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Argumentaire
Les contributions pourront apporter des éléments de réponse à une question globale : dans quelle mesure peut-on parler dans le cas des pays socialistes de sociétés de communication, autrement dit de sociétés de dialogue où l’échange n’est pas réduit à la circulation d’informations. Pour répondre à cette question, il faut dépasser la version d’un espace public spécifique aux sociétés de type soviétique, afin de mettre en relation l’accessibilité et les usages des mediums techniques de communication, le contrôle et les tactiques de contournement du contrôle déployées par les individus. Ainsi, les techniques et les courroies de transmission des informations ne seront pas considérées comme des éléments passifs du cadre de la vie quotidienne, mais comme des « actants » qui interviennent dans le mécanisme de prise de décision, qui tissent des liens sociaux et qui construisent des réseaux de sociabilités et des solidarités. Elles sont révélées par les usages qui les font exister et se diffuser socialement. Ainsi, la chronologie traditionnelle de l’histoire des pays socialistes doit être mise au miroir des changements techniques dont les évolutions possèdent leur propre périodisation.
Ce numéro propose donc de retracer le parcours complexe des outils de communication en URSS et dans les pays socialistes afin d’objectiver les effets contradictoires liés à leur développement. En suivant le cheminement des appropriations politiques et sociales des techniques de communication, l’objectif sera de voir comment se distribue l’accès à ces outils dans les sociétés socialistes et comment cette répartition inégale influe sur les dynamiques et la cohésion sociales. Dans quelle mesure le progrès technologique dans le domaine des communications entraîne-t-il une intensification des échanges instrumentés et quelle influence peut-il avoir sur les communications ordinaires directes ? Une analyse des pratiques de communication permettra de comprendre comment les finalités des outils de communication, « des instruments sans mode d’emploi » (Emmanuel Pedler), sont modifiées par les usagers dans les sociétés sous surveillance.
Thématiques envisagées
Collectivisme, communications publiques et privées
Le taux d’alphabétisation et le niveau du développement des techniques de communication font que, du lendemain de la révolution au milieu des années 1930, les autorités soviétiques envisagent les médias comme des expériences et des pratiques collectives : les journaux doivent être lus et commentés aux paysans par les instructeurs, les émissions de radio sont diffusées à l’aide des haut-parleurs (reproduktory) installés sur les places publiques. La quête du progrès technique et la concurrence avec l’Ouest amènent à l’expansion des infrastructures médiatiques dans la deuxième moitié du XXe siècle et au déplacement des technologies de l’information et de la communication du public vers le privé : à partir des années 1960, la diffusion des postes de radio à transistor et de la télévision permet aux individus de faire des choix personnels des émissions à écouter et à regarder. La diversification de l’offre culturelle permet une segmentation des publics et souligne des inégalités. Dans quelle mesure pouvons-nous parler de la médiatisation du quotidien des habitants des pays socialistes, de la démocratisation culturelle ou de l’individualisation ? Comment le fait de vivre dans un monde qui se médiatise de plus en plus change le sens de communauté, d’appartenance et de subjectivité (les genres, les générations, l’espace et le temps) ? De la même façon, le téléphone, objet rare jusqu’aux années 1960, est censé devenir une technologie de sociabilité qui aide à court-circuiter la distance dans les communications interurbaines et qui facilite les visites téléphoniques dans les sociabilités urbaines. Comment ces communications interindividuelles médiatisées en privé et les expériences de la consommation sélective des médias s'inscrivent-elles dans la vision de la société collectiviste ? Quels mécanismes utilisent les autorités pour créer une illusion de cohésion sociale ?
Les espaces de communication fragmentés
Malgré les déclarations sur la portée sociale du progrès technique, les autorités soviétiques s’approprient dès le début du régime les technologies de télécommunications à des fins de gouvernement. À l’issue de la guerre civile, la centralisation du pouvoir est une condition de sa consolidation. Le premier objectif est donc de relier la capitale aux centres de provinces par les voies de communication, la construction d’un réseau maillé où les régions serait reliées entre elles par des télécommunications, n’est pas à l’ordre du jour sous Staline, non seulement pour des raisons politiques, mais aussi à cause du faible potentiel des moyens techniques à la disposition des dirigeants. Cependant, dans les systèmes de communication centralisés et pyramidaux, les sommets des pyramides hiérarchiques constituent des goulets d’étranglement pour la circulation de l’information : les flux de communication en descendant aisément, mais ils ne parviennent pas à les escalader. Quel impact ont ces temps morts, blocages et distorsions sur les systèmes et les cultures d’information et de communication ? Quels espaces d’autonomie peuvent-ils créer ? Quel rôle y jouent des sources alternatives d’information (les médias étrangers) ?
L’apparition des espaces de communication fragmentés est tributaire des télécommunications et des infrastructures médiatiques. Quel est le rôle des médias dans la construction des communautés ethniques, nationales et supranationale ? Ainsi, la question de centralisation versus régionalisation/nationalisation (dans l’esprit de la construction national soviétique) et les tensions entre les deux dans le domaine des médias peut être une clé d’entrée pour interroger la fragmentation des espaces de communication. Les comparaisons entre les structures, les cultures et les politiques de la diffusion des informations à l’échelle de masse en URSS et dans les démocraties populaires permettront de sortir de la vision en « bloc » de l’ensemble de ces pays.
Les circulations et les appropriations des techniques de communication
Les réseaux de communication en URSS dépendent fortement des techniques étrangères. Dans l’entre-deux-guerres, les importations et les contrats d’aide technique avec des compagnies européennes permettent de développer les réseaux de télécommunications soviétiques. À l’issu de la Seconde Guerre mondiale, les centraux téléphoniques sont démantelés en Allemagne et expédiés vers l’URSS en guise de « trophées ». Celle-ci utilise désormais le potentiel industriel des pays de l’Europe de l’Est pour améliorer l’état de ses réseaux et de ses techniques. Ainsi, à la suite de la guerre, la nouvelle configuration politique oriente les trajectoires de la circulation des techniques de communication entre l’URSS et les pays européens. Dans les pays industrialisés, malgré les dommages et les destructions, la guerre donne un essor formidable au développement des technologies de l’information et de la communication (à partir notamment du radar). Si, après la fin de la guerre, les pays occidentaux cherchent seulement à déplacer les usages des nouvelles techniques de la sphère militaire vers la sphère civile, les pays de l’Europe de l’Est sont en plus confrontés à la « soviétisation » qui s’exprime entre autres dans la nationalisation des filiales des compagnies de communication domiciliées aux Etats-Unis ou en Europe occidentale. Comment la « soviétisation » réoriente les réseaux et les usages des outils de communication en Europe de l’Est ? Quel est l’impact de la guerre sur les évolutions des techniques dans ces pays et en URSS ? Quelles sont les conséquences sociales et culturelles des ces changements ?
La surveillance des communications et les tactiques de contournement du contrôle
L’intensification des échanges entre les individus complique les procédures de contrôle, la censure postale et l’écoute téléphonique, parce qu’elle exige de mobiliser de plus en plus de personnels et de moyens techniques. Comment les autorités font face à ce problème ? Quelles tactiques de contournement du contrôle sont déployées par les individus pour éviter la surveillance ? Les exemples de la dissidence et du samizdat, ou encore de la poste clandestine mise en place par Solidarité en Pologne, ainsi que les actions subversives pratiquées par les ingénieurs membres de Solidarité employés dans les services publics de communication peuvent constituer des études de cas.
Ces thématiques ne sont mentionnées qu’à titre indicatif. Les propositions peuvent porter sur tous les aspects liés aux pratiques et cultures de communication et aux usages des outils des communications en URSS et dans les démocraties populaires.
L’objectif de ce numéro des Cahiers du monde russe est de s’intéresser à cette tension entre le danger et l’utilité des communications en URSS et dans les démocraties populaires afin de comprendre comment les objets techniques, les politiques, les cultures et les pratiques sociales y orientent l’évolution des systèmes de communication.
Modalités de soumission
Délai de dépôt des titres et propositions : jusqu’au 31 mars 2013.
Les présentations (500 mots maximum) sont attendues à l’adresse comsov@gmail.com, prière d’indiquer nom, affiliation et adresse électronique.
Les auteurs des propositions retenues seront informés avant la fin juillet 2013.
Langues acceptées : français, anglais, russe.
Date de remise des articles : 1er avril 2014.
Volume des articles : 70 000 signes (+-10% – notes et espaces comprises).
Conformément aux règles de l’édition académique en vigueur aux Cahiers du Monde russe, les articles reçus seront soumis anonymement à l’évaluation de deux rapporteurs externes.
Parution du numéro : 1er semestre 2015.
Coordinateurs
- Kristin Roth-Ey (University College London, School of Slavonic and East European Studies),
- Larissa Zakharova (EHESS, CERCEC).
The goal of this edition of Cahiers du Monde russe is to investigate this tension between the danger and the utility of communications in the USSR and in the people’s democracies of Eastern Europe in order to understand better how technologies, politics, and social and cultural practices in these regions determined the evolution of their communications and media systems.
Argument
We anticipate that contributions will offer partial answers to the following global question: to what extent can we speak of the countries of the socialist east as communications societies, that is, as societies of dialogue in which communications went beyond the delivery and circulation of information? To answer this question means to move beyond the idea of a public space unique to Soviet-style societies and to explore the relationship between the accessibility and the uses of communications media, as well as between control and individuals’ strategies to evade it . In this way, we understand the technologies and modes of information exchange not as passive factors in everyday life, but rather as historical actors with a role to play in decision-making processes, in building social ties, and in constructing networks of sociability and solidarity. They are revealed by the social practices that fuelled their development and diffusion. The traditional periodization of the history of the socialist east, we maintain, must be re-examined in light of technological developments with histories—social, political, cultural-of their own.
This edition thus proposes to trace the complex trajectory of communications and media in the USSR and Eastern Europe in order to explore the contradictory consequences of their development. In studying the political and social appropriation of various technologies of communication, our goal is to understand how access to these tools was distributed in socialist societies and how patterns of unequal distribution influenced social dynamics, including social cohesion. To what extent did technological progress in the communications sector entail an intensification of mediated exchanges, and what influence might this have had on ordinary, face-to-face interactions? An analysis of communications practices will enable us to understand how the functions of communications and media—“tools without instruction manuals” (Emmanuel Pedler)—are transformed by the people who use them in societies under surveillance and control.
Proposed themes
Collectivism, public and private communications
From 1917 through to the mid-1930s, low literacy rates and the relative underdevelopment of communications technologies in the USSR determined the collective nature of media practices: newspapers were read and explained to peasants en masse by instructors; radio programs were broadcast by loudspeakers mounted in public spaces. The pursuit of technological progress and competition with the West spurred the expansion of media infrastructures and, particularly in the second half of the century, the displacement of the media experience from public to private spaces. Moreover, as of the 1960s, with the distribution of transistor radio and television sets, individual consumers were able to exercise choice. Expanding and diversifying the cultural sphere brought audience segmentation and underlined existing inequalities. To what extent, and in what ways, can we speak of the mediatization of everyday life in the USSR and Eastern Europe, of cultural democratization—or, indeed, of individualization? How did the fact of living in an increasingly media-saturated world effect people’s sense of community, of belonging, and of identity (e.g. gender, generational, spatial, temporal)? We might also consider the telephone-- a rarity in most (Soviet) homes until the 1960s and, at least in theory, a technology of sociability, facilitating personal contacts across distances great and small. How did these private, mediated, person-to-person communications and the experience of private, selective media consumption (particularly broadcasting) inscribe themselves in a collectivist social ideal? Which mechanisms did the authorities deploy to promote social cohesion, or its illusion, in this new context?
A Fragmented Communications Sphere?
Despite their assertions that technological progress should serve societal needs, the Soviet authorities put the communications infrastructure in the service of the regime from the very beginning. Because centralization was essential for the consolidation of Soviet power in the civil war, their first task was to connect the capital to provincial centers. Under Stalin, constructing a ramified network in which the regions themselves would be interconnected by communications technologies was simply not priority, not only for political reasons but given the technological limitations of the day. Yet centralized, pyramidal communications systems such as that developed in the USSR impede the circulation of information: communications flow easily from top to bottom, but they struggle to move in the opposite direction. What impact did the inevitable delays, blockages, and distortions have on informational and communications systems and cultures in the Soviet Union and Eastern Europe? Which spaces of autonomy did they open up? What role did alternative sources of information (foreign media, for example) play in these processes?
The rise of electronic media in the Soviet Union and the people’s democracies, particularly after the Second World War, provoked the fragmentation and diversification of the communications sphere. What was the role of mass media in the construction of new ethnic, national, and supra-national identities? The issue of centralization and regionalization, or nationalization (in the sense of socialist nation-building) in the media sector, and the tensions between them, is critical in this regard. By comparing the structures, cultures, and politics of communications in the USSR with those of the people’s democracies, we can move beyond a vision of the ‘bloc’ as a uniform entity and integrate difference and nuance.
Communications surveillance and strategies of evasion
The intensification of interpersonal contacts introduced by the growth of communications complicated the task of surveillance (phone tapping, postal censorship), demanding ever-greater human and technical resources. How did the authorities strive to meet this challenge? How did individuals seek to evade surveillance? Possible case studies in this field include: the study of samizdat and nonconformism/dissidence; the development of an underground postal network by Solidarity in Poland; the subversive activities of Solidarity members employed by Polish television.
These themes are not exhaustive. Proposals may relate to all aspects of communication practices and cultures and to the uses of communication tools in the USSR and the people’s democracies.
Submission guidelines
Titles and abstracts submission deadline: 31 March 2013.
Short project abstracts (500 words maximum) should be sent to: comsov@gmail.com. Please include name, institutional affiliation, and email address in all correspondence.
We will notify authors of selected proposals by the end of July 2013.
Languages: French, English, Russian.
Final article submission date: 1 April 2014.
Maximum article length: 11,000 words (space characters and notes included)
Publication date: first half of 2015.
Editors
- Kristin Roth-Ey (University College London, School of Slavonic and East European Studies),
- Larissa Zakharova (EHESS, CERCEC): comsov@gmail.com
Целью этого номера Cahiers du monde russe является исследование противоречия между опасностью и полезностью коммуникаций в CCCР и в странах народной демократии и выяснение того, как технические средства, политические решения и социальные и культурные практики определяют эволюцию коммуникационных систем.
Статьи могут предложить ответы на следующий общий вопрос: насколько в случае социалистических стран может идти речь о коммуникационных обществах, то есть обществах диалога, в которых связь не ограничивается простой передачей информации. Для ответа на этот вопрос представляется необходимым выйти за рамки исследования публичного пространства советского типа и выяснить взаимозависимость между степенью доступности средств связи, практиками их использования, контролем над этими средствами и способами избегания контроля индивидами. Технические средства и каналы передачи информации должны рассматриваться не как пассивные элементы интерьера повседневности, а как “действующие лица”, участвующие в механизме принятия решений, в установлении социальных связей и в построении сетей общения и солидарности. Эти средства и каналы проявляются через практики их использования, которые обеспечивают их существование и распространение в обществе. В связи с этим традиционная хронология истории социалистических стран должна быть откорректирована с учетом периодизации в области эволюции технологий.
Этот тематический номер предлагает проследить сложную траекторию средств связи в СССР и соц. странах с тем, чтобы обозначить противоречивые эффекты, связанные с их развитием. Изучение форм политического и социального усваивания средств связи поможет понять, как распределяется доступ к этим средствам в социалистических обществах и как это неравномерное распределение влияет на социальную динамику и на сплоченность общества. Насколько технологический прогресс в области коммуникаций влечет за собой учащение общения на расстоянии, и какое влияние он оказывает на живое межличностное общение? Изучение коммуникационных практик поможет понять, как целесообразность средств связи - “инструментов без инструкции” – преобразуется пользователями в обществах с развитыми системами наблюдения и контроля.
Предлагаемые темы
Коллективизм, публичные и приватные коммуникации
С 1917 до середины 1930-х годов уровень грамотности и степень развития средств связи определяют коллективный характер практик использования медиа: инструкторы читают и комментируют газеты крестьянам, радиопередачи транслируются при помощи репродукторов, устанавливаемых в общественных местах. Погоня за техническим прогрессом и соперничество с капиталистическими странами приводят к экспансии медиа инфраструктур во второй половине ХХ века и к перемещению средств информации и связи из публичного в частное пространство: с начала 1960-х годов распространение транзистерных радиоприемников и телевизоров позволяет индивидам совершать личный выбор радио и телевизионных передач. Диверсификация в сфере массовой культуры приводит к сегментации публики и подчеркивает социальные и культурные неравенства. Можно ли говорить о медиатизации повседневности граждан соц. стран, демократизации культуры и индивидуализации? Как обитание в мире, подвергающемся все большей медиатизации, изменяет осмысление сообщества, принадлежности и субъективности (гендера, поколения, пространства и времени)? Телефон – дефицитное средство связи до 1960-х годов - должен стать технологией общения, позволяющей сократить дистанцию в междугородних коммуникациях и облегчающей контакты внутри городского пространства. Как эти межличностные формы коммуникации в частной сфере и опыты избирательного потребления медиа соответствуют парадигме коллективизма? Какие механизмы используются властями для создания иллюзии социальной сплоченности?
Разрозненные коммуникационные пространства
Несмотря на заявления об ориентации технического прогресса на общественные нужды, после революции советская власть узурпирует телефон и телеграф для целей управления страной. С завершением гражданской войны для укрепления власти проводится централизация. Первой задачей является соединение столицы с региональными центрами с помошью средств связи, тогда как перспектива построения решеточной сети, в которой региональные города были бы связаны между собой, не является приоритетной до смерти Сталина не только по политическим причинам, но и из-за слабого потенциала доступных технических средств. Но в централизованных и пирамидальных коммуникационных системах вершины иерархически построенных пирамид оказываются стопором для циркуляции информации: если коммуникационные потоки легко спускаются с вершин, подъем информации наверх часто сталкивается со сбоями. Как эти сбои, блокировки и искажения сказываются на информационных и коммуникационных системах и культурах? Какие пространства автономии они могут создать? Какую роль играют в этих процессах альтернативные источники информации (иностранные средства массовой информации)?
Появление разрозненных коммуникационных пространств зависит от электрических средств связи и медиатических инфраструктур. В чем заключается роль масс-медиа в построении этнических, национальных и над-национальных сообществ? Вопрос соотношения централизации и регионализации (национализации в смысле национального социалистического строительства), а также противоречия между ними в области масс-медиа может стать отправной точкой для изучения разрозненных коммуникационных пространств. Сравнения между структурами, культурами и политикой широкого распространения информации в СССР и в странах народной демократии помогут преодолеть подход к социалистическому блоку как к гомогенному пространству и обратить внимание на различия и нюансы.
Циркуляции и адаптации коммуникационных технологий
Советские сети связи находятся в сильной зависимости от иностранных технологий. В межвоенный период сети электрической связи СССР развиваются за счет импорта и договоров о технической помощи с европейскими фирмами. По окончании Второй Мировой войны немецкие автоматические телефонные станции отправляются в СССР в качестве “трофеев”. Советский Союз начинает активно использовать промышленный потенциал стран восточной Европы для улучшения состояния своих коммуникационных сетей и технологий. Таким образом послевоенная политическая обстановка изменяет траектории циркуляции коммуникационных технологий между СССР и европейскими странами. В индустриализированных странах, несмотря на разрушения, война становится важным фактором развития информационных и коммуникационных технологий (например, на основе радара). После войны в западных странах проводятся попытки перемещения инноваций из военного сектора в гражданский, тогда как страны восточной Европы кроме этого переживают “советизацию”, проявляющуюся помимо всего прочего через национализацию филиалов западноевропейских и американских фирм. Как “советизация” влияет на сети и практики использования средств связи в восточной Европе? В чем проявляется эффект войны на технологические инновации в этих странах и в СССР? Каковы социальные и культурные последствия этих перемен?
Наблюдение за коммуникациями и тактики избегания контроля
Интенсификация межличностного общения на расстоянии усложняет процедуры контроля – перлюстрации и прослушивания телефонов – так как требует мобилизации все большего числа чекистов и технических средств. Как власти справляются с этой проблемой? Какие тактики избегания контроля используются индивидами? Примеры диссидентского движения и самиздата, возникновение сети подпольной почты Солидарности в Польше или же подрывные действия и акты сопротивления инженеров - членов Солидарности, работающих на польском телевидении могут принести ответы на эти вопросы.
Эти темы предлагаются ориентировочно. Заявки могут затрагивать любые аспекты, относящиеся к практикам и культурам коммуникации, а также к использованию средств связи в СССР и в странах народной демократии.
Срок сдачи названий и резюме заявок (из 500 слов): до 31 марта 2013 года
Заявки отправлять по следующему адресу: comsov@gmail.com
Просьба указать имя, место работы и адрес электронной почты.
Рабочие языки: французский, английский и русский.
Авторы отобранных заявок будут извещены до конца июля 2013 года.
Срок сдачи статей: 1 апреля 2014 года.
Согласно правилам Cahiers du monde russe, полученные статьи будут переданы на рассмотрение двум внешним рецензентам (на условиях анонимности).
Объем статей: 70 000 знаков (с учетом сносок и пробелов).
Публикация номера: первое полугодие 2015 года.
Редакторы
- Kristin Roth-Ey (University College London, School of Slavonic and East European Studies),
- Larissa Zakharova (EHESS, CERCEC).
Для получения дополнительной информации обращаться к Kristin Roth-Ey, Larissa Zakharova: comsov@gmail.com