AccueilPoétique et politique du récit historique en Allemagne et en France (1789-1914)

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Poétique et politique du récit historique en Allemagne et en France (1789-1914)

The poetics and politics of the historical narrative in Germany and France (1789-1914)

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Publié le lundi 01 septembre 2014

Résumé

On s’accorde à dire que l’acception moderne de l’histoire émerge en Europe occidentale au cours du XVIIIe et du XIXe siècle. Cette période (entre Montesquieu et Michelet) est aussi celle de l’émergence d’une intense réflexion sur la manière d’écrire et de présenter l’histoire, qui se traduit par l’apparition de nouvelles formes de récits historiques. Ces récits obéissent à des règles de composition variées, mais qui toutes posent de façon centrale le problème de l’articulation entre d’une part les contraintes du travail historiographique, nécessairement fondé sur l’exploitation rigoureuse des sources et leur vérification, et d’autre part les lois de la narration, en partie empruntées au domaine de la production littéraire en général, c’est-à-dire aussi à des modèles fictifs.

Annonce

Argumentaire

On s’accorde à dire que l’acception moderne de l’histoire émerge en Europe occidentale au cours du XVIIIe et du XIXe siècle. Cette période (entre Montesquieu et Michelet) est aussi celle de l’émergence d’une intense réflexion sur la manière d’écrire et de présenter l’histoire, qui se traduit par l’apparition de nouvelles formes de récits historiques. Ces récits obéissent à des règles de composition variées, mais qui toutes posent de façon centrale le problème de l’articulation entre d’une part les contraintes du travail historiographique, nécessairement fondé sur l’exploitation rigoureuse des sources et leur vérification, et d’autre part les lois de la narration, en partie empruntées au domaine de la production littéraire en général, c’est-à-dire aussi à des modèles fictifs.

Ce double mouvement, marqué à la fois par une interrogation sur la manière d’écrire l’histoire et l’émergence de nouvelles formes de récits historiques, concerne tous les domaines de l’histoire, si divers soient-ils par leur échelle ou par leur objet : histoire universelle et histoire nationale, histoire de la terre et/ou histoire de la nature (Buffon, Cuvier, Lyell, Darwin), histoire de l’art (Winckelmann, Séroux d’Agincourt), histoire des sciences (Bailly, Delambre, Cuvier en France, Whewell en Angleterre), histoire de la littérature (Villemain en France, Gervinus en Allemagne), histoire de la philo-sophie (Tennemann, Hegel), etc.

Pour l’ensemble de ces histoires, la production du récit historique impose à l’historien un certain nombre d’opérations : mise en relief d’époques, d’épisodes, de personnages, voire de “héros” choi¬sis, sélection d’un certain nombre de faits à l’intérieur du continuum temporel, scansion du récit par l’introduction de césures, division en chapitres, choix de titres pour ces différentes parties, etc. L’importance de ces dispositifs apparaît clairement aussi bien dans l’Essai sur les mœurs de Voltaire (1756) que dans la Geschichte der Kunst des Altertums (1764) de Winckelmann, vaste récit de l’histoire de la grandeur et des vicissitudes de l’art à travers les peuples antiques, ou encore dans les Époques de la nature (1778) de Buffon et dans l’Essai historique sur le développement pro¬gressif de l’idée de l’univers d’Alexandre de Humboldt. Cette étude historique insérée dans le second volume du Cosmos de 1847 propose, avec sa division en sept époques distinctes (depuis la Grèce archaïque jusqu’à l’époque moderne en passant par l’âge des sciences arabes) une construction narrative extrêmement élaborée.

Ces phénomènes n’ont pas échappé à l’analyse. Hayden White et Paul Ricœur, par exemple, ont mis en évidence les processus de “mise en récit” (emplotment) ou de “mise en intrigue” de l'histoire par lesquels les historiens imposent à leur sujet certaines perspectives et cherchent à orienter la réception de leur public. Certains objets historiques sont de ce point de vue particulièrement sensibles. Ainsi, la question du récit historique devient un enjeu central des diverses histoires natio-nales au cours du XIXe siècle. C’est par exemple le cas en France lorsqu’il s’agit d’insérer et de décrire dans un récit la césure majeure de la Révolution, qui impose, selon les historiens libéraux de l’époque (Augustin Thierry, Thiers, Guizot), une réécriture complète du récit national. C’est aussi bien entendu le cas des divers États et nations qui sont en train de se construire en Italie, en Allemagne, en Europe centrale. Si l’écriture de l’histoire compose ainsi avec les lois du récit, il faut aussi noter que, dans un mouvement symétrique et complémentaire, le récit romanesque ou l’art théâtral, durant la même période, composent avec l’histoire. A partir de la fin du XVIIIe siècle s’esquisse la mode du roman ou du drame historiques, qui s’imposent au XIXe siècle comme une autre façon de ressaisir et d’écrire (de décrire) le passé.

L’objet du présent colloque est d’interroger précisément la coexistence de ces différents dispositifs narratifs, en alliant les compétences et champs disciplinaires multiples que ce type de questionne-ment requiert : histoire, philosophie, études littéraires (ou narratologiques), histoire des sciences, archéologie, etc. On observera aussi l’orientation que la recherche a prise dans les deux pays. Alors que la recherche allemande s’est traditionnellement intéressée aux mutations méthodologiques qui surviennent au cours du XVIIIe et du XIXe siècle, avec (notamment) l’avénement de la historische Schule de Ranke, la recherche française a davantage mis l’accent sur les reconfigurations idéologiques qui vont de pair avec les nombreuses ruptures politiques qui surviennent au cours du long XIXe siècle.

Colloque international organisé par Rainer Babel (IHA, Paris), Elisabeth Décultot (EHESS / CNRS, Paris), Daniel Fulda (Universität Halle-Wittenberg / IZEA) et Christian Helmreich (université Paris 8).

Entrée libre sur inscription préalable : event@dhi-paris.fr

Programme

Mercredi 22 octobre 2014

14h30 Ouverture

Modération: Daniel Fulda (Universität Halle-Wittenberg/IZEA)

  • 15h00 Johannes Süßmann (Universität Paderborn), Heinrich von Treitschkes Konzeption der Nationalgeschichte
  • 15h45 Daniel Schönpflug (Centre Marc Bloch, Berlin), Friedrich Meinecke und die Französische Revolution
  • 17h00 Peter Schoettler (Centre Marc Bloch, Berlin), De Buckle à Lamprecht et à Bloch: jalons pour une critique scientifique du roman national

Jeudi 23 octobre 2014

Modération : Elisabeth Décultot (EHESS/CNRS, Paris)

  • 9h00 Gérard Laudin (université Paris-Sorbonne), L’articulation du politique et de l’historique chez Büchner et Hugo
  • 9h45 Paule Petitier (université Paris 7), L’unité artistique de l’histoire dans l’histoire romantique: l’exemple de Jules Michelet
  • 11h00 Jacques Le Rider (École pratique des hautes études, Paris), Déconstruction antipolitique des récits nationaux dans Witiko (1865–1867) d’Adalbert Stifter
  • 11h45 Daniel Fulda (Universität Halle-Wittenberg/IZEA), Nationalgeschichte als Familienroman. 1870/71 bei Karl May und Émile Zola

Modération : Johannes Süßmann (Universität Paderborn)

  • 14h00 Philipp Müller (Universität Freiburg), Schönheit als Versprechen. Der Gewaltmensch Jacob Burckhardts zwischen Nietzsche und Stendhal
  • 14h45 Michela Passini (CNRS, Paris), Des injustices historiographiques et de leur réparation. L’écriture croisée d’une histoire de l’art national en France et en Allemagne (1870–1914)
  • 16h00 Johannes Rössler (Universität Bern), Kunstgeschichtsschreibung und Nation bei Crowe/Cavalcaselle, Giovanni Morelli und Anton Springer
  • 18h00 Conférence : Michael Werner (EHESS/CNRS, Paris), Au-delà de Metahistory : le récit et la fabrique de l’histoire

Vendredi 24 octobre

Modération: Jacques Le Rider (EPHE)

  • 9h00 Fabian Lampart (Universität Freiburg i. Br.), Kulturgeschichtliche Topographien. Zur Reflexion historischen Wissens bei Balzac, Alexis, Hugo und Raabe
  • 9h45 Christian Helmreich (université Paris 8), Ernest Lavisse, historien de la Prusse
  • 11h00 Elisabeth Décultot (CNRS/EHESS, Paris), Nation et narration. L’historiographie de l’art et la question des peuples entre Winckelmann et Séroux d’Agincourt
  • 11h45 Fiona MacIntosh (université de Lille), Enjeux croisés autour de l’histoire ancienne: Empire ou République

Modération : Christian Helmreich (université Paris 8)

  • 14h00 Bertrand Binoche (université Paris 1), Nietzsche: récit généalogique, récit historique

14h45 Conclusion

15h30 Fin du colloque

Lieux

  • IHA, 8 rue du Parc-Royal
    Paris, France (75003)

Dates

  • mercredi 22 octobre 2014
  • jeudi 23 octobre 2014
  • vendredi 24 octobre 2014

Fichiers attachés

Mots-clés

  • Intellectual History, histoire des idées, écriture

Contacts

  • Dunja Houelleu
    courriel : presse [at] dhi-paris [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Dunja Houelleu
    courriel : presse [at] dhi-paris [dot] fr

Licence

Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Poétique et politique du récit historique en Allemagne et en France (1789-1914) », Colloque, Calenda, Publié le lundi 01 septembre 2014, https://calenda-formation.labocleo.org/298176

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