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Urban Public Policies in the Global South: trajectories and adjustments
Actions publiques urbaines dans les Suds : trajectoires et ajustements
Published on mercredi, décembre 18, 2013
Summary
L’action publique fait un retour remarqué dans le débat scientifique, tant du côté des études urbaines que de celui du développement. Certains l’envisagent sur les décombres des théories du développement, qui ont singularisé le Sud par référence au Nord. D’autres y voient un avatar du terme de gouvernance urbaine dont les « bonnes » pratiques, critiquées sur plusieurs continents,font référentiels d’action et forgent aujourd’hui de véritables objets de recherche autour des notions de droit(s), de biens communs ou de planification stratégique. D’autres recherches enfin, s’inscrivant dans une ligne d’historicisation des capacités et lieux du pouvoir urbain, rappellent l’antériorité de dispositifs institutionnels, de corpus réglementaires et de répertoires politiques qui ont prétendu de longue date « maîtriser » la ressource foncière, « développer » les infrastructures et services de base,« piloter » des opérations urbanistiques, gérer, adapter « mettre à niveau » les territoires, dans différents contextes.
Announcement
Argumentaire
L’action publique fait un retour remarqué dans le débat scientifique, tant du côté des études urbaines que de celui du développement. Certains l’envisagent sur les décombres des théories du développement, qui ont singularisé le Sud par référence au Nord. D’autres y voient un avatar du terme de gouvernance urbaine dont les « bonnes » pratiques, critiquées sur plusieurs continents, font référentiels d’action et forgent aujourd’hui de véritables objets de recherche autour des notions de droit(s), de biens communs ou de planification stratégique. D’autres recherches enfin, s’inscrivant dans une ligne d’historicisation des capacités et lieux du pouvoir urbain, rappellent l’antériorité de dispositifs institutionnels, de corpus réglementaires et de répertoires politiques qui ont prétendu de longue date « maîtriser » la ressource foncière, « développer » les infrastructures et services de base, « piloter » des opérations urbanistiques, gérer, adapter « mettre à niveau » les territoires, dans différents contextes.
La présente proposition se situe précisément à l’articulation des dynamiques endogènes et des références internationalisées. Même les plus autoritaires des pouvoirs urbains, même les plus fragiles, ou minés par la corruption, ont montré de réelles tendances à incorporer, en les réinterprétant, les ressources extérieures dont elles dépendaient. Par ailleurs, la conflictualité urbaine, voire de véritables confrontations de société, font voler en éclat l’illusion d’une gouvernance neutre.
Sans conteste les politiques publiques ont changé d’échelle et de nature. Soutenus par une comparaison Europe / Amérique du Nord, les débats théoriques sur ces changements se sont d’abord attachés au redéploiement des interventions urbaines autour d’acteurs et de projets plus variés que les seules autorités nationales et procédures réglementaires. Si ces perspectives d’étude s’élargissent aux métropoles d’économies émergentes, aspirant au rang de ville mondiale, une extraordinaire variété d’expériences citadines restent à conceptualiser dans un plus large spectre économique. Il s’agit alors de se démarquer non seulement du paradigme centre-périphérie, lié aux logiques mondiales des investissements, mais aussi des stratégies de placement des coopérations internationales dans le développement urbain.
L’analyse s’est notablement densifiée dans les deux dernières décennies, autour de la double régulation, économique et politique, du capitalisme mondial, pour mettre à jour le rôle croissant des villes entre les transformations du marché et celles des États. Malgré de nombreuses études empiriques dans les Suds, une montée en généralité y reste à consolider. Saisis sur des thématiques particulières, ces villes font apparaître des acteurs et des projets enrôlés dans les logiques de l’ajustement structurel puis du recouvrement des coûts de gestion urbaine. Nombre de collectivités s’exercent même à de nouveaux formats entrepreneuriaux, d’agences et de sociétés mixtes, voire au marketing territorial. Tant les politiques de logement social et de transport en site propre, que les réformes de services essentiels, ou les opérations dédiées à la réduction de la pauvreté, montrent d’une part combien le débat libéral-démocratique s’est diffusé du Nord au Sud, et a ricoché d’un Sud à l’autre, d’autre part à quel point s’exprime la diversité de « réponses » des agglomérations.
Pour en rendre compte, on propose ici de combiner deux prises de recul temporel : celui d’un complexe historique de réformes qui a marqué les institutions et les pratiques sur trois ou quatre décennies ; d’autre part l’analyse d’ajustements plus instables, à l’épreuve d’un pas de temps court.
Dans la perspective la plus longue, l’action publique urbaine apparaît révisée sur trois axes parallèlement :
- Le premier axe concerne un gouvernement de la ville devenu multi-niveaux, et le jeu relationnel, parfois concurrentiel, entre départements techniques, tutelles ministérielles, services déconcentrés et locaux qui sont impliqués dans la planification et la gestion urbaines. Après d’assez générales réformes de décentralisation depuis les années 1980, les municipalités plaident aujourd’hui pour une montée en capacité et en légitimité politique, soutenues en cela par des organisations internationales, des coopérations bilatérales et décentralisées.
- Un deuxième axe de révision des marges d’interventions et de financements publics découle de la logique de projets et des partenariats public-privé. On met ici l’accent sur les difficultés et l’évolutivité des parcours de concertations engagés avec entrepreneurs et opérateurs privés, selon qu’ils sont ou non promus localement ou par quelque coopération internationale.
- Un dernier axe introduit enfin les mobilisations sociales nées de formats imposés de participation ou de négociations moins attendues. Des compromis d’actions et des temps d’inaction s’organisent en lieux et places du consensus souhaité, du fait de biais, de résistances et de contestations, selon des formes associatives, clientélistes, ou encore corporatistes. Au fil des transformations physiques des centres ou des marges urbaines, des conflits de société se révèlent en amorti, ou brutalement, mais partout bousculent les procédures top-down. L’espace public des villes se cherche par-delà les pré-pensés sur la société civile.
Nous proposons l’hypothèse que ces éléments de révision de l’action publique font trajectoire sur plus d’une génération. Leurs effets conjugués imposent des tensions de nature politique aux choix urbanistiques du jour et à leur mise en œuvre. On peut se demander si ces tendances lourdes travaillent plutôt les frontières de l’action publique, ou bien jouent au cœur des institutions urbaines, mais il s’agit bien de comparer des villes au Sud suivant cette triple ligne de contextualisation. Dans une temporalité plus courte, on pointera alors les dérangements et réarrangements récents de l’action publique depuis les années 2000.
Dans la ligne de ces observations, les contributions du numéro chercheront à répondre aux questions suivantes :
1. Selon quels enjeux, sectoriels ou territoriaux, sur quels investissements ou arène politique, l’autorité publique cherche-t-elle à s’imposer aujourd’hui ? Quelles opportunités lui offrent en particulier les Objectifs du nouveau Millénaire ?
2. Comment évaluer le rôle de l’expertise internationale et de la circulation des normes sans nécessairement glisser sur le terrain conceptuel du « nomadisme » ? Quels en sont les contenus et les effets, les difficultés de coordination et les contreperformances, auprès de responsables urbains ou de citadins les uns comme les autres identifiés comme « cibles » d’intervention ?
3. Quel rôle la mobilisation du sol joue-t-elle enfin dans les déterminations et les hésitations de l’action publique ? La maîtrise foncière est-elle revendiquée par l’État ou pour le compte de nouveaux entrepreneurs de normes ? Sert-elle des intérêts municipaux ? De petits propriétaires restés rentiers ? La sécurisation de la propriété transforme-t-elle plus généralement les arguments du contrôle territorial en ville ?
Modalités de soumission
Le présent appel à contributions constitue l’argumentaire du séminaire annuel porté par Monique Bertrand (IRD-Département Sociétés : juin 2013-juin 2014), en partenariat avec la revue Géocarrefour. Celle-ci assurera la publication de textes qui en seront issus et d’autres articles proposés par la communauté scientifique, en concertation avec la coordinatrice du numéro, conformément aux normes éditoriales de la revue.
Les textes devront être soumis
au 30 septembre 2014
et seront sélectionnés selon la procédure d’évaluation habituelle de la revue.
Ils seront adressés à monique.bertrand-at-ird.fr et déposés sur le site de gestion des manuscrits de Géocarrefour : http://manuscrits.revues.org/index.php/geocarrefour/
Modalités d'évaluation
Les propositions de contribution seront soumises par les auteurs par la plateforme manuscrits.revues.org. Le comité de rédaction de la revue Géocarrefour statuera dans un premier temps sur la recevabilité des propositions (lien avec l'appel à contribution publié), puis les responsables de l'appel à contribution proposeront deux évaluateurs anonymes pour chaque proposition acceptée et les auteurs recevront les avis anonymés de ces évaluateurs.
Argument
Public policy is making a comeback in scientific discourse, in both urban studies and development studies. Some researchers see it rising on the ruins of theories of development that singled out the South in reference to the North. Others see it as a new spin on the term urban governance whose “good” practices – criticized on several continents – are a frame of reference for policy and now constitute veritable research topics addressing notions such as (human) rights, common goods and strategic planning. Yet other research, focused on the historicization of capacities and spheres of urban power, reminds us of the antecedence of institutional measures, regulatory corpora and political repertoires which for a long time claimed in different contexts to “master” land resources, “develop” infrastructure and basic services, “pilot” urban operations, and manage, adapt or “upgrade” territories.
Our proposal here lies at the intersection of endogenous trends and internationalized references. Even the most authoritarian, fragile or corrupted urban authorities have shown a real tendency to incorporate – by re-interpreting them – the external resources upon which they depend. Moreover, urban conflicts and veritable societal confrontations have shattered all illusions about neutral governance.
There is no doubt: the scale and nature of public policies have changed. Fuelled by comparisons between Europe and North America, theoretical debate over such changes first focused on the restructuring of urban interventions via actors and projects that were more diverse than national authorities and regulatory procedures alone. While such research topics have now branched out to the metropolises of emerging economies aspiring to the status of global cities, an extraordinary array of urban experiences still need to be understood in a broader economic perspective. Such research needs to differentiate itself not only from the centre-periphery paradigm, tied to global logics of investments, but also from the international strategies of cooperation initiatives in urban development.
A lot of research in the past two decades has focused on the double regulation of global capitalism – economic and political – and has highlighted the increased role played by cities amidst the changing role of markets and States. Despite a lot of empirical research into the global South, a broader approach is still needed. When examined through the lens of specific topics, these cities point up actors and projects that are bound up in the structural adjustment and cost recovery logic of urban management. Many municipalities have embraced new entrepreneurial forms, agencies and mixted enterprises and even taken to territorial marketing. Social housing and rapid transport policies, reforms addressing essential services and operations aimed at reducing poverty all show, on the one hand, the extent to which liberal-democratic debate has disseminated from North to South and ricocheted from one South to another, and, on the other hand, the great diversity in how agglomerations have “responded”.
To address these topics, we would like to combine two temporal perspectives: a history of the complex reforms that have marked institutions and practices over three or four decades; and an analysis of more unstable adjustments over a shorter timescale.
In the longer perspective, we would like to review urban public policy from three different angles.
- The first angle involves the evolution of urban governments into multi-level entities and the relationships – and occasional competition – between the technical departments, ministerial authorities, and local and decentralized services involved in urban planning and management. After quite broad-scale decentralization reforms starting in the 1980s, municipalities are now calling for increased capabilities and political legitimacy, with backing from international organizations and bilateral and decentralized cooperation initiatives.
- A second angle from which to examine the scope of intervention and public funding is bound up in the logic of public-private partnerships and projects. Here focus is needed on the difficulties and negotiations with private operators and entrepreneurs, depending on whether or not they are promoted locally or by an international cooperation body.
- The third angle addresses the social mobilization fuelled by imposed forms of participation and unexpected negotiations. Policy compromises and moments of inaction have arisen in lieu and in place of sought consensus due to biases, resistance and protest in the form of opposition from different associative, clientelist and corporatist groups. As urban centres and margins are physically transformed, societal conflicts arise, either gradually or brutally; regardless, they always upset top-down procedures. The public space of cities is sought far beyond preconceived ideas about civil society.
We believe that these issues impact the urban trajectory across more than a generation. Their combined effects create political tensions that underpin urban choices and how they are implemented in any given period. We can ask whether such general trends tend to push the boundaries of public policy or, rather, whether they affect the core of urban institutions, but in any case the goal is indeed to compare cities of the South based on this three-sided approach. In a shorter timescale, we can point up recent rearrangements and disturbances in public policy since the 2000s.
1. Which sectoral or territorial issues, investments or political arenas are public authorities using to try to impose themselves today? What opportunities do the Millennium Development Goals provide more specifically in this respect?
2. How can we assess the role of international expertise and the spread of standards without being forced into the conceptual field of “nomadism”? What are the content and effects of such practices, the coordinating challenges and unsatisfactory results among urban managers or ordinary city dwellers, both identified as the “targets” of intervention?
3. What role does land supply play in determining or influencing public policy? Is the State calling for control over land or is this done in the name of new political entrepreneurs? Does such control serve municipal interests? Or the interests of small landowners who remain landlords? Does securing ownership affect arguments over urban territorial control more broadly?
Submission guidelines
This call for papers is connected to the annual seminar coordinated by Monique Bertrand (IRD-Département Sociétés; June 2013-June 2014), in partnership with the journal Géocarrefour. In collaboration with the coordinator of the issue, the journal will publish the seminar’s proceedings and other articles proposed by the scientific community in accordance with the journal’s editorial guidelines.
Articles must be submitted
by 30 September 2014
and will be selected based on the journal’s regular assessment procedure.
Submissions will be sent to monique.bertrand-at-ird.fr and to the journal through the online manuscripts management interface: http://manuscrits.revues.org/index.php/geocarrefour/
Subjects
- Modern (Main subject)
- Society > Geography > Urban geography
- Society > Urban studies
- Society > Geography
Places
- Lyon, France (69)
Date(s)
- mardi, septembre 30, 2014
Attached files
Keywords
- action publique, études urbaines, Suds
Contact(s)
- Monique Bertrand
courriel : monique [dot] bertrand [at] ird [dot] fr
Reference Urls
Information source
- André Buisson
courriel : andre [dot] buisson [at] univ-lyon3 [dot] fr
To cite this announcement
« Urban Public Policies in the Global South: trajectories and adjustments », Call for papers, Calenda, Published on mercredi, décembre 18, 2013, https://calenda-formation.labocleo.org/269464