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Santé globale et globalisation de la santé
Global health and the globalisation of health
Pour une anthropologie des politiques globales de santé
For an anthropology of the global policies of health
Publié le jeudi 27 juin 2013
Résumé
Le Journal des anthropologues souhaite revenir sur le rôle des organisations internationales dans l’organisation planétaire de la santé, mais aussi sur celui des grands fonds philanthropiques (Global Fund, Ford, Gates ou historiquement la fondation Rockefeller), comme acteurs centraux des politiques. De même, une véritable anthropologie des acteurs à buts lucratifs de la santé, les grandes firmes pharmaceutiques et les milliers de prestataires privés (cliniques, pharmacies, échoppes africaines), reste à produire pour comprendre les mutations qui touchent les différentes sociétés face à la globalisation des normes et pratiques de santé. Moins qu’une anthropologie des organisations internationales qui est déjà en train de se faire, le journal des anthropologues souhaite privilégier une analyse des conséquences politiques de l’évolution des politiques mondiales de santé, corrélée aux idéologies qui les soutiennent.
The Journal des anthropologues intends to investigate the role of international organizations in Global Health politics, but also suggests to study the contemporary importance of major philanthropic foundations (Global Fund, Ford, Gates or historically the Rockefeller Foundation), as central political key-players. Likewise, a vibrant anthropological approach of the for-profit world, pharmaceutical firms and thousands of private health service providers (clinics, pharmacies, African shops), should analyze the mutations that affect different societies with the increasing diffusion of standards and health practices. The journal of anthropologists would like to focus on an analysis of the political consequences of the evolution of global health policies, in relation with the ideologies they foster.
Annonce
Argumentaire
Le concept de santé globale, sur un plan historique, recoupe l’histoire des chocs épidémiologiques et de leur circulation. Pourtant, la formalisation de cette notion est plus récente, entrant dans le cadre d’une stratégie de l’OMS visant à assurer une position de leadership dans le domaine de la santé. Alors qu’un des enjeux majeurs du monde contemporain tourne autour des notions de risque et sécurité, la résistance aux menaces est un questionnement qui ne se règle plus au niveau de l’État-nation. Ainsi, la santé globale est un exemple frappant de cette nouvelle donne touchant à l’environnement et à la santé humaine. Le concept de « Global health » dans les institutions internationales renvoie également à une forme de légitimation politique des actions menées au nom « de la planète », de l’humanité toute entière.
Le Journal des anthropologues souhaite revenir sur le rôle des organisations internationales dans l’organisation planétaire de la santé, mais aussi sur celui des grands fonds philanthropiques (Global Fund, Ford, Gates ou historiquement la fondation Rockefeller), comme acteurs centraux des politiques. De même, une véritable anthropologie des acteurs à buts lucratifs de la santé, les grandes firmes pharmaceutiques et les milliers de prestataires privés (cliniques, pharmacies, échoppes africaines), reste à produire pour comprendre les mutations qui touchent les différentes sociétés face à la globalisation des normes et pratiques de santé. Moins qu’une anthropologie des organisations internationales qui est déjà en train de se faire, le journal des anthropologues souhaite privilégier une analyse des conséquences politiques de l’évolution des politiques mondiales de santé, corrélée aux idéologies qui les soutiennent.
Un exemple du renouveau de l’anthropologie de la santé peut se trouver dans les travaux sur les essais cliniques dans des pays du Sud et leur interaction avec les groupes militants, lesquels étudient non seulement les nouveaux opérateurs économiques de la santé, mais également les stratégies des malades dans le but d’avoir accès aux traitements. Les innovations conceptuelles récentes traitent des questions de citoyenneté thérapeutique, de délocalisation / exportations des risques des essais, de gestion globale des pandémies à travers les programmes mondiaux (PEPFAR, Global Fund) mais aussi de la question du « triage » des malades dans l’accès aux programmes mondiaux. Ces analyses peuvent-elles être généralisées à d’autres contextes ? Comment produire des concepts opératoires au niveau mondial ? Les politiques globales produisent paradoxalement une balkanisation des malades et des maladies, traitées selon une échelle de priorités propres aux objectifs des fonds internationaux sélectionnant des maladies, au détriment d’autres. Comment rendre compte de ces éclatements des statuts et « citoyennetés » des différents malades au sein des mêmes sociétés ? Quels sont le statut, la place et le développement des normes éthiques dans cet édifice clinique et comment se situe l’anthropologie dans la construction d’une éthique de la clinique ?
Enfin, comment les dynamiques de la santé globale trouvent-elles des répercussions dans le domaine de l’image du corps, de la conception, de la place et de la recherche du bien-être ainsi que de l’idéal de bonne santé ? Par quels mécanismes la santé intègre-t-elle le marché mondial, avec ses contraintes de prix et de coût ? Quelle lecture peut-on en faire dans les disciplines spécialisées telles que la psychiatrie ou la santé sexuelle et reproductive ? L’appel à contribution est ouvert aux communications relatives aux politiques d’« empowerment » du patient dans le domaine sanitaire, aux développements des normes, essais, protocoles thérapeutiques et de leurs conséquences. La montée en puissance des TICE et des réseaux sociaux de santé, le développement de clubs de patients dessinent enfin une nouvelle donne du champ mondial de la santé et favorisent la diffusion des connaissances et les possibilités d’autogestion de la maladie. S’agit-il ici de contre-pouvoirs ? D’effets d’autonomisation du patient ? Ou de prolongations d’une nouvelle idéologie thérapeutique au plus près des patients ?
Modalités de soumission
Les résumés des propositions (5 000 signes) sont à adresser par mail en format word
avant le 1er décembre 2013
aux coordinateurs et les articles complets, d’une longueur maximum de 40 000 signes, avant le 1er mars 2014, avec copie à la rédaction du Journal des anthropologues (afa@msh-paris.fr).
Publication : deuxième semestre 2014
Responsables scientifiques du numéro
- Marie Bonnet : mbonnet@ehess.fr
- Mathieu Caulier : matcaulier@gmail.com
- Daniel Delanoë : daniel.delanoe@wananoo.fr
Argument
The concept of global health historically intersects the history of epidemiological shocks and their expansion around the Globe. However, the invention of the concept is more recent and may have been part of a strategy of WHO to ensure a position of leadership in the field of health. One of the major issues of our world deals with the notions of risk and security: how to resist global threats is a policy concern that cannot only be tackled at the nation State level, and global health is one the major axis of the present global governance. The concept of "Global health" in international institutions also refers to a form of political legitimation of the actions supported by international organizations, in the name "of the world", of humanity as a whole.
The Journal des anthropologues intends to investigate the role of international organizations in Global Health politics, but also suggests to study the contemporary importance of major philanthropic foundations (Global Fund, Ford, Gates or historically the Rockefeller Foundation), as central political key-players. Likewise, a vibrant anthropological approach of the for-profit world, pharmaceutical firms and thousands of private health service providers (clinics, pharmacies, African shops), should analyze the mutations that affect different societies with the increasing diffusion of standards and health practices. The journal of anthropologists would like to focus on an analysis of the political consequences of the evolution of global health policies, in relation with the ideologies they foster.
An example of the revival of the anthropology of health may be found in the studies conducted on clinical trials in the Global South and their interactions with activist groups and NGO, which are not only new economic operators of health, but also strategies for patients to get access to treatment. Conceptual innovations such as therapeutic citizenship, clinical trials offshoring, comprehensive management of pandemics through global programs (PEPFAR, Global Fund) and, finally, the question of the "triage" of patients in access to global programs represent important new perspective on global health issues. Can these analyses be generalized to other contexts? How can we generate operating concepts at the global level? Global health has paradoxically contributed to the separation of diseases from the sick. Tackled by global programs with global priorities to respond to the political intentions of international funds, the targeted pandemics become international priorities, while others attract little international attention. How can we, as anthropologists, evaluate these failures and biases that modify the very notion of a citizenship now attached to the biological conditions of being ill or living with a deadly virus"? What are the status, the place and the development of ethical standards in the clinical testing business and how is anthropology contributing to the construction of ethics in clinical experimentation?
Finally, how are the forces at work of global health impacting the image of the body and the ideal of good health? Through which mechanisms health is integrated into the global market, with its price and cost constraints? Which interpretative elements can we learn from other disciplines such as psychiatry or sexology regarding globalized health? The rise of new technologies, health social networks and the sprouting of patient groups bring a new deal to the global health field and actively promote the dissemination of knowledge and the possibilities of disease self-management. What are the impacts on patients’ autonomy? Do these phenomena reflect a new therapeutic ideology and the emergence of counter-powers to global institutions and companies? This call for papers is open to articles dealing with patients’ empowerment, the development of treatment standards, clinical trial protocols and their consequences.
Submission guidelines
Abstract submission due before December 1st 2013 (5000 signs)
Coordinators await your proposals for articles for March 1st 2014, with copy to the redaction of the Journal des anthropologue (afa@msh-paris.fr) in Word format. The articles must not exceed 40 000 signs.
Publication: second semester 2014
Coordination
- Marie Bonnet : mbonnet@ehess.fr
- Mathieu Caulier : matcaulier@gmail.com
- Daniel Delanoë : daniel.delanoe@wananoo.fr
Catégories
- Ethnologie, anthropologie (Catégorie principale)
- Sociétés > Sociologie
- Sociétés > Ethnologie, anthropologie > Anthropologie sociale
- Sociétés > Sociologie > Sociologie de la santé
Dates
- dimanche 01 décembre 2013
Fichiers attachés
Mots-clés
- santé, globalisation, politiques publiques, institutions internationales, industrie pharmaceutique
Contacts
- Marie Bonnet
courriel : mbonnet [at] ehess [dot] fr - Mathieu Caulier
courriel : matcaulier [at] gmail [dot] com - Daniel Delanoë
courriel : daniel [dot] delanoe [at] wananoo [dot] fr
URLS de référence
Source de l'information
- Mathieu Caulier
courriel : matcaulier [at] gmail [dot] com
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Santé globale et globalisation de la santé », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 27 juin 2013, https://calenda-formation.labocleo.org/254245