piñera a la Presidencia de la República, el 11 de marzo del 2010, marca el retorno de la derecha a la cabeza del poder ejecutivo en Chile, justo veinte años después de las negociaciones que pusieron fin a la dictadura militar del general Pinochet. Esta nueva inflexión en la historia política chilena configurada por 40 años de luchas, a veces mitificadas o mal conocidas (La Unidad Popular, la Dictadura, la Transición Democrática), nos obliga a interrogarnos sobre las realidades, las transformaciones y las continuidades en la historia política de este país, a veces presentado como “modelo”, otras como “laboratorio” del neoliberalismo y de la sociedad de mercado. Ya sea este el legado de la historia contemporánea o de los cambios más recientes, lo cierto es que una serie de problemas atraviesan las relaciones particulares que se dan entre neoliberalismo, democratización, técnicas de poder, resistencias colectivas y sociedad.
El objetivo de este coloquio internacional es interrogarse, en una perspectiva abierta y transdisciplinaria, sobre las dinámicas del Chile actual, desde la detención del General Pinochet en 1998 hasta nuestros días. En vez de centrarnos sólo en estudios de prácticas institucionales o “transitológicos”, esperamos abrir espacios de pensamiento crítico sobre los diversos campos sociales del Chile actual. ¿Cómo pensar, analizar y definir el orden “demolibéral” chileno? ¿Estamos realmente frente a un “modelo neoliberal”, frente a este homo oeconomicus de las teorías neoclásicas o más bien, frente a una “nueva razón del mundo”? ¿Cómo leer las desigualdades sociales y el modelo de desarrollo actualmente en curso? ¿De qué manera, y según qué tipo de prácticas, los chilenos se insertan en esta realidad social y política, que puede ser interpretada bajo el término de “neoliberalismo triunfante “? ¿De qué manera podemos descodificar el nuevo ciclo protestatario que vive el país y según qué tipo de repertorios? ¿Qué usos públicos del pasado y cómo pensar la justicia transicional de los últimos años? ¿Qué representaciones y modos de dominación en el marco de un sistema político configurado por la Constitución autoritaria de 1980? ¿Qué puestas en relato y qué producciones culturales (principalmente cinematográficas) de esta sociedad neoliberal?
Nos proponemos organizar esta problemática general en torno a cinco temáticas o ejes particulares, que han de permitirnos desglosar, al menos parcialmente, esta compleja realidad del Chile neoliberal actual; lo que significa, muy concretamente, conocer sus estructuras, formas y dinámicas, pero también las relaciones entre los individuos y los campos sociales que la constituyen :
- 1) Orden neoliberal, justicia transicional y guerra de memorias
- 2) Reemergencia de la acción colectiva, movimientos sociales y resistencias
- 3) Partidos, “gobierno de los mejores” y democratización hoy
- 4) “¿Un modelo de desarrollo neoliberal”? Recursos naturales, dependencia y desigualdades
- 5) Cine y sociedad neoliberal
Ver: http://chili-neoliberal.sciencesconf.org/
PRESENTACIÓN CIENTÍFICA
El golpe de Estado del 11 de septiembre de 1973, al mismo tiempo que termina con la experiencia de la Unidad Popular (1970-1973) y la “vía chilena al socialismo”, marca también el fin del modelo de substitución de importaciones en Chile, en vigor desde los años treinta. La dictadura militar del general Pinochet, al mismo tiempo que sometió al país a la represión y a una contrarrevolución conservadora, implementó rápidamente un sistema económico de carácter neoliberal articulado a un “Estado subsidiario” y centrado en el mercado como principal mecanismo de asignación de los recursos, la desregulación- privatización del Estado y la apertura a los capitales internacionales. Así como lo reconocen hoy en día la mayor parte de los investigadores en ciencias sociales, Chile se situó como un país ‘pionero’ (a partir de 1975), no solamente dentro del continente, sino también a nivel mundial, puesto que anuncia el inicio de un nuevo ciclo histórico. Incluso antes de su aplicación en los países del Norte (especialmente Estados Unidos e Inglaterra), Chile experimenta tanto un nuevo modelo económico, inspirado de las teorías monetaristas de Milton Friedman, como un nuevo modelo de sociedad, que perdura bajo numerosos aspectos hasta nuestros días. A veces presentado como un país modelo, con un importante crecimiento macroeconómico, luego de una experiencia de transición democrática negociada y “pacificada” a partir de 1990; país laboratorio o “modelo” para una gran parte de otros analistas, Chile ha estado marcado a fuego por la herencia autoritaria de la dictadura militar y por las desigualdades sociales, culturales y simbólicas engendradas por su transformación neoliberal. Sea cual sea el enfoque epistemológico, el Chile actual continúa siendo, hoy en día, un país símbolo, cuyos mitos y realidades convendría analizar en una perspectiva crítica e interdisciplinaria.
En 1997, el sociólogo Tomás Moulián publica su libro Chile Actual. Anatomía de un mito, obra en la cual desarrolla una matriz de análisis material e ideológico que supera y enriquece las conclusiones de aquellos estudios que estaban únicamente centrados en la descripción de una “democracia con enclaves autoritarios” (concepto forjado por Manuel Antonio Garretón, que tuvo un gran éxito científico internacional). Con una pluma ácida y una evidente voluntad de polemizar, Moulián analiza el “transformismo” sociopolítico de su país, las continuidades y las rupturas originadas por la transición pactada, los tumbos y los límites de su proceso de democratización, así como los eufemismos que pueblan la imaginería política chilena. Se trata de un Chile convertido a la democracia representativa (neo)liberal y a la “política de consenso”, cuyas clases dirigentes (civiles y militares) han tenido cuidado de mantener y reproducir numerosas infraestructuras económicas, pero también políticas, institucionales, culturales, memoriales, heredadas de la dictadura militar. Moulián describe también con irritación los impactos profundos de esta nueva sociedad que viene de los años de plomo: la nueva anomia individualista, la destrucción de los espacios públicos y una privatización creciente de los territorios y del entre-sí, el repliegue de la polis y el surgimiento de un nuevo ciudadano, el “ciudadano credit-card”, atrapado por un mercantilismo desenfrenado.
Pero ¿qué pasa hoy, diez años después, en una América Latina fuertemente reconfigurada en el plano político? ¿Qué mecanismos están siendo utilizados en los diversos campos de lo social y de qué manera las nuevas generaciones – que no han conocido la dictadura – piensan su inserción individual y colectiva en un país todavía marcado por su historia traumática reciente? En el contexto de una austeridad que se ha vuelto ley, ¿cómo comprender y descifrar eso que Juan Carlos Gómez califica de “neoliberalismo triunfante” y que otros sociólogos prefieren calificar de “sociedad neoliberal madura”? ¿Estamos realmente frente a ese homo economicus, representación del comportamiento del ser humano que tiene a la base el modelo neoclásico en economía y seria mejor describir la fábrica de sujetos al servicio de una sociedad neoliberal, es decir una “nueva razón del mundo” (Laval y Dardot)? ¿En estas condiciones, es posible describir la instauración de un neoliberalismo “corregido” y reformado por el “progresismo” de la Concertacion, como lo propone Manuel Antonio Garretón? ¿De qué manera interpretar el nuevo ciclo protestatario que vive este país del Cono Sur desde hace algunos años, con la activación de movimientos sociales en torno a temáticas tales como la educación, la asamblea constituyente o los recursos naturales, que surgen tanto en el plano nacional como en el internacional? ¿Qué usos públicos se hacen del pasado y cómo pensar la justicia transicional chilena? ¿Qué representaciones y puestas en relato de esta sociedad en conflicto elabora y difunde la producción cultural (especialmente la producción cinematográfica)?
Con este coloquio internacional, pretendemos considerar el Chile contemporáneo, tratando de sobrepasar el debate centrado sólo en análisis transitológicos, en la óptica de multiplicar los puntos de vistas críticos, las idas y venidas entre ese “pasado que no pasa” y el tiempo presente. Por medio del estudio de un periodo bien acotado, pero insistiendo también sobre los legados históricos, abordaremos el Chile postdictatorial reciente sin reincidir en los análisis del tipo transición- consolidación democrática, los cuales han sido bastante trabajados (pero que de todas formas no estarán del todo ausentes de nuestras reflexiones). Así pues, hemos elegido una periodización que debuta con el arresto del general Pinochet en Londres (1998), hecho de relevancia que sacudió los cimientos del “consenso” hegemónico - así como numerosas certezas- y que termina con el gobierno de Sebastián Piñera, elección que marca también la vuelta de la derecha al poder por las urnas (después de veinte años del gobierno de la Concertación).
Nos proponemos desglosar esta problemática general en torno a cinco temáticas o ejes particulares. En torno a ellos creemos poder deconstruir, al menos parcialmente, esta compleja realidad del Chile actual, es decir, conocer más precisamente sus estructuras, formas y dinámicas, pero también las relaciones entre los individuos y los grupos sociales que constituyen esta sociedad neoliberal. La selección de las comunicaciones se hará en función del aporte científico de cada propuesta, de su originalidad y pertinencia, privilegiando las investigaciones innovadoras, las perspectivas comparadas o basadas en encuestas de terreno recientes. Los jóvenes investigadores y los doctorandos están invitados a presentar sus trabajos en curso; será privilegiada la más amplia variedad de puntos de vista disciplinarios y de formatos (ciencia política, sociología, economía de lo político o las humanidades en un sentido más general, etc.).
Eje 1) Orden neoliberal, justicia transicional y guerra de memorias
Los años noventa han sido en Chile los de la reivindicación de la “verdad y justicia”. Negada durante la dictadura, la realidad indiscutible de las violaciones masivas a los derechos humanos fue aceptada de manera muy tardía por una parte de la sociedad chilena, así como por un Estado partidario de la “justicia en la medida de lo posible” (según las palabras del presidente Patricio Aylwin). Sin embargo, el arresto del general Pinochet en Londres, en octubre de 1998, produjo un efecto catártico, reavivando las viejas querellas políticas e históricas sobre la correcta interpretación del golpe de Estado de 1973, pero también reafirmando la necesidad de una reactivación de los procesos judiciales contra los culpables de la violencia de Estado. La memoria y su reconstrucción funcionan aquí como una cuestión de lucha, sea con fines socio-históricos –la reflexión sobre el pasado y el presente del país-, sea como un hecho social que sirve para movilizar a diferentes sectores de la sociedad civil, en particularmente a las víctimas y sus familiares.
Los trabajos que traten estos dos ejes (justicia y conflictos memoriales) serán bien acogidos. Estos pueden interesarse en la acción de los jueces o de los tribunales, sobre la organización de las familias de las víctimas, en las políticas de reparación o de manera más general, en los usos, los límites y las tensiones de eso que llamamos hoy en día genéricamente con el término de “justicia transicional”. Problemáticas más recientes nacidas de la implementación de políticas de memoria son también bienvenidas. En ese sentido, las comunicaciones que se interesan en la mediatización de las cuestiones de memoria, la construcción de lugares de memoria, las cuestiones referentes a la conmemoración o las controversias sobre los programas de enseñanza de la historia serán particularmente apreciadas. Así también, la utilización de los tribunales militares o de las leyes antiterroristas contra ciertos tipos de movimientos sociales, sobre todo los movimientos indígenas, podrían proveer elementos para una reflexión comparativa. De esta manera, “justicia” y “memoria” funcionan aquí como una tensión transversal, que evoca las múltiples facetas de una sociedad al mismo tiempo en tránsito y en conflicto.
Eje 2) Reemergencia de la acción colectiva, movimientos sociales y resistencias
Los veinte años de gobierno de la coalición de centro-izquierda, la Concertación, han estado acompañados, en gran parte, por una política de desmovilización de los grupos sociales que se habían confrontado a la dictadura militar. Este proceso se inscribe en una lógica de desmovilización general de la sociedad abiertamente buscada por los nuevos gobiernos con el fin de evitar todo levantamiento que pudiera, según ellos, poner en peligro el buen funcionamiento de la joven democracia. En forma paralela, estos gobiernos han privilegiado la estabilidad política y la preservación del modelo económico, en detrimento de las reivindicaciones sociales y las protestas masivas, particularmente esas que buscaban poner fin a los enclaves autoritarios aún presentes en el marco institucional chileno. Sin embargo, el periodo que va del arresto del general Pinochet al retorno de la derecha al poder en el 2010 ha dado lugar a la emergencia de nuevas estructuras de oportunidad política que favorecen el resurgimiento de la acción colectiva. En el curso de estos últimos años, varios factores han convergido para dar lugar a un nuevo ciclo de conflictos sociales, aunque de manera bastante diversa y en el mayor número de casos, poco articulado entre ellos. La desaparición física del dictador ha difuminado la amenaza del retorno de los militares. La pérdida de poder de la coalición de centro-izquierda así como la pérdida de confianza de los ciudadanos frente a ésta han exacerbado los conflictos sociopolíticos. Estas nuevas reivindicaciones colectivas se han traducido principalmente en movimientos que persiguen la igualdad de oportunidades y el acceso de las mujeres a una ciudadanía plena, la igualdad de oportunidades en materia de educación y el fin de su mercantilización; también han surgido movimientos por la protección de los recursos naturales o ecologistas, sin olvidar la permanente lucha de los pueblos originarios, principalmente el pueblo mapuche.
Se perfila así la expresión de movimientos sociales encarnados por una nueva generación de actores, sin que por esto los movimientos más tradicionales hayan desaparecido, empezando por el movimiento obrero y sindical que está siempre presente bajo formas a veces renovadas. Quisiéramos que sean presentadas, en este eje, ponencias que traten sobre estos diferentes movimientos sociales, sobre sus repertorios de acción y sus espacios específicos, sobre sus recursos y su relación con el campo político y/o militante. El posicionamiento de quienes animan estos conflictos y sus trayectorias militantes pueden también ser temas de interés. Confrontar y comparar estas acciones colectivas, ver en qué medida ellas contribuyen –o no– a la profundización de la democracia en Chile (el sociólogo Lilian Mathieu habla de una “democracia protestataria”) y a cuestionar el orden neoliberal o la hegemonía de los principales detentores del capital sobre la vida del país.
Eje 3) Partidos, “gobierno de los mejores” y democratización hoy
Los partidos políticos en Chile han estado entre los principales actores de la transición pactada, en detrimento de otras fuerzas sociales. De hecho, el cuadro institucional fijado por la Constitución autoritaria de 1980, y particularmente por medio del sistema electoral binominal, ha establecido las reglas de un juego político relativamente cerrado y fuertemente controlado por estos mismos partidos. Su organización en coalición contribuye a la bipolarización de la vida política. Tanto los partidos como los actores y movimientos sociales que han rechazado o criticado este marco han sido, en consecuencia, sistemáticamente marginados e incluso excluidos del campo institucional. En el año 2000, la victoria de Ricardo Lagos en la elección presidencial permitió el retorno a la presidencia de un militante socialista, justo a 30 años de distancia de la experiencia de la Unidad Popular (1970-1973). Sin embargo, el gobierno de Lagos se caracterizó por la suscripción de acuerdos con el principal partido de la oposición de derecha, la Unión Demócrata Independiente (UDI). Estos acuerdos, firmados en 2003, permitieron la reforma del Estado y la activación de la economía de mercado. Desde el punto de vista institucional, el diálogo con la oposición permitió la aprobación en 2005 de las reformas a la Constitución, destinadas a terminar con varios enclaves autoritarios, sin por esto iniciar un proceso constituyente o de transformaciones profundas. Por sus características personales, la elección de Michelle Bachelet como Presidenta de la República representa otro evento relevante en la superestructura política. No obstante, ella gobernó en continuidad con los gobiernos anteriores, haciendo frente a varios movimientos de protesta (como la “revolución de los pingüinos”). Por otra parte, su fuerte popularidad no ha impedido la creciente desconexión entre la Concertación y las clases populares, el aumento progresivo de la abstención (notablemente entre los jóvenes) y la pérdida de legitimidad de esta coalición que ha administrado la transición pactada, refundando el modelo neoliberal en Chile. La victoria del candidato de la derecha, Sebastián Piñera, en las elecciones presidenciales del 2010, marca una alternancia después de 20 años de dominación de la Concertación. En efecto, la derecha no había ganado democráticamente el gobierno desde 1958. Presentándose como la encarnación de una “nueva derecha” y del “gobierno de los mejores”, el presidente empresario S. Piñera tuvo que, muy rapidamente, hacer frente a varias crisis internas y grandes movilizaciones sociales.
Se esperan sobre todo propuestas de ponencias sobre las características del gobierno actual, sus técnicas de “gobernanza” y su puesta en perspectiva en la historia de la derecha política en Chile. Además, cabe interrogarse sobre la durabilidad y la viabilidad de la actual estructura de coalición a nivel parlamentario, sobre la pertinencia de la división entre “autoritarismo” y “democracia” como marca de las diferencias políticas, así como sobre la dinámica interna de la Concertación. Se esperan reflexiones críticas sobre el actual sistema de partidos, los efectos en “cadena” de la Constitución de 1980 sobre la democratización. Asimismo, las dinámicas en curso fuera del campo parlamentario, particularmente las que se desarrollan a la izquierda de la Concertación (Partido Comunista y en la izquierda radical) o a favor de una asamblea constituyente, podrían ayudar a aclarar las preguntas que se plantean en este eje. En fin, los trabajos que analizan las tensiones, las alianzas y la interpenetración que se produce entre militantes, personal político y poder económico han de favorecer el análisis de los vínculos entre élites políticas, partidos, empresarios y modelo neoliberal.
Eje 4) “¿Un modelo de desarrollo neoliberal”? Recursos naturales, dependencia y desigualdades.
El salitre y luego los hidrocarburos; las fuerzas hidráulicas o la pesca; la viticultura o la industria agroalimentaria, y sobre todo el cobre, principal reserva mundial, y calificado en su tiempo por Salvador Allende como el “sueldo de Chile”: la explotación de las inmensas riquezas naturales del país, lo hacen y lo han hecho objeto de ambiciones y luchas encarnizadas desde hace ya más de un siglo y medio. Hoy en día, el modelo de desarrollo parece principalmente basado en la actividad extractiva de recursos naturales y agroforestales, enteramente volcada hacia la exportación. Una actividad llevada a cabo por empresas nacionales y transnacionales, orientada por objetivos de desarrollo macroeconómico fuertemente extravertido. Los mecanismos de mercado, por lo tanto, son vistos y representados como las únicas formas legítimas de regular la explotación de estos recursos. Esta elección política y estos mecanismos económicos no dejan de tener consecuencias: ya sea en el cuerpo social de Chile (y el problema de la repartición de las riquezas con la conformación de una oligarquía rentista), en las desigualdades entre los territorios que componen la nación, las fuertes amenazas sobre los ecosistemas, así como sobre los otros agentes económicos considerados “menos competitivos”.
Las ponencias se podrían organizar en torno a investigaciones relacionadas con las lógicas políticas y económicas sub-yacentes y las consecuencias de este modelo, que ha hecho de Chile uno de esos países que instituciones como el FMI o el Banco Mundial suelen proponer como ejemplos o modelos a seguir. Pero ¿podemos hablar en este caso de un “modelo neoliberal”? Tres enfoques principales emanan de esta pregunta: el uso de los recursos naturales; la reproducción de las desigualdades y de la estratificación social; y finalmente la cuestión medioambiental. ¿Cuáles son los temas que emergen en torno a estos recursos naturales (en particular el cobre y su puesta en concesión) y cuál es el papel del Estado en la implementación de este modelo? Un análisis en términos de dependencia y de centro-periferia, ¿continúa siendo válido para el Chile actual? ¿Cómo evaluar el peso concreto de las multinacionales o el lugar de los ciudadanos en estas decisiones estratégicas? Por otro lado, ¿en qué punto está el estudio de la estructura social desigual de Chile (en particular luego del proyecto Desigualdades dirigido por la socióloga Emmanuelle Barozet): las formas de movilidad y reproducción de estas desigualdades, la repartición de los ingresos y de los capitales sociales, su percepción y las identidades colectivas que ellas inducen en la vida cotidiana? En fin, ¿cuáles son los impactos ecológicos de tal modelo, ahora que la crisis mundial se acentúa, qué perspectiva hay para la economía chilena? Todos los análisis de estos casos concretos son bienvenidos (por ejemplo sobre la extracción minera, la industria del salmón o la industria forestal, etc.). Las ponencias sobre la imagen de “país modelo” podrían permitir, igualmente, trazar algunas líneas de reflexión. Finalmente, no se ha de descartar un enfoque más prospectivo, sobre las posibilidades y problemáticas de una gestión sostenible de los recursos y de un modelo de desarrollo alternativo, más igualitario o relocalizado.
Eje 5) Cine y sociedad neoliberal
La producción cinematográfica chilena (o sobre Chile) será objeto de una sesión de comunicaciones e intercambios. El cine que aborda el periodo de la Unidad Popular, el golpe de Estado y la dictadura es relativamente conocido, en particular la obra -mayor- de Patricio Guzmán. Deseamos, en el marco de este coloquio, tratar otras temáticas, netamente más contemporáneas, por ejemplo en torno al trabajo de los jóvenes autores y directores. El vínculo con la dictadura no está excluido. Sería deseable, en particular, abordar el tema del retorno de los exiliados, que hace ver la evolución paralela – y sin duda dispar– de las poblaciones forzadas al exilio y la del país después de la dictadura. Numerosos son los otros temas que pueden ser abordados: grandes eventos como las convocatorias electorales, los desastres (el tema de los mineros, del terremoto del 2010), movimientos sociales y políticos de gran envergadura (como el movimiento estudiantil), organización y acción de los medios de comunicación de masas, pero también eventos en apariencia más limitados, que se dan a nivel del individuo o de los organismos sociales más elementales, al nivel de la vida cotidiana. En general, todo aquello que ha contribuido a formar y reflejar una nueva imagen de la sociedad chilena puede ser objeto de estudio, poniendo el acento en el vínculo entre “modernidad” y los problemas ligados al neoliberalismo (precariedad del trabajo, individualismo, sociedad de consumo, etc.). El cine documental es naturalmente el marco privilegiado de este género, pero el cine de ficción no estará excluido, a condición que el sea portador de una interrogación social o política, o que se considere en esta dimensión.
Una sesión de proyección de una o dos películas particularmente representativas de la producción cinematográfica chilena de comienzos del siglo XXI será organizada en un sala de la aglomeración grenoblesa (por ejemplo, en la sala “Mon Ciné”, situada en Saint-Martin d’Hères), de ser posible en presencia de uno o varios cineastas.
Envío de las propuestas
Las propuestas de comunicación deben ser enviadas antes del 5 de febrero del 2013.
Cada propuesta comprenderá al menos un título, una presentación (2000 caracteres máximo), una bibliografía. El correo debe ser remitido a : chili-neoliberal@sciencesconf.org
Los textos deben estar escritos en francés o en español. Las lenguas de trabajo del coloquio serán el francés y el español. Se prevé tener un servicio de traducción consecutiva para quienes lo necesiten.
Calendario
- Los autores serán informados de la decisión del comité de organización antes del 31 de marzo del 2013.
- Los participantes cuyas propuestas hayan sido aceptadas deberán enviar imperativamente a los organizadores su texto completo antes del 1 de septiembre del 2013, fecha final de recepción. Las comunicaciones aceptadas serán puestas en línea en el sitio del Coloquio (www.chili-neoliberal.sciencesconf.org) para facilitar su lectura previa.
- Las indicaciones precisas sobre el formato a seguir, les serán comunicadas al mismo tiempo que la lista definitiva de los participantes. Está prevista la publicación de las actas del coloquio (libro electrónico y/o papel).
COMITÉ CIENTÍFICO
Locales
- Anne Laure Amilhat-Szary (IGA – PACTE)
- Alain Faure (SciencesPo Grenoble – PACTE)
- Olivier Ihl (SciencesPo Grenoble – PACTE)
- Almudena Delgado Larios (Grenoble3 – ILCEA)
- Guillermo Uribe (UPMF – Gresal)
- Celia Himelfarb (SciencesPo Grenoble – IDA)
Nacionales
- Stephane Boisard (Université Paris 3)
- Olivier Compagnon (IHEAL – Paris)
- Yves Dezalay (CNRS)
- David Garibay (Université Lyon 2)
- Eugenia Palieraki (Université de Cergy-Pontoise)
Internacionales:
- Rafael Agacino (Plataforma Nexos –Chile)
- Emmanuelle Barozet (Universidad de Chile)
- Juan Carlos Gomez Leyton (Universidad Arcis-CLACSO)
- Marie-Christine Doran (Ottawa University)
- Manuel Gárate C. (Universidad Alberto Hurtado)
- Jean Grugel (University of Sheffield)
- Fernando Leiva (University at Albany)
- Jorge Magasich (IHECS Bruxelles)
- Sergio Grez Toso (Universidad de Chile)
- Peter Winn (Tufts University)
Subjects
- Sociology (Main subject)
- Society > Political studies > Political science
- Zones and regions > America > Latin America
- Society > Economy
- Society > Political studies
Places
- Salles Jacques Cartier - Maison des Langues et des Cultures - Campus universitaire de Saint Martin d'Hères
Saint-Martin-d'Hères, France (38)
Date(s)
- mardi, février 05, 2013
Keywords
- chili, néolibéralisme, amérique latine, cinéma, gouvernement, résistance, mémoire
Contact(s)
- Franck Gaudichaud
courriel : franck [dot] gaudichaud [at] u-grenoble3 [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Franck Gaudichaud
courriel : franck [dot] gaudichaud [at] u-grenoble3 [dot] fr
To cite this announcement
« Present day Chile. Governance and resistance in a neo-liberal society (1998-2013) », Call for papers, Calenda, Published on vendredi, décembre 21, 2012, https://calenda-formation.labocleo.org/233568