Cycle de conférences en anthropologie du langage : Monica Heller, Professeure à l’Université de Toronto, Professeure invitée au CEPED, Université Paris Descartes.

Programme

Jeudi 28 mars : Langue, empire, nation et quoi maintenant ? Le début du post-colonialisme

La langue constitue un terrain de débat public ouvert à tout le monde. Nous avons hérité d’une série d’idées sur le langage qui constituent le “gros bon sens”, par exemple, qu’il y a de bonnes et de mauvaises façons de s’exprimer, que tout groupe possède sa langue, que langage et pensée sont intimement reliés. Toutefois, on peut lire ces présuppositions comme le résultat d’un long processus d’exploitation du terrain langagier pour la construction de la légitimité de l’état-nation émergent. Nation et empire ont été au centre du développement de l'idéologie dominante de la langue et ses liens avec nos idées de la culture, de l'identité et de la nation. Cependant, les conditions de notre époque (modernisation et capitalisme tardifs et mondialisés) poussent à ses limites la capacité de reproduction de cette idéologie. Nous voyons émerger les débuts de discours et de pratiques que l’on peut qualifier de post nationaux, voire post nationalistes.

Jeudi 4 avril : Langue et nouvelle économie

Comment les conditions politiques et économiques actuelles changent-elles les pratiques et idéologies de la langue? Quelles en sont les conséquences pour le rôle de la langue dans la construction des différences sociales et des relations de pouvoir? La langue, et le plurilinguisme, jouent un rôle de plus en plus important dans la nouvelle économie mondialisée, mais il en découle de nouvelles luttes autour de l’accès aux ressources langagières et de la définition de leur valeur. Cette conférence proposera une analyse des conséquences du capitalisme tardif sur les pratiques et idéologies de la langue, et sur le rôle de la langue dans la construction des différences sociales et des relations de pouvoir.

Jeudi 18 avril : Pour une anthropologie.... linguistique

Le langage a occupé diverses places dans la pensée anthropologique : il est traité variablement comme structure cognitive, reflet de la culture, contrainte de la culture et pratique de construction sociale et culturelle, par exemple. Partant de l’idée que la construction sociale doit passer par la communication, je présenterai ici un plaidoyer pour une manière de voir l'anthropologie linguistique comme élément intégrant des sciences sociales constructivistes. En même temps, on pourra se demander si l'anthropologie linguistique se concentre trop sur la langue, aux dépens d'autres formes communicatives.