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« Here’s to the losers ». Une sociologie politique de la défaite électorale
"Here’s to the losers". Toward a political sociology of electoral defeat
Publié le mercredi 05 février 2014
Résumé
Alors que chaque élection génère bien plus de perdants que de gagnants, la défaite électorale constitue encore paradoxalement un objet marginal des sciences sociales du politique. C’est à ces battus de la compétition électorale et à leurs trajectoires post-défaites que le colloque organisé les 16 et 17 octobre 2014 à l'université Libre de Bruxelles est consacré. Plutôt que de chercher à identifier a posteriori les facteurs explicatifs d'un résultat électoral, l'objectif sera ici d’analyser les enjeux soulevés par les défaites électorales aux niveaux individuel et collectif. La défaite électorale permet en effet d'observer sous un angle à la fois original et pertinent les processus de (dé)construction des carrières politiques, d’engagement et de désengagement politique, de mutations des milieux partisans ou encore, plus largement, de définition des limites du champ politique et de mobilités politiques dans des contextes variés.
While each election produces far more losers than winners, electoral defeat has so far raised only little interest among sociologists and politologists. The conference to be held at the Université Libre de Bruxelles on 16 and 17 October 2014 aims to stimulate research and discussion on the topic. Rather than trying to identify explanatory factors of electoral defeat, it seeks to gather research dealing with its implications at individual and collective levels. Studying the impact of an electoral defeat on the person or the group that experienced it may indeed contribute to a better understanding of politicians' career patterns, political commitment and disengagement processes, change in political parties or even, at a broader level, of the underlying logic of political competition in a variety of contexts.
Annonce
Université Libre de Bruxelles (Cevipol)
Argumentaire
« L'objectif profond des hommes politiques, ce n'est pas la victoire, c'est la défaite ». Tel est le postulat surprenant au cœur de l'ouvrage satirique Que le meilleur perde. Eloge de la défaite en politique publié en 1986 par le chercheur Frédéric Bon et le journaliste Michel-Antoine Burnier. Au-delà de la boutade contre-intuitive, le renversement opéré par les deux auteurs invite à repenser les conceptions traditionnelles de la défaite et de la victoire en politique. Si elle n'en constitue sans doute pas la finalité, la défaite électorale apparait en effet comme une composante centrale des compétitions politiques, particulièrement en démocratie. Rares sont les hommes politiques à ne jamais y avoir été confrontés, soit directement en tant que candidats, soit indirectement en tant que collaborateurs, membres d’un comité de campagne, etc.
Alors que chaque élection génère bien plus de perdants que de gagnants, la défaite électorale constitue encore paradoxalement un objet marginal des sciences sociales du politique. C’est à ces battus de la compétition électorale et à leurs trajectoires post-défaites que le colloque organisé les 16 et 17 octobre 2014 à l'Université Libre de Bruxelles est consacré. Plutôt que de chercher à identifier a posteriori les facteurs explicatifs d'un résultat électoral, l'objectif sera ici d’analyser les enjeux soulevés par les défaites électorales aux niveaux individuel et collectif. La défaite électorale permet en effet d'observer sous un angle à la fois original et pertinent les processus de (dé)construction des carrières politiques, d’engagement et de désengagement politique, de mutations des milieux partisans ou encore, plus largement, de définition des limites du champ politique et de mobilités politiques dans des contextes variés.
Axes thématiques
Plus spécifiquement, trois pistes de réflexion complémentaires seront privilégiées, dans une optique comparative et pluri-disciplinaire.
1. Les constructions et interprétations concurrentielles de la défaite.
Le premier axe de réflexion portera sur les dynamiques des luttes interprétatives s'engageant après les élections autour des résultats et de leurs sens. Quels sont les différents acteurs participant à la définition d'un résultat électoral en tant qu’échec ? Quels critères mobilisent-ils pour légitimer une telle lecture ? Quelles variations observe-t-on d'un contexte à un autre ? Dans quelle mesure est-il possible de nier une défaite ou de la doter d'une connotation positive ? Comment expliquer les fluctuations dans le temps des interprétations de certains résultats électoraux ?
2. L'homme politique face à la défaite
Le deuxième axe de réflexion s’intéressera aux implications individuelles des défaites électorales. Comment appréhender les effets diversifiés d’une défaite électorale sur les trajectoires des battus et de leur entourage ? Comment ceux-ci s’attachent-ils à « rebondir » après une défaite ? Quelles sont les logiques de repositionnement, de reclassements, et de reconversion l’œuvre à la suite d’une défaite ? Quels sont les enjeux spécifiques de la défaite pour les professionnels de la politique ? A quelle condition une défaite électorale peut-elle devenir synonyme de fin de carrière politique ? En quoi les défaites influencent-elles l'acceptation des règles du jeu par les battus ?
3. Les partis politiques à l'épreuve de la défaite
Enfin, il s’agira d’analyser dans un troisième axe de travail les effets des défaites électorales sur les organisations partisanes. Dans quelle mesure les défaites modifient-t-elles les rapports de force internes au parti, que ce soit au niveau national ou local ? Les défaites provoquent-elles des redéfinitions des manières de fonctionner (sélection des candidatures, hiérarchie interne, gestion du budget...) et de se présenter (prises de position, techniques de communication, contrôle de la parole publique...) des collectifs partisans ? Participent-elles à la redéfinition des rapports de force inter-partisans et des jeux d'alliances ? A quelle condition, une défaite peut-elle conduire à la remise en cause, voire l'abandon, d'une entreprise partisane ?
Modalités de soumission
Les articles pourront porter sur un ou plusieurs cas d’étude et les approches comparatives seront accueillies très favorablement. Les contributions émanant d'autres champs disciplinaires que la science politique, et notamment celles ayant une dimension sociologique, anthropologique ou historique, sont également encouragées.
Les propositions (2 pages au maximum) seront adressées à Frédéric Louault : flouault@ulb.ac.be et à Cédric Pellen : cedric.pellen@ulb.ac.be
avant le 15 mai 2014
Elles comporteront une présentation de la problématique, du terrain étudié et du protocole d’enquête mis en place, ainsi qu’une brève notice biographique des auteurs. Elles pourront être écrites soit en français, soit en anglais.
- Les résultats de la sélection seront transmis le 30 juin 2014.
- Les contributions définitives devront être remises pour le 1er octobre 2014.
- Le colloque aura lieu les 16 et 17 octobre 2014
Bibliographie indicative
Agh Atila, “Defeat and success as promoters of party change : the Hungarian socialist Party after two abrupt changes”, Party Politics, vol.3, n°3, 1997, pp.427-444
Blais André & Nadeau Richard, “Accepting the Election Outcome: The Effect of Participation on Losers’ Consent”, British Journal of Political Science, vol.23, n°4, 1993 (Oct.), pp.553-563
Bon Frédéric & Burnier Michel Antoine, Que le meilleur perde. Eloge de la défaite en politique, Paris, Balland, 1985.
Brand Jack, Defeat and renewal: the Scottish National Party in the eighties, Barcelona: Institut de ciències polítiques i socials, 1990
Collovald Annie, « Jacques Chirac un leader sans ressources », Revue française de science politique, vol.40, n°6, 1990, p.880-901.
Gaïti Brigitte, « Des ressources politiques à valeur relative : le difficile retour de Valéry Giscard d'Estaing », Revue française de science politique, 1990, Vol. 40, n°6, p. 902-917.
Gilmour John & Rothstein Paul, “A Dynamic Model of Loss, Retirement and Tenure in the U.S. House of Representatives, Journal of Politics, vol. 58, n°1, 1996 (Feb.), pp. 54-68
Juhem Philippe, « Investissements et désinvestissements partisans », Cohen Antonin, Lacroix Bernard & Riutort Philippe (dir.), Nouveau manuel de science politique, Paris, La Découverte, 2009, p.478-491.
Langston Joy, “Rising from the Ashes? Reorganizing and Unifying the PRI’s State Party Organizations after Electoral Defeat”, Comparative Political Studies, vol.36, n°3, 2003 (Apr.), pp.293-318
Lehingue Patrick, « Mais qui a gagné ? Les mécanismes de production des verdicts électoraux (Le cas des scrutins municipaux) », in Lagroye Jacques, Lehingue Patrick & Sawicki Frédéric (dir.), Mobilisations électorales : le cas des élections municipales de 2001, Paris, PUF, 2005, p.323-360.
Lim Kim Chong, “Political Attitudes of Defeated Candidates in an American State Election”, American Political Science Review, vol.64, n°3, 1970 (Sep.), pp.879-887
Milloud Cécile, L’échec en politique : contribution à l’étude des représentations et des stratégies de légitimation des candidats français, Thèse de doctorat en science politique, Grenoble : Université Pierre Mendès-France, 2000
Norris Pippa & Lovenduski Joni, “Why Parties Fail to Learn. Electoral Defeat, Selective Perception and British Party Politics”, Party Politics, vol.10, n°1, 2004, pp.85- 104
Ragaru Nadège, «En quête de notabilité. Vivre et survivre en politique dans la Bulgarie post-communiste », Politix, vol.17, n°67, 2004, p.71-99
Ray David, “Voluntary Retirement and Electoral Defeat in Eight State Legislatures”, The Journal of Politics, vol.38, n°2, 1976 (May), pp.426-433
Squire Peverill, “The Chances of Regaining One’s Seat by Revenging a Defeat”, Polity, vol.18, n°3, 1986 (Spring), pp.514-520
Université Libre de Bruxelles (Cevipol)
Argument
"The profound goal of politicians is not to win, but to be defeated". This surprising postulate lies at the heart of the satirical book Que le meilleur perde. Eloge de la défaite en politique (May the best lose. A praise of defeat in politics) published in 1986 by a researcher, Frédéric Bon, and a journalist, Michel-Antoine Burnier. By reversing the common sense approach to political activities, the authors go well beyond the joke and invite the reader to reconsider the traditional notion of defeat and victory in politics. Electoral defeat may probably not be the main purpose politicians pursue, but it is definitely a core element of any political competition, especially in a democratic regime. Very few politicians have never experienced it either directly (as candidates) or indirectly (as advisors, assistants, members of a campaign committee, etc..)
While each election produces far more losers than winners, electoral defeat has so far raised only little interest among sociologists and politologists. The conference to be held at the Université Libre de Bruxelles on 16 and 17 October 2014 aims to stimulate research and discussion on the topic. Rather than trying to identify explanatory factors of electoral defeat, it seeks to gather research dealing with its implications at individual and collective levels. Studying the impact of an electoral defeat on the person or the group that experienced it may indeed contribute to a better understanding of politicians' career patterns, political commitment and disengagement processes, change in political parties or even, at a broader level, of the underlying logic of political competition in a variety of contexts.
Main axes
More specifically, three main issues will be addressed in a comparative and multidisciplinary perspective:
1. The definition and interpretation of electoral defeat.
The first panel of the conference will address the interpretive struggles over the electoral result and its meanings that take place after each election. Who are the various actors involved in the labelling of an electoral result as a success or a failure ? What criteria do they use in making such a determination ? To what extent does the dynamic of interpretive struggles over electoral results vary from a context to another ? Under what conditions is it possible to deny a defeat or to give it a positive connotation ? How to explain that the interpretation given to an election may change over time ?
2. Politicians facing defeat.
The second panel of the conference will be devoted to the study of individual implications of electoral defeat. How can we explain the various effects of electoral defeat on those who experienced it ? How do politicians strive to bounce back after a defeat ? Under what conditions do they engage in strategies of political repositioning or/and professional conversion ? What are the specific issues professional politicians have to face when losing elections ? Under what conditions does an electoral defeat put an end to a political career ? Does experiencing electoral failure affect the way politicians internalize and accept the rules of the political competition ?
3. Electoral defeat as a test for political parties
Finally, the third panel of the conference will focus on implications of electoral defeat for political parties. To what extent do electoral defeats affect power relations within parties, both at the national and local levels ? Under what condition does a defeat have an impact on the functioning (e.g. candidate selection methods, internal hierarchy, budget management...), the public identity (public stances, methods of communication...) and the alliance strategy of the party experiencing it ? When does electoral defeat means death for a party ?
Submission guidelines
Proposals may deal with one or several case studies. Comparative and transdisciplinary approaches are very welcomed. Potential contributors are invited to submit a short abstract (2 pages maximum) to Frédéric Louault : flouault@ulb.ac.be and Cédric Pellen : cedric.pellen@ulb.ac.be
by 15 may 2014.
Abstracts should include a brief description of the research problem and methodology, and a short biographical sketch of the authors. Papers may be written either in English or in French.
- The results of the selection will be given by 30 June 2014.
- Full papers accepted for presentation should be sent by 1st October 2014.
- The conference will be held on 16 and 17 October 2014
Selected bibliography
Agh Atila, “Defeat and success as promoters of party change : the Hungarian socialist Party after two abrupt changes”, Party Politics, vol.3, n°3, 1997, pp.427-444
Blais André & Nadeau Richard, “Accepting the Election Outcome: The Effect of Participation on Losers’ Consent”, British Journal of Political Science, vol.23, n°4, 1993 (Oct.), pp.553-563
Bon Frédéric & Burnier Michel Antoine, Que le meilleur perde. Eloge de la défaite en politique, Paris, Balland, 1985.
Brand Jack, Defeat and renewal: the Scottish National Party in the eighties, Barcelona: Institut de ciències polítiques i socials, 1990.
Collovald Annie, « Jacques Chirac un leader sans ressources », Revue française de science politique, vol.40, n°6, 1990, p.880-901.
Gaïti Brigitte, « Des ressources politiques à valeur relative : le difficile retour de Valéry Giscard d'Estaing », Revue française de science politique, 1990, Vol. 40, n°6, p. 902-917.
Gilmour John & Rothstein Paul, “A Dynamic Model of Loss, Retirement and Tenure in the U.S. House of Representatives, Journal of Politics, vol. 58, n°1, 1996 (Feb.), pp. 54-68
Juhem Philippe, « Investissements et désinvestissements partisans », Cohen Antonin, Lacroix Bernard & Riutort Philippe (dir.), Nouveau manuel de science politique, Paris, La Découverte, 2009, p.478-491.
Langston Joy, “Rising from the Ashes? Reorganizing and Unifying the PRI’s State Party Organizations after Electoral Defeat”, Comparative Political Studies, vol.36, n°3, 2003 (Apr.), pp.293-318
Lehingue Patrick, « Mais qui a gagné ? Les mécanismes de production des verdicts électoraux (Le cas des scrutins municipaux) », in Lagroye Jacques, Lehingue Patrick & Sawicki Frédéric (dir.), Mobilisations électorales : le cas des élections municipales de 2001, Paris, PUF, 2005, p.323-360.
Lim Kim Chong, “Political Attitudes of Defeated Candidates in an American State Election”, American Political Science Review, vol.64, n°3, 1970 (Sep.), pp.879-887
Milloud Cécile, L’échec en politique : contribution à l’étude des représentations et des stratégies de légitimation des candidats français, Thèse de doctorat en science politique, Grenoble : Université Pierre Mendès-France, 2000
Norris Pippa & Lovenduski Joni, “Why Parties Fail to Learn. Electoral Defeat, Selective Perception and British Party Politics”, Party Politics, vol.10, n°1, 2004, pp.85- 104
Ragaru Nadège, «En quête de notabilité. Vivre et survivre en politique dans la Bulgarie post-communiste », Politix, vol.17, n°67, 2004, p.71-99
Ray David, “Voluntary Retirement and Electoral Defeat in Eight State Legislatures”, The Journal of Politics, vol.38, n°2, 1976 (May), pp.426-433
Squire Peverill, “The Chances of Regaining One’s Seat by Revenging a Defeat”, Polity, vol.18, n°3, 1986 (Spring), pp.514-520
Catégories
- Études du politique (Catégorie principale)
- Sociétés > Sociologie
- Sociétés > Études du politique > Sociologie politique
- Sociétés > Histoire
Lieux
- Université Libre de Bruxelles - Campus de Solbosch
Bruxelles, Belgique (1050)
Dates
- jeudi 15 mai 2014
Fichiers attachés
Mots-clés
- défaite électorale, sociologie politique, carrières politiques, partis
Contacts
- Pellen Cedrid
courriel : cedric [dot] pellen [at] ulb [dot] ac [dot] be - Louault Frederic
courriel : flouault [at] ulb [dot] ac [dot] be
Source de l'information
- Pellen Cedric
courriel : cedricpellen [at] hotmail [dot] com
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« « Here’s to the losers ». Une sociologie politique de la défaite électorale », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 05 février 2014, https://calenda-formation.labocleo.org/275335

