Argumentaire
Les causes internes des révoltes dans le pays arabes ont été largement étudiées au cours des trois dernières années. Il convient aujourd’hui de changer d’échelle et de s’interroger sur les déterminants régionaux et la géopolitique internationale. Dans le contexte de l'affaiblissement de la politique de puissance américaine dans la région, mais aussi de l'éventuel redéploiement de cette puissance si l'Iran est réintégré dans le concert international, plusieurs des pays du Golfe ont déployé un fort activisme diplomatique autour d'acteurs très différents, avec des ressources diplomatiques et financières variables, d'abord autour du Qatar, puis de l'Arabie saoudite quand celle-ci reprend à l 'évidence la main courant 2013. Cet activisme semble avoir réintroduit au Moyen-Orient une véritable "nouvelle guerre froide", autour d'un affrontement indirect avec l'Iran, dont l'espace principal est évidemment la Syrie, où le conflit ouvert au printemps 2011 s'est très vite régionalisé et internationalisé.
Les politiques de développement et le dirigisme économique qui caractérisaient les pays du Proche-Orient, excepté le Liban, ont été interrompus dans les années 1980 et ces pays se sont alors engagés résolument dans la voie libérale (accords MEDA, zone de libre-échange avec l’Union Européenne, GAFTA). Avec la montée des prix du pétrole, à partir de 2002, les pays du Golfe sont devenus le principal pourvoyeur d’IDE au Proche-Orient. Le dynamisme de leur économie domestique a attiré des flux croissants de migrants, notamment en provenance du Proche-Orient A travers les importantes remises des migrants, ces flux migratoires ont évidemment renforcé la dépendance financière aux pétromonarchies des pays fournisseurs de main-d'oeuvre.
La crise économique mondiale et ses répercussions dans le Golfe ont cependant obligé les pétromonarchies à réduire leurs investissements dans les pays du Proche-Orient, tandis qu’une partie des immigrés étaient privés d’emplois, et contraints au retour. Peut-on considérer que ce facteur a contribué significativement au « Printemps arabe » , et qu'il y aurait là l’effet conjoncturel qui a précipité le déclenchement d’une crise structurelle ?
Le Golfe n’exporte pas que ses capitaux, mais aussi son modèle économique, culturel, religieux et politique. Les télévisions satellitaires, al-Jezira et al-Arabya, sont de puissants instruments pour diffuser leur influence, comme nous avons pu le constater lors des printemps arabes, chaque chaîne relayant le discours du régime qui la contrôle. Le Qatar promeut et instrumentalise les Frères Musulmans, tandis que l’Arabie Saoudite appuie les courants salafistes contre les Frères, soutient les régimes conservateurs, et combat les régimes alliés à l'Iran. La concurrence entre les deux acteurs géopolitiques se manifeste dans les pays déstabilisés : en Egypte, Riyad soutient massivement les militaires qui ont renversé le président Morsi et traquent les Frères, au grand dam de Doha ; en Syrie, Qatar et Arabie Saoudite financent chacun des groupes rebelles radicaux mais antagonistes, et rivalisent pour prendre le contrôle de la Coalition Nationale Syrienne. Ces choix divergents entraînent, au printemps 2014, de fortes tensions au sein du Conseil de coopération du Golfe.
Les bouleversements énergétiques que connaît la région semblent jouer à plusieurs échelles dans les conflits actuels. Les découvertes d’hydrocarbures dans le bassin méditerranéen oriental constituent un nouvel enjeu : à la fois pour les acteurs locaux, qui se disputent sur le tracé des eaux territoriales et des zones d'exploitation économique (Israël, Palestine, Liban, Syrie, Chypre, Turquie) ; et pour les acteurs extérieurs qui cherchent à contrôler l'exploitation et le transport de ces hydrocarbures afin de ménager leurs propres intérêts (pays du Golfe, Russie, Turquie, Etats-Unis, Europe de l’Ouest). A terme, ces ressources peuvent-elles constituer un facteur d’autonomisation du Proche-Orient par rapport au Golfe ? Dans l’immédiat, il convient d'analyser les stratégies des Etats proche-orientaux face à ces perspectives énergétiques.
Ce colloque se propose donc de réfléchir aux relations qu’entretiennent les pays arabes de la Méditerranée orientale (Egypte, Syrie, Liban, Jordanie, Palestine), mais aussi la Turquie, et les puissances du Golfe (Iran et Conseil de Coopération du Golfe, voire l'Irak) à travers les aspects économiques et politiques, confessionnels et culturels. Il convient dans un deuxième temps de s’interroger sur les conséquences de cette influence sur les mutations et les crises actuelles dans les pays de la Méditerranée orientale (Egypte, Syrie, Jordanie, Liban).
Programme
Lundi 3 novembre
9h : accueil des participants
9h30 : ouverture du colloque
Jean Luc Mayaud, président de Lyon 2, Jean Marcou (IEP Grenoble), Fabrice Balanche (GREMMO – Lyon 2)
10h – 12h : Séance 1 : Quels sont les stratégies des pays du Golfe (Iran et CCG) à l’égard du Moyen-Orient et comment sont-elles mises en oeuvre ?
Les pays du Golfe ne regardent pas que vers les pays arabes mais vers le monde entier : c’est très clair pour les pays du CCG, un peu moins pour l’Iran. Les deux modèles divergents car l’Iran, principalement à cause de contraintes géopolitiques, ne déploie pas la même stratégie d’insertion économique sur les marchés mondiaux que les pays du CCG. Les deux pôles géopolitiques de la région sont donc en compétition avec comme outsider la Turquie, dont la politique au Proche-Orient a été contrée par les « printemps arabes ». L’objectif de cette séance est de comprendre les logiques de l’Arabie Saoudite et de l’Iran dans la région, dans le cadre de leur géopolitique globale et les concurrences qu’ils subissent de la part d’autres acteurs régionaux et internationaux.
- Lucas Oesch, Post-doctorant, Université Lyon 2, GREMMO : Le Golfe et les migrants du Proche-Orient
- Guillaume Fourmont, Directeur de la revue Moyen-Orient, chargé de cours à l’IEP de Grenoble : Le retour d’une « grande puissance » au Moyen-Orient ?
- Jamal Abdullah, Chercheur, Al Jeziraa Center, Doha : La Politique Etrangère de l'Etat du Qatar sous Sheikh Tamim : Influence ou Médiation ?
- Haoues Taguia, Chercheur, Al Jeziraa Center Doha : Arabie Saoudite – Iran : enterrer la hache de guerre ?
14h – 15h30 : Séance 2 : Les paradigmes des révoltes au Moyen-Orient
La déstabilisation des pays du Moyen-Orient a plusieurs causes internes et externes. Il ne faut pas négliger le conflit israélo-arabe bien sûr, mais le sujet ayant été abondamment traité, il convient de s’intéresser à la résultante des objectifs et des modes d’action de l’Iran et du CCG au Proche-Orient arabe. Qu’est-ce qui est commun aux différents pays, qu’est-ce qui est spécifique ? Quels sont les paradigmes des révoltes ? Les explications ne font pas consensus. Le qualificatif de guerre civile en Syrie n’est pas accepté par tous les chercheurs, le caractère « communautaire » du conflit l’est encore moins. Mais c’est précisément ce qui nous intéresse et qui nous permettra d’avancer dans la compréhension de cette crise en ouvrant un débat entre chercheurs sur les causes des crises, les éléments qui la rattachent aux autres mouvements du monde arabe et ceux qui la rendent spécifiques. On peut distinguer trois paradigmes explicatifs, souvent opposés : l’échec d’une trajectoire de développement et la remise en question des pratiques de l’Etat ; la résurgence ou la permanence du communautarisme ; la place particulière de la région dans la géopolitique mondiale
- Eric Verdeil, Chercheur, Environnement Ville et Société, CNRS, Lyon : Quels paradigmes ?
- Haoues Seniguer, Docteur en sciences politiques, chargé de cours à l’IEP de Lyon : Le discours de quelques figures religieuses chiites et sunnites au prisme des révoltes arabes.
- Jérôme Maucourrant, Maître de conférences, Université de Saint Etienne, Triangle, et Akram Kachee, chercheur associé au GREMMO, chargé de cours à l’IEP de Lyon : Syrie, un conflit communautaire : une perspective post Khaldounienne.
- Karim Zouach, Maître de conférences, Université de Saint Etienne, GATTE
16h – 17h30 : Séance 3 : Quelles nouvelles perspectives énergétiques et quelles recompositions possibles de la rente pétrolière ?
Quelles sont les perspectives énergétiques au Moyen-Orient ? Certains pays pourront-ils passer de la rente indirecte à la rente directe grâce aux gisements en Méditerranée orientale ? Quelles conséquences pour la relation entre le Golfe et le Proche-Orient ? Les gaz de schiste en Jordanie peuvent-ils sortir ce pays de la dépendance ? Quel est l’avenir des gisements d’hydrocarbures du Golfe ?
La découverte de gisements pétroliers et gaziers en Méditerranée a-t-elle le potentiel de remettre en cause les relations de dépendance des pays du Levant par rapport à ceux du Golfe ? Pourrait-elle favoriser de nouvelles relations dans une logique de coopération autour de la mise en valeur de ces ressources, ou attisera-t-elle les concurrences ? La prospection autour de nouvelles énergies (nucléaire, renouvelables mais aussi hydrocarbures on conventionnels, comme en Jordanie) peut-elle avoir des effets identiques ?
- Eric Verdeil, Chercheur, Environnement Ville et Société, CNRS, Lyon, et Eliott Ducharme, étudiant Lyon 2 : La crise syrienne et son impact sur les services publics dans les pays d'accueil des réfugiés. Le cas de l'eau en Jordanie
- Olgu Okumus, Post-doctorante, Sciences Po - Paris : Dans l’ombre de la Syrie : les relations énergétiques entre l’Iraq et la Turquie
- Bernard Cornut, Expert énergie dans les pays du Sud de la Méditerranée, Agence Française pour le Développement : Ressources et passages : enjeux d’empires avant 1914, atouts de consolidation régionale en 2014 ?
- David Amsellem, Chercheur, Institut Français de Géopolitique, Université Paris 8 : Découverte de gaz en Méditerranée orientale : enjeux locaux et régionaux
18h – 19h30 : Les Etats Unis et le Moyen-Orient : les enseignements de l’été 2014, Henri Barkey, Professeur, Lehigh University, Bethlehem, États-Unis
Mardi 4 novembre
9h – 10h45 : séance 4 : Syrie – Irak : la démocratie est-elle toujours un objectif pertinent dans la région ?
Le printemps syrien a fait naître de nombreux espoirs de démocratisation qui contrastent aujourd’hui avec le conflit chaotique qui règne dans le pays et avec la possible victoire du régime de Bachar el Assad. Les minorités confessionnelles craignent une démocratisation qui se traduirait par la dictature de la majorité et leur exclusion du pays. Comment les rassurer aujourd’hui alors que les mouvements islamistes radicaux dominent la rébellion ? Le cas syrien interroge sur les voies et moyens de transitions démocratiques dans les sociétés fragmentées du Moyen-Orient, dont l’Irak. Ce pays traverse une crise majeure, dix après la chute de Saddam Hussein, qui provoque la division du territoire sur des lignes ethnico-confessionnelles. S’agit-il d’un processus lié à la démocratisation du pays ou aux jeux des puissances régionales ? La décomposition de l’Irak annonce-t-elle ce qui va se produire en Syrie ?
- Fabrice Balanche, Maître de Conférences, Université Lyon 2, GREMMO : La Syrie entre autoritarisme et terrorisme.
- Philippe Droz Vincent, L'armée syrienne et la révolte de 2011: vers la fin de l'armée syrienne?
- Akram Kachee, Chercheur associé, GREMMO, chargé de cours à l’IEP de Lyon : Pourquoi l’échec de l’opposition démocratique en Syrie ?
- Jordi Tejel Gorgas, Professeur, Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement, Genève : Pour ne pas réifier les positions et les situations des acteurs minoritaires : le mouvement kurde en Syrie et en Irak depuis 2011.
- Adel Bakawan, Docteur en sociologie et chargé de cours à l'Université d'Evry : Le mythe du Kurdistan indépendant.
11h15 – 13h : Séance 5 : Egypte. Quels rapports entre la société, l'appareil d’Etat et l'armée ?
Le « Prophète et le Pharaon » (Kepel, 1984) reste-t-il une lecture toujours pertinente ? Après trois ans de tensions et de recompositions, où en sont les rapports entre l’Etat, l'armée et la société ? Comment la société égyptienne évolue-t-elle ? Peut-on mesurer l’impact des millions d’émigrés égyptiens dans les pays du Golfe sur les mutations sociales et les engagements politiques en Egypte ? Quel est désormais le rapport de force entre les groupes pro-occidentaux mondialisés et les Frères Musulmans ? A travers le probable prochain président de la République, quelle place l'armée entend-elle reprendre dans le fonctionnement politique et sociétal du pays ?
- Clément Steuer, Post-doctorant, Institut oriental de l’Académie des Sciences de la République Tchèque : La répartition territoriale du vote comme grille de lecture des rapports Etat-société.
- Marc Lavergne, Directeur de recherche, GREMMO, CNRS Lyon
- Sophie Pommier, Directrice du cabinet Meroe, Paris : De Washington à Riyad, l’Egypte vit elle une « révolution » diplomatique ?
- Stéphane Lacroix, Maître de conférences, IEP Paris, chercheur au CERI : Les islamistes égyptiens à l'heure de la restauration autoritaire : la stratégie du parti salafiste al-Nour
14h30 – 16h30 : séance 6 : Quels scénarios pour le Moyen-Orient ?
Cette dernière séance constituera la synthèse du colloque. Elle essaiera d'évaluer des scénarios sur l’avenir du Moyen-Orient. Sa place dans la nouvelle division du travail, car si les pays du Golfe sont riches, en revanche, ils sont improductifs et leur modèle rentier sclérose les activités productrices dans l’ensemble de la région. Après la réaction saoudienne en Egypte et l'écrasement des Frères musulmans, que reste-t-il des transitions politiques initiées en 2011-2012 ? L’Egypte peut-elle se réformer elle-même ? Le Liban peut-il continuer à s’intégrer de façon parasitaire dans le système-monde ? La Syrie et l’Irak pourront-ils maintenir leur unité territoriale ? Quel avenir pour l’islam politique à travers ses différentes versions au sein du sunnisme (Frères Musulmans et salafistes), mais aussi du chiisme ? La confessionnalisation des débats et conflits politiques va-t-elle perdurer, dans le Golfe comme au Levant ? Enfin, bientôt quatre ans après le début des « printemps arabes », selon quels scénarios les rapports de forces entre l'Iran, l'Arabie Saoudite et la Turquie peuvent-ils être réévalués ?
- Barah Michael, Chercheur, FRIDE Madrid : Une fragmentation pluridimensionnelle ? Les scénarii du possible pour le Moyen-Orient
- Marc Lavergne, Directeur de recherche, GREMMO, CNRS Lyon : Le Moyen-Orient arabe : derrière l’apparent clivage, un même destin en devenir ?
- Jean-Paul Burdy, Maître de conférences, IEP-Grenoble : L'Iran dans le Golfe depuis 2011 : un acteur incontournable en voie de réhabilitation internationale
- Jean Marcou, Paris, IEP Grenoble : La Turquie comme acteur de la décomposition/recomposition de l'Irak depuis 2005 ?
- Jamal Abdullah, Chercheur, Al Jeziraa Center, Doha
- Sophie Pommier, Directrice du cabinet Meroe, Paris
Comité d’organisation
- Fabrice Balanche (Lyon 2),
- Jean-Paul Burdy (IEP Grenoble),
- Marc Lavergne (CNRS-Lyon 2),
- Jean Marcou (IEP Grenoble),
- Eric Verdeil (CNRS-Lyon 2)
Argument
The domestic reasons for the uprisings that occurred in Arab countries were widely analyzed these past three years. By now, it is important to consider new dimensions and to inquire about the regional roots for these conflicts, taking into account regional and international geopolitics. In a context of weakening American hegemony in the region, but keeping in mind a possible redeployment of their power in case Iran is reinserted in the international scene, several Gulf countries deployed a strong diplomatic activism towards different actors, using singular diplomatic and financial resources, first Qatar, and later Saudi Arabia, when the country reassess their control over the situation in the region in 2013. This activism seems to have put the Middle East in a real context of a ‘new Cold War’, harboring an indirect conflict with Iran, which Syria is the main battlefield, because the conflict that started on spring 2011 quickly became regionalized and internationalized.
Development policies and economic dirigisme that characterized Middle Eastern countries, with exception of Lebanon, were interrupted during the 1980’s and these countries firmly engaged themselves down the liberal road (MEDA program, free-trade area with the European-Union, Great Arab Free Trade Agreement). From 2002, with the rise of oil prices, Gulf countries became the main provider of Foreign Direct Investment in the Middle East. Their dynamic domestic economy attracted rising migration fluxes, particularly from the Near East. Through migrant transfers, these migration fluxes clearly reinforced the financial dependence of countries providing workforce on the Gulf’s petro monarchies
The international economic crisis and its repercussions in the Gulf have, however, forced the petro monarchies to reduce their investments in Arab countries, meanwhile an important part of migrants where faced with unemployment and forced to go back to their countries. Can we consider that this factor significantly contributed to the ‘Arab Spring’, and that this is the circumstantial effect that triggered a structural crisis?
Gulf countries don’t export only their resources, but also their economic, cultural, religious and political model. Their satellite TV channels, al-Jazeera and al-Arabiya, are powerful instruments to broadcast their influence, as we witnessed during the Arab Springs, with every TV channel conveying the ideology of its supporting regime. Qatar promotes and stage-manages the Muslim Brotherhood, meanwhile Saudi Arabia support Salafi groups against the Muslim Brotherhood, backing up conservative regimes and fighting regimes supporting Iran. Competition between those two geopolitical actors is evident in destabilized countries: in Egypt, Riyadh strongly supports the military that ousted president Morsi and persecute the Muslim Brotherhood, much to the discontent of Doha; in Syria, Qatar and Saudi Arabia are financing hard-line rebel groups that antagonize each other, and they are competing to gain control over the National Coalition. These diverging choices created, by spring 2014, deep tensions within the Gulf Cooperation Council.
The energy overturning in the region seems to have deeply impacted the actual conflicts. The discovery of hydrocarbons in the eastern Mediterranean basin brings up a new challenge: at the same time for domestic actors, fighting over the delimitation of international waters and over economic exploitation zones (Israel, Palestine, Lebanon, Syria, Cyprus, Turkey); and for international actors willing to control the exploitation and transportation of hydrocarbons in order to answer to their own interests (Gulf countries, Russia, Turkey, United States, Western Europe). In the long run, can these resources become a factor allowing the Near East to be independent from Gulf countries ? Right now, it is necessary to analyze the strategy of Middle Easter countries faced with these energetic perspectives.
This conference, therefore, aims to consider the rapports existing between Arab countries from the Eastern Mediterranean (Egypt, Syria, Lebanon, Jordan, Palestine), but also Turkey and the Gulf powers (Iran, the Gulf Cooperation Council and even Iraq), through economic, political, confessional and cultural aspects. Secondly, it is necessary to speculate about the consequences of this influence on the actual transformations and contemporary crisis taking place in Western Mediterranean countries (Egypt, Syria, Jordan and Lebanon).
Program
Monday, November 3, 2014.
9:00 am: Reception of participants.
10:00 am: Opening
10:30-12:30 am: Session 1: What are the Gulf countries (Iran and GCC) strategies towards Middle East and how they implement it?
Gulf countries are not only concerned by Arab countries, but by the entire world: this is clear for the GCC countries, but perhaps less to Iran. Both models diverge, since Iran doesn’t undertake the same economic inclusion strategy in the global market as GCC countries, mainly because of geopolitical pressures. The two geopolitical clusters in the region are therefore competing, with Turkey as an outsider, with a Middle Eastern policy that was damaged by the ‘Arab Springs’. The aim of this session is to understand the regional reasoning behind Saudi Arabia and Iran, in the context of their global geopolitics and the concurrence they are faced with by other regional and international actors.
2:00 – 4:00 pm : Session 2 : The paradigms of revolts in the Middle East.
The destabilization of countries in the Middle East has several domestic and international causes. Evidently, we cannot put aside the Israeli-Palestinian conflict, but this subject being abundantly studied, it is necessary to think about the goals and action models of Iran and GCC countries in the Arab Middle East. What do these countries have in common, and what is specific to each one of them? What are the paradigms of the revolts? There are several different explanations. The term civil war, when it comes to Syria, is not accepted by all researchers, less yet the sectarianism. But this is indeed what we are interested in and what will allow us to further understand this crisis, through opening a discussion among researchers concerning the causes of the crisis, the aspects that connect it to other movements in the Arab world and those that make it unique. We can identify three explanatory paradigms, more often than not opposites: the failure of a development trajectory and the questioning of the State practices ; the coming back or the permanence of sectarianism; the particular place of the region in international geopolitics.
4:30-6:30 pm : Session 3: New energy perspectives and new potential reorganizations of the oil rent.
What are the energy perspectives in the Middle East? Will some countries be able to pass from indirect rent to direct rent thanks to the Eastern Mediterranean fields? What will be the impact on the relation between the Gulf and the Middle East? Can the Jordanian shale gas free the country from dependency? What is the future of hydrocarbon fields in the Gulf?
Can the discovery of oil and gas fields in the Mediterranean call into question the energy dependence from Near East to Gulf countries? Could this help to create new relations based on cooperation towards the valorization of these resources, or will it awake competitiveness? Can the research for new energies (nuclear, renewable but also non-conventional hydrocarbons, like in Jordan) have identical effects?
Tuesday, November 4, 2014.
9:00-10:45 am: session 4: The Syrian crisis, is there space for democracy? Is democracy nowadays a pertinent goal to the region?
The Syrian spring brought up immeasurable hopes of democratization that proven to be contrary to the chaotic conflict ruling over the country at present - and with the possible victory of Bachar al-Assad regime. The confessional minorities are afraid of a democratization that would mean the dictatorship of the majority and their consequent exclusion from the country. How can they be reassured nowadays, when hard-line Islamists conquered the revolution? The Syrian case rise questions about the ways and means of democratic transition in the fragmented societies of the Middle East.
11:15 am - 01:00 pm: session 5: Egypt, rapports between society, the state institutions and the army.
The Prophet and the Pharaoh (Kepel, 1984) is nowadays a pertinent book? After three years of tensions and reorganizations, what is the situation of the rapports between the state, the army and the society? How is the Egyptian society evolving? Can we measure the impact of millions of Egyptian emigrants in the Gulf countries on the social mutations and political engagement in Egypt? What is the present balance of powers between pro-western globalized groups and the Muslim Brotherhood? Throughout the new President of the Republic, which place the army intend to undertake in the political and social functioning of the country?
2:30-4:30 pm : session 6: Possible scenarios to the Middle East?
This last session will consist in the synthesis of the conference. It will try to evaluate the possible outcomes for the Middle East. Its place in the new division of labor: if the Gulf countries are rich, nonetheless they are unproductive and their Rentier model paralyses the productive activities in the entire region. After the Saudi reaction in Egypt and the crushing of the Muslim Brotherhood, what is left of the political transitions started in 2011-2012? Can Egypt reform itself? Can Lebanon continue to integrate itself in a scrounging manner in the global system? Will Syria and Iraq be able to maintain their territorial unity? What kind of future awaits political Islam through its different versions within Sunnis (Muslim Brotherhood and Salafi), but also within Shias? Will the confessionalization of debates and political conflicts last in the Gulf and in the Levant? Finally, almost four years after the beginning of the ‘Arab Springs’, under which scenarios can the balance of powers between Iran, Saudi Arabia and Turkey be re-evaluated?
Organizing Committee
- Fabrice Balanche (Lyon 2),
- Jean-Paul Burdy (IEP Grenoble),
- Marc Lavergne (CNRS-Lyon 2),
- Jean Marcou (IEP Grenoble),
- Eric Verdeil (CNRS-Lyon 2)