Accueil1972-2012. Retour sur quarante ans de Front national
1972-2012. Retour sur quarante ans de Front national
1972-2012. A look back on forty years of the National Front
Publié le jeudi 30 mai 2013
Résumé
Le 5 octobre 2012, le Front national a eu quarante ans. Quarante ans que ce parti interagit dans le champ politique français ; trente ans qu’il focalise l’attention médiatique ; et presqu’autant d’années que les observateurs tentent d’en saisir la réalité, tout à la fois complexe et mouvante. L’objectif de ce colloque consistera à revenir sur ces quatre décennies d’existence politique du FN, sur les mutations ainsi que sur les invariants de ce parti qui, tout en restant à la lisière du pouvoir, a amplement contribué à reconfigurer l’espace politique français.
Annonce
Présentation générale
Le 5 octobre 2012, le Front national a eu quarante ans. Quarante ans que ce parti interagit dans le champ politique français ; trente ans qu’il focalise l’attention médiatique ; et presqu’autant d’années que les observateurs tentent d’en saisir la réalité, tout à la fois complexe et mouvante.
Bien qu’il ait été toujours associé à la figure de son chef, le FN ne s’est tout d’abord jamais distingué par une idéologie cohérente. Composé de courants aussi divers que contradictoires (anciens collaborationnistes, vaincus des guerres coloniales, nationalistes-révolutionnaires, néo-droitiers, catholiques traditionalistes, pro- et antisionistes, pro- et anti-arabes, etc. [J.-Y. Camus, 1997]), l’organisation frontiste a suscité un débat constant sur l’évaluation de son positionnement et sur sa qualification [A. Dézé, 2007]. On a ainsi tour à tour parlé à son propos d’extrême droite, de droite radicale, de national-populisme, de populisme de droite, voire même de néofascisme en tentant de le relier avec plus ou moins de pertinence aux composantes historiques de la droite extrême, depuis Maurice Barrès jusqu’aux groupuscules néofascistes des années 1960 [M. Winock, 1993].
Ce problème de positionnement et de taxinomie s’est avéré d’autant plus aigu que le FN a su adroitement s’adapter aux évolutions contextuelles de ces dernières décennies, ce qui a contribué à dérouter tant ses contempteurs que certains de ses plus fervents partisans, qui n’ont pas toujours compris ses diverses réorientations idéologiques. Anticommuniste et pro-atlantiste à ses débuts, il devient ainsi anti-américain dans les années 1990 tout en prônant la « défense des travailleurs ». Fondé par d’anciens partisans de l’Algérie française, il s’éloigne de cet héritage dans la dernière décennie du XXe siècle en s’imprégnant du différentialisme culturel issu du GRECE, s’opposant à ce titre à l’envoi des forces alliées au Koweït et apportant son soutien à Saddam Hussein lors de la première guerre du Golfe [S. Crépon, 2006]. De même, fortement imprégné de l’idéologie nationaliste-révolutionnaire promue par François Duprat dans les années 1970 [J. Beauregard, N. Lebourg, 2012 a et b], il s’inscrit aujourd’hui avec Marine Le Pen dans une stratégie explicite de « dédiabolisation » et de « conquête du pouvoir » [A. Dézé, 2012].
Les logiques du vote en faveur du Front national n’ont pas été non plus sans poser des problèmes d’interprétation. Depuis son émergence électorale, on a pu assister en effet à de nombreuses controverses tant sur la « nature » du vote (trop souvent ramenée à des catégories analytiques binaires – « vote d’adhésion », « vote de protestation »… – peu propices à rendre compte de sa complexité) que sur sa composition sociologique [P. Perrineau, 1997 ; N. Mayer, 2002]. Plutôt boutiquier et bourgeois dans les années 1980, l’électorat frontiste est devenu progressivement populaire à partir du début des années 1990, le FN s’imposant même à l’élection présidentielle de 1995 comme le premier parti chez les ouvriers. Cette évolution n’a pas manqué de susciter à cet égard des lectures contradictoires sur les motivations du vote d’un électorat populaire souvent issu des rangs de la gauche [A. Collovald, 2004]. Majoritairement masculin jusqu’à la fin des années 2000, le FN semble également parvenu, lors de la séquence électorale de 2012, à rattraper son retard auprès de l’électorat féminin, voire même homosexuel. Une performance que les observateurs n’ont pas hésité à attribuer à sa nouvelle présidente qui, sans vraiment avoir modifié le discours ou le programme du FN, n’en est pas moins décrite désormais comme incarnant une « nouvelle » extrême droite plus modérée – y compris sur la question des mœurs [S. Crépon, 2012].
L’objectif de ce colloque consistera précisément à revenir sur ces quatre décennies d’existence politique du FN, sur les mutations ainsi que sur les invariants de ce parti qui, tout en restant à la lisière du pouvoir, a amplement contribué à reconfigurer l’espace politique français. Quatre dimensions constitutives du phénomène frontiste seront plus particulièrement abordées : l’électorat et les militants ; l’organisation et le leadership ; l’idéologie ; le rapport du FN aux médias et le rapport des médias au FN.
Références bibliographiques
CAMUS J.-Y., Le Front national. Histoire et analyses, Paris, Editions Laurens, 1997.
COLLOVALD A., Le « populisme du FN ». Un dangereux contre-sens, Paris, Éditions du Croquant, 2004.
CRÉPON S., Enquête au cœur du nouveau Front national, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2012.
CRÉPON S., La nouvelle extrême droite. Enquête sur les jeunes militants du Front national, Paris, L’Harmattan, 2006.
DÉZÉ A., « Le Front national comme “entreprise doctrinale” », in F. HAEGEL (dir.), Partis et système partisan en France, Paris, Presses de Sciences Po, 2007.
DÉZÉ A., Le Front national : à la conquête du pouvoir ?, Paris, Armand Colin, 2012.
LEBOURG N., BEAUREGARD J., François Duprat. L’homme qui inventa le Front national, Paris, Denoël, 2012 (a).
LEBOURG N., BEAUREGARD J., Dans l’ombre des Le Pen. Une histoire des numéros 2 du FN, Paris, Éditions Nouveau Monde, 2012 (b).
MAYER N., Ces Français qui votent Le Pen, Paris, Flammarion, 2002.
PERRINEAU P., Le symptôme Le Pen, Paris, Fayard, 1997.
WINOCK M. (dir.), Histoire de l’extrême droite en France, Paris, Seuil, 1993.
Programme
Entrée gratuite sur inscription obligatoire (merci de compléter le formulaire à l'adresse suivante : http://sophiapol.hypotheses.org/12299)
Jeudi 20 juin
9h30 – 17h00
Ouverture (9h30 – 10h00)
- Message de bienvenue de Stéphane Dufoix, directeur-adjoint du Sophiapol, Université Paris Ouest
- Ouverture du colloque par Sylvain Crépon (Sophiapol, Université Paris Ouest)
Section 1 (10h00 – 12h30) ÉLECTEURS ET MILITANTS. RADIOGRAPHIE DES SOUTIENS FRONTISTES
Président de séance : Stéphane Dufoix (Sophiapol, Université Paris Ouest)
- Joël Gombin (CURAPP, Université Picardie Jules Verne) “Un Front national à la carte ? Géographies électorales du FN”
- Florent Gougou (CEE, Sciences Po Paris) “Les transformations du vote Le Pen : les deux électorats ouvriers du Front national”
- Christèle Marchand-Lagier (LBNC, Université d’Avignon / CURAPP, Université Picardie Jules Verne) ““Être” ou ne plus “être Front national”. Analyse genrée des formes d’investissement politique et des liens au parti lepéniste (1997-2013)”
- Daniel Stockemer (University of Ottawa / CEE, Science Po Paris) “Être membre du Front National aujourd’hui. Retour sur quelques trajectoires d’adhérents”
Discussion
Pause déjeuner (12h30 – 14h00)
Section 2 (14h00 – 17h00) L’ORGANISATION ET LE LEADERSHIP
Président de séance : Sylvain Crépon (Sophiapol, Université Paris Ouest)
- Jean-Yves Camus (IRIS) “Les réseaux européens du FN”
- Caroline Monnot et Abel Mestre (Le Monde) “La nébuleuse frontiste (réseaux frontistes d’extrême droite et d’ailleurs)”
- Nicolas Lebourg (Université de Perpignan) “Hérésies frontistes. Les éternels conflits de leadership de la droite radicale”
- Cécile Alduy (Stanford University) “Mythologies du Front national. Petit essai de sémiologie historique”
Discussion
Vendredi 21 juin
Section 3 (9h30 – 12h30) L’IDÉOLOGIE DU FN A-T-ELLE CHANGÉ ?
Président de séance : Alexandre Dézé (Université Montpellier 1, CEPEL)
- Magali Balent (Science Po Paris / Fondation Robert Schumann) “Le discours du FN sur les relations internationales de Jean-Marie à Marine Le Pen : évolution ou révolution ?”
- Delphine Espagno (IEP de Toulouse) & Stéphane François (Université de Valenciennes / GSRL-EPHE) “Le Front national et les services publics comme enjeu politique. Retour sur une évolution”
- Jean-Yves Camus (IRIS) “L’héritage idéologique de la Nouvelle droite au sein du Front national. Vers de nouvelles configurations identitaires”
- Valérie Igounet (Institut d’histoire du temps présent) “Le FN et la “question juive”. Quarante ans d’histoire”
- Sylvain Crépon (Sophiapol, Université Paris Ouest) “Le renouvellement générationnel des militants frontistes au prisme de la question idéologique”
Discussion
Pause déjeuner (12h30 – 14h00)
Section 4 (14h00 – 16h00) LE FN, LA COMMUNICATION, LES MÉDIAS ET LES SONDAGES
Président de séance : Jean-Yves Camus (IRIS)
- Alexandre Dézé (Université Montpellier 1, CEPEL) “Le “nouveau FN” : retour sur une construction médiatique et sondagière”
- Yannick Cahuzac (Université Versailles Saint-Quentin) “Dans la toile du FN. Les reconfigurations du militantisme frontiste sur Internet”
- Nicolas Lebourg (Université de Perpignan) et Sylvain Crépon (Sophiapol, Université Paris Ouest) “Le Front national à la conquête des esprits. “Think tanks”, conseil scientifique et formations internes”
Discussion
Section 5 (16h00 – 18h00) TABLE RONDE : CE QUE « COUVRIR » LE FRONT NATIONAL VEUT DIRE. TÉMOIGNAGES ET ANALYSES
- Animation : Stéphane Dufoix et Sylvain Crépon
Avec la participation de : Laurent de Boissieu (La Croix) ; Christiane Chombeau (Rue89) ; Renaud Dély (Le Nouvel Obs) ; David Doucet (Les Inrocks) ; Christophe Forcari (Libération) ; Caroline Monnot (Le Monde) ; Romain Rosso (L’Express) ; Michel Soudais (Politis)
- Conclusion du colloque (18h00 – 18h30) Alexandre Dézé (Université Montpellier 1, CEPEL)
Cocktail (18h30)
Catégories
- Études du politique (Catégorie principale)
- Sociétés > Sociologie
- Sociétés > Études du politique > Histoire politique
- Périodes > Époque contemporaine
- Espaces > Europe > France
- Sociétés > Études du politique > Sociologie politique
Lieux
- bâtiment B, salle des conférences - 200 avenue de la République
Nanterre, France (92)
Dates
- jeudi 20 juin 2013
- vendredi 21 juin 2013
Mots-clés
- front national, vote, populisme
Contacts
- Sylvain Crépon
courriel : screpon [at] hotmail [dot] com - Alexandre Dézé
courriel : alexandre_deze [at] hotmail [dot] com
URLS de référence
Source de l'information
- Delphine Mondout
courriel : dmondout [at] parisnanterre [dot] fr
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« 1972-2012. Retour sur quarante ans de Front national », Colloque, Calenda, Publié le jeudi 30 mai 2013, https://calenda-formation.labocleo.org/250610